Louis, riche industriel
de La Réunion fiancé par correspondance, attend sa fiancée
Julie à la descente du bateau, "Le Mississipi". Elle arrive,
bien plus belle que la photo reçue. Elle prétend qu'elle a envoyé
la photo d'une autre, par timidité. De retour en France,
Louis retrouve la trace de sa femme qui s'appelle en réalité Marion et qui travaille
dans une boîte de nuit. Il n'a pas le courage de la tuer et Marion l'apitoie en
lui parlant de son enfance malheureuse et en lui apprenant que c'est son amant
Richard qui a tué Julie et l'a forcée à prendre sa place. Éperdument épris de
Marion, Louis lui fait confiance et ils s'installent dans une petite maison près
d'Aix-en-Provence. Mais Comolli a retrouvé lui aussi la trace de Marion et pour
l'empêcher de livrer à la police celle qu'il aime, Louis le tue. Marion et Louis
s'enfuient à Lyon où ils se cachent, puis dans un chalet de montagne. Louis empêche
Marion de partir et elle tente de l'empoisonner avec de la mort-aux-rats. Il lui
avoue alors qu'il est prêt à mourir tant il est éperdu d'amour pour elle. La fin
laisse planer un doute, sont-ils réconciliés?sont-ils prêts à affronter
leur destin? Deuxième adaptation d'un roman noir de W. Irish avec J.P. Belmondo dans un rôle plutôt inhabituel de victime devenant consentante et presque complice de sa propre fin. Les frontières sont floues entre escroquerie et amour, douleur et plaisir, tu et vous, distance et intimité. Dans le rôle de la femme pernicieuse et prompte à tuer, Catherine Deneuve livre une grande performance, n'éprouvant que peu de scrupules face au cadavre de Comoli. Alors, est-elle une véritable meurtrière qui se joue de son mari jusqu'à l'empoisonner sans manifester une quelconque émotion? Le film ne nous livre que peu d'indices mais l'absence filmée du premier meurtre semble l'accuser. Belmondo, quant à lui, livre une composition loin de ses rôles lisses de héros. Son personnage est celui d'un homme fade, prisonnier de ses principes et de son envie d'être amoureux, allant juqu'à accepter d'être trompé, dominé et finalement assassiné. Beaucoup de passages sont révélateurs de son conformisme bourgeois: lorsque sa femme est à ses côtés dans la rue, il faut qu'elle lui donne le bras ; quand il va vendre ses parts à son associé, il commente son malheur en lui déclarant : « Vous n'êtes pas de cette race », comme s'il croyait appartenir à une élite, alors qu'il n'a plus rien. Tout porte à croire que l'enchaînement des événements se calque sur le déroulement d'une tragédie grecque comme si « ce qui devait arriver arrive ». Au final, c'est la question principale de savoir si Marion Bergamo est une meurtrière où une pousse au crime qui ressurgit, avec le passage central du seul meurtre filmé. Michel Bouquet, lui aussi d'une régularité parfaite dans son interprétation, met la pression sur un Belmondo acculé, muré dans son silence et ses principes néfastes et contradictoires. Toute la cruauté du film tient dans cette exposition de deux personnages qui, livrés à eux-mêmes, font ce qu'ils peuvent malgré leur amour, ou en fonction de leur amour. C'est un enchaînement d'actions qui, en fonction de leur caractère, va donner son épaisseur à l'histoire. A la fin du film, quand malgré leur amour, presque partagé,
elle tente de l'empoisonner, il lui déclare "Ta beauté est
une souffrance - Hier tu disais que c'était une joie" réplique-t-elle.
"-C'est une joie et une souffrance" conclut-il. Déclarations de François Truffaut
Le cinéaste confesse une profonde aversion pour les scènes d'amour : « C'est
quelque chose d'un peu pénible à faire, mais il faut le faire. Il faut qu'elles
soient sacrées sans être ridicules. On ne peut pas faire d'ellipses, parce que
je trouve que ce sont des moments importants. » Il s'en sort par des plans
en ombres chinoises, où les amants se touchent le visage du bout des doigts, ou
bien par des phrases fétiches simples et intenses (« Attends... », « J'attends...
»), qui symbolisent l'imminence d'un rapport sexuel . | |||||
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Distribution
Fiche technique
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Cornell Woolrich et ses romans policiersCornell Woolrich, écrivain américain adoptant parfois le pseudonyme de William Irish, né le 4 décembre 1903 à New York, où il meurt le 25 septembre 1968. Né dans un milieu aisé, il suit son père, ingénieur des travaux publics, au Mexique, à Cuba et aux Bahamas. Après le divorce de ses parents, à l'âge de 15 ans, il rentre à New York à pour vivre auprès de sa mère, pianiste, et termine ses études en 1925 à l'université de Columbia. Il écrit son premier roman, Chef d'accusation en 1935, influencé par l'œuvre de Francis Scott Fitzgerald. Il pense très tôt au cinéma et est engagé comme scénariste à Hollywood pour travailler sur l'adaptation de Les enfants du Ritz, paru en 1927. Jusqu'en 1940, les éditeurs refusent de publier ses livres, il publie dans des "pulps" près de trois cent cinquante nouvelles sous trois noms différents : William Irish, Georges Hopley et son vrai nom . Il connaît le succès à partir de 1940, avec La mariée était en noir. En 1954, il reçoit le Grand prix de littérature policière en France pour Un pied dans la tombe. Sa mère meurt en 1957, il s'isole de plus en plus, sombre dans l'alcoolisme.
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