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Le
cinéma 1990-1993

Juliette Binoche
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Les films de l'année 1990
- Les
Affranchis (Goodfellas) , de Martin Scorsese
- Les
Arnaqueurs (The Grifters) , de Stephen Frears
- Bouge pas, meurs, ressuscite, de
Vitali Kanevski
- Le Cercle des Poëtes Disparus ( Dead Poets society)
de Peter Weir
- Conte de printemps d'Éric
Rohmer
- Cyrano de Bergerac , de Jean-Paul Rappeneau
- Danse
avec les loups , de Kevin Costner
- Edward
aux mains d'argent ( Edward Scissorhands) de Tim Burton
- La
Fille aux allumettes de Aki Kaurismaki
- J'ai engagé un tueur de Aki Kaurismäki
- Le Mari de la coiffeuse , de Patrice
Leconte
- Nikita
, de Luc Besson
- Le Petit Criminel , de Jacques Doillon
- Pretty Woman de Garry Marshall
- Sailor
et Lula (Wild at Heart) , de David Lynch
- Total
Recall de Paul Verhoeven
- Un
thé au Sahara de Bernardo Bertolucci
- Uranus , de Claude Berri
- La
Vengeance d'une femme de Jacques Doillon
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Les films de l'année 1991
- Les Amants du
Pont Neuf , de Léos Carax
- Barton Fink , de Joël et Ethan Coen
- La Belle Noiseuse , de Jacques Rivette
- Contre l'oubli film collectif en soutien à Amnesty International
- Delicatessen
, de J.P. Jeunet et Caro
- The Doors , d' Oliver Stone
- La Double Vie de Véronique
, de Krystof Kieslowski
- Épouses et concubines
, de Zhang Yimou
- Europa , de Lars von Trier
- La Guerre sans nom de
Bertrand Tavernier
- Jusqu'au bout du monde , de Wim Wenders
- Madame
Bovary de Claude Chabrol
- Merci la vie , de Bertrand Blier
- Paris s'éveille,
d'Olivier Assayas
- Le Pas suspendu de la cigogne
de Theo Angelopoulos
- Le Silence des agneaux ,
de Jonathan Demme
- Thelma et Louise de
Ridley Scott
- Tous les matins du monde , d'Alain Corneau
- Une époque formidable ,
de Gérard Jugnot
- Van Gogh, de
Maurice Pialat
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Les films de l'année 1992
- L'Accompagnatrice , de Claude
Miller
- L'Amant,
de Jean-Jacques Annaud
- Bar des rails de
Cédric Kahn
- Basic Instinct de Paul
Verhoeven
- Betty de Claude Chabrol
- Conte
d'hiver d'Éric Rohmer
- Le Dernier des Mohicans
(The Last of the Mohicans ) de Michael Mann
- Impitoyable ,
de Clint Eastwood
- Indochine , de
Régis Wargnier
- JFK , de Oliver Stone
- L.627 de Bertrand
Tavernier
- Luna Park , de Pavel Lounguine
- Les Meilleures Intentions, de
Bille August
- Les Nuits fauves
, de Cyril Collard
- Le petit prince a dit , de
Christine Pascal
- The Player de Robert Altman
- Reservoir Dogs , de
Quentin Tarantino
- La Sentinelle , de Arnaud
Desplechin
- Talons aiguilles , de
Pedro Almodovar
- Un
cœur en hiver , de Claude Sautet
- Une
vie indépendante de Vitali Kanevsky
- La Vie de bohème de Aki Kaurismäki
- Wayne's World de
Penelope Spheeris
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Les films de l'année 1993
- 1-2-3- Soleil , de Bertrand Blier
- Adieu
ma concubine, de Chen Kaïge
- L'Arbre,
le Maire et la Médiathèque d' Éric
Rohmer
- Chute
libre ( Falling down ) de Joel Schumacher
- Dracula
de Francis Ford Coppola (sorti aux USA en 1992)
- Garçon
d'honneur (Hsi Yen ) de Ang
Lee
- Hélas pour moi ,
de Jean-Luc Godard
- Jurassic Park de Steven Spielberg
- La Leçon de piano , de Jane
Campion
- La
Liste de Schindler, de Steven Spielberg
- Mâdadayo
(まあだだよ) de Akira
Kurosawa
-
Ma saison préférée, d'André
Téchiné
- Meurtres mystérieux à Manhattan , de Woody
Allen
- Short
Cuts de Robert Altman
- Smoking
/ No Smoking de Alain Resnais
- Trois couleurs : Bleu , de Krystof Kieslowski
- Un
monde parfait de Clint Eastwood
- Val Abraham , de Manuel de Oliveira
- Les Vestiges du jour, de
James Ivory
- Les Visiteurs , de Jean-Marie Poiré
|
*
JUSQU'AU BOUT DU MONDE de Wim WENDERS, sorti le 23 septembre1991,
scénario : Michael Almereyda, Peter Carey, Solveig
Dommartin, Wim Wenders, directeur de la photographie : Robby
Müller, Musique : Graeme Revell, montage : Peter Przygodda.
avec Solveig Dommartin, William Hurt, Jeanne
Moreau, Max von Sidow, Chick Ortega, Sam Neill, Eddy Mitchell
Un homme, Trevor, a mal aux yeux
à force de filmer un grand nombre d'images avec un nouveau
type de caméra. Cet homme, qui voyage beaucoup, est suivi
par Claire une jeune femme amoureuse de lui, et par de nombreuses
personnes qui convoitent sa caméra. Car cette
caméra révolutionnaire, inventée par
le père de Trevor, permettra aux aveugles de voir
Ce film commence par une
enquête policière. Elle se poursuit en Australie
où un savant réalise des expériences
pour inventer un appareil qui matérialise les
pensées et les rêves. Une catastrophe
nucléaire survient. Dans ce film (trop) riche en
thèmes beaucoup de genre sont abordés: policier,
amour, Space movie, science fiction, réflexion sur la
science, politique fiction.
Précisant les thèmes d'Orwell et son "Big
Brother", Wenders démontre concrétement comment
un réseau de renseignement peut utiliser les actes de la vie
courante ( téléphone, achats par cartes de
crédit) pour localiser et poursuivre un individu.
Pour le tournage Wenders a parcouru une dizaine de pays
différents (France, Allemagne, Italie, Portugal, Russie,
USA, Chine, Japon, Australie)
|
 |
*
Le Mari de la Coiffeuse, de Patrice
Leconte, sorti en 1990, scénario de Claude
Klotz et Patrice Leconte, Prix
Louis Delluc 1990 et César du meilleur film 1991,
avec: Jean Rochefort (Antoine), Anna Galiena (Mathilde) Roland Bertin,
Maurice Chevit, Philippe Clévenot, Jacques Mathou, Claude
Aufaure, Henry Hocking, Ticky Holgado, Michèle Laroque.
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Un enfant devenu homme, mais ayant gardé son
âme juvénile, n'a qu'un seul et unique but dans la
vie : devenir le mari d'une coiffeuse. Quand celle-ci se
présente à lui sous les traits de la magnifique
Mathilde, la réalité transcende le rêve
et Antoine, sorte de fétichiste magnifique, vit un amour
absolu entre les flacons de shampooing et les coupes de cheveux trop
fréquentes pour que ses cheveux repoussent.
La vie extérieure ne fait qu'effleurer Antoine et il sort
très rarement du salon. Il se laisse bercer par de
lancinantes musiques arabes.
Patrice Leconte réussit un film
très original et décalé, au charme
nostalgique. L'évocation des maillots de bain en laine de
son enfance et les danses "persanes" d'Antoine sont des morceaux de
bravoure.
Mais Leconte aborde aussi la question de la mère castratrice
qui marque pour la vie son fils et celui de l'impossibilité
d'un amour absolu et éternel.
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* Bouge
pas, meurs, ressuscite (Zamri oumi vos kresni ) , un film russe de
Vitali Kanevski, sorti en 1990 (1989 en URSS), Noir et
Blanc, durée : 105 mn, musique de Serguei Banevitch; avec
Pavel Nazarov (Valerka), Elena Popova (sa mère), Dinara
Droukarova (Galia)
En 1947 dans un camp stalinien dans la petite ville de
Soutchan en Sibérie, des détenus politiques
côtoient des prisonniers de guerre.
C'est dans cet univers de cauchemar qu'évoluent Valerka, un
gamin de douze ans, et Galia une jeune Tatare. Face à
l'horreur, à la violence, ils gardent leur
vitalité et leur espoir, soutenus par un amour naissant.
Pour Valerka, Galia est une aubaine: c'est elle qui le tire des pires
situations.
Recherché par la police pour avoir fait dérailler
un train, il choisit de fuir vers Vladivostok avec Galia.Il se
réfugie chez sa grand-mère. Galia le convainc de
rentrer au pays. Elle sera tuée sous ses yeux par un agent
de la voirie.
Ce film est un tableau âpre, sans retouche,
d'une enfance meurtrie, et s'inscrit dans la tradition des grands films
d'apprentissage tels que L'enfance de Gorki
(Donskoï), Les
quatre cents coups
(Truffaut) ou L'enfance dIvan (Tarkovski).
Comme ces illustres modèles, il comporte une large part
d'autobiographie.
L'auteur, Vitali Kanevski (né en 1935), ne s'en est pas
caché : « C'est l'histoire de ma vie, de mon pays,
de ses habitant. J'ai été ce petit
garçon de Soutchan, et la fillette qui meurt à la
fin a été mon premier amour... J'ai fait ce film
avec l'urgence vitale d'un condamné à mort.
» Si l'on ajoute que, victime du KGB, il a passé
plusieurs années de sa vie en prison, on mesure le sens
profond d'une ceuvre dominée par la hantise de l'enfermement.
Le titre à lui seul est lourd de sens.
«Bouge pas, meurs, ressuscite» est à
l'origine le leitmotiv d'une comptine populaire, mais le
cinéaste le charge d'une singulière
résonance, qu'il explicite en ces termes :
« Bouge pas = il faut se concentrer, rester vigilant pour
préserver ses souvenirs intacts.
Meurs = le réalisateur n'existe plus, il disparaît
derrière ses personnages.
Ressuscite = le film terminé, les personnages revivent sur
l'écran. »
Voir aussi la critique sur Chail's
cinéclub
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Vitali Kanevski déclare:
" Ce film est la
résurrection de mon passé. Le
réalisateur est quelqu'un qui meurt dans son film parce
qu'il s'y donne entièrement. Les enfants sont comme les
adultes : ils veulent le bonheur. Mais dans les conditions
où vit mon héros, c'est-à-dire moi, ce
bonheur est impossible. Le système, le mode de vie imposent
aux gens une seule issue qui est le chemin du mensonge, du vol, du
viol, de la folie et des monstruosités."
* La Double vie de
Véronique , film franco-polonais de Krystof Kieslowski ,
sorti en 1991, durée 98mn, avec
Irène Jacob(Veronika/Véronique), Halina
Gryglaszewska(La Tante) Kalina Jedrusik , Aleksander Bardini, Wladyslaw
Kowalski (Le père de Veronika), Jerzy Gudejko (Antek),
Janusz Sterninski, Philippe Volter, Sandrine Dumas, Louis Ducreux,
Claude Duneton.
Il y a 20 ans, deux petites filles sont nées,
l'une en France Véronique, l'autre en Pologne Veronika.
Elles n'ont rien en commun et leurs familles ne se sont jamais connues.
Pourtant, elles sont identiques : elles ont la même
silhouette, la même passion pour la musique, les
mêmes problèmes cardiaques.
Des fils ténus vont se tisser entre leurs deux vies.
Passionné par les mystères qui
peuvent relier des êtres sans qu'ils le sachent, Kieslowki
exploite un scénario riche, complexe et subtil.
A partir d'une suite de faits, d'indices et de symboles qui, pris
individuellement, sont ordinaires, il propose au spectateur (mais ne
lui impose pas) des pistes d'interprétation qui peuvent
conduire au surnaturel.
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Biographie et filmographie
complète de Krystof Kieslowski
* La belle Noiseuse , de Jacques Rivette,
sorti en 1991, durée 244 mn,
scénario : Pascal Bonitzer, Christine Laurent, Jacques
Rivette, d'après la nouvelle de Honoré de Balzac Le
Chef-d'oeuvre inconnu, publié en 1831.
avec Michel Piccoli (Edouard Frenhofer), Emmanuelle Béart
(Marianne), Marie-Claude Roger, Marianne Denicourt, David Bursztein
(Nicolas), Gilles Arbona, Marie Belluc.
La Belle noiseuse a remporté le grand prix du jury de Cannes
en 1991.
Nicolas, peintre débutant, rêve de
rencontrer son aîné, le
célèbre Édouard Frenhofer. Par
l'intermédiaire de Balthazar Porbus, un marchand de
tableaux, il est introduit avec Marianne, sa compagne, dans la demeure
de Frenhofer.
Celui-ci les emmène dans l'atelier qu'il a
déserté et leur parle de "La belle Noiseuse", un
tableau abandonné depuis 10 ans, et pour lequel sa femme Liz
avait servi de modèle.
D'un commun accord, ils décident que Marianne sera "La belle
Noiseuse" bis.
Celle-ci se rebelle contre une décision prise sans elle,
mais le lendemain elle se présente néanmoins
à la porte de la maison. Pendant les cinq
journées de pose, la tension va monter entre les
différents protagonistes.
Nicolas est le jeune Nicolas Poussin et Frenhofer son
maître. L'histoire se passe au début du XVIIe
siècle, mais Balzac, tout comme Rivette qui a
replacé l'action dans un cadre contemporain, parlent ici de
la création artistique en général et
de ses rapports avec l'imitation du modèle réel,
un thème éternel.
Ce film de Rivette est
long ( plus de 4 heures) et lent, comme souvent pour ce
réalisateur. En 1993, Jacques Rivette sort un
deuxième montage intitulé Divertimento
d'une durée de 2H05. Il faut noter que le son est
entièrement naturel puisqu'il n'a pas
été retouché en post-production. Tous
les sons proviennent de sources naturelles comme le bruit du fusain sur
la toile.
|
Emmanuelle Béart
|
Extrait significatif de la nouvelle de
Balzac:"Le vieillard
s’assit sur une escabelle, se tint la tête dans les
mains et resta muet.
— Maître, lui dit Porbus, j’ai cependant
bien étudié sur le nu cette gorge ; mais, pour
notre malheur, il est des effets vrais dans la nature qui ne sont plus
probables sur la toile...
— La mission de l’art n’est pas de copier
la nature, mais de l’exprimer ! Tu n’es pas un vil
copiste, mais un poète ! s’écria
vivement le vieillard en interrompant Porbus par un geste despotique.
Autrement un sculpteur serait quitte de tous ses travaux en moulant une
femme !
Hé ! bien, essaie de mouler la main de ta
maîtresse et de la poser devant toi, tu trouveras un horrible
cadavre sans aucune ressemblance, et tu seras forcé
d’aller trouver le ciseau de l’homme qui, sans te
la copier exactement, t’en figurera le mouvement et la vie.
Nous avons à saisir l’esprit,
l’âme, la physionomie des choses et des
êtres."
Biographie et
filmographie complète de Jacques Rivette
* LES AMANTS DU PONT NEUF de Léos
CARAX, sorti en 1991,
avec Denis Lavant (Alex), Juliette Binoche (Michèle
Stalens), Klaus Michael (Gruber Hans) ; durée 125 mn
 |
Une nuit, Alex , un saltimbanque
sans-abri, gît sur le sol, à Paris.
