Biographie
Alfred Joseph Hitchcock est né le 13 août 1899 à Leytonstone dans la banlieue
de Londres.
Son père (William) et sa mère (Emma) étaient épiciers en gros.
Ils avaient loué une modeste épicerie dans la rue principale de Leytonstone. Alfred
était le cadet des trois enfants, Alfred gardera toute sa vie des rapports extrêmement
distants avec son frère et sa sur. Le petit Alfred fut un enfant extrêmement
solitaire et très peureux.
Les débuts
Après un stage d'assistant technicien, il obtient son premier emploi à Londres,
en 1920 : la conception des sous-titrages dans les films muets. C'est en 1923
qu'il devient assistant puis metteur en scène. Son talent lui permet une ascension
rapide dans le milieu cinématographique alors florissant.
Son premier film
important, Les cheveux d'or (The Lodger), sort en 1926. Dans ce film, une blonde
séduisante est assassinée, et de lourds soupçons pèsent sur le nouveau locataire
d'un appartement voisin, bien qu'en fait il soit innocent du crime.
Les
films d'Hitchcock montrent souvent des personnes innocentes entraînées dans des
situations qu'elles ne contrôlent plus, et ne comprennent parfois même plus; un
thème fréquent de ses films est que ces personnages ne sont en fait coupables
que de petites erreurs sans importance.
Ses films mettent beaucoup l'accent
à la fois sur la peur et sur l'imagination, et sont connus pour leur humour cocasse.
Downhill (1927) montrait un autre personnage accusé à tort : c'était cette fois
un jeune homme accusé de vol dans son école, et chassé par ses parents, suite
à ce vol. Plus tard, le jeune homme tombe amoureux d'une femme plus âgée que lui,
et lorsqu'elle se réveille au matin, il aperçoit son visage ridé, tandis que des
hommes rentrent un cercueil par leur fenêtre.
Hitchcock fera
souvent apparaître dans ses films le lien entre Éros et Thanatos.
Meurtre (Murder, 1930) est un film un peu particulier car il matérialise la frontière
entre le cinéma muet et le cinéma parlant.
Le parlant n'était pas encore
reconnu universellement comme une solution d'avenir.
La production du film,
qui ne souhaitait pas prendre de risques, imposa donc que le film soit muet. Hitchcock
étant à l'inverse convaincu de l'intérêt du film parlant, tourna
discrètement certaines scènes avec du son. Le film est donc d'abord sorti en version
muette, puis est ressorti ensuite dans sa version partiellement sonore.
Hollywood
David O. Selznick pousse Hitchcock à venir faire des films à Hollywood.
Avec
Rebecca en 1940, Hitchcock réalise son premier film américain - il restera d'ailleurs
aux États-Unis pour presque toute sa carrière.
Rebecca évoque les craintes
d'une jeune mariée naïve qui emménage dans une maison bourgeoise de la campagne
anglaise, et doit s'attaquer aux legs de la défunte première femme de son mari.
L'humour des premiers films d'Hitchcock y est toujours présent, mais il mettra
dorénavant plus l'accent sur le suspense puisque c'était ce que demandait le public
américain.
Le jeune Hitchcock était un garçon solitaire,
obèse, plein d'imagination; issu d'une famille catholique, il avait l'habitude
de se confesser chaque soir à sa mère.
Ses films montrent souvent des personnages
masculins en conflit avec leur mère ou en état d'infériorité
vis à vis des femmes, souvent blondes et séduisantes.
Dans La
mort aux trousses (North by Northwest), Roger O. Thornhill (Cary Grant) est un
homme innocent, ridiculisé par sa mère parce qu'il est persuadé que de mystérieux
meurtriers le poursuivent.
Dans Les oiseaux (The Birds), le personnage de
Rod Taylor se retrouve dans un lieu envahi par des oiseaux vicieux, tandis qu'il
essaie d'échapper à l'emprise de sa mère.
Le personnage du tueur, dans Frenzy,
vit également dans la même maison que sa mère.
Les problèmes de Norman Bates,
dans Psychose (Psycho), sont également célèbres..
Dans
Pas de printemps pour Marnie (Marnie), la belle Tippie Hedren est kleptomane.
Dans La main au collet (To Catch a Thief), Grace Kelly est voleuse de chats.
Après s'être intéressée à la vie de Thorwald, dans Fenêtre sur cour, Lisa pénètre
par effraction dans l'appartement de Thorwald.
La blonde séduisante de France
c'est la jeune Claude Jade dans L'étau (Topaz)
en fille d'un agent secret. Et dans Psychose (Psycho), Janet Leigh vole 40 000
$ avant de se faire assassiner par un certain Norman Bates (Anthony Perkins) qui
se prenait pour sa propre mère.
Les films les plus personnels
d'Hitchcock sont probablement Les enchaînés (Notorious) et Sueurs froides (Vertigo)
– tous deux sur le thème de l'obsession et de la névrose d'hommes manipulant des
femmes.
Sueurs froides (Vertigo) explore en détail les relations entre le
sexe et la mort. Dans ce film, bien que James Stewart sache que Kim Novak n'est
qu'un accessoire du crime, ils ne peuvent s'empêcher de tomber amoureux l'un de
l'autre. Le personnage de Stewart ressent un besoin violent de contrôler sa compagne,
de l'habiller, d'adorer ses vêtements, ses chaussures, ses cheveux.
Le
style
Bien qu'il travaillât souvent avec des scénaristes extrêmement
doués, tels que Raymond Chandler, Hitchcock avait beaucoup de mal à rendre à l'écran
les scénarios de ses films.
Il eut d'ailleurs un jour ce commentaire : «
Le scénariste et moi-même rédigeons le script jusque dans ses moindres détails
ainsi, lorsque nous avons terminé, il ne reste plus qu'à tourner le film. Mais
en fait, dès que nous entrons en studio, nous devons commencer à faire des concessions.
En réalité, le scénariste a la plus belle part du travail car il ne doit pas s'inquiéter
des acteurs et de tout le reste. »
Hitchcock était souvent
critique envers les acteurs et les actrices, dénigrant par exemple le jeu de Kim
Novak dans Sueurs froides (Vertigo), ou déclarant que les acteurs doivent être
considérés comme du bétail.
Hitchcock considérait que le fait de tout faire
reposer sur le jeu des acteurs et des actrices n'était qu'une coutume héritée
du théâtre.
Il fut par contre pionnier dans sa manière d'utiliser les mouvements
de la caméra, les prises de vue et les montages, mais également dans sa façon
d'explorer les confins de l'art cinématographique.
Les "apparitions"
d'Hitchcock
Dans la plupart de ses films, Hitchcock s'arrangeait
pour apparaître à l'écran un court instant. A ses débuts, il s'agissait
surtout d'économiser un figurant. On le voyait parfois monter dans un bus,
passer devant un magasin, dans une publicité de magazine pour un régime amaigrissant
!
Trouver Hitchcock dans chacun de ses films est d'ailleurs devenu un jeu
très populaire parmi ses spectateurs. On trouve même des livres et des sites internet
spécialisés sur le sujet. Le plus souvent Hitchcock apparait dans les cinq premières
minutes du film, pour que la recherche de sa présence ne vienne pas trop
détourner le spectateur de l'intrigue.
Le
Mac Guffin
Le Mac Guffin est un concept original dans
le cinéma d'Hitchcock.
L'origine du mot viendrait de l'histoire suivante,
racontée par Hitchcock : Deux voyageurs se trouvent dans un train en Angleterre.
L'un dit à l'autre : "Excusez-moi Monsieur, mais qu'est-ce que ce paquet à l'aspect
bizarre qui se trouve au-dessus de votre tête ? - Oh, c'est un Mac Guffin. A quoi
cela sert-il ? - Cela sert à piéger les lions dans les montagnes d'Ecosse - Mais
il n'y a pas de lion dans les montagnes d'Ecosse - Alors il n'y a pas de MacGuffin"
.
Hitchcock utilisait souvent cette anecdote pour se moquer
de ceux qui exigent une explication rationnelle et une cohérence parfaite
pour tous les éléments d'un film. Ce qui l'intéresse c'est de manipuler le spectateur,
de le promener au fil de l'histoire et qu'il ait aussi peur que le héros ou l'héroïne
de son film. Peu importe les petites tricheries ou les approximations sur la vraisemblance.
Hitchcock considérait les films pour ce qu'ils sont, c'est à dire
un spectacle et non une copie conforme de la réalité.
