Les films de l'année 2001
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- Liberté-Oléron
, de Bruno Podalydès
- Lovely Rita de Jessica Hausner
- Mercredi
folle journée de Pascal Thomas
- Moulin
Rouge ! de Baz Luhrmann
- Mulholland Drive , de David Lynch
- No
man's land , de Danis Tanovic
- La Pianiste , de Michael Haneke
- La
Planète des singes (2001) de Tim Burton
- The
Pledge de Sean Penn
- Le
Pornographe de Bertrand Bonello
- La
Répétition , de Catherine
Corsini
- Ring
(Ringu), (sorti au Japon en 1998) de Hideo Nakata
- Shrek, animation de Andrew Adamson
- Solaris
de Steven Soderbergh
- Sous
le sable , de François Ozon
- Sur
mes lèvres , de Jacques
Audiard
- Va savoir , de Jacques Rivette
- Le Voyage de Shihiro
, animation de Hayao Miyazaki
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Les films de l'année 2002
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- Hollywood
Ending , de Woody Allen
- L'Homme
du train de Patrice Leconte
- L'Homme sans passé , de Aki
Kaurismaki
- Loin
du paradis de Todd Haynes
- Huit femmes , de François Ozon
- Insomnia
de Christopher Nolan
- Intervention
Divine , de Elia Suleiman
- Ivre de femmes et de peintures
, de Im Kakwonk-Taek
- Marie-Jo
et ses deux amours de Robert Guédiguian
- Minority
Report , de Steven Spielberg
- Ocean's
Eleven (sorti en 2001) de Steven Soderbergh
- Parle avec elle , de Pedro
Almodovar
- Le
Pianiste , de Roman Polanski
- Mischka
de Jean-François Stévenin
- Les
Sentiers de la perdition de Sam Mendes
- Le
Sourire de ma mère (il sorriso di mia madre)
de Marco Bellocchio
- Un couple épatant , Cavale , Après la
vie , de Lucas Belvaux
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* La
Chambre du fils de Nanni Moretti, sorti en 2001; avec
Nanni Moretti, Laura Morrente, Jasm Trinca
Palme
d'Or méritée à Cannes 2001,ce film présente une
analyse rigoureuse, intime et juste des conséquences de la mort du fils
qui pertube à des degrés divers toute la famille, même le
père, psychiatre expérimenté. Mais progressivement un espace
se dégage pour une lente reconstruction.
Le personnage
de Giovanni, que Moretti incarne depuis son premier film, cherche à transformer
la société. Volontiers donneur de leçon, il nous donne des pistes pour se révolter
contre une société qui n'accorde plus d'importance à la beauté des gestes, des
paroles et des actes. Parallèlement à sa vie personnelle qui l'a conduit de célibataire
marginal à celui de jeune père de famille, porte-drapeaux du cinéma italien, Moretti
accorde une place de plus en plus grande à la famille et à la mise en scène :
n'hésitant dorénavant plus à ciseler la mise en scène de ses films comme les grands
maîtres hollywoodiens et à construire l'image d'une famille idéale.
Moretti superpose la légende antique à la légende biblique : la grotte est un
labyrinthe et Ariana arrive trop tard. Giovanni préfère, dans les photos de sa
chambre prises par Andrea, celle où il est plié sous le bureau. Cette posture,
de même que la chambre elle-même dans la maison, évoquent une possible prison
dans laquelle un père trop possessif voudrait maintenir son fils.
Loin
d'être un film sur le deuil, un film sur l'acceptation de la mort, La chambre
du fils offre plutôt des pistes pour apprendre à se séparer de ses enfants. Car
si le paradis, c'est la famille, il faut aussi apprendre à se séparer de ses enfants
avant qu'il ne soit trop tard et a construire autour de ce qu'ils ont créée :
ici une relation amoureuse.
*
La Chambre des officiers , de François
Dupeyron, sorti en 2001, durée 135 mn,
avec
Eric Caravaca (Adrien), Denis Podalydès (Henri), Gregori Derangère (Pierre), Sabine
Azéma (Anaïs), André Dussollier (Le chirurgien), Isabelle Renauld (Marguerite),
Géraldine Pailhas (Clémence), Catherine Arditi, Jean-Michel Portal, Guy Tréjan.
En août 1914, aux premiers jours de la guerre,
Adrien, un jeune et séduisant lieutenant, part en reconnaissance à cheval. Un
obus éclate et lui arrache le bas du visage. La guerre, c'est à l'hôpital militaire
du Val-de-Grâce qu'il la passe, dans la chambre des officiers. Il est le premier
à occuper cette pièce à part réservée aux gradés atrocement défigurés par leurs
blessures. Il est bientôt rejoint par de nombreux officiers qui réagissent, chacun
avec leurs personnalités aux souffrances qu'ils subissent. Adrien va rester
enfermé, subissant de nombreuses opérations, pendant plus de cinq
ans, jusqu'après la fin du conflit. Dans ce film, François
Dupeyron dénonce bien sûr les atrocités de la guerre, mais
s'intéresse en priorité aux réactions individuelles devant
la perte d'identité que constitue une mutilation grave. Dans cette situation,
les premiers temps sont une lutte contre la souffrance physique, mais une fois
que celle-ci devient moins aigue, il faut affronter le regard des autres, des
proches, mais surtout son propre regard. |  |
*
Intimité ( Intimacy ) de Patrice Chéreau, sorti en 2001,
scénario de Anne-Louise Trividiv et Patrice Chéreau d'après le roman de l'écrivain
anglais d'origine pakistanaise Hanif Kureishi, durée : 120 mn , avec Mark Rylance
(Jay), Kerry Fox (Claire), Timothy Spall, Philippe Calvario.
Prix Louis Delluc 2001
Jay
a tout plaqué, son ancien boulot, sa femme et ses enfants. Il est devenu chef
barman dans un pub branché de Londres. Claire se joue la comédie et apprend aux
autres la comédie. Elle a un fils et un mari. Elle vient tous les mercredi,
à 2 heures pile chez lui. Ils enlèvent leurs vêtements pas sexy. Ils se parlent
à peine et font l'amour avec passion dans un cadre d'une banalité affligeante.
Elle s'en va. Jusqu'au jour où le mystère est plus fort, où le déclic se
produit. Jusqu'au jour où il la suit, rompant ainsi le pacte tacite d'amour physique
absolu. |  |
Encore une fois, Chéreau s'affirme comme le cinéaste des
corps. Sa caméra entretient une véritable complicité avec la peau, les muscles,
les formes, comme s'il sculptait par la lumière ses acteurs.
Mais il repose
aussi la question de la possibilité d'un amour détaché de
tout contact social, comme Albert Cohen l'avait magistralement fait dans son roman
"Belle du Seigneur".
Ce film rencontre le succès auprès
du public. Absent de Cannes, il remporte l'Ours d'or à Berlin et Kerry Fox, dans
le rôle principal, le Prix d'interprétation masculine. On y retrouve tous les
thèmes de Chéreau, toutes ses angoisses, une certaine liberté de comportement
mêlée à une âpreté des sentiments.
Biographie
et filmographie complète de Patrice Chéreau
* Le fabuleux destin d'Amélie
Poulain de Jean-Pierre Jeunet, sorti en 2001, scénario
de Jean-Pierre Jeunet et Guillaume Marchand, durée 120 mn, musique de Yann
Tiersen ; avec : Audrey Tautou (Amélie Poulain), Mathieu Kassovitz (Nino), Rufus
(le Père d'Amélie), Jamel Debbouze (Lucien), Isabelle Nanty (Georgette), Serge
Merlin (le peintre)
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Enfant, Amélie n'a pas connu la tendresse. Très tôt sa mère est morte, écrasée
sous une touriste tombée d'une tour de Notre-Dame de Paris; son père a reporté
toute son affection sur un nain de jardin. Adulte, Amélie vit seule. Serveuse
dans un bistro montmartrois, elle prend plaisir à des riens : craquer la croûte
des crèmes brûlées, plonger sa main dans un sac de grains, faire des ricochets
sur l'eau La nuit du 30 août 1997, elle se découvre une vocation, le bonheur
des gens, à leur insu : elle restitue à un quidam la boîte à trésors de son enfance,
favorise une idylle amoureuse entre une hypocondriaque et un jaloux maladif, aide
un peintre à mettre la dernière touche à sa énième copie du Déjeuner des canotiers,
vole au secours d'un commis épicier martyrisé par son patron. Mais qui assurera
son bonheur à elle? Elle le trouvera auprès d'un collectionneur de Photomatons
ratés, