Jean-Luc Godard est un réalisateur
de nationalité suisse, né le 3 décembre 1930 à Paris.
En 1949, Jean-Luc Godard étudie l'ethnologie à la Sorbonne.
Il commence à fréquenter assidument le 'ciné-club' et les cinéma
dans le Quartier latin de Paris.
Il noue des amitiés avec André Bazin, François Truffaut,
Jacques Rivette, et Éric
Rohmer.
Godard fonde un magazine "la Gazette du cinéma" avec Rivette et Rohmer.
Lorsque André Bazin fonde les Cahiers du cinéma en 1951, Godard, Rivette et
Rohmer sont parmi les premiers à y écrire. Jean-Luc Godard y signe soit de son
propre nom, soit sous le pseudo de Hans Lucas (Jean-Luc en allemand).
Il réalise son premier film en 1954: Operation beton, un court
métrage. C'est aussi le titre d'un documentaire sur Jean-Luc Godard , réalisé
en 1965 par Jacques
Doniol-Valcroze.
Il faut attendre 1959, pour qu'il réalise son premier long métrage,
À bout de souffle, un gros succès critique et public, qui sera le film-phare
de la Nouvelle Vague. C'est le début d'une série
de films où Godard pense le cinéma en réinventant la forme narrative : Une femme
est une femme, Le Petit Soldat (censuré car il abordait ouvertement la Guerre
d'Algérie, sujet tabou de l'époque et pour longtemps...), Les Carabiniers, Le
Mépris, Pierrot le Fou, Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution et
Masculin-Feminin.
Il participe également à des films collectifs : Les Plus belles escroqueries
du monde et Paris vu par....
Retrouvez quelques
critiques de JL Godard de ces années-là.
En mai 1968, Godard est un militant actif et il participe à la
contestation du Festival de Cannes en compagnie de François Truffaut.
Il participe à l'Atelier des Beaux-Arts en mai 68 et tourne des
films-tracts avec la complicité de Gérard
Fromanger . Quelques mois après les événements de mai, Gérard
Fromanger installe place Blanche à Paris, puis place Alésia, des ovnis,
demi sphères transparentes et colorées qui intriguent inévitablement le
passant. Celui-ci se reflète à l'intérieur et à l'extérieur des Souffles
qui lui renvoient son image intégrée à la ville, agissant ainsi comme
des révélateurs de l'environnement urbain, miroir transparent d'un monde
en plein bouleversement. Jean-Luc Godard filme les réactions des Parisiens.
Son cinéma devient un moyen de lutter contre le système, avec La Chinoise
(prémonitoire car réalisé en 1967) et Week-End.
Il prône un cinéma idéaliste qui permettrait au prolétariat d'obtenir
les moyens de production et de diffusion. Il part alors à l'étranger (New
York, Canada, Cuba, Italie, Prague) où il commence des films qu'il ne
terminera pas ou qu'il refusera de voir diffuser.
A partir de 1973, Godard s'intéresse à la communication et à la technologie.
La vidéo va lui permettre de parcourir seul toutes les étapes de la chaîne
création-production, et sera pour lui le medium par excellence.
Il quitte Paris et s'installe à Grenoble où il travaille avec Anne-Marie
Miéville dans le cadre de la société Sonimage, société de production audiovisuelle
mêlant cinéma et vidéo.
Il s'installe ensuite en Suisse, à Rolle. Ses productions de l'époque
sont : Numero deux, Ici et ailleurs, Jean-Luc six fois deux -sur et sous
la communication.
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En compagnie de Truffaut
au Festival de Cannes en 1968
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En 1980, il revient à un cinéma plus grand public qui attire des acteurs
de renom. Il se retrouve sélectionné au festival de Cannes trois fois : Sauve
qui peut la vie (1980, avec Isabelle Huppert et Jacques Dutronc), Passion
(1982), Detective (1985 avec Johnny Hallyday) et obtient le Lion d'or
au Festival de Venise pour Prénom Carmen (qui révèle Maruschka Detmers).