Dans
les films d'Hitchcock, le MacGuffin est souvent un élément de l'histoire qui sert
à l'initialiser voire à la justifier mais qui s'avère en fait sans grande importance
au cours du déroulement du film.
Dans Psychose, le MacGuffin est l'argent
dérobé par Marion à son patron au début du film, il va sans dire que la suite
est tellement prenante que l'argent est bien vite oublié, mais c'est lui qui a
initialisé l'histoire.
Hitchcock et François Truffaut
François Truffaut était un grand admirateur
d'Hitchcock ( Voir la page Truffaut-Hitchcock) Son
premier entretien avec Hitchcock date de 1955. Au début des années
60, il multiplie les entretiens pour aboutir en 1966 à la publication
du livre « Le cinéma selon Hitchcock », avec le concours
d’Helen Scott.
Dans cet ouvrage le réalisateur-écrivain-admirateur-questionneur
essaye de répondre à des questions fondamentales concernant le cinéma
:
- Comment s’exprimer de façon purement visuelle ? (en effet, certains
films d’Hitchcock, comme Psychose, sont en
grande partie muets )
- Comment susciter des émotions ?
A la différence d’une énigme (qui a tué ? ), dont la résolution
n’apporte qu’une brève émotion, le fait de mettre le public
dans la confidence comme quand l’assassin est connu depuis le début, et
qu’un innocent est accusé permet d’impliquer le spectateur tout au long
du film (comment l’innocent va se disculper ?)
Hitchcock accentue la propension
du spectateur à s’identifier au héros de ses films en utilisant
des procédés techniques adaptés : gros plans, caméra
subjective, intérêt porté à des détails ou des
objets précis, montage serré. Il exerce un art consommé de
la suggestion. Ainsi tous les spectateurs de Psychose sont marqués
par la scène horrible où Norman assassine Marion sous la douche
; et pourtant on ne voit aucun coup porté ni aucun contact entre le couteau
et le corps.
Hitchcock transforme également le spectateur
respectable en voyeur, brouillant encore plus la distinction entre coupable et
innocent, et ne la faisant apparaître clairement qu'à la fin.
Dans
Fenêtre sur cour (Rear Window), après que L. B. Jeffries (James Stewart) aie passé
une bonne partie du film à observer Lars Thorwald (Raymond Burr), celui-ci lui
fait face et lui demande « Que me voulez-vous ? ». Burr pourrait tout aussi bien
poser sa question au spectateur.
Fenêtre sur cour était également un défi
technique qu'Hitchcock s'était imposé : un film tourné entièrement depuis la même
place ; un seul point de vue qui parvient néanmoins à maintenir notre attention.
La critique et les récompenses
Hitchcock
ne fut jamais très apprécié de la critique de son époque. Seul Rebecca reçut l'Oscar
Academy Award du meilleur film. En tant que producteur, Hitchcock fut nommé pour
son film Soupçons (Suspicion). Il fut également nommé meilleur metteur en scène
pour cinq de ses films : Rebecca, Lifeboat, La maison du docteur Edwardes (Spellbound),
Fenêtre sur cour (Rear Window) et Psychose. Mais le seul Academy Award qu'il reçut
fut le prix Irving G. Thalberg Memorial, en 1968.
