Le cinéma 1990-1993


Juliette Binoche

Les films de l'année 1990

Les films de l'année 1991

Les films de l'année 1992

Les films de l'année 1993

* JUSQU'AU BOUT DU MONDE de Wim WENDERS, sorti le 23 septembre1991, scénario : Michael Almereyda, Peter Carey, Solveig Dommartin, Wim Wenders, directeur de la photographie : Robby Müller, Musique : Graeme Revell, montage : Peter Przygodda.
avec Solveig Dommartin, William Hurt, Jeanne Moreau, Max von Sidow, Chick Ortega, Sam Neill, Eddy Mitchell

Un homme, Trevor, a mal aux yeux à force de filmer un grand nombre d'images avec un nouveau type de caméra. Cet homme, qui voyage beaucoup, est suivi par Claire une jeune femme amoureuse de lui, et par de nombreuses personnes qui convoitent sa caméra. Car cette caméra révolutionnaire, inventée par le père de Trevor, permettra aux aveugles de voir

Ce film commence par une enquête policière. Elle se poursuit en Australie où un savant réalise des expériences pour inventer un appareil qui matérialise les pensées et les rêves. Une catastrophe nucléaire survient. Dans ce film (trop) riche en thèmes beaucoup de genre sont abordés: policier, amour, Space movie, science fiction, réflexion sur la science, politique fiction.
Précisant les thèmes d'Orwell et son "Big Brother", Wenders démontre concrétement comment un réseau de renseignement peut utiliser les actes de la vie courante ( téléphone, achats par cartes de crédit) pour localiser et poursuivre un individu.
Pour le tournage Wenders a parcouru une dizaine de pays différents (France, Allemagne, Italie, Portugal, Russie, USA, Chine, Japon, Australie)


* Le Mari de la Coiffeuse, de Patrice Leconte, sorti en 1990, scénario de Claude Klotz et Patrice Leconte, Prix Louis Delluc 1990 et César du meilleur film 1991, avec: Jean Rochefort (Antoine), Anna Galiena (Mathilde) Roland Bertin, Maurice Chevit, Philippe Clévenot, Jacques Mathou, Claude Aufaure, Henry Hocking, Ticky Holgado, Michèle Laroque.

Un enfant devenu homme, mais ayant gardé son âme juvénile, n'a qu'un seul et unique but dans la vie : devenir le mari d'une coiffeuse. Quand celle-ci se présente à lui sous les traits de la magnifique Mathilde, la réalité transcende le rêve et Antoine, sorte de fétichiste magnifique, vit un amour absolu entre les flacons de shampooing et les coupes de cheveux trop fréquentes pour que ses cheveux repoussent.
La vie extérieure ne fait qu'effleurer Antoine et il sort très rarement du salon. Il se laisse bercer par de lancinantes musiques arabes.

Patrice Leconte réussit un film très original et décalé, au charme nostalgique. L'évocation des maillots de bain en laine de son enfance et les danses "persanes" d'Antoine sont des morceaux de bravoure.
Mais Leconte aborde aussi la question de la mère castratrice qui marque pour la vie son fils et celui de l'impossibilité d'un amour absolu et éternel.


* Bouge pas, meurs, ressuscite (Zamri oumi vos kresni ) , un film russe de Vitali Kanevski, sorti en 1990 (1989 en URSS), Noir et Blanc, durée : 105 mn, musique de Serguei Banevitch; avec Pavel Nazarov (Valerka), Elena Popova (sa mère), Dinara Droukarova (Galia)

En 1947 dans un camp stalinien dans la petite ville de Soutchan en Sibérie, des détenus politiques côtoient des prisonniers de guerre.
C'est dans cet univers de cauchemar qu'évoluent Valerka, un gamin de douze ans, et Galia une jeune Tatare. Face à l'horreur, à la violence, ils gardent leur vitalité et leur espoir, soutenus par un amour naissant. Pour Valerka, Galia est une aubaine: c'est elle qui le tire des pires situations.
Recherché par la police pour avoir fait dérailler un train, il choisit de fuir vers Vladivostok avec Galia.Il se réfugie chez sa grand-mère. Galia le convainc de rentrer au pays. Elle sera tuée sous ses yeux par un agent de la voirie.

Ce film est un tableau âpre, sans retouche, d'une enfance meurtrie, et s'inscrit dans la tradition des grands films d'apprentissage tels que L'enfance de Gorki (Donskoï), Les quatre cents coups (Truffaut) ou L'enfance dIvan (Tarkovski).
Comme ces illustres modèles, il comporte une large part d'autobiographie.
L'auteur, Vitali Kanevski (né en 1935), ne s'en est pas caché : « C'est l'histoire de ma vie, de mon pays, de ses habitant. J'ai été ce petit garçon de Soutchan, et la fillette qui meurt à la fin a été mon premier amour... J'ai fait ce film avec l'urgence vitale d'un condamné à mort. » Si l'on ajoute que, victime du KGB, il a passé plusieurs années de sa vie en prison, on mesure le sens profond d'une ceuvre dominée par la hantise de l'enfermement.

Le titre à lui seul est lourd de sens. «Bouge pas, meurs, ressuscite» est à l'origine le leitmotiv d'une comptine populaire, mais le cinéaste le charge d'une singulière résonance, qu'il explicite en ces termes :
« Bouge pas = il faut se concentrer, rester vigilant pour préserver ses souvenirs intacts.
Meurs = le réalisateur n'existe plus, il disparaît derrière ses personnages.
Ressuscite = le film terminé, les personnages revivent sur l'écran. »

Voir aussi la critique sur Chail's cinéclub

Vitali Kanevski déclare:
" Ce film est la résurrection de mon passé. Le réalisateur est quelqu'un qui meurt dans son film parce qu'il s'y donne entièrement. Les enfants sont comme les adultes : ils veulent le bonheur. Mais dans les conditions où vit mon héros, c'est-à-dire moi, ce bonheur est impossible. Le système, le mode de vie imposent aux gens une seule issue qui est le chemin du mensonge, du vol, du viol, de la folie et des monstruosités."

* La Double vie de Véronique , film franco-polonais de Krystof Kieslowski , sorti en 1991, durée 98mn, avec Irène Jacob(Veronika/Véronique), Halina Gryglaszewska(La Tante) Kalina Jedrusik , Aleksander Bardini, Wladyslaw Kowalski (Le père de Veronika), Jerzy Gudejko (Antek), Janusz Sterninski, Philippe Volter, Sandrine Dumas, Louis Ducreux, Claude Duneton.

Il y a 20 ans, deux petites filles sont nées, l'une en France Véronique, l'autre en Pologne Veronika. Elles n'ont rien en commun et leurs familles ne se sont jamais connues.
Pourtant, elles sont identiques : elles ont la même silhouette, la même passion pour la musique, les mêmes problèmes cardiaques.
Des fils ténus vont se tisser entre leurs deux vies.

Passionné par les mystères qui peuvent relier des êtres sans qu'ils le sachent, Kieslowki exploite un scénario riche, complexe et subtil.
A partir d'une suite de faits, d'indices et de symboles qui, pris individuellement, sont ordinaires, il propose au spectateur (mais ne lui impose pas) des pistes d'interprétation qui peuvent conduire au surnaturel.

Biographie et filmographie complète de Krystof Kieslowski


* La belle Noiseuse , de Jacques Rivette, sorti en 1991, durée 244 mn, scénario : Pascal Bonitzer, Christine Laurent, Jacques Rivette, d'après la nouvelle de Honoré de Balzac Le Chef-d'oeuvre inconnu, publié en 1831.
avec Michel Piccoli (Edouard Frenhofer), Emmanuelle Béart (Marianne), Marie-Claude Roger, Marianne Denicourt, David Bursztein (Nicolas), Gilles Arbona, Marie Belluc.
La Belle noiseuse a remporté le grand prix du jury de Cannes en 1991.

Nicolas, peintre débutant, rêve de rencontrer son aîné, le célèbre Édouard Frenhofer. Par l'intermédiaire de Balthazar Porbus, un marchand de tableaux, il est introduit avec Marianne, sa compagne, dans la demeure de Frenhofer.
Celui-ci les emmène dans l'atelier qu'il a déserté et leur parle de "La belle Noiseuse", un tableau abandonné depuis 10 ans, et pour lequel sa femme Liz avait servi de modèle.
D'un commun accord, ils décident que Marianne sera "La belle Noiseuse" bis.
Celle-ci se rebelle contre une décision prise sans elle, mais le lendemain elle se présente néanmoins à la porte de la maison. Pendant les cinq journées de pose, la tension va monter entre les différents protagonistes.

Nicolas est le jeune Nicolas Poussin et Frenhofer son maître. L'histoire se passe au début du XVIIe siècle, mais Balzac, tout comme Rivette qui a replacé l'action dans un cadre contemporain, parlent ici de la création artistique en général et de ses rapports avec l'imitation du modèle réel, un thème éternel.

Ce film de Rivette est long ( plus de 4 heures) et lent, comme souvent pour ce réalisateur. En 1993, Jacques Rivette sort un deuxième montage intitulé Divertimento d'une durée de 2H05. Il faut noter que le son est entièrement naturel puisqu'il n'a pas été retouché en post-production. Tous les sons proviennent de sources naturelles comme le bruit du fusain sur la toile.


Emmanuelle Béart

Extrait significatif de la nouvelle de Balzac:"Le vieillard s’assit sur une escabelle, se tint la tête dans les mains et resta muet.
— Maître, lui dit Porbus, j’ai cependant bien étudié sur le nu cette gorge ; mais, pour notre malheur, il est des effets vrais dans la nature qui ne sont plus probables sur la toile...
— La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ! Tu n’es pas un vil copiste, mais un poète ! s’écria vivement le vieillard en interrompant Porbus par un geste despotique. Autrement un sculpteur serait quitte de tous ses travaux en moulant une femme !
Hé ! bien, essaie de mouler la main de ta maîtresse et de la poser devant toi, tu trouveras un horrible cadavre sans aucune ressemblance, et tu seras forcé d’aller trouver le ciseau de l’homme qui, sans te la copier exactement, t’en figurera le mouvement et la vie.
Nous avons à saisir l’esprit, l’âme, la physionomie des choses et des êtres."

Biographie et filmographie complète de Jacques Rivette


* LES AMANTS DU PONT NEUF de Léos CARAX, sorti en 1991,
avec Denis Lavant (Alex), Juliette Binoche (Michèle Stalens), Klaus Michael (Gruber Hans) ; durée 125 mn

Une nuit, Alex , un saltimbanque sans-abri, gît sur le sol, à Paris. Michèle , une peintre vivant dans la rue depuis peu, des suites d'une douloureuse rupture sentimentale, découvre le jeune homme et brosse son portrait, avant qu'il ne soit ramassé par les Brigades de Nuit de la Police.
Alex est conduit au centre d'accueil de Nanterre, avec d'autres miséreux, le pied écrasé par une voiture. Soigné, boitant sur une béquille, il revient squatter sur le Pont Neuf, fermé à la circulation pour cause de réfection, dans la perspective de la célébration du bicentennaire de la révolution française.
Au matin, lui et son seul compagnon, le vieux Hans, trouvent la jeune femme, endormie elle aussi, sur le pont. Alex parvient à convaincre son protecteur d'autoriser Michèle à demeurer sur le Pont Neuf, avec eux.
Michèle est atteint d'une grave maladie des yeux à évolution rapide. Tandis que la vue de Michèle se détériore de plus en plus, Alex entretient la dépendance grandissante de sa compagne d'infortune.
Craignant qu'elle ne le quitte après avoir reçu un traitement médical salvateur, Alex s'emploie à la retenir prisonnière de son amour dans une relation qui confine à la folie.

C'est un film poétique avec des passages très réalistes et même proche du documentaire sur la condition des sans-abri et leur accueil dans les centres d'hébergement. C'est aussi une histoire d'amour hors norme et flamboyante.
Léos Carax, réalisateur exigeant, obtint l'autorisation de tourner sur le Pont Neuf pendant l'été, mais il dépassa largement les délais. Plutôt que de continuer en studio, il choisit de reconstituer, en Langudoc, un Pont Neuf grandeur nature qui faillit faire couler tout le projet, accumulant les dettes et les retards.