Mais ses films continuent à faire scandale : Je vous salue Marie est
censuré en France et dans le monde.
Dans les années 90, Godard fait un retour à l'expérimentation : JLG/JLG,
For Ever Mozart, Histoire(s) du cinéma (une vision filmée et personnelle
de l'histoire du cinéma) et Eloge de l'amour. Notre Musique en 2004 retient
l'attention par son coté à la fois plus classique et plus militant.
En 2018, il reçoit une Palme d'or spéciale pour Le Livre d'image et toute son œuvre au 71e Festival de Cannes, festival qui, en 50 ans n'a pas daigné lui accorder pour une de ses huit sélections officielles.
Jean-Luc Godard meurt le 13 septembre 2022, à Rolle (canton de Vaud), dans la paix, ayant choisi de partir volontairement.
Son style
Jean-Luc Godard use et abuse de la mise en abyme sur le cinéma. Par exemple
dans Détectives où l'on voit une caméra JVC qui filme. À un moment
elle se tourne vers l'oncle, se tournant en réalité vers la caméra qui la
filme : mise en abyme de deux caméras, comme dans l'ouverture du Mépris. On
trouve de même une allusion au matériel vidéo, le néon AGFA dans Détectives,
les VHS et le vidéo-club dans Hélas pour moi.
Les personnages vont au cinéma (Vivre sa vie, Masculin/féminin, Pierrot
le fou, les Carabiniers, Éloge de l'amour où une scène se passe à l'Espace
Saint-Michel, Une femme mariée où Charlotte voit Nuit
et Brouillard), tournent un film (Le Mépris, Passion, Prénom Carmen,
For Ever Mozart), parlent de films, etc., des affiches (ex : dans Éloge
de l'amour, on voit l'affiche de Matrix, dans le Mépris
et 2 ou 3 choses, on voit l’affiche de Vivre sa vie).
Jean Luc Godard multiplie les références à des réalisateurs : Dreyer pour
Le Petit Soldat (Anna Karina s’appelle Veronika Dreyer ; Veronika étant
aussi une allusion au film de Bergman), Lubitsch dans Une femme est une
femme (Sérénade à trois, plus le fait que Belmondo s'appelle Lubitch),
Mizoguchi dans Made in USA (la chanteuse japonaise s’appelle Doris
Mizoguchi) et dans Tous les garçons s’appellent Patrick (Brialy fait
semblant de parler japonais, il dit « Mizoguchi Kurosawa »). Présence de Gérard
Blain dans Charlotte et son Jules, de Jean-Pierre Melville dans À bout
de souffle, de Fritz Lang dans Le Mépris, de Samuel Fuller dans
Pierrot le fou, Woody Allen dans King Lear, de Jean-Luc Godard
lui-même dans La Chinoise, Prénom Carmen, Soigne ta droite, King Lear et
Notre musique.
La distanciation pousse Godard à rappeler que nous regardons un film, que
c'est du cinéma (adresse au spectateur, frontalité). 2 ou 3 choses que
je sais d'elle s’ouvre sur une présentation, non du personnage, mais de
l’actrice (« Elle, c’est Marina Vlady… »). Il filme le clap indiquant que
ca tourne dans La Chinoise et dans Le Gai Savoir. Les personnages
parlent du film. Par exemple dans Le Gai Savoir, Léaud dit "finalement
c'est un échec ce film", ou Jean Yanne dans Week-end "ça fait chier
ce film". Dans Week end encore, on voit un personnage ensanglanté affirmer
"c'est pas du sang c'est du rouge".
Dans l'ouverture de Détectives, on voit des images tournées à la
caméra JVC. L'image stoppe et revient en arrière, montrant qu'elles sont bien
des images tournées. La caméra de Godard filme les détectives en train de
filmer, de visionner les images qu'ils tournent. Les images ne doivent pas
s'imposer, elles doivent se faire oublier au profit de ce qu'elles montrent
: ici, à l'inverse, elles se manifestent comme images enregistrées. Les choses
disparaissent au profit de leur image.