Alfred Hitchcock
meurt le 29 avril 1980 à Los Angeles (USA)
Filmographie
:
- 1923 : La danseuse blessée (1923) (Woman to woman), assistant
metteur-en-scène
- 1923 : L'ombre blanche (The white shadow)
- 1923 : The prude's fall
- 1924 : Abnégation (The passionate adventure)
- 1925 : Le voyou (The blackguard)
- 1925 : Le jardin du plaisir (The pleasure garden)
- 1926 : The mountain eagle
- 1926 : Les cheveux d'or
- 1927 : The Lodger -Downhill
- 1927 : Easy virtue
- 1927 : Le masque de cuir (The ring)
- 1928 : Laquelle des trois ? (The farmer's wife)
- 1928 : A l'américaine (Champagne)
- 1929 : The manxman
- 1929 : Chantage
- 1929 : Blackmail Junon et le Paon (Juno and the Paycock)
- 1930 : Meurtre (Murder)
- 1931 : The skin game
- 1932 : À l'est de Shanghai (Rich and strange)
- 1932 : Numéro dix-sept (Number seventeen)
- 1934 : Le chant du Danube (Waltzes from Vienna)
- 1934 : L'Homme
qui en savait trop (The Man who Knew Too Much ) (remake en
1956)
- 1935 : Les 39 marches (The
39 Steps)
- 1936 : Quatre de l'espionnage (The Secret Agent)
- 1936 : Agent
secret ( Sabotage )
- 1937 : Jeune
et Innocent (Young and Innocent )
- 1938 : Une
femme disparaît (The Lady Vanishes )
- 1939 : La Taverne de la Jamaïque (Jamaica Inn)
- 1940 : Rebecca
- 1940 : Correspondant 17 (Foreign Correspondent)
- 1941 : Soupçons (Suspicion)
- 1941 : Joies matrimoniales (Mr. and Mrs. Smith)
- 1942 : Cinquième colonne (Saboteur)
- 1943 : Lifeboat
- 1943 : L'Ombre
d'un doute (Shadow of a Doubt )
- 1945 : La Maison du docteur Edwardes (Spellbound)
- 1946 : Les
Enchainés (Notorious)
- 1947 : Le Procès Paradine (The Paradine Case)
- 1948 : La
Corde (Rope)
- 1949 : Les
Amants du Capricorne ( Under Capricorn)
- 1950 : Le Grand Alibi (Stage fright)
- 1951 : L'Inconnu du Nord-Express (Strangers
on a Train)
- 1952 : La Loi du silence (I confess)
- 1954 : Fenêtre sur cour (Rear Window)
- 1954 : Le Crime était
presque parfait (Dial M for Murder)
- 1955 : Mais qui a tué Harry ? (The Trouble with Harry)
- 1955 : La Main au collet (To Catch
a Thief)
- 1956 : Le Faux Coupable (The Wrong
Man)
- 1956 : L'Homme
qui en savait trop (The Man who Knew Too Much )
- 1958 : Sueurs froides (Vertigo)
- 1959 : La Mort aux trousses (North by Northwest)
- 1960 : Psychose (Psycho)
- 1963 : Les Oiseaux (The Birds)
- 1964 : Pas de printemps
pour Marnie ( Marnie)
- 1966 : Le Rideau déchiré (Torn
Curtain)
- 1969 : L'Étau
(Topaz)
- 1972 : Frenzy
- 1976 : Complot de famille (Family
Plot)
Quelques films
*
L'Inconnu du Nord-Express ( Strangers on a Train) de Alfred
Hitchcock, sorti en 1951 ; scénario de Raymond Chandler, Czenzi Ormonde
et Whitfield Cook d'après le roman de Patricia Highsmith, durée 101 mn.
Avec
Farley Granger (Guy Haines), Ruth Roman (Anne Morton), Robert Walker (Bruno Antony)
, Leo G. Carroll(le sénateur Morton), Patricia Hitchcock (Barbara Morton) , Jonathan
Hale (Mr. Antony ), Laura Elliott (Miriam Joyce Haines) , Howard Saint-John (le
capitaine Turley ), Norma Varden (Mrs. Cunningham), John Brown, Robert Gis.
Guy
Haines, un champion de tennis, rencontre dans le wagon-restaurant d'un train un
inconnu, Bruno Anthony, qui lui propose un marché bien spécial : Bruno assassinera
la femme de Guy, Miriam, qui refuse de divorcer, l'empêchant d'épouser Ann dont
il est épris, tandis que Guy tuera le père de Bruno, que ce dernier déteste. Ainsi,
les mobiles étant échangés, les pistes seront brouillées et rien ne désignera
les auteurs des crimes.
Guy refuse ce marché et descend du train en oubliant
sur la table du restaurant un briquet que lui a offert Ann. Quelque temps plus
tard, Miriam est étranglée ; et il commence à comprendre que le contrat vient
d'être engagé. A partir de là, Bruno n'aura de cesse de pousser Guy à exécuter
la seconde partie du marché.
En plus du suspense
et de la montée de l'angoisse habituelle dans ses films, Hitchcock explore
le coté trouble du couple ( potentiellement homosexuel, voir la scène
finale sur le manège) Bruno et Guy, l'ombre et la lumière. Bruno
représente la face cachée de Guy, une face perverse dont Guy n'a pas pris conscience
et qu'il n'a jamais affrontée. Il est important par exemple qu'au moment où Guy
joue frénétiquement au tennis en plein soleil, on assiste en parallèle aux efforts
de Bruno pour récupérer le briquet tombé dans une bouche d'égout. Hitchcock insiste
pour que nous nous identifions aussi bien au " méchant " qu'au héros. D'où notre
désir de voir Bruno retrouver le briquet qui va servir à perdre Guy.
Pour
Hitchcock dès qu'un innocent se compromet avec un criminel sous quelque forme
que ce soit, il devient coupable. Le Mal entre en lui. Encore une fois, Hitchcock
croit à l'inné, mais aussi à l'acquis. En fait il ne croit pas à l'innocence.
Le triomphe du bien, à la fin du film, n'est là que pour répondre
aux règles de bienséance du "Happy end".
 | Hitchcock
avait commandé le scénario au célèbre auteur de roman
policier Raymond Chandler, mais toutes les scènes étaient remises
en question par les conceptions très personnelles de Hitchcock et Chandler
répondait : " Eh bien ! si vous trouvez des solutions tout seul, pourquoi avez-vous
besoin de moi ? " Chandler quitta la production et Hitchcock fit appel à
Czenzi Ormonde pour finir le travail. <= L'apparition rituelle d'Alfred
Hitchcock dans ce film: Alors que Guy Haines descend du Nord-Express où il a fait
la connaissance de Bruno, il monte dans le train avec un étui de contrebasse.
|
*
Fenêtre sur cour (Rear Window ) de Alfred Hitchcock, sorti
en 1954; scénario de John Michael Hayes, adapté de la nouvelle homonyme
de Cornell Woolrich (un des pseudonymes de William Irish) ; durée 110mn.
Avec James Stewart (L.B. Jeffries), Grace Kelly (Lisa Carol Fremont), Wendell
Corey (le lieutenant Thomas J. Doyle), Thelma Ritter (Stella), Raymond Burr (Lars
Thorwald), Judith Evelyn (Miss Lonelyheart)

Grace Kelly | L.B. Jeffries,
journaliste, est cloué dans son fauteuil avec une jambe dans le plâtre. Entre
les visites de sa logeuse qui lui prépare ses repas et celles de sa collègue et
fiancée Lisa Carol Fremont, il tue le temps en observant l'immeuble situé en vis
à vis, de l'autre côté d'une cour intérieure. Il s'amuse un moment des tranches
de vie, parfois drôles, quelquefois plus tristes, surprises chez ses voisins,
quand le silence d'un appartement habitué aux disputes le frappe, d'autant plus
que le comportement du mari, représentant de commerce, et l'absence prolongée
de la femme ne cessent de l'intriguer. Après avoir utilisé Lisa,
il interviendra lui-même pour découvrir la vérité. Fenêtre
sur cour était un défi technique qu'Hitchcock s'était imposé : A part une séquence
d'ouverture, c'est un film tourné entièrement depuis la même place dans un vaste
décor reconstitué en studio; un seul point de vue qui parvient néanmoins
à maintenir notre attention. Car Hitchcock joue sur le voyeurisme du spectateur
et sur sa maîtrise de la progression dramatique. |
Suivant
son habitude, Alfred Hitchcock est visible dans son film, on le voit dans un des
appartements faisant face à celui de Jeffries, pendant qu'une personne joue du
piano, il répare une pendule.
* Sueurs froides (Vertigo) de Alfred
Hitchcock, sorti en 1958; scénario de Samuel A. Taylor & Alec Coppel, adapté
du roman "D'entre les morts" de Pierre Boileau et Thomas Narcejac; durée
128mn, musique de Bernard Herrmann
Avec James Stewart ( Detective John 'Scottie'
Ferguson), Kim Novak (Madeleine Elster & Judy Barton), Barbara Bel Geddes(
Midge Wood), Tom Helmore (Gavin Elster), Henry Jones (Le Coroner), Raymond Bailey,
Ellen Corby, Konstantin Shayne
John Ferguson dit "Scotty", un ancien policier souffrant
de vertige (d'où le titre anglais) revoit un des ses anciens ami Gavin
Elster qui lui propose d'enquêter sur sa femme, Madeleine qui semble perdre
la raison. Celle-ci est en effet fascinée par sa grand-mère, Carlotta Valdez
une femme célèbre à San-Francisco disparue tragiquement. Scottie rencontre Madeleine
et tombe immédiatement amoureux d'elle. Lorsque celle ci fait une tentative
de suicide (pour imiter Carlotta morte par suicide), il la ramène chez lui. Madeleine
emmène ensuite Scottie à la mission espagnole ou Carlotta Valdez est enterrée.
