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François Truffaut (1932-1984)Filmographie 1970-1983![]() Suzanne Schiffman et François Truffaut |
1971 - Les deux Anglaises et
le continent ; "Two English girls"; durée 108
mn ; scénario de François Truffaut et de Jean
Gruault, adapté du roman de Henri-Pierre Roché, musique de Georges
Delerue Analyse complète du film : Les Deux Anglaises et le continent Inspiré par le même auteur que Jules et
Jim, ce film présente le triangle inverse, un homme et deux femmes;
Plus pessimiste, influencé par Renoir, il
est marqué par des références fréquentes à la sculpture. 1972 - Une belle fille comme moi ; "Such a gorgeous kid like me" durée 100 mn, , adapté d'un roman de Henry Farrell La forme assez déroutante de flash-back en
série, d'opposition entre récit entendu et images montrées montre la
difficulté de discerner la vérité. La parole peut être un outil
redoutable, mais aussi un piège pour celle qui la manipule. Une belle fille comme moi doit d'abord être
compris comme une suite et une réponse aux Deux
Anglaises. C'est surtout cette dernière formule qu'il faut retenir. Camille Bliss illustre une notion essentielle chez Truffaut, à savoir le sens de la survie". La fuite à travers champs lors de la sortie de la maison de correction n'est pas sans rappeller la fuite sur la plage du jeune Antoine Doinel à la fin des 400 coups. |
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1973 - La Nuit américaine, "Day for night"
durée 115', avec J.P.Léaud, Jacqueline Bisset,
Valentina Cortese, Jean-Pierre Aumont, Nathalie Baye, Jean-François
Stevenin et F Truffaut; musique de Georges Delerue.
Film sur les films, les acteurs, le cinéma. Truffaut joue son propre
rôle de metteur en scène. Ferrand (Truffaut) tourne aux studios de la
Victorine, à Nice, un film sentimental " Je vous présente Paméla".
Au début, il dédie ce film aux actrices mythiques du cinéma muet,
Lillian et Dorothy Gish. Sa scripte 'Joëlle' dans le film, est le
portrait de sa collaboratrice Suzanne Schiffman.
L'hommage aux techniques du cinéma est rendu dès le titre qui désigne
un des procédés utilisés pour créer une nuit artificielle. Les
interactions entre la vie réelle et les rôles des acteurs sont
permanentes. Ainsi Truffaut ne laisse à personne le soin de jouer le
metteur en scène, mais confie le rôle de la scripte à Nathalie Baye
comme pour mieux souligner la place indispensable de Suzanne Schiffman,
en retrait du tournage. Jean-François Stevenin, jusque là assistant et
qui joue le rôle de l'assistant, basculera dans la carrière d'acteur
par la suite.
L'idée initiale de ce film remonterait aux
premiers entretiens entre Truffaut et
Hitchkock, celui-ci ayant décrit un scénario possible:
"Toute l'action se déroulerait dans un studio, non pas sur le
plateaudevant la caméra, mais hors du plateau, entre les prises. Les
vedettes du film seraient des personnages secondaires et les
personnages principaux seraient les figurants et les techniciens.
On pourrait faire ainsi un contrepoint merveilleux entre l'histoire
banale du film que l'on tourne et le drame qui se déroule en marge du
travail"
1975 - L'Histoire d'Adèle H
"The story of Adèle H."; durée 110 mn;
scénario de Jan Dawson, Jean
Gruault , Frances Vernor , Suzanne
Schiffman d'après le journal d'Adèle Hugo, avec Isabelle Adjani
(Adéle Hugo), Bruce Robinson (lieutenant Pinson), Sylvia Mariott (Mrs
Saunders), Reubin Dorey (Mr Saunders)
Exploration romantique et douloureuse des souffrances de la fille de
l'immense Victor Hugo, sa quête sans espoir de nier ce père envahissant
et de vivre de manière autonome. Le souvenir de la mort tragique de sa
soeur Léopoldine et l'indifférence d'un officier anglais qu'elle croit
aimer accentue son glissement vers la folie.
La musique composée par Maurice Jaubert, lui-même précocement mort en
1940 souligne la tragédie et en même temps rend hommage à Jean Vigo qui avait déjà retenu ces thèmes
pour l'Atalante.
A propos de "L'Histoire d'Adèle H", Truffaut écrit:
"En établissant le script de "L'Enfant sauvage" d'après le Mémoire du
Docteur Jean Itard, nous avions découvert, Jean Gruault et moi, le
grand plaisir qui consiste à organiser une histoire de fiction à partir
d'événements réels en s'efforçant de ne rien inventer, et de ne pas
altérer la vérité du matériel documentaire.
S'il est difficile de construire une intrigue unanimiste, mêlant une
dizaine de personnages dont les actions s'entrecroisent, il est presque
aussi difficile d'écrire un film intimiste mettant en scène un seul
personnage sur l'écran. Je crois pourtant que c'est cet aspect
solitaire qui m'attirait le plus dans ce projet; ayant tourne des
histoires d'amour à deux personnages et à trois personnages, j'avais
l'impression de tenter une expérience passionnante, dévoré par une
passion à sens unique."
1976 - L'Argent de poche, "Small change"; durée 105mn; avec Jean-François Stevenin (l'instituteur), Grégory Desmouceaux (Patrick), Eva Truffaut (Patricia), Laura Truffaut (Madeleine) C'est une sorte de conclusion des films sur l'enfance commencés avec
les Mistons et surtout Les 400 Coups. Fiche détaillée du film : L'Argent de poche |
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1977 - L'Homme qui
aimait les femmes , "The man who loved women" durée 118 mn Voir fiche détaillée : L'Homme qui aimait les femmes |
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A propos de "L'homme qui aimait les femmes"
Truffaut écrit: "Nous avons écrit, Suzanne Schiffman, Michel Fermaud et
moi, le scénario de "L'homme qui aimait les femmes", à l'intention de
Charles Denner et par admiration pour lui.
J'ai demandé à Brigitte Fossey, Leslie Caron, Nelly Borgeaud, Geneviève
Fontanel, Nathalie Baye, Sabine Glaser, Valérie Bonnier et de
nombreuses belles Montpelliéraines d'être celles qu'il a tenues dans
ses bras. Si une phrase pouvait servir de dénominateur commun aux
amours de Bertrand, ce serait celle-ci, de Bruno Bettelheim dans "La
Forteresse Vide" : "Il apparut que Joey n'avait jamais eu de succès
auprès de sa mère".
Voir la page spéciale Truffaut et les femmes
1978 - La
Chambre verte; "The green room"; durée 94 mn, scénario de Jean
Gruault d'après 3 nouvelles d'Henry James "l'autel des morts" ,
"Les Amis des amis", "La Bête dans la jungle"
avec François Truffaut (Julien
Davenne), Nathalie Baye (Cécilia Mandel), Jeanne Lobre (Mme rambaud, la
gouvernante), Jean Dasté ( Humbert,
le directeur du Globe), Jean-Pierre Moulin(Gérard Mazet) et le jeune
Patrick Maléon
Jusqu'où peut aller le respect et le culte que l'on doit aux morts?
La femme de Gérard Mazet vient de décéder. Julien Davenne est arrivé
dans l'Est de la France pour le réconforter, mais lui-même vit un
véritable drame : il est veuf, vit avec une gouvernante et Georges, un
enfant handicapé à qui il apprend à parler. Dans cette même maison, où
il abrite sa solitude, il a aménagé une chambre entièrement consacrée
au souvenir de sa femme Julie. Au "Globe" où il est rédacteur, il
s'occupe de la rubrique nécrologique. Dans une vente, il rencontre
Cécilia et leurs rapports évolueront en fonction de leur amour pour les
morts...
Mais les soins donnés à Georges, et qui rappelle le thème de L'Enfant
Sauvage, montre aussi l'attention de Julien pour les vivants.
La lumière des bougies et la musique composée par Maurice Jaubert,
lui-même précocement mort en 1940 accentue la nostalgie de ce film
étrange.
A propos de"La Chambre Verte" Truffaut écrit:
" Chaque année, il nous faut rayer des noms sur le carnet d'adresses de
notre agenda et il arrive un moment ou nous nous apercevons que nous
connaissons plus de morts que de vivants.
Cette constatation, simple comme au revoir, nous a dicte, à Jean
Gruault et à moi, le scénario de "La chambre verte" qui entremêle deux
histoires courtes de Henry James et des notations biographiques sur sa
fidélité au souvenir de sa fiancée disparue.
Le film montre donc l'évolution des relations entre deux êtres qui
aiment les morts et les respectent, un homme et une femme qui refuse
l'oubli. Contrairement a ce que les habitudes sociales et religieuses
font croire, il arrive que l'on entretienne avec certains morts des
relations aussi agressives et passionnées qu'avec les vivants.
Les péripéties de "La chambre verte" tournent autour de ces questions:
faut-il oublier les morts ? Que se passerait-il si, indifférents à
l'usure du temps, nous leur restions attaches par des sentiments aussi
violents que ceux qui nous lient aux vivants ?"
A voir une page consacrée à Truffaut et la mort
* 1979 -
L'Amour en fuite "Love on the run", durée 94 mn ;
avec Jean-Pierre Léaud (Antoine Doinel), Claude Jade (Christine), Marie
France Pisier (Colette), Dani (Liliane), Dorothée (Sabine), Rosy Varte
(la mère de Colette), Julien Bertheau (Monsieur Lucien, l'ex-amant de
la mère d'Antoine); musique de Georges
Delerue
La fin du cycle des Aventures d'Antoine
Doinel, commencé avec Les 400 coups puis Antoine et
Colette , Baisers volés et Domicile conjugal. Cette
série a suivi le rythme de la vie de l'acteur central Jean-Pierre
Léaud, profondément marqué par cette expérience. Ce dernier film était
conçu pour "libérer" Léaud de ce rôle pesant.
Ce film récapitule et cite les précédents, ceux
du cycle Doinel, mais aussi les autres; Antoine a dépassé la trentaine
et a divorcé de Christine mais reste cependant son ami. Il continue sa
création artistique, en publiant un roman "Les salades de l'amour".
Il est amoureux de Sabine, vendeuse dans un magasin de disques. Il
retrouve, à la Gare de Lyon, Colette, la jeune fille de l'Amour à vingt ans. Il essaye sans
succès de renouer avec elle.
Dans une longue séquence, Antoine retrouve
l'amant de sa mère aperçu Place Clichy dans les 400 coups . Ils vont ensemble sur
la tombe de sa mère, et Antoine retrouve d'elle une image apaisée (" Ta mère était un petit oiseau" fait-il dire à
l'ex-amant. Truffaut pardonne ainsi à sa propre mère décédée en 1968)
Malgré quelques passages drôles, ce film est empreint d'une grande nostalgie. A la fin Antoine et Sabine parte vers une nouvelle vie, mais pour combien de temps?
* 1980 - Le dernier Métro; english title: "The last
metro"; scénario et dialogues Suzanne
Schiffman , François Truffaut & Jean-Claude Grumberg
(dialogue) ; durée 128'; En 1981, ce film obtient 10 Césars dont le meilleur film, meilleur réalisateur, meileurs acteur et actrice et meilleur scénario pour Truffaut associé à Suzanne Schiffman Film le plus riche et le plus accompli de Truffaut, il aborde de nombreux thèmes: L'occupation allemande, les bouleversements et les attitudes qu'elle entraînent, les résonances entre la vie réelle et la fiction théâtrale et comme dans Fahrenheit 451 les mécanismes de défense contre l'oppression et l'obscurantisme. L'homosexualité masculine et féminine est abordée avec tolérance. Le triangle central, une femme et deux hommes (comme dans Jules et Jim) est sauvé par l'intelligence et la création.
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A propos du "Dernier Métro" Truffaut
écrit: 1981 - La Femme d'à coté, "The woman next door";
durée 106'; Sept ans auparavent, Bernard et Mathilde se sont
aimés avec passion et quittés violemment. Chacun s'est marié et ils se
retrouvent par hasard, voisins dans un petit lotissement. Dans un
premier temps, Bernard évite de se trouver en tête à tête avec
Mathilde. Mais un jour leur liaison reprend, passionnée et cahotique.
Au cours d'un repas où tout le monde est rassemblé, un incident révéle
aux yeux de tous leur liaison. Mathilde est victime d'une dépression et
est hospitalisée. L' Amour passionné, violent , adultère de Mathilde et de Bernard ne peut se terminer que dans le drame, malgré leur entourage raisonnable et tolérant. Mais Truffaut apporte toute sa tendresse, son ironie, son tact pour rendre légère cette histoire dramatique. |
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A propos de "la Femme d'à coté" Truffaut
écrit: |
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1983 - Vivement
Dimanche ! ; titre anglais "Confidentially Yours"; durée 111';
scénario de François Truffaut, Jean Aurel, Suzanne
Schiffman d'après un roman de Charles Williams; Noir et blanc ;
musique de Georges Delerue; Un certain Massoulier est tué d’une balle dans la tête lors
d’une partie de chasse. Julien Vercel, directeur d’une agence
immobilière, est accusé d’homicide : en effet, Vercel se trouvait sur
les lieux du crime et en plus, on retrouve ses empreintes sur la
voiture de Massoulier. Un peu plus tard, on retrouve assassinée la
femme de Vercel, Marie-Christine, qui était en fait la maîtresse de
Massoulier. |
Pour se qui sera son dernier film Truffaut revient au
policier et ose le Noir et Blanc, dans un ultime hommage à Hitchcock. Cest l'histoire d'une passion
tragique, mêlant noirceur et légèreté. Comme souvent dans ses films,
c'est la femme qui est forte et menne le
jeu. Comme Julien doit se cacher, il est réduit à l'impuissance.
Le schéma général présente beaucoup de points communs avec la
construction d'Hitchcock: un faux coupable qui ne fait pas confiance à
la police pour se disculper. Une forte opposition au début entre les
deux héros qui va progressivement s'estomper et finir en amour.
Plusieurs scénarios à différents stades d'achèvement peuvent être, sans conteste, attribué à François Truffaut:
* Une adaptation de Nez de cuir
de La Varende , qui comportait le projet de rassembler à nouveau Gérard
Depardieu et Fanny Ardant dans un nouveau film.
* La Petite Voleuse
fut réalisé en 1988 par Claude Miller, son ancien assistant devenu
metteur en scène (La Meilleure Façon de marcher, Garde
à vue et L'Effrontée).
Ce projet prend sa source dans Les 400
Coups qui comportait à l'origine deux personnages principaux: Antoine
et Janine, son pendant féminin. Lorsqu'il se rendit compte qu'il avait trop
de matière pour un seul film, Truffaut élimina la "petite voleuse" dans l'intention
de lui consacrer un jour un long métrage. Le prénom de Janine étant lui-même
un hommage à Janine Bazin, la femme d'André Bazin.
Vingt-cinq ans plus tard, il 'écrivit avec son collaborateur Claude de Givray
un synopsis qu'il confia, quelques mois avant sa mort, 'à Claude Berri, dont
il avait admiré Le Vieil Homme et l'enfant. Après avoir vu L'Effrontée,
Berri offrit le sujet à Miller, qui avait entendu parler de La Petite Voleuse
au cours de ses dix années de collaboration avec Truffaut.
Claude Miller a donné le nom Davenne au personnage de Michel, créant un lien
avec La Chambre verte:
Il déclare : "J'ai pensé à François en écrivant les phrases de Michel,
"la musique, c'est comme la peinture ou la poésie ... , tout finit par mourir
... Et la musique ... c'est un moyen ... pour se souvenir, de tout ce qui
disparaît, et qui ne reviendra jamais. S'il était vivant, peut-étre j'aurais
demandé à François de jouer le rôle.»
* Un scénario, non réalisé à ce jour, est l'Agence
Magic, sur le milieu du music-hall, troisième volet de la trilogie
sur le spectacle après La Nuit américaine et Le
Dernier Métro.
*Écrit en 1971 en collaboration avec Jean Gruault, Julien
et Marguerite. Le texte, abandonné en 1973, raconte l'histoire
d'amour entre un frère et sa sœur, inspirée d'un fait divers du XVIIe siècle.
Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville,
exécutés en 1603 pour adultère et inceste, après que Marguerite a fuit le
château conjugal pour retrouver son frère. Le scénario a été publié par les
éditions Capricci en 2011. Valérie
Donzelli adapte en 2015 le scénario avec Jérémie Elkaïm, qui a
joué dans presque tous ses films. Il a participé à l'écriture de cette adaptation
et devrait incarner Julien. Dans le rôle de Marguerite, Anaïs Demoustier.
A ma connaissance, existent en DVD:
Chez Marin Karmitz ( MK2) Les 400 Coups MK2 qui produit ces DVD présente un excellent site avec extraits de vidéo (rubrique DVD) |
Chez MGM: La sirène du Mississipi |