Le jeu se prolonge entre les films de Godard. Dans Une femme est une
femme, Belmondo parle d'À bout de souffle, Chantal Goya parle de
Pierrot le fou dans Masculin/Feminin. Marie regarde Le Mepris
dans Le livre de Marie. Tout va bien s’ouvre sur un blason, allusion
à l’ouverture du Mépris. La seconde partie de For ever Mozart, reprend
la formule ouvrant le Mépris à propos du cinema rendant le monde conforme
à nos désirs. Dans Hélas pour moi, un personnage au video club reprend
la formule de Belmondo dans À bout de souffle : "je m’en souviens,
et non pas je m’en rappelle". Eddie Constantine, dans Allemagne année neuf
zéro, reprend la formule des Carabiniers : "un soldat salue un
artiste". Sa présence en tant qu'agent secret Lemmy Caution, constitue déjà
en soi un renvoi à Alphaville.
Citations extraites des
films de Godard:
C'est à travers ses personnages que retentissent certaines
phrases immortelles:
- L'inspecteur Vital : " Il a dit : vous êtes vraiment une dégueulasse. "
Patricia : " Qu'est ce que c'est dégueulasse ? " (À
bout de souffle)
- Patricia : " Quelle est votre plus grande ambition dans la vie ? " Le romancier
Parvulesco : " Devenir immortel…et puis mourir. " (À bout de souffle)
- Michel Poiccard : " Si vous n'aimez pas la mer… si vous n'aimez pas la
montagne… si vous n'aimez pas la ville… allez vous faire foutre ! " (À bout de souffle)
- Marianne faisant les cent pas sur la plage : " Qu'est ce que je peux faire
? J'sais pas quoi faire ! Qu'est ce que je peux faire ? J'sais pas quoi faire
! Qu'est ce que je peux faire ? J'sais pas quoi faire ! " (Pierrot
le fou)
- " Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs.
" (ouverture du Mépris, d'après une phrase d'André Bazin).
- Camille : " Montez dans votre Alpha, Roméo ! " (Le
Mépris)
- Paula Nelson : " Ce n'est pas la peine de con-tinuer notre con-versation.
" (Made
in U.S.A. )
- Paula Nelson : " Ou cette vie n'est rien. Ou bien il faut qu'elle soit
tout. En envisageant de la perdre, plutôt que de la soumettre à l'absurde,
j'installe au cœur même de mon existence relative, une référence absolue,
celle de la morale… je choisis d'exister pour devenir de plus en plus présente
à moi-même, à Dick et aux autres. " (Made in USA)
- " Il arrive que la réalité soit trop complexe pour la transmission orale
". (Alphaville)
- " Si tu souris, c'est pour mieux m'envahir ". (Alphaville)
- Week end : " un film trouvé à la ferraille " (en ouverture / générique)
- " Notre époque est à la recherche d'une question perdue, comme fatiguée
par toutes les bonnes réponses " (Hélas pour moi)
- " L'œil ne se contente pas de ce qu'il voit et l'oreille ne se remplit pas
de ce qu'elle entend. C'est ce qui a été. C'est ce qui sera. C'est ce qui
s'est fait. C'est ce qui se fera ". (Hélas pour moi).
- " Ce que l'on croit est une image de la vérité ". (Gérard Depardieu dans
Hélas pour moi)
- " Vous savez que le manifeste du Parti Communiste a été publié la même année
qu'Alice au Pays des Merveilles ". (Hélas pour moi)
- " C'est lorsque les choses finissent qu'elles prennent un sens " (Bruno
Putzulu dans Éloge de l'amour)
Une citation de Louis Aragon sur Jean-Luc
Godard:
C'est à Propos de Pierrot le Fou qu'Aragon rend
hommage à Godard en 1966:
Qu'est-ce que l'art ? Je suis aux prises de cette interrogation
depuis que j'ai vu le Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, où le Sphinx Belmondo
pose à un producer américain la question : Qu'est-ce que le cinéma.
