| François Truffaut: Filmographie 1954-1969 |
1954 Une visite
court métrage 16', les
débuts de F.Truffaut, assisté de Jacques Rivette
et d'Alain Resnais
1957
Les Mistons
court métrage
17', d'après Maurice Pons, avec Gérard Blain (Gérard), Bernadette
Laffont (Bernadette)
La découverte par un groupe de cinq adolescents,
les "Mistons", des mystères de la vie, de l'amour, de la femme
inaccessible et de la mort. L'érotisme naissant prend la forme d'un long
panoramique sur les jambes de Bernadette dévoilées par une promenade
à vélo ou d'une jupette de tennis.
Une séquence rend
hommage à l'arroseur arrosé de Louis Lumière, on y
découvre également des hommages à Jean
Vigo, John Ford et Rossellini.
1958
Une Histoire d'eau
court métrage 12',
coréalisé par Jean-Luc Godard avec Jean-Claude
Brialy, Caroline Dim.
A partir d'un documentaire sur les inondations de 1958
en Région Parisienne, une histoire pleine d'humour sur les aventures d'une
jeune fille qui veut rejoindre Paris. L'art de filmer de Truffaut se mélange
au commentaire distancié de certains films de Godard.
1959
- Les 400 coups "The 400 blows"; durée 94 mn ; avec Jean-Pierre
Léaud (Antoine Doinel), Albert Rémi (Monsieur Doinel), Claire Maurier
(Madame Doinel), Jeanne Moreau, Jean-Claude Brialy. Musique
de Jean Constantin. Le premier long métrage, le début de la collaboration avec Jean-Pierre Léaud, dans le cycle Antoine Doinel, en grande partie autobiographique. Les escapades d'un adolescent, ses premiers émois. Truffaut montre à travers des images clés son amour des films ( Le jeune Antoine vole une photo à la sortie d'un cinéma) et son amour des livres ( l'autel dressé à Balzac) Cette symbolique se retrouvera dans beaucoup de ses films ultérieurs. |
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Ce film est dédié à André Bazin, décédé
en novembre 1958.
Voir plus de détails sur le thème: "Truffaut
et l'enfance"
Fiche détaillée du film Les 400 coups
1960
- Tirez sur le pianiste ;"Shoot the piano player", durée
85 mn,
scénario adapté du roman de David Goodis "Down there";
avec Charles Aznavour (Charlie Kohler/Edouard Saroyan), Marie Dubois (Léna),
Nicole Berger (Thérésa), Albert Remy (Chico), Michelle Mercier (Clarisse),
Serge Davry (Plyne, le patron du bistrot); musique de Georges
Delerue
Charlie Kohler est pianiste dans
un bar de banlieu, un de ses frères, Chico, débarque brutalement,
poursuivi par des truands. La serveuse, Léna est amoureuse de lui mais
il ne lui porte qu'une attention distante. On découvre progressivement
que Charlie a été dans le passé pianiste virtuose et qu'il
a connu la déchéance à la suite du suicide de sa femme.
A la suite d'une dispute, il tue Plyne et est obligé de fuir et de retrouver
ses frères dans leur planque. La scène finale , tragique, dans la
neige annonce celle de La Sirène du Mississipi.
Ce film est à la fois un hommage aux films policiers américains de série B, une reflexion sur l'amour, l'échec et le succès des artistes. La référence à Charlot à travers le personnage fragile de Charlie permet une reflexion sur la timidité.
Fiche détaillée du film Tirez sur le pianiste
De plus ce film révèle au grand public
le chanteur fantaisiste Boby Lapointe, qui chante "Marcelle" et "Framboise".
Le producteur du film, Pierre Braunberger, ne comprend pas les paroles et demande
à Truffaut de couper la scène ou de la sous-titrer. Retrouvez
le texte intégral de ces deux chansons.
Truffaut le prend au mot, et c'est comme "le chanteur sous-titré" que Boby obtient
ses premiers succès aux Trois Baudets, à l'Alhambra, à l'Olympia, à Bobino.