Michèle , une peintre vivant dans la rue depuis peu, des
suites d'une douloureuse rupture sentimentale, découvre le
jeune homme et brosse son portrait, avant qu'il ne soit
ramassé par les Brigades de Nuit de la Police.
Alex est conduit au centre d'accueil de Nanterre, avec d'autres
miséreux, le pied écrasé par une
voiture. Soigné, boitant sur une béquille, il
revient squatter sur le Pont Neuf, fermé à la
circulation pour cause de réfection, dans la perspective de
la célébration du bicentennaire de la
révolution française.
Au matin, lui et son seul compagnon, le vieux Hans, trouvent la jeune
femme, endormie elle aussi, sur le pont. Alex parvient à
convaincre son protecteur d'autoriser Michèle à
demeurer sur le Pont Neuf, avec eux.
Michèle est atteint d'une grave maladie des yeux
à évolution rapide. Tandis que la vue de
Michèle se détériore de plus en plus,
Alex entretient la dépendance grandissante de sa compagne
d'infortune.
Craignant qu'elle ne le quitte après avoir reçu
un traitement médical salvateur, Alex s'emploie à
la retenir prisonnière de son amour dans une relation qui
confine à la folie.
|
C'est un film poétique avec des
passages très réalistes et même proche
du documentaire sur la condition des sans-abri et leur accueil dans les
centres d'hébergement. C'est aussi une histoire d'amour hors
norme et flamboyante.
Léos Carax, réalisateur exigeant, obtint
l'autorisation de tourner sur le Pont Neuf pendant
l'été, mais il dépassa largement les
délais. Plutôt que de continuer en studio, il
choisit de reconstituer, en Langudoc, un Pont Neuf grandeur nature qui
faillit faire couler tout le projet, accumulant les dettes et les
retards.
*
Tous les matins du monde d' Alain
Corneau, sorti en 1991, tiré du roman homonyme
de Pascal Quignard, musique contemporaine de Jordi Savall et historique
de François Couperin , Jean-Baptiste Lully , Marin Marais et
Sainte Colombe ;
durée : 115 minutes ; 7 Césars du
cinéma 1992, dont meilleur film, meilleur
réalisateur, meilleur son ;
Prix
Louis Delluc 1991.
Avec Jean-Pierre Marielle (Sainte Colombe), Gérard Depardieu
(Marin Marais âgé), Guillaume Depardieu (Marin
Marais jeune), Anne Brochet (Madeleine), Caroline Sihol (Mme de Sainte
Colombe), Carole Richert (Toinette), Michel Bouquet (Baugin), Yves Gasc
(Caignet) , Jean-Claude Dreyfus (Abbé Mathieu)
Le célèbre
violiste Marin Marais se souvient de son maître, un musicien
solitaire, Monsieur de Sainte Colombe. Il raconte la vie
austère de cet homme, l’éducation
sévère qu’il infligea à ses
deux filles après la mort de sa femme, ainsi que la
recherche d’une perfection absolue dans son art.
Il évoque l’initiation qu’il a
reçue de lui et leur séparation, alors que, jeune
et ambitieux, il s'oppose au vieux musicien de l’ombre,
intransigeant. Marin Marais poursuit son apprentissage avec Madeleine,
la fille aînée de Sainte Colombe, qui devient
aussi sa maîtresse.
Elle lui sacrifie tout, mais le jeune musicien
s’éloigne pour mener une carrière
brillante. La jeune femme déperit puis se suicide.
Hanté par les secrets du grand maître, Marin
Marais épie la cabane isolée dans laquelle Sainte
Colombe avait pris l’habitude de jouer. Un soir, cependant,
le vieil homme surprend son ancien disciple et lui
révèle enfin son art. |
 |
Ce film austère, au succès inattendu, est en
harmonie avec le propos qu'il tient. Il démontre la
possibilité d'un art exigeant, rigoureux et
réalisé avec un minimum de concessions aux modes
de son temps.
* L'Amant , de Jean-Jacques Annaud,
coproduction France/Royaume- Uni/Viêt-nam, sorti en 1992,
durée 112 mn, scénario adapté du roman
homonyme et autobiographique de Marguerite Duras, publié en
1984.
Avec Jane March (La jeune fille), Tony Leung Ka Fai(L'Amant),
Frédérique Meininger(La mère), Arnaud
Giovaninetti (Le frère ainé), Melvil Poupaud (le
cadet), Lisa Faulkner, Xiem Mang , Philippe Le Dem, Ann Schaufuss(
Anne-Marie Stretter)
A la fin des années 20 en Indochine... La
jeune fille a quinze ans et demi. C'est la fin des vacances scolaires.
Ce matin, elle prend le car pour indigènes de Sadec,
où sa mère dirige l'école du village,
pour Saïgon, où elle est en pension.
Pendant la traversée du Mékong, sur le bac, la
jeune fille descend du car et va au bastingage. Elle porte une robe en
soie naturelle, une paire de talons hauts en lamé et, plus
surprenant, un feutre d'homme couleur bois de rose.
Sur le bac à côté du car, il y a une
grande limousine noire, une Morris Léon-Bollée
conduite par un chauffeur. Au fond de la voiture un homme
très élégant regarde la jeune fille.
C'est un Chinois. Il est vêtu à
l'européenne, d'un costume clair. L'homme descend de la
limousine et s'avance lentement vers la jeune fille. Il a trente-deux
ans. Il revient de Paris. Il est l'unique héritier d'un
homme enrichi dans l'immobilier.
Le Chinois propose à la jeune fille de la
ramener à Saïgon. Dorénavant, elle ira
au lycée en limousine.
Très vite, un jeudi, le Chinois l'emmène dans sa
garçonnière, une chambre sombre
plongée dans le vacarme continu de la ville.
Dans la moiteur, ils vivent des instants sensuels et
passionnés La mère, folle et
désespérée, ne doit pas l'apprendre.
|
 |
Et le frère
aîné dévoyé non plus, ni le
petit frère fragile. Mais cet amour fou n'a pas d'avenir. Le
père du Chinois préfère voir son fils
mort plutôt qu'avec cette petite blanche qu'il
méprise et qui dérange les projets d'union faits
pour son fils.
Ce film beau et sensuel rend bien le
charme des premières amours et de la découverte
d'une autre culture ainsi que la difficulté de prolonger ce
bonheur dans des codes sociaux trop différents.
Marguerite Duras qui participa pourtant
à l'adaptation du film désapprouva le
résultat final. Il est vrai que le film rend plus
l'esthétique que la profondeur philosophique du roman. Et le
coté cru et direct des images tue l'imaginaire qui peut
naître d'un texte symbolique et poétique.
*
LA LEÇON DE PIANO de Jane CAMPION, sorti en 1993, coproduction Australie / France / Nouvelle
Zélande, durée 121 mn, avec Holly Hunter (Ada
McGrath), Harvey Keitel (George Baines), Sam Neill (Alisdair Stewart ),
Anna Paquin (Flora McGrath), Kerry Walker( Tante Morag ),
Geneviève Lemon, Tungia Baker, Ian Mune, Peter Dennett.
Palme d'or ( Jane Campion
est la première femme à l'obtenir ) et prix
d'interprétation féminine Cannes 1993, 3 Oscars
et César du meilleur film étranger en 1994.
Au milieu du 19ème siècle, Ada,
veuve écossaise, mère d'une fillette de neuf ans,
sourde et muette est envoyée par sa famille dans
l'île du Sud de la Nouvelle-Zélande pour un
mariage arrangé. Elle débarque sur la plage avec
ses meubles et son piano et s'apprête à suivre son
nouveau mari Alisdair dans un village isolé.
Faute de moyens, et malgré ses protestations gestuelles, il
abandonne le piano qui sera récupéré
par George, un voisin maori. Celui-ci est d'une grande force physique,
tatoué sur tout le corps et à peu près
inculte.