Il y a une chose dont je suis sûr, aussi, puis-je commencer tout ceci devant
moi qui m'effraye par une assertion, au moins, comme un pilotis solide au milieu
des marais : c'est que l'art d'aujourd'hui c'est Jean-Luc Godard.
C'est peut-être pourquoi ses films, et particulièrement ce film,
soulèvent l'injure et le mépris, et l'on se permet avec eux ce qu'on oserait
jamais dire d'une production commerciale courante, on se permet avec leur auteur
les mots qui dépassent la critique, on s'en prend à l'homme. L'Américain, dans
Pierrot, dit du cinéma ce qu'il pourrait dire de la guerre du Vietnam, ou plus
généralement de la guerre.
Et cela sonne drôlement dans le contexte - l'extraordinaire
moment du film où Belmondo et Anna Karina, pour faire leur matérielle, jouent
devant une couple d'Américains et leurs matelots, quelque part sur la Côte,
une pièce improvisée où lui est le neveu de l'oncle Sam et elle la nièce de
l'oncle Ho... But it's damn good, damn good ! jubile le matelot à barbe rousse...
parce que c'est un film en couleur, imaginez-vous. Je ne vais pas vous le raconter,
comme tout le monde, ceci n'est pas un compte rendu.
D'ailleurs ce film défie le compte rendu. Allez compter les petits sous d'un
milliard ! Qu'est-ce que j'aurais dit, moi, si Belmondo ou Godard, m'avait demandé
: Qu'est-ce que le cinéma ? J'aurais pris autrement la chose, par les personnes.
Le cinéma, pour moi, cela a été d'abord Charlot, puis Renoir,
Bunuel, et c'est aujourd'hui Godard.
Filmographie :
- 1954 : Opération béton , court métrage documentaire sur la
construction du barrage de Grand Dixence, 20mn
- 1955 : Une femme coquette (court métrage, 10mn) avec Maria
Lysandre et Roland Tolmatchoff
- 1959 : Tous les garçons s'appellent Patrick,
ou Charlotte et Véronique (court métrage), scénario de Éric
Rohmer)
- 1960 : À bout de souffle
sur un
scénario original de François Truffaut
- 1960 : Charlotte et son Jules (court
métrage)
- 1961 : Une histoire d'eau (court
métrage,co-réalisé avec François Truffaut)
- 1961 : Une femme est une femme
- 1962 : Les Sept Péchés capitaux (partie « La Paresse ») 15mn
avec Eddie Constantine et Nicole Mirel
- 1962 : Vivre
sa vie
- 1962 : Ro.Go.PaG (partie « Il nuovo mondo », 20mn) avec Jean-Marc
Bory et Alexandra Steawart
- 1963 : Le Petit Soldat (réalisé
en 1960)
- 1963 : Les
Carabiniers
- 1963 : Le Mépris ; Le
scénario du film
- 1964 : Bande
à part
- 1964 : Les Plus Belles Escroqueries du monde (partie « Le Grand
Escroc » , 25mn) avec Jean Seberg et Charles Denner
- 1964 : Une
femme mariée
- 1964 : Reportage sur Orly (court métrage)
- 1965 : Alphaville, une étrange aventure de
Lemmy Caution
- 1965 : Paris vu par... (partie « Montparnasse-Levallois »
18mn )
- 1965 : Pierrot le fou
- 1966 : Masculin,
Féminin
- 1966 : Made
in U.S.A.
- 1967 : 2 ou 3 choses que je sais d'elle
- 1967 : Le Plus Vieux Métier du monde (partie « Anticipation, ou
l'amour en l'an 2000 »)
- 1967 : La
Chinoise
- 1967 : Loin
du Vietnam de Chris Marker + collectif (partie « Caméra-oeil »)
- 1967 : Week-end
- 1968 : One
+ One / Sympathy for the devil
- 1968 : Un film comme les autres
- 1968 : Cinétracts
- 1969 : Le Gai Savoir
- 1969 : Amore e Rabbia (partie « L'Amour »)
- 1969 : Le Vent d'est
- 1970 : Vladimir et Rosa
- 1970 : Pravda
- 1970 : Lotte in Italia
- 1970 : British Sounds
- 1972 : One P.M.
- 1972 : Tout va bien
- 1972 : Letter to Jane
- 1975 : Numéro deux
- 1976 : Ici et ailleurs
- 1977 : Six fois deux / Sur et sous la communication
- 1977 : France / tour / detour / deux enfants
- 1978 : Comment ça va?
- 1980 : Sauve
qui peut (la vie)
- 1981 : Lettre à Freddy Buache
- 1982 : Passion
- 1983 : Prénom
Carmen
- 1985 : Je vous salue, Marie
- 1985 : Détective
- 1986 : Grandeur et décadence d'un petit commerce de cinéma
- 1986 : Soft and Hard
- 1986 : Meetin' WA
- 1987 : King Lear
- 1987 : Aria (partie « Armide »)
- 1987 : Soigne ta droite , prix
Louis-Delluc
- 1988 : Puissance de la parole
- 1988 : On s'est tous défilé
- 1989 : Le Rapport Darty
- 1990 :
Nouvelle vague
- 1991 : Allemagne
90 neuf zéro
- 1993 : Hélas pour moi
- 1993 : Les Enfants jouent à la Russie
- 1995 : JLG/JLG - autoportrait de décembre
- 1995 : Deux fois cinquante ans de cinéma français
- 1996 : For Ever Mozart
- 1998 : The Old Place
- 1998 : Histoire(s) du cinéma
- 2000 : L'Origine du XXIème siècle
- 2001 : Éloge de l'amour
- 2002 : Ten Minutes Older: The Cello (partie « Dans le noir du
temps »)
- 2004 : Notre musique
- 2004 : Moments choisis des Histoire(s) du cinéma
- 2006 : Vrai faux passeport (Documentaire, moyen métrage) "Fiction
documentaire sur des occasions de porter un jugement à propos de la façon
de faire des films "
- 2006 : Ecce homo
- 2006 : Une bonne à tout faire (nouvelle version)
- 2008 : Une catastrophe
- 2010 : Film socialisme
- 2014 : 3x3D, coréalisé avec Peter Greenaway et Edgar Pêra
- 2014 : Adieu
au langage
- 2014 : Les Ponts de Sarajevo, film collectif
- 2018 : Le Livre d'image
Quelques Films
* Le Petit Soldat de Jean-Luc
Godard, réalisé en 1960, sorti en 1963; scénario
de Jean-Luc Godard; musique de Maurice Leroux, images de Raoul Coutard, durée
85 mn, Noir et blanc;
avec : Michel Subor, Anna Karina, Henri Huet, Paul Beauvais, Laszlo Szabo.
Bruno est un français, jeune journaliste qui a fui en Suisse pour
échapper à la guerre d'Algérie. Il fait la connaissance
à Genève de Veronika, une cover-girl danoise.
Il se rend dans l'arrière-pays pour un mystérieux rendez-vous.
Deux militants d'extrême-droite lui confient la mission d'abattre un
journaliste de la radio suisse romande, Arthur Palidova.
Bruno hésite puis rejoint Genève Les deux hommes en utilisant
l'intimidation et le chantage le contraignent à accepter cette mission.
Le manque de décision, les hésitations de Bruno font échouer
l'attentat. Mais il est repéré par des agents du Front de Libération
Nationale algérien. Ceux-ci enlèvent Bruno, le séquestrent
et le torturent.
Bruno parvient à s'évader, retrouve Veronika qui lui
avoue qu'elle appartient en fait au réseau du F.L.N.. Les deux
jeunes gens décident de fuir à l'étranger, mais
Bruno est rattrapé par les agents d'extrême-droite. Il
est contraint d'exécuter sa mission. Il a perdu de vue Veronika,
mais apprendra plus tard qu'elle a été exécutée
par les services secrets français.
Ce film est le deuxième long métrage de Godard, mais
il ne sera pas vu par les spectateurs avant 1963. Pendant deux ans,
la censure française a imposé une interdiction totale
du film. Et pourtant les partisans de l'indépendance de l'Algérie
ne sont pas présentés sous un jour favorable puisque ce
sont eux les tortionnaires. Mais le simple fait de présenter
un héros déserteur a suffit pour repousser la sortie du
film après la conclusion du conflit algérien en 1962.
Le film contient des vérités premières à
caractère prémonitoire si elles sont replongées
dans le contexte de 1960, époque où militairement l'armée
française paraissait dominer. En témoigne cette phrase
d'une militante F.L.N..:"Pour gagner une guerre, il faut un
idéal. Contre les Algériens, les Français n'en
ont pas. Et ils perdront cette guerre!"
Et pourtant Godard et son personnage Bruno sont plein de contradictions
et n'ont aucune certitude militante. Bruno cite aussi bien Pierre Brossolette
le résistant que l'homme de droite Drieu la Rochelle. Il admire
le combat des Républicains espagnols mais comprend l'activisme
des partisans extrémistes de l'Algérie française.
Ce qui illustre la difficulté de Godard à s'engager dans
une cause politique précise sans conserver un il critique
et un droit d'inventaire.
Voir un panorama des films ayant
pour thème la Guerre d'Algérie
|  |
*
Deux ou trois choses que je sais d'elle , de Jean-Luc Godard, sorti en 1967,
scénario d'après une enquête de Catherine Vimenet publiée par le Nouvel Observateur,
durée 90mn ,
avec : Marina Vlady (elle, Juliette Jeanson), Annie Duperey, Roger Montsoret,
Raoul Lévy, Jean Narboni, Christophe Bourseiller
Fiche détaillée : 2
ou 3 choses que je sais d'elle
Elle, dans le titre, c'est à la fois Juliette, l'héroïne
mais aussi et surtout la banlieue. Bien longtemps avant tous les autres, Godard
consacre un film à ce sujet qui n'est à l'époque pas du tout à la mode.
Avec ce film, il opère une synthèse de ses préoccupations à travers le double
traitement de la transformation d'une ville et de celle d'une femme ménagère
devenue prostituée.
Mon semblable, mon frère, la formule de Baudelaire
désignant le lecteur dans l'ouverture des Fleurs du mal est reprise par
Godard pour designer le monde. C'est le monde qui est le semblable, le frère
de Marina Vlady : elle éprouve un sentiment étrange de communion avec le monde,
d'identification avec lui. Elle ne fait qu'un avec le monde et le monde ne fait
qu'un avec elle. Elle est perdue, dispersée dans le monde quotidien, le monde
ambiant.
L'immersion dans le monde de la préoccupation quotidienne? c'est peut être cela
qui est révélé à Marina Vlady dans un sentiment : l'angoisse ? Esthétique très
proche de celle de Made
in U.S.A.
: une jeu sur trois couleurs, le bleu, le blanc et le rouge, dans les encarts
comme dans les décors ou les vêtements des personnages.
Exemple : un plan où Marina Vlady est couchée sur
un lit. On voit le pull bleu, le drap blanc, la couverture rouge. Dans le plan
suivant, l’enfant apparait pour raconter son rêve et demander ce qu’est le langage.
Les battants de la porte sont bleus, les murs sont blancs et son pull est rouge.
Godard compose ses plans à la manière d’un peintre.
Citation visuelle de couvertures des livres de la collection idées : notamment
Études sur le société industrielle et Psychologie de la forme. Auto dérision
à propos de sa manie de la citation ? Deux personnages, Bouvard et Pécuchet,
citent au hasard des livres.
Importance du thème du langage :
- Comment vous savez que c'est un garage ?