Une fois sur les lieux, elle monte dans le clocher et se jette dans le vide. Incapable
de la suivre à cause de son vertige, Scottie ne peut rien faire pour la sauver.
En proie à une forte déprime, Scottie erre dans San-Francisco et rencontre par
hasard une jeune employée de bureau un peu vulgaire, Judy, qui semble ressembler
fortement à Madeleine. Il la séduit, l'obligeant à s'habiller et se
coiffer de la même manière que Madeleine. Mais tout cela n'a rien du hasard.
Judy était en fait complice de Gavin Elster pour se débarrasser de sa femme.
Sachant que Scottie n'irait pas en haut du clocher, Elster avait jeté sa femme
déjà morte faisant ainsi croire à un suicide. Judy commet l'erreur
de mettre un soir un des bijoux de Madeleine (le pendentif de Carlotta) et Scottie
découvre la supercherie. Pour confondre Judy, il l'emmène de nouveau à la mission
espagnole, parvient à grimper en haut du clocher avec elle et lui fait avouer
sa complicité. C'est alors le destin surgit sous l'apparence d'une nonne
qui apparaît dans le clocher, Judy, prise de panique, tombe dans le vide
au même endroit que Madeleine. | 
Kim Novak en Madeleine & en Judy
|
Pour illustrer les scènes de vertige,
Alfred Hitchcock utilise la caméra subjective, mais d’une façon particulière :
alors qu’il filme, vers le bas, la profondeur de la cage d’escalier que James
Stewart est censé voir avec angoisse, la caméra opère deux mouvements simultanés
: un mouvement d’appareil vers l’arrière (travelling arrière) et un mouvement
optique vers l’avant (zoom avant). Le résultat de cet artifice technique appelé
travelling compensé, utilisé ici pour la première fois dans un film, est une image
qui se déforme, comme si la cage d’escalier s’allongeait.
Dans
le roman de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, D'entre les morts, le personnage
principal est impuissant.
Dans l'adaptation cinématographique Alfred Hitchcock
s'amuse à multiplier les clins d'œil ironiques sur la sexualité de Scottie, incarné
par James Stewart. Ainsi dès la deuxième scène, un dialogue interminable dans
l'appartement de Midge, il joue avec une canne pendant que Midge fait allusion
à leurs courtes fiançailles rompues parce qu'il ne s'est rien passé. Il la pointe
même vers un soutien-gorge car Midge travaille dans la fabrication de lingerie
féminine, ce qui contribue à érotiser encore plus la scène. Cette canne est donc
un substitut de son sexe dont il ne sait que faire en présence d'une femme qui
veut l'aimer charnellement. Midge lui parle comme à un enfant "you are a big boy
now !".
À la fin de la séquence, Scottie essaie de lutter contre le vertige
en grimpant progressivement sur un escabeau. Hitchcock montre, dans un plan très
bref, des dessins de femme au pied des marches. C'est une tentative d'érection
qui est ainsi suggérée. Elle se termine par un fiasco dans les bras de Midge,
éternelle insatisfaite.
L'ironie atteint son comble par l'utilisation de la
tour Coit, authentique et bien connue par tous les habitants de San Francisco
et dont l'érection a été financée par une dame qui s'appelait Lillie Hitchcock
Coit (aucun lien de famille avec Sir Alfred !). La tour, évident symbole phallique,
représente une lance d'incendie car Lillie voulait rendre hommage aux pompiers
de la ville. La tour apparaît constamment par la fenêtre de l'appartement de Scottie
comme pour se moquer de son manque de vigueur sexuelle. Quand Madeleine, après
sa tentative de suicide, vient le remercier de l'avoir sauvée, elle lui dit qu'elle
a retrouvé son appartement grâce à elle. Scottie répond que c'est la première
fois qu'elle lui est utile à quelque chose.
Alfred Hitchcock,
après le succès du film les Dioboliques de H.G. Clouzot, demanda à Boileau-Narcejac
de lui écrire un scénario dans la même veine que celui des Diaboliques : ce fut
Sueurs froides. Ce film est l'un des plus beaux, mais aussi des plus sombres d'Hitchcock.