* Tous les matins du monde d' Alain Corneau, sorti en 1991, tiré du roman homonyme de Pascal Quignard, musique contemporaine de Jordi Savall et historique de François Couperin , Jean-Baptiste Lully , Marin Marais et Sainte Colombe ;
durée : 115 minutes ; 7 Césars du cinéma 1992, dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur son ; Prix Louis Delluc 1991.
Avec Jean-Pierre Marielle (Sainte Colombe), Gérard Depardieu (Marin Marais âgé), Guillaume Depardieu (Marin Marais jeune), Anne Brochet (Madeleine), Caroline Sihol (Mme de Sainte Colombe), Carole Richert (Toinette), Michel Bouquet (Baugin), Yves Gasc (Caignet) , Jean-Claude Dreyfus (Abbé Mathieu)
Le célèbre violiste Marin Marais se souvient de son maître, un musicien solitaire, Monsieur de Sainte Colombe. Il raconte la vie austère de cet homme, l’éducation sévère qu’il infligea à ses deux filles après la mort de sa femme, ainsi que la recherche d’une perfection absolue dans son art.
Il évoque l’initiation qu’il a reçue de lui et leur séparation, alors que, jeune et ambitieux, il s'oppose au vieux musicien de l’ombre, intransigeant. Marin Marais poursuit son apprentissage avec Madeleine, la fille aînée de Sainte Colombe, qui devient aussi sa maîtresse.
Elle lui sacrifie tout, mais le jeune musicien s’éloigne pour mener une carrière brillante. La jeune femme déperit puis se suicide. Hanté par les secrets du grand maître, Marin Marais épie la cabane isolée dans laquelle Sainte Colombe avait pris l’habitude de jouer. Un soir, cependant, le vieil homme surprend son ancien disciple et lui révèle enfin son art.

Ce film austère, au succès inattendu, est en harmonie avec le propos qu'il tient. Il démontre la possibilité d'un art exigeant, rigoureux et réalisé avec un minimum de concessions aux modes de son temps.

* L'Amant , de Jean-Jacques Annaud, coproduction France/Royaume- Uni/Viêt-nam, sorti en 1992, durée 112 mn, scénario adapté du roman homonyme et autobiographique de Marguerite Duras, publié en 1984.
Avec Jane March (La jeune fille), Tony Leung Ka Fai(L'Amant), Frédérique Meininger(La mère), Arnaud Giovaninetti (Le frère ainé), Melvil Poupaud (le cadet), Lisa Faulkner, Xiem Mang , Philippe Le Dem, Ann Schaufuss( Anne-Marie Stretter)

A la fin des années 20 en Indochine... La jeune fille a quinze ans et demi. C'est la fin des vacances scolaires. Ce matin, elle prend le car pour indigènes de Sadec, où sa mère dirige l'école du village, pour Saïgon, où elle est en pension.
Pendant la traversée du Mékong, sur le bac, la jeune fille descend du car et va au bastingage. Elle porte une robe en soie naturelle, une paire de talons hauts en lamé et, plus surprenant, un feutre d'homme couleur bois de rose.
Sur le bac à côté du car, il y a une grande limousine noire, une Morris Léon-Bollée conduite par un chauffeur. Au fond de la voiture un homme très élégant regarde la jeune fille. C'est un Chinois. Il est vêtu à l'européenne, d'un costume clair. L'homme descend de la limousine et s'avance lentement vers la jeune fille. Il a trente-deux ans. Il revient de Paris. Il est l'unique héritier d'un homme enrichi dans l'immobilier.

Le Chinois propose à la jeune fille de la ramener à Saïgon. Dorénavant, elle ira au lycée en limousine.
Très vite, un jeudi, le Chinois l'emmène dans sa garçonnière, une chambre sombre plongée dans le vacarme continu de la ville.
Dans la moiteur, ils vivent des instants sensuels et passionnés La mère, folle et désespérée, ne doit pas l'apprendre.

Et le frère aîné dévoyé non plus, ni le petit frère fragile. Mais cet amour fou n'a pas d'avenir. Le père du Chinois préfère voir son fils mort plutôt qu'avec cette petite blanche qu'il méprise et qui dérange les projets d'union faits pour son fils.

Ce film beau et sensuel rend bien le charme des premières amours et de la découverte d'une autre culture ainsi que la difficulté de prolonger ce bonheur dans des codes sociaux trop différents.

Marguerite Duras qui participa pourtant à l'adaptation du film désapprouva le résultat final. Il est vrai que le film rend plus l'esthétique que la profondeur philosophique du roman. Et le coté cru et direct des images tue l'imaginaire qui peut naître d'un texte symbolique et poétique.


* LA LEÇON DE PIANO de Jane CAMPION, sorti en 1993, coproduction Australie / France / Nouvelle Zélande, durée 121 mn, avec Holly Hunter (Ada McGrath), Harvey Keitel (George Baines), Sam Neill (Alisdair Stewart ), Anna Paquin (Flora McGrath), Kerry Walker( Tante Morag ), Geneviève Lemon, Tungia Baker, Ian Mune, Peter Dennett.
Palme d'or ( Jane Campion est la première femme à l'obtenir ) et prix d'interprétation féminine Cannes 1993, 3 Oscars et César du meilleur film étranger en 1994.

Au milieu du 19ème siècle, Ada, veuve écossaise, mère d'une fillette de neuf ans, sourde et muette est envoyée par sa famille dans l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande pour un mariage arrangé. Elle débarque sur la plage avec ses meubles et son piano et s'apprête à suivre son nouveau mari Alisdair dans un village isolé.
Faute de moyens, et malgré ses protestations gestuelles, il abandonne le piano qui sera récupéré par George, un voisin maori. Celui-ci est d'une grande force physique, tatoué sur tout le corps et à peu près inculte.

Ne pouvant supporter la perte de son piano, Ada accepte le marché que lui propose ce dernier : regagner son piano touche par touche en lui donnant des leçons de piano.
Mais ces leçons prennent vite un caractère sensuel puis sexuel. La jeune femme s'y soumet avec de moins en moins de dégoût.
Cette confrontation haute en couleurs entre les instincts primitifs et la bonne éducation victorienne au milieu d'une nature sauvage est parfaitement maîtrisée, et montre que l'amour et la violence ne sont pas toujours du coté où on les attend.

L'authenticité du film est renforcée par le vécu de Jane Campion, qui s'est inspirée de l'histoire de sa propre mère, par le talent de Holy Hunter, qui joue elle-même dans les séquences de piano et par celui d'Hervé Keitel, tatoué de la tête aux pieds par un vrai artiste maori.


* SMOKING et NO SMOKING d'Alain RESNAIS, deux films sortis en 1993.

Voir fiche détaillée


* Trois Couleurs : Bleu , de Krystof Kieslowski , sorti en 1993, durée 100mn, avec Juliette Binoche (Julie), Benoît Régent (Olivier Benoit) Charlotte Très(Lucille), Emmanuelle Riva (Madame Vignon -la mère de Julie), Florence Pernel (Sandrine).
Lion d'Or à Venise en 1993 et 3 Césars dont la meilleure actrice pour Juliette Binoche.

Ce premier volet de la trilogie illustre le premier thème de la devise française: la liberté et la première couleur du drapeau. Cette dominante bleue se retrouve à travers de nombreuses séquences de piscine dans laquelle Julie vient se ressourcer.

Après la mort de son mari Patrice de Courcy, un grand compositeur, et de leur fille Anna , 5 ans, dans un accident de voiture, Julie commence une nouvelle vie, anonyme et indépendante. Son premier mouvement est de mettre fin à sa propre vie, dépourvue de sens.
Dans un deuxième temps elle va tenter de couper tous les liens qui la relient à son ancienne existence, comme par exemple les partitions de son mari, une commande de l'Union Européenne.

Mais la vie est plus forte. Elle retrouve des raisons de vivre avec une voisine prostituée qu'elle aurait méprisée si rien n'avait bouleversé sa vie. Mais aussi, malgré tout, avec ce qui reste de son mari décédé, comme son ancien assistant Olivier, qui tente de reconstituer la composition musicale et sa maîtresse Sandrine qui attend un enfant de lui.

Dans ce film très symbolique et aux recherches esthétiques certaines, Kieslowski n'aborde pas la question de la liberté sous l'aspect habituel de la liberté politique ou sociale mais bien sous l'aspect le plus fondamental de la liberté de vivre. Comment retrouver la liberté de vivre quand tous les repères dont on disposait disparaissent brutalement.

Enfin "Bleu" porte en germe les deux films suivants par des séquences précises comme par exemple le personnage principal de "Blanc", entrevu dans un tribunal et des séquences où le "rouge" du néon éclate à Pigalle.

L'extrait de la bible, I Corinthiens ch 13, qui sert d'argument à l'hymne évoqué dans ce film est significatif et illustre bien l'idée finale de Kieslowski "au dessus des trois valeurs, Liberté, Égalité, Fraternité, il y a l'Amour":
13:1. Quand bien même je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.
13:2. Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien.
13:3. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas l'amour, cela ne me sert à rien. ../..
13:13. Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l'espérance, l'amour ; mais la plus grande de ces choses, c'est l'amour.

Biographie et filmographie complète de Krystof Kieslowski

La suite, le cinéma 1994-1997


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