Ne pouvant supporter la perte de son piano, Ada accepte
le marché que lui propose ce dernier : regagner son piano
touche par touche en lui donnant des leçons de piano.
Mais ces leçons prennent vite un caractère
sensuel puis sexuel. La jeune femme s'y soumet avec de moins en moins
de dégoût.
Cette confrontation haute en couleurs entre les instincts primitifs et
la bonne éducation victorienne au milieu d'une nature
sauvage est parfaitement maîtrisée, et montre que
l'amour et la violence ne sont pas toujours du coté
où on les attend.
|

|
L'authenticité du film est
renforcée par le vécu de Jane Campion, qui s'est
inspirée de l'histoire de sa propre mère, par le
talent de Holy Hunter, qui joue elle-même dans les
séquences de piano et par celui d'Hervé Keitel,
tatoué de la tête aux pieds par un vrai artiste
maori.
* SMOKING et NO SMOKING d'Alain RESNAIS, deux films
sortis en 1993.
Voir fiche
détaillée
*
Trois Couleurs : Bleu , de Krystof Kieslowski , sorti en 1993,
durée 100mn, avec Juliette Binoche (Julie), Benoît
Régent (Olivier Benoit) Charlotte Très(Lucille),
Emmanuelle Riva (Madame Vignon -la mère de Julie), Florence
Pernel (Sandrine).
Lion d'Or à Venise en 1993 et 3 Césars dont la
meilleure actrice pour Juliette Binoche.
Ce premier volet de la trilogie illustre le premier
thème de la devise française: la
liberté et la première couleur du drapeau. Cette
dominante bleue se retrouve à travers de nombreuses
séquences de piscine dans laquelle Julie vient se ressourcer.
Après la mort de son mari Patrice de Courcy,
un grand compositeur, et de leur fille Anna , 5 ans, dans un accident
de voiture, Julie commence une nouvelle vie, anonyme et
indépendante. Son premier mouvement est de mettre fin
à sa propre vie, dépourvue de sens.
Dans un deuxième temps elle va tenter de couper tous les
liens qui la relient à son ancienne existence, comme par
exemple les partitions de son mari, une commande de l'Union
Européenne.
Mais la vie est plus forte. Elle retrouve des raisons de
vivre avec une voisine prostituée qu'elle aurait
méprisée si rien n'avait bouleversé sa
vie. Mais aussi, malgré tout, avec ce qui reste de son mari
décédé, comme son ancien assistant
Olivier, qui tente de reconstituer la composition musicale et sa
maîtresse Sandrine qui attend un enfant de lui.
Dans ce film très symbolique et aux
recherches esthétiques certaines, Kieslowski n'aborde pas la
question de la liberté sous l'aspect habituel de la
liberté politique ou sociale mais bien sous l'aspect le plus
fondamental de la liberté de vivre. Comment retrouver la
liberté de vivre quand tous les repères dont on
disposait disparaissent brutalement.
|
 |
Enfin "Bleu" porte en germe
les deux films suivants par des séquences
précises comme par exemple le personnage principal de
"Blanc", entrevu dans un tribunal et des séquences
où le "rouge" du néon éclate
à Pigalle.
L'extrait de la bible, I Corinthiens ch
13, qui sert d'argument à l'hymne
évoqué dans ce film est significatif et illustre
bien l'idée finale de Kieslowski "au dessus des trois
valeurs, Liberté, Égalité,
Fraternité, il y a l'Amour":
13:1. Quand bien même je parlerais les langues des hommes et
des anges, si je n'ai pas l'amour, je suis un airain qui
résonne, ou une cymbale qui retentit.
13:2. Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de
tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais
même toute la foi jusqu'à transporter des
montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien.
13:3. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des
pauvres, quand je livrerais même mon corps pour
être brûlé, si je n'ai pas l'amour, cela
ne me sert à rien. ../..
13:13. Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi,
l'espérance, l'amour ; mais la plus grande de ces choses,
c'est l'amour.
Biographie et filmographie
complète de Krystof Kieslowski
La
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