1962 Tire-au-Flanc 62; durée
87mn ; coréalisé avec Claude
de Givray
Scénario Claude de Givray et François Truffaut d'après la pièce homonyme
pièce en 3 actes de André Mouézy-Éon et André Sylvane, créée en 1904.
Avec Christian de Tillière, Ricet-Barrier, Jacques Balutin, Serge Korber.
Un jeune homme, noble au nom à rallonge, Jean Lorat de la Grignotière part pour la caserne, accompagné par sa tante, qui l'a chaudement recommandé au colonel de son régiment, un ami de la famille et par sa cousine, à laquelle il est vaguement fiancé ; il n'est saisi par aucun enthousiasme patriotique et regrette le cheval, le golf et tout ce qui faisait jusqu'alors le charmé de sa vie.
Ce film est un hommage explicite de la Nouvelle Vague naissante
à un film mineur Tire-au-flanc de Jean Renoir, sorti en 1928.
Fiche détaillée du film : Tire -au-flanc 62
1962
Jules et Jim; durée 110 mn ; Fiche
détaillée du film | ![]() |
François Truffaut écrit:
"Je peux dire que la lecture, en 1953, de "Jules et Jim", premier roman d'un vieillard
de 74 ans, a déterminé ma vocation de cinéaste. J'avais 21
ans et j'etais critique de cinéma. J'ai eu le coup de foudre pour ce livre
et j'ai pensé: si un jour je réussis à faire des films,
je tournerai "Jules et Jim".
J'ai peu après rencontré
l'auteur du livre que l'idée d'un contact avec le cinéma enchantait.
Au début 61, j'ai pense que le moment était venu de concrétiser
ce vieux rêve. J'ai essayé de transposer fidèlement ce beau
livre que l'éditeur Gallimard présentait ainsi: "Un pur amour à
trois".
Voir la page spéciale Truffaut et les femmes
1962
- Antoine et Colette ; durée 26 ' ; épisode
du film l'amour à 20 ans ; film collectif ; les quatres autres réalisateurs
sont: Shintaro Ishihara, Marcel Ophuls, Renzo Rossellini et Andrzej Wajda, musique
de Georges Delerue;
avec Jean-Pierre Léaud (Antoine), Marie-France
Pisier (Colette), Patrick Aufé, Rosy Varte.
Ce
court métrage qui se place dans le cycle des aventures d'Antoine Doinel.
Antoine travaille dans une fabrique de disques et tombe amoureux de Colette, dans
le cadre des Jeunesses Musicales.
L'émoi provoqué par un genou
dévoilé et la tentative ratée de voler un baiser dans une
salle de cinéma sont la marque des amours adolescentes dans les années
soixante.
Truffaut dans ce court film montre toute sa technique de prise de
vues et de montage serré.
1964 - La
Peau douce, "The soft skin" durée 115 mn ; scénario de François
Truffaut et Jean-Louis Richard; musique de Georges
Delerue Pierre est marié et père de famille. Directeur d'une revue, il est conduit à donner des conférences. Lors d'un voyage à Lisbonne, il rencontre Nicole, jeune hôtesse de l'air et devient son amant. Leur liaison se poursuit à Paris et à Reims lors d'un épisode tragico-comique. Franca le soupçonne de plus en plus et découvre les preuves de cette liaison au moment où Pierre et Nicole ont rompu et assouvit sa vengeance avant qu'il ait pu s'expliquer. Ce drame de la jalousie met en valeur le
caractère tragique et absolu de la passion qui conduit une femme à
exiger tout ou rien, l'amour parfait ou la
mort. | ![]() |
durée
112 mn; d'après un roman de Ray Bradbury; musique de Bernard Hermann; avec
Oskar Werner (Montag), Julie Christie (Julie/Clarisse), Cyril Cusack (Le capitaine),
Anton Diffring (Fabian), Bee Duffell (une femme-livre) Voir fiche détaillée Farenheit 451 Cette incursion de Truffaut dans la science-fiction lui permet à
la fois d'explorer un futur plausible et de dénoncer les risques des avancées
techniques dans un régime totalitaire. Une partie de son enfance, marquée
par son amour des livres et le nazisme qui brûlait ces livres dans les rues
apparaissent. Derrière chaque livre, il y a un homme, et là, dans
cette situation exceptionnelle chaque dissident devient un livre. Mais la fin
n'est pas très optimiste, car cette identification empêche toute
communication entre les individus. |
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d'après
un roman policier de Cornell Woolrich (William Irish) Julie Kohler, après avoir manqué son suicide, s'introduit chez M.
