Luis Buñuel

Cinéaste espagnol puis mexicain; (biographie) (filmographie)
Quelques films

Calenda (Espagne) 1900-Mexico 1983

 

Luis Buñuel est né le 22 février 1900 à Calanda (Aragon), dans une petite ville réputé pour son obscurantisme religieux.

Il vient au monde dans une famille nombreuse mais riche et doit subir l'éducation jésuite. Toute son œuvre sera marquée par cette contrainte.

De nationalité espagnole, il deviendra mexicain.

La jeunesse

À 17 ans il part à Madrid pour commencer des études supérieures, il rencontre Dali et Garcia Llorca, apporte son soutien aux mouvements Dadaïste.

En 1925 il vient à Paris. Il arrive à se faire embaucher comme assistant réalisateur de Jean Epstein, sur le tournage, en 1926, de "Mauprat", puis, en 1928, de "La chute de la maison Usher".

Le surréalisme

En 1928, financé par sa mère, il tourne son premier film, avec Dali, "Un chien Andalou", il sera projeté en privé pour Man Ray et Aragon qui, étonnés, décident de commander une projection pour le groupe des surréalistes. C'est un très gros succès et le film sera projeté pendant presque un an.

En 1930, "l'âge d'or" fera parler encore plus de Buñuel, une projection fera l'objet d'une agression par des fascistes et provoque un scandale qui aboutit à l'interdiction du film. Cette interdiction ne sera levée formellement qu'en 1981.

Les États-Unis

Entre 1933 et 1935, Buñuel travaille pour des compagnies américaines. La guerre civile qui éclate en Espagne le bouleverse. Il participe à un documentaire pro-républicain " Madrid 36 ", puis il se rend aux Etats-Unis. Il travaille à démontrer l'efficacité et le danger des films de propagande nazis (il utilise en particulier un film de Leni Riefenstahl).

Mais il étale son anticléricalisme et son marxisme et subit des pressions. Finalement Buñuel est contraint de s'exiler au Mexique.

Le Mexique

En 1947, il est au Mexique et reprend alors sa carrière de réalisateur. " Los Olvidados " présenté a Cannes, est une œuvre remarquable. " El " et " Archibald de la Cruz ", ses meilleurs films mexicains sont plein de référence à Sade , à la religion, à la bourgeoisie. "Nazarin" marque l'apogée de sa période mexicaine.

Retour en Europe

Buñuel se voit proposer un tournage en Europe, il s'agit de "Virdiana", qui obtient une palme d'or mais surtout provoque de gros remous politiques, diplomatiques et religieux. Le régime de Franco, après avoir permis le tournage et accepté que le film représente l'Espagne au Festival finit par interdire complètement.

Suivent "L'ange exterminateur", "Le journal d'une femme de chambre" et son dernier film mexicain, le surprenant "Simon du désert".

Buñuel vient régulièrement tourner en France, en particulier avec Jean-Claude Carrière. Ses films sont toujours aussi puissants et en lutte contre la bourgeoisie dominatrice: "La voie lactée", "Belle de jour", "Tristana".

Il reçoit l'oscar du meilleur film étranger pour "Le charme discret de la bourgeoisie" et choisit d'arrêter sa carrière de réalisateur en 1976 avec "Cet obscur objet du désir".


Luis Buñuel et Delphine Seyrig

Il meurt le 29 juillet 1983 à Mexico.


Filmographie :

La période des surréalistes:

Les "petits films":

Les longs métrages:

Scénarios :


* Un Chien andalou réalisé par Luis Buñuel en 1929, scénario de Luis Buñuel et Salvador Dali, images de Albert Duverger, durée 17 minutes; avec Pierre Batcheff (L'homme), Simone Mareuil (La fille), Luis Buñuel, Salvador Dalí

Ce court-métrage au scénario difficilement racontable aurait été inspiré par un rêve de Salvador Dali et est truffé d'éléments récurrents dans l'œuvre du peintre : âne mort, piano, érotisme, fourmis, la dentelière de Vermeer, etc.
Le film est célèbre pour une scène considérée comme insoutenable et qui avait indigné à l'époque et en a longtemps interdit le visionnage dans de nombreux pays.

En effet, dès les toutes premières minutes du film, une femme se fait trancher l'oeil avec une lame de rasoir. L'analyse de ce passage est pourtant cruciale pour la suite du film car elle représente le fait que le spectateur doit changer son regard pour comprendre ce film et que cette transformation se fait de maniére violente. C'est un avertissement brutal que ce film n'est pas comme les autres.

Un chien andalou est le film surréaliste par excellence.
Son scénario est écrit en six jours par Buñuel et Dali qui travaillent sur le mode du cadavre exquis, comme l'a raconté plus tard Luis Buñuel : « Nous travaillions en accueillant les premières images qui nous venaient à l'esprit et nous rejetions systématiquement tout ce qui pouvait venir de la culture ou l'éducation. Il fallait que ce soient des images qui nous surprennent et qui soient acceptées par tous les deux sans discussion »

Un chien andalou est à l'origine un film muet. En 1961, sort une nouvelle version accompagnée de tango argentin et d'extraits de Tristan et Iseult de Wagner, sous la direction de Carl Bamberger. En 1983 sort une troisième version, dont la musique est cette fois composée spécialement par Mauricio Kagel.

Vous pouvez télécharger ce film sur ubu. com (322 Mo en AVI; 156 Mo en MPEG)


* L'Âge d'or film français réalisé par Luis Buñuel, avec lequel Salvador Dalí collabora pour l'écriture du scénario, sorti le 28 novembre 1930. Photographie : Albert Duverger ; Production : Vicomtesse de Noailles et Charles Vicomte de Noailles Durée : 63 mn ; Film en noir et blanc; Date de sortie : 28 novembre 1930
avec : Gaston Modot : l'homme, Lya Lys : la femme, Caridad de Laberdesque : la femme de chambre, Germaine Noizet : la marquise, Lionel Salem : le duc de Blangis, Max Ernst : le chef des bandits

 

On voit d'abord les images d'un documentaire scientifique sur les scorpions. Puis on se retrouve sur une île dont les abords sont gardés par des archevêque. L'île est habitée par des bandits, qui végètent dans une misérable cabane. Arrive une délégation d'importants personnages, sous la conduite du gouverneur mayorquin venue fonder la Rome impériale. Les bandits installés sur cette île meurent lorsqu'arrivent ces personnages alors que les archevêques sont devenus des squelettes figés dans la roche.

>La cérémonie de la pose de la première pierre est troublée par un scandale : un homme fait l'amour dans la boue avec une femme. Des policiers se saisissent de l'homme et l'entraînent. Ce dernier, qui a rompu avec un passé honorable, est amoureux fou d'une jeune femme de la haute bourgeoisie. Son père, le marquis de X..., donne une réception mondaine dans sa propriété.

Des événements bizarres s'y déroulent : le feu éclate dans la cuisine des ouvriers en charrette traversent le salon, le garde forestier tire à bout portant sur son fils désobéissant. Les amoureux se retrouvent, à la faveur d'un concert donné en plein air. Mais c'est au chef d'orchestre, un hideux vieillard, que la femme réserve ses faveurs. Désespéré, l'homme s'enfuit et saccage la chambre de l'aimée.

Le dernier épisode, emprunté au marquis de Sade, évoque une orgie au château de Selliny : l'un des libertins est le Christ. Le dernier plan montre une croix où sont accrochés des cheveux de femme, sous une bourrasque de neige.

Histoire de la communion totale mais éphémère de deux amants que séparent les conventions familiales et sociales et les interdits sexuels et religieux, le film est une succession d'épisodes allégoriques teintés d'humour noir. Outre des allusions très claires à la masturbation, certaines images comme l’ostensoir par terre et certaines phrases dans la brochure-programme (“Le comte de Blangis est évidemment le Christ”) étaient trop choquantes à l’époque.

C'est sans doute le chef-d'œuvre du cinéma surréaliste. Il est projeté pour la première fois le 28 novembre 1930 au Studio 283. Le 3 décembre, des militants de ligues d'extrême droite investissent le cinéma, déchirent l'écran et les tableaux surréalistes accrochés dans le hall. Interdit de projection par le préfet Jean Chiappe, le 11 décembre, le film est saisi. Il ne s'agit que de la copie de projection amputée des coupes imposées. Le négatif original a été caché et conservé par le vicomte de Noailles, producteur ou, plutôt, mécène du film.

