Krzysztof Kieslowski 1941 Varsovie - Varsovie 1996 (biographie) (filmographie) (Quelques films en détail)
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Krzysztof Kieslowski est né le 27 juin 1941 à Varsovie (Pologne).
Perturbé par la maladie de son père (tuberculose),
il vit une enfance solitaire et se plonge dans la lecture.
À 16 ans, à la mort de son père, il entre au Collège des techniciens du théâtre
de Varsovie, où il apprend la décoration. Il se passionne pour la mise en scène
de théâtre et entre finalement à l'Académie du film de Lodz.
Il se fait remarquer pour ses dons et son charisme. Il en sort diplômé
en 1969.
Il n'aborde pas la fiction, considéré alors comme un mode bourgeois, mais le
documentaire, plus en conformité avec le modèle économique de la Pologne
de l'époque.
Il en réalise une vingtaine, sous forme de court-métrages, de moyens-mètrages
ou de documentaires de télévision . Bien intégré dans la société polonaise,
Kieslowski n'est pas un communiste aveugle. Il y croit , mais il est conscient
des lacunes et des erreurs du communisme.
Il se servira de ses films pour montrer les incohérences internes du système.
On trouve ainsi généralement dans ses documentaires d'un côté, des individus,
riches de leurs forces, de leur détermination et de l'autre la bureaucratie
décalée et inopérante par rapport à cette force vive.
Il ne développe jamais de critique fondamentale du système ( impossible de toute
façon dans le système de production locale) mais se penche toujours sur le rapport
de l'humain à la société.
Progressivement, sa vie privée filtre dans les sujets qu'il aborde.
Quand sa femme est enceinte, il tourne l'histoire d'un couple non marié dont
la femme tombe enceinte et suit le couple jusqu'à la naissance ("Premier amour").
S'interrogeant sur le métier d'artiste, il en créé un dossier pour "Curriculum
Vitae" (court-métrage), dossier qui sera le sujet de discussion d'un groupe
du Parti qui s'interroge sur l'exclusion d'un artiste.
C'est après que son père soit atteint de tuberculose qu'il entreprend "La
radiographie" (court-métrage)
La transition vers la fiction a lieu avec "La cicatrice", très proche encore du documentaire social avec les passages "réunions du parti". Ses films possèdent de grandes qualités mais Kieslowski ne reçoit aucune reconnaissance intellectuelle, et l'Occident l'ignore.
Ce sont les dix films du Décalogue qui lui apportent la célébrité mondiale en 1988. Seulement, la gloire et la célébrité lui laissent un goût amer dans la bouche. Ces films du Décalogue ne sont pas forcément de meilleure qualité que ses films précédents et pourtant, eux, suscitent une avalanche de louanges en Europe de l'Ouest.
Kieslowski réalise ensuite la trilogie Bleu, Blanc, Rouge, portant
sur les trois termes de la devise de la France: Liberté/Égalité/Fraternité.
Ces films sont co-produit en France par Marin Karmitz. Il connaît de nouveau
le succès.
A ce sujet il déclare:"J'ai réalisé ces trois films
dans l'ordre, pour permettre au spectateur de les voir lui aussi dans l'ordre,
c'était comme un signe, mais ce n'est pas nécessaire. Ce sont trois histoires
séparées, bien que liées et évoluant ensemble. Je respecte beaucoup mes spectateurs
et je leur laisse la liberté de les découvrir dans l'ordre, de n'en voir qu'un
seul ou même aucun ! Bien sûr, il y a une progression, et pour accéder à d'autres
significations, il faut tirer le deuxième, le troisième ou le quatrième rideau.
Mais il y a aussi le premier rideau, et là, c'est juste une histoire. Je n'ai
jamais pensé à un triptyque comme en peinture ; plutôt à trois nouvelles rassemblées
dans un même volume. On pourrait imaginer qu'un auteur les aurait écrites pour
un hebdomadaire et ensuite publiées dans un recueil. Bien sûr, les spectateurs
peuvent être amenés à établir des correspondances ou des liaisons entre ces
trois films. D'ailleurs, si l'on étudie les entrées en salles, on se rend compte
que lorsqu'un nouveau film de la trilogie sort, pendant deux semaines les spectateurs
du précédent film augmentent. Si le même phénomène se produit pour Rouge, cela
voudra dire que le public aura envie de découvrir des choses nouvelles"
(extrait d'un entretien paru dans Positif, septembre
1994).
De santé fragile, fatigué par l'artificialité du milieu cinématographique et se sentant trop décalé par rapport à la "vraie vie", il annonce à Berlin sa décision de ne plus réaliser de film. Il veut se tourner vers l'écriture et la production. Il démarre ainsi l'écriture d'une nouvelle trilogie: "le paradis, l'enfer et le purgatoire".