Les personnages sont solitaires et rongés par la passion, la haine ou la
culpabilité. Les cauchemars de Scottie sont particulièrement angoissants.
Vertigo , trop dur pour le public de l'époque a connu un demi-échec
cmmercial avant de devenir un film culte.
* La mort aux trousses ( North
by Notrh-West ) de Alfred Hitchcock, sorti en 1959, scénario de Ernest
Lehman, musique de Bernard Herrmann, durée 135mn,
avec Cary Grant
(Roger O. Thornhill/George Kaplan), Eva Marie Saint (Eve Kendall), James Mason
(Phillip Vandamm), Jessie Royce Landis (Clara Thornhill), Leo G. Carroll (le professeur),
Josephine Hutchinson (Mrs Townsend), Philip Ober (Lester Townsend ), Martin Landau
(Leonard)
Un publicitaire de New-York, Roger Thornill, quitte son agence
et retrouve des amis dans un bar. Désirant joindre sa mère, il fait signe à un
groom au moment même où un certain Georges Kaplan est appelé dans la salle. Cette
coïncidence le fait passer pour cet homme. Deux individus l'enlèvent et le conduisent
chez un nommé Lester Townsend. Thornill a beau nier être ce Kaplan, rien n'y fait.
Il échappe à un accident de voiture, mais personne ne veut croire à son aventure.
Il se rend alors aux Nations-Unies, là où le véritable Townsend travaille. Au
moment où il allait s'expliquer avec lui, celui-ci est poignardé. Il est photographié
à cet instant devenant ainsi le meurtrier. Il va devoir fuir toujours plus vite
à la fois la police et les mystérieux espions.
Progressivement, le héros
malgré lui va se prendre au jeu et s'identifier à un véritable
agent secret. Alors que dans d'autres films, Hitchcock nous montre comment un
homme ordinaire peut devenir coupable, dans ce film il devient héros.
Un autre thème du film est l'opposition
entre le monde urbain où Thornill vit et un monde plus sauvage, celui de la campagne,
des montagnes où il perd tout repère. C'est dans le premier monde que se déroule
la célèbre scène de l'avion. Cette séquence où le héros est pourchassé par
un avion dans les champs de maïs est devenue un véritable morceau d'anthologie.
La force de la scène tient en grande partie à l'inversion des codes cinématographiques
habituels. On ne trouve pas les éléments classiques comme l'obscurité, la
pluie, la sensation d'enfermement qui définissent un lieu un meurtre va se produire.
Au contraire, c'est sur une route déserte, entre deux champs, sous un soleil
de plomb que Thornill attend le véritable Georges Kaplan. Le suspense est créé
par la seule attente et, à l'inverse des films ordinaires, par l'absence de musique. Ce
film est un moment de "pur cinéma", c'est à dire entièrement assujetti à la force
de la réalisation, faisant passer le scénario au second plan. Les invraisemblances,
qui sont nombreuses, ne sont pas rédhibitoires. Le spectateur est entraîné dans
l'aventure du héros en s'identifiant à sa personne. La scène finale sur le mont
Rushmore est tellement intense, tellement grandiose, qu'on ne se pose plus de
question sur la rationalité de tel ou tel geste. Le film devient un
modèle qui inspire les films de James Bond. Il propose une trame de pur divertissement,
ponctuée de rebondissements incessants et inattendus, ainsi que des lieux grandioses
qui enveloppent les personnages. En brisant la règle habituelle de l'unité de
lieu, le film sert de véritable modèle pour les films d'aventure à venir. La
plupart des décors de ces scènes sont réalisés en studio. L'équipe de tournage
ne reçoit pas l'autorisation de filmer dans le véritable immeuble des Nations-Unies.
De même, les Parcs Nationaux refuse de laisser filmer sur les visages du mémorial
du Mont Rushmore. Les responsables ne veulent pas de scène de violence sur un
haut lieu de la démocratie américaine. |

la scène de l'avion 
Le Mont Rushmore, de nuit |
Après l'incompréhension suscitée
par "
Vertigo", ce film est un des plus grands
succès d'Hitchcock. La critique salue son retour à la forme classique du thriller.
A l'âge de 60 ans, il acquiert une notoriété internationale jamais atteinte par
aucun autre réalisateur hollywoodien.
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