La Dolce Vita ( La Douceur de vivre ) film franco-italien
de Federico Fellini, sorti en 1960.
Avec Marcello Mastroianni (Marcello), Anita Ekberg (Sylvia), Anouk Aimée
(Maddalena), Yvonne Furneaux (Emma), Alain Cuny (Steiner), Magali Noël
(Fanny), Lex Barker (Robert), Nadia Gray (Nadia), Valeria Ciangottini
(Paola), Annibale Ninchi (Le père de Marcello), Renée Longarini (La
femme de Steiner), Jacques Sernas (Le jeune premier), Giulio Questi
(Don Giulio), Laura Betti (Laura), Alan Dijon (Frankie Stout), Adriano
Celentano (Le chanteur de Rock);
scénario de Federico Fellini, Enno Flaiano, Pier
Paolo Pasolini, Tullio Pinelli et Brunello Rondi; musique de Nino Rota;
noir et blanc; durée 166 mn.
Palme d'Or Cannes 1960
Fiche complète du film : La
Dolce Vita
Marcello, chroniqueur mondain, sillonne Rome
à la recherche du scandale et du sensationnel. Toujours entouré d’une nuée de
photographes, il fréquente avec détachement les lieux les plus à la mode et la
haute société romaine. Au cours d’une tournée, il rencontre son amie Maddalena,
une riche héritière désœuvrée. Ils passent la nuit dans la
chambre d’une prostituée complaisante. Le lendemain matin, Marcello trouve
Emma, sa compagne régulière, inanimée auprès d’un tube vide de comprimés. Il la
conduit à l’hôpital. Elle en réchappe. A l’aérodrome de Rome, arrivée triomphale
de Sylvia, grande star hollywoodienne : cortège bruyant, conférence de presse
cacophonique. D’autres événements futiles se succèdent ainsi, marques au coin
de la débauche et de la désespérance. Le père de Marcello tente de retrouver sa
jeunesse avec des femmes faciles mais rentre chez lui précipitamment à
la suite d'un malaise. Marcello enquête sur un miracle qui s'avère
faux. L’écrivain esthète et intellectuel, Steiner, l’ami de Marcello, se suicide
après avoir tué ses enfants. Marcello s’enlise de plus en plus dans un milieu
en voie de décomposition. La fin est assez pessimiste, après une nuit très
agitée, il se retrouve sur une plage où s'échoue un poisson (la religion chrétienne?)
monstrueux et mort depuis longtemps. Enfin, sur la dernière scène, Marcello reste
insensible à l'appel d'une jeune fille pure irrémédiablement séparé de lui par
une rivière dérisoire. Ce film long (près de trois heures) est découpé
en une série de récits disjoints dont Marcello est le seul point
commun et cependant parfaitement cohérent grâce à la rigueur
de l'écriture et l'unité du ton adopté. Fellini pose
le décor et les enjeux du film dès l’ouverture de celui-ci : on y voit une statue
représentant le Christ, rattachée à un hélicoptère, volant au dessus et s’éloignant
progressivement de Rome. Double symbole: Le Christ, emporté par la modernité,
déserte et Fellini prend ses distances avec tout ce qui fondait son cinéma
jusqu’alors en remettant en cause et la société dans laquelle il vit et sa manière
de filmer jusqu'alors rattaché à l'école néoréaliste
. Son style évoque désormais Luis Buñuel,
comme lui il décrypte les pulsions contradictoires, la décadence
des mœurs mais ne porte pas de jugement, à l'image de Marcello, témoin
le plus neutre possible et du jeu de Mastroianni, minimaliste.. En dépit
du mouvement permanent du film, rien ne semble bouger. Fellini déclare:
"Je prends la température d’un monde malade; mais si le mercure indique
40°C au début du film, il en indique également 40°C à la fin. Rien n’a changé".
Les personnages répètent les mêmes actions, s’enferrent dans des modes de fonctionnement.
A force d’en avoir trop vu, ils regardent sans voir, tel, à la fin du film, l’atroce
poisson échoué sur le rivage qui contemple d’un œil mort l’immensité du ciel.
Le film n’offre pas au spectateur de personnages auquel il pourrait s’identifier
tant Fellini aime nous mener par la main dans son labyrinthe cinématographique.
Le film peut être considéré comme une espèce de voyage une Rome imaginée
( le film a été entièrement tourné en studio), voyage
ponctué selon les moments du film par la musique, visible à l’écran par l’entremise
de musiciens jouant de leurs instruments, que celle-ci soit Rock, Jazz ou bien
Musique de Chambre. La dolce Vita a provoqué des réactions
violentes à sa sortie. Le succès auprès du public ne fût
pas immédiat mais ample et profond. Par contre l'Église, qui
avait apprécié La Strada (1954) pour sa thématique
de la rédemption, lança ses foudres contre le film, menaçant
d'excommunier l'équipe du film et même les spectateurs. Et pourtant
jamais Fellini ne montre de complaisance envers ses personnages décadents
et seuls les aspects les moins nobles de la religion sont attaqués, comme
ce culte populaire des miracles qui confine à la superstition. Ce
film a fortement influencé à la fois la société et les acteurs: La dolce
vita a remplacé le titre français "La douceur de vivre"et est même devenue une
expression courante en français. La Via Veneto, entièrement reconstituée
en studio, va s'efforcer de ressembler à son modèle fellinien, large
et plate Mastroianni, qui n'était au début pas prévu pour le rôle (dévolu
à Paul Newman) est devenu l'acteur fétiche et le double de Fellini. Lex Barker,
qui joue le rôle d'un acteur américain ringard ayant joué
Tarzan avit effectivement joué ce rôle à 5 reprises entre
1949 et 1953, dont Tarzan and the She-Devil de Kurt Neuman Anita Ekberg, ex-Miss
Suéde apprécia à ce point l'Italie qu'elle y poursuivît sa vie.
Un jeune musicien, Adriano Celentano, voit sa carrière lancée par le film.
Et enfin le photographe Paparazzo, qui passe son temps à harceler les vedettes,
a donné son nom à tous les "paparazzi" du monde. |