Il décède prématurément, le 13 mars 1996 à l'âge de 55 ans. De
sa dernière trilogie, il aura eu le temps d'écrire le premier épisode qui sera
adapté avec succès, après son décès, par Tom Tykwer, "Heaven", sorti en 2002.
* Courts métrages
* Longs métrages
* Le Décalogue: suite de dix films d' une durée comprise entre 55 et 60 mn, et de deux courts métrages.
* Longs métrages
* Le Personnel (1975) (Personnel)
de Krzysztof Kieslowski, durée 72mn, avec Michal Tarkowski, Julius
Machulski
Un jeune homme embauché à l'atelier des costumes de l'Opéra se trouve confronté
à une réalité faite de rivalités et de coups bas qui met à mal ses idéaux artistiques
et humains.
* La Cicatrice (1976),
(Blizna) de Krzysztof Kieslowski, durée 112mn, avec Franciszek
Pieczka, Jerzy Stuhr
Bednarz se voit confier la direction de l'implantation d'un complexe chimique
dans une petite ville de Pologne, qu'il avait habitée autrefois. Il, se lance
dans cette entreprise avec pour objectif de construire non seulement l'usine,
mais un site où les gens vivront heureux. Rien ne se passe comme il l'avait
prévu. Il démissionne, confronté à des pressions des habitants de la ville et
des politiques.
* L' Amateur (1979) (Camera
Buff Amator) de Krzysztof Kieslowski, durée 112mn, avec Jerzy
Stuhr, Malgorzata Zabkowska
Filip, un homme marié et père de famille, voit sa vie transformée
le jour ou il achète une camera. Il s'aperçoit qu'on peut connaître
et interpréter le monde, exprimer son opinion. Ne pouvant accepter le
changement de son mari, sa femme le quitte. Filip reste seul avec sa camera.
* Sans fin (1985) (Bez
Zonca) de Krzysztof Kieslowski, durée 109mn, avec Jerzy Radziwilowicz,
Grazyna Szapolowska
Le fantôme d'un jeune avocat observe le monde des vivants et la réalité telle
qu'elle est après l'entrée en vigueur de la loi martiale: son associée ayant
préféré ne pas se compromettre, son ancien client est dorénavant défendu par
un avocat plus expérimenté mais plus "conventionnel" également. De son côté,
sa veuve prend conscience de l'amour qu'elle lui portait et essaie de survivre
à son absence.
* Le Hasard (1987) (Przypadek)
de Krzysztof Kieslowski, durée 122mn, avec Boguslaw Linda, Tadeusz
Lomnicki
A la mort de son père, Witek décide d'interrompre ses études
de médecine. Il plie bagage puis part à l'aventure. Vers quelle
destinée ? C'est ici qu'entre en jeu le facteur hasard représente
par le train qu'il doit prendre, selon qu'il parvienne ou non à l'attraper...
* Le Décalogue: suite de dix films sortis à la télévision puis progressivement en salles, chaque film ayant une durée comprise entre 55 et 60 mn, ils sont souvent associés par deux:
* Trois couleurs : Blanc
, de Krzysztof Kieslowski, sorti en 1994, Ours
d'argent au festival de Berlin,
avec Zbigniew Zamachowski (Karol Karol), Julie Delpy (Dominique Vidal), Janusz
Gajos (Mikolaj), Jerzy Stuhr.
Dans ce film, l'égalité est le deuxième message de la trilogie "trois couleurs" à travers le personnage principal, Karol Karol, qui cherche à obtenir l'égalité même au prix de la vengeance. Après une brève ouverture mystérieuse d'une valise sur un carrousel d'aéroport,
l'histoire se concentre sur un tribunal des divorces à Paris. Mais Karol est impuissant seulement en France, à l'image de la nouvelle Pologne, impuissante dans le monde cruel du capitalisme. Dès qu'il reviendra en Pologne, où il était un coiffeur réputé, il regagnera sa puissance sexuelle et financière. |
![]() Julie Delpy |
Karol se retrouve mendiant dans le Métro, et
rencontre Mikolaj, un riche polonais qui l'aide à rentrer au pays.
Là, il apprend le français et tend un piège à Véronique en simulant sa propre
mort et faisant en sorte qu'elle soit accusée du meurtre.
Vivant caché, il est cependant ému par ses larmes et paye des avocats pour le procés de Véronique.
La construction du film n'est pas linéaire, Kieslowski utilise souvent des "flash-forward", en particulier des images de Véronique entrant dans une salle obscure. De plus des liens existent entre les trois films de la trilogie. Ainsi l'épilogue de "Blanc" se situe à la fin de "Rouge"