S'il propose diverses recherches formelles comme le collage, le film n'a pas, plastiquement, la même ambition qu'Un chien andalou. Cependant, la violence du propos antipatriotique, antihumaniste et, surtout, antichrétien, principal objet de la plupart des coupes exigées par la censure, le ton pessimiste et lyrique, font de L'Âge d'or, « peut-être l'unique film intentionnellement surréaliste » (José Pierre).

Voir le film en intégralité :

L'interdiction de projection ne sera levée qu'en 1981.
Freddy Buache : « Luis Buñuel a jeté avec L'Âge d'or le seul vrai cri, le plus inimitable hurlement en faveur de la liberté humaine de toute l'histoire du cinéma. Ce film brille d'un éclat incomparable au ciel du septième art : c'est l'étoile sur laquelle tous les cinéastes, épris d'indépendance à l'égard des idées reçues ou à l'égard des bons sentiments routiniers peuvent et pourront toujours orienter leur difficile navigation. » http://video.google.com/videoplay?docid=7633509394552540790


* Los Olvidados de Luis Buñuel, sorti en 1950 (titre français : "Pitié pour eux", ou encore "Les Réprouvés"), durée 90 mn,
avec Alfonso Mejia (Pedro), Roberto Cobo (El Jaibo), Estela Inda (La mère de Pedro), Miguel Inclan (L'aveugle), Alma Delia Fuentes (Meche), Francisco Jambrina (Le Principal)

El Jaibo, jeune Mexicain laissé à lui-même, s'évade d'un centre de redressement. Il prend la tête d'une bande de jeunes délinquants dans les quartiers pauvres de Mexico.
Les premières images du film sont accompagnées d'une voix off qui résume bien les enjeux du film: « Les grandes villes modernes cachent derrière leurs imposants édifices des foyers de misère abritant des enfants mal nourris, sans hygiène, sans école, pépinières de futurs délinquants. La société essaie de guérir cette plaie sociale, mais le résultat de ses efforts est très limité. Ce n'est que dans un proche avenir que les droits de l'enfant et de l'adolescent pourront être revendiqués pour que ceux-ci soient utiles à la société. Mexico, grande ville moderne, ne fait pas exception à cette règle universelle. C'est pour cela que ce film s'inspire de faits réels. Il n'est pas optimiste et laisse la solution du problème aux forces progressistes de la société. »

Ce film est profondément réaliste. Comme dans toute la suite de sa carrière, Buñuel utilise des moyens simples et sans aucune recherche d'effets. Il évite le misérabilisme ainsi que le manichéisme, pièges habituels lorsque l'on aborde le thème douloureux de la misère. Ici, les bons et les salauds ne sont pas catalogués définitivement ni définis par leur appartenance sociale (le directeur humaniste du pensionnat) tandis que les victimes peuvent à leur tour s'avérer bourreau ( le personnage de l'aveugle est caractéristique de cette ambivalence)

Los Olvidados a fait scandale au moment de sa sortie dans les salles mexicaines en décembre 1950. Les critiques locales se sont déchaînés, estimant que Luis Buñuel portait atteinte à l'image du pays, certains allant même jusqu'à demander son expulsion du pays.
Buñuel avait été Impressionné par le réalisme de Sciuscia (1946) de l'Italien Vittorio De Sica, qui met en scène des gamins des rues de Rome, il conçoit Los Olvidados en s'inspirant de ce modèle. Le ministère de l'intérieur mexicain avait même versé une subvention, pensant que le film pourrait présenter les quartiers pauvres du pays sous un jour plutôt favorable.
Horrifiées du résultat, les autorités accusent le film de porter atteinte à la réputation du pays.
Considérant le Mexique comme sa patrie d'adoption, Luis Buñuel s'y était exilé depuis 1947 et fût très affecté par ces critiques.
Présenté au Festival International de Cannes en 1951, Los Olvidados y remporte le Prix de la mise en scène et celui de la critique internationale. Cette reconnaissance permet au film de ressortir sur les écrans mexicains près d'un an après sa première carrière, et même d'y recevoir des récompenses.

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