Bliss qui célèbre ses fiançailles. Elle l'attire sur le balcon et provoque sa
chute mortelle. Elle se rend ensuite chez un vieux garçon, Coral, qu'elle séduit
avant de l'empoisonner. Puis chez un homme politique, Morane, qu'elle enferme
dans un placard. Il mourra étouffé. | ![]() |
La mariée était Julie Kohler, qui passa ce jour
là du blanc au noir. Elle ne fait pas confiance à la justice et
ne veut pas faire de nuances dans les responsabilités de chacun.
La
jeune femme retrouve ensuite Delvaux, un ferrailleur, mais la police vient arrêter
celui-ci sous ses yeux.
Elle se rend alors chez Fergus. Il tombe amoureux
de Julie. Elle est tout près de partager cet amour, de l'épargner.
Elle manque une première fois son crime, mais finira par le tuer. Elle
se fait arrêter pour rejoindre en prison Delvaux qu'elle va poignarder dans sa
cellule.
Peu de mystère, c'est l'histoire
d'une vengeance, lente, raffinée et surtout utilisant les visions différentes
que portent les cinq hommes sur la femme idéale.
Chacun mourra, non
pas suivant sa faute mais conformément à sa personnalité.
Fergus, l'artiste, mettra en scène et transformera sa propre mort en oeuvre
d'art.
Approfondir le thème
de Truffaut et la mort
![]() | Après
deux films rigoureusement construits, F.Truffaut revient à son cycle
Antoine Doinel, chronique plus souple, où la personnalité des
acteurs influence le style. Antoine découvre les différentes faces
de l'amour, avec des expériences diverses avec des prostituées,
une passion romantique et impossible pour une femme mûre avant de vivre
un amour stable avec Christine.
Dans la dernière scène, une ombre glisse sur le couple enfin réuni dans un jardin
public. Un homme énigmatique et inquiétant, amoureux de Christine, vient lui dire
: « Je hais le provisoire ; moi, je suis définitif. » |
1968 - La Sirène du Mississipi; "Mississipi mermaid"
durée
123' ; d'après un roman de William Irish Voir fiche détaillée: La Sirène du Mississippi Louis, riche industriel de La Réunion
fiancé par correspondance, attend sa fiancée Julie à la descente
du bateau, "Le Mississipi". Elle arrive, bien plus belle que la photo
reçue. Elle prétend qu'elle a envoyé la photo d'une autre,
par timidité. Deuxième
adaptation d'un roman noir de W. Irish avec J.P. Belmondo dans un rôle plutôt
inhabituel de victime devenant consentante et presque complice de sa propre fin.
Les frontières sont floues entre escroquerie et amour, douleur et plaisir,
tu et vous, distance et intimité. Voir la page spéciale Truffaut et les femmes | ![]() |
1969
- L'enfant sauvage, "The wild child"; durée
85 mn, avec Jean-Pierre Cargol (Victor, l'enfant sauvage), François
Truffaut (Le docteur Itard), Francoise Seignier (Mme Guérin), Jean
Dasté (Philippe Pinel)
Scénario de Jean
Gruault , inspiré par le récit du Docteur Itard, relatant l’histoire
véridique de Victor de l’Aveyron.
C'est
une reflexion sur l'enfance complémentaire des 400 coups. La marge est
étroite entre la sauvagerie civilisée de la vie parisienne et les
règles brutales de vie dans la nature. Victor trouve un semblant d'équilibre
près des fenêtres qui marquent la transition entre l'enfermement
et le dehors. Les bougies et les airs de mandoline jouent aussi les médiateurs.
Mais Victor paie son adaptation à des relations sociales en perdant sa
capacité à vivre comme un sauvage.
Voir plus de détail
sur le thème "Truffaut et l'enfance"
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