| François Truffaut (1932-1984)François Truffaut et Alfred HitchcockAlfred
Hitchcock, cinéaste britannique
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Les deux cinéastes que Truffaut admirait le plus et qui ont chacun eu une influence décisive sur son œuvre sont Jean Renoir et Alfred Hitchcock. Truffaut raconte qu’il a vu, en cachette et en
fraudant, plus de deux cents films au début de son adolescence, avec "
un sentiment de culpabilité qui ne pouvait qu’ajouter aux émotions
procurées par le spectacle "
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partir du film Rebecca, Hitchcock apparaît le plus souvent dans ses
films. Cette attitude est, à l’époque, extrêmement rare chez
un réalisateur car bon nombre d'entre eux ne se montrent jamais à
l'écran. Ceci est encore une des ambiguïtés de la personnalité Hitchcock qui fut toute sa vie complexé par son physique mais ne manqua pas une occasion de se montrer ! De même Truffaut intervient souvent dans ses films, soit dans de petits rôles symboliques, soit comme un des acteurs principaux. ( voir Truffaut acteur ) L’influence d’Hitchcock se fait aussi sentir chez certains personnages de Truffaut. De nombreux personnages des films d’Hitchcock sont à la fois attirants et repoussants, les « méchants » sont souvent aussi attachants que les héros. |
Par exemple dans Farenheit 451,
le personnage du capitaine incarné par Cyril Cuzak est aussi humain
que Montag, interprété par Oscar Werner. De manière plus
générale, les hommes livres ont moralement raison, mais sont assez
antisociaux et ne peuvent plus communiquer.
Ainsi dans
La mariée était en noir, l’héroïne Julie,
obnubilée par sa vengeance, est moins sympathique que le peintre Fergus
( Charles Denner ), bien que celui-ci ait participé au crime de son mari.
De même dans La sirène du Mississipi
, Julie/Marion ( Catherine
Deneuve) coupable d’escroquerie et de tentative de meurtre reste séduisante,
y compris pour Louis ( JP Belmondo), qui va jusqu'à tuer pour la protéger.
Son premier entretien avec Hitchcock date de 1955. Au début des années
60, il multiplie les entretiens avec le maître pour aboutir en 1966 à
la publication du livre « Le cinéma selon Hitchcock »,
avec le concours d’Helen Scott. Une
des clés de la richesse émotionnelle du cinéma d’Hitchcock
est le suspense. | ![]() |
De même dans "Les
Oiseaux", qui n'est pourtant pas un film policier, il y a un décalage
entre le spectateur, qui comprend assez tôt que les oiseaux vont attaquer
( même s'il ne connaît pas à l'avance le film) et le personnage
de Tipi Hedren. La scène de l'école est restée célèbre:
La séquence s'ouvre par la caméra qui suit la femme sortant de l'école, descendant
les marches, passant dans la cour, s'asseyant sur la barrière. Derrière elle,
au second plan sont montrés tous les éléments importants : l'école, et ce jeu
d'enfants appelé "cage à poule", encore une allusion aux oiseaux. La cage à poule
est vide. La scène se déroule alors en plans alternés, sur le visage de Tippi
Hedren fumant sa cigarette en attendant la sortie des élèves, et sur la cage à
poule. D'abord un oiseau s'y est perché. La deuxième fois qu'on la voit il y a
trois ou quatre oiseaux. La troisième fois il y en a peut-être une dizaine. Puis
un oiseau passe, de la gauche de Tippi Hedren à sa droite; elle le suit des yeux
et nous voyons alors son visage tourner lentement vers la gauche derrière elle;
enfin l'oiseau rejoint ses congénères sur la cage à poule, au moment même où Tippi
Hedren découvre avec surprise que celle-ci est quasiment noire d'oiseaux. Cet
oiseau, bien sûr, dénoue la scène; il guide à la fois le regard de la caméra et
celui de Tippi Hedren vers la révélation finale : les oiseaux sont là et menacent
l'école.
Dans ce cas là encore, le spectateur comprend
le premier et attend que Tipi comprenne à son tour.
Les quatre
films que Truffaut réalise autour de la sortie du livre en 1966 sont fortement
marqués par l’influence d’Hitchcock.
Truffaut choisit Bernard Herrmann,
compositeur de nombreux films d’Hitchcock pour la musique de Farenheit 451
(1966) et de La Mariée était en noir (1968).
La Mariée
était en noir et la Sirène du Mississippi (1969) sont
adaptés de romans de William Irish dont sont tirés des films d’Hitchcock,
en particulier le sublime Fenêtre sur Cour (1954).
De même dans Baisers volés(1968),
quand, à la fin du film, Antoine Doinel passe sa première nuit avec Christine,
nous découvrons en caméra subjective d'abord les restes du téléviseur démonté,
comme dans une scène de crime, puis une montée d'escalier, presque angoissante,
une chambre vide, puis enfin l'image paisible des deux amants dans leur lit.
Les hasards de la vie ont fait que le dernier film
de Truffaut fut Vivement Dimanche, en
1983. Truffaut y revisite pour la dernière fois des thèmes hitchcockiens.
Il revient au noir et blanc qu’il n’avait pas utilisé depuis l’Enfant
Sauvage en 1969 Le personnage central Julien est faussement coupable,
mais plus faible que Barbara. De fortes scènes nocturnes, sous la pluie,
en voiture accroissent la tension.
Comme dans tous les films "policiers"
de F Truffaut, et contrairement aux standards habituels du genre, le personnage
fort est une femme et l'ambiance est plus poétique que tragique.
Dans un article Truffaut écrit : « N’oublions jamais que les idées sont moins intéressantes que les êtres humains qui les inventent, les modifient, les perfectionnent ou les trahissent... » et se sont surtout les liens personnels qu’il a su nouer avec ses maîtres qui lui ont permis de devenir un artisan habile à la façon d’Hitchcock et un poète humaniste et généreux à la manière de Renoir.