Vous êtes sûr qu'on ne s'est pas trompé de nom ?... Que ce soit une piscine
ou un hôtel ?
- Ah ! C'est possible, oui. Ca pourrait s'appeler aussi autre chose, oui.
- Bon, ben, justement, qu'est-ce qui fait que les choses portent un certain
nom ?
- Parce qu'on leur donne.
- Et qui leur donne ?
* Je vous
salue, Marie de Jean-Luc Godard, film franco-suisse, sorti en 1985, durée
105 mn,
avec Myriem Roussel (Marie), Thierry Rode (Joseph), Philippe Lacoste (L'ange
Gabriel), Manon Andersen, Malachi Jara Kohan, Marie Poitou, Juliette Binoche
Godard transpose le mythe de la Nativité dans le
monde moderne. Joseph est chauffeur de taxi et apprend que sa fiancé Marie est
enceinte. Il fait un parallèle entre le mystère de la conception d'un enfant
et celui de la création par l'artiste d'un tableau. Il y développe l'idée
que la naissance et la création sont des actes de foi, que la parole
précéde l'être, que le divin vient avant le corps.
Godard insiste sur les sphérités : la Lune, le Soleil,
le ballon de basquet, le feu rouge… Il s’agit manifestement d’un symbole de
fécondité : l’œuf, l’ovule. Dans Le livre de Marie, Marie casse un œuf à la
coque. Cette sphérité est aussi celle du zéro, du nouveau commencement. L’unique
encart du film est : « En ce temps là ». Il renvoit à un passé, un jadis. Pourtant,
le film présente les événements comme contemporains. Il s’agit d’un maintenant
jadis, un passé-présent. Cela correspond à l’exigence chrétienne de contemporaneité
: tout chrétien à le devoir de se faire le contemporain du Christ.
Ce film pourtant mesuré et pudique, soutenu par de
belles musiques de JS Bach et de Anton Dvoràk, mais aussi de John Coltrane,
provoqua à sa sortie un scandale parfaitement injustifié.
* Soigne ta droite
de Jean-Luc Godard; sorti en 1987.Prix
Louis Delluc 1987.
avec Jean-Luc Godard ( l'Idiot ou le Prince), Jane
Birkin (la cigale), Jacques Villeret, François Périer, Michel Galabru, Dominique
Lavanant, Rufus, Jacques Villeret, Philippe Khorsand, Eva Darlan
Musique et participation du groupe les Rita Mitsouko
Jean-Luc Godard interprète lui-même le rôle de
"l'idiot" dit aussi "le Prince ", cinéaste autrefois en vogue, obligé de s'atteler
à des besognes alimentaires. On le voit tester diverses fictions issues de son
long conditionnement de spectateur : il nous en livre les essais, les ratures,
les ratés (ce que nous voyons sur l'écran).
Tout ceci ponctué par les entrées et sorties de divers personnages et un inépuisable
ensemble de citations.
Comme souvent Godard ne livre pas toutes les clés du film ; il y cerne
trois constantes, la commande, le conditionnement et la crise de la création.
Ces trois composantes sont le sujet même du film.
* Hélas pour moi , de
Jean-Luc Godard, film franco-suisse, sorti en 1993, durée 84 mn
avec Jean-Louis Loca, Laurence Masliah, Bernard Verley, Gérard Depardieu
A travers un texte de Giacomo Leopardi (1798-1837), Godard nous
livre encore une réflexion sur l'amour, le divin et la création
Extraits: " Notre époque est à la recherche d'une question perdue,
comme fatiguée par toutes les bonnes réponses "
" L'œil ne se contente pas de ce qu'il voit et l'oreille ne se remplit pas de
ce qu'elle entend. C'est ce qui a été. C'est ce qui sera. C'est ce qui s'est
fait. C'est ce qui se fera ".
Extrait de texte de Giacomo Leopardi: "On n'en finirait
pas de dresser la liste des illusions et des absurdités qui sont tenues pour
vraies par les hommes les plus sensés, chaque fois que l'esprit ne peut venir
à bout d'une contradiction qui le tourmente."
* Éloge de l'Amour
de Jean-Luc Godard, film suisse, 97 minutes, sorti en 2002,
avec Jean Davy (Le grand-père), Françoise Verny (La grand-mère),
Cécile Camp (Elle), Bruno Putzulu (Edgar)
Quelqu'un que l'on entend parler - mais que l'on
ne voit pas - parle d'un projet qui décrit les quatre moments clés de l'amour:
la rencontre, la passion physique, les disputes et la séparation, les retrouvailles.
Et cela à travers trois couples. Des jeunes, des adultes, des vieux. On ne sait
pas s'il s'agit de théâtre ou de cinéma, de roman ou d'opéra. L'auteur de ce
projet est toujours accompagné d'un genre de serviteur.
Ce film est une réflexion très personnelle sur les
quatre moments clés de l'amour vécus par trois couples d'âges différents. Mais
à la manière de Marcel Carné, Godard peint "les choses qui sont derrière les
choses".
L'amour, qui est au centre du film, devient le prétexte à une interrogation
sur toutes les résistances, lors de la seconde guerre mondiale, contre l'Amérique
d'aujourd'hui, et bien sûr la résistance de Godard contre le cinéma dominant.
La symbolique est inversée par rapport aux
symboles habituels: présent en noir et blanc, passé en couleurs. Le style est
dépouillé: uniquement des plans fixes, aucun travelling. Dans
la première partie, courte apparition de Godard, lisant sur un banc. Comme souvent,
superpositions de paroles.
Philippe, avant d'entrer, frappe trois coups, comme l'ouverture d'une pièce
de théâtre. Edgar lit un livre composé de pages blanches. L'usage du hors-champs
est généralisé et le son ne correspond souvent pas à l'image.
Gros plans sur les visages, très peu de plans larges.
Godard parle de la mémoire : dialogue sur le devoir
de mémoire entre Forlani et Rosenthal, Edgar affirme avoir de la mémoire lorsqu'il
parle avec Berthe aux entrepôts de la SNCF, et Philipe dit à Edgar que depuis
qu'il ne travail plus avec lui, M. Rosenthal perd la mémoire. Un extrait des
Situations III de Sartre sur le refus du temps, et sur la mémoire est dit à
deux reprises.
La mémoire de l'histoire de la résistance pendant
la seconde guerre est évoquée par la démarche de Rosenthal qui
veut récuperer les peintures spoliées pendant la guerre, et par l'histoire de
M. et Mme Bayard que veulent acheter les américains. D'autres conflits sont
évoqués: Kosovo (conférence dans la librairie où travaille Berthe),
Viêt Nam (la femme de chambre vietnamienne), bataille de César contre les Lutéciens
au bois de Boulogne, mémoire de l'histoire des luttes sociales à travers les
usines de Renault à Billancourt. Mémoire aussi à travers la station de bus "Drancy
avenir", évocation du camps de Drancy. On voit aussi De Gaulle à travers l'affiche
du spectacle de Robert Hossein "Celui qui a dit non". Plusieurs plaques à la
mémoire de fusillés par les Allemands sont montrées, notamment celle de la place
Saint Michel. Mémoire personnelle d'Edgar dans la seconde partie : elle est
le souvenir d'Edgar, à travers des couleurs vives, des jeux sur la vidéo (ralentis,
zooms, superpositions d'images...), la mer rouge, le rivage bleu. De dos, l'ombre
de Berthe (on apprend son nom uniquement dans cette seconde partie), peint "la
France libre" sur une barque.
Godard déclare: "L'acte de
création est un acte de résistance contre quelque chose. Je ne dirais pas que
c'est un acte de liberté, mais de résistance. Mais ce qui ne va pas, c'est que
les metteurs en scène, en fait, prennent une caméra, mais ils sont eux-mêmes
à la place de la caméra. La caméra est une chose qui doit avoir son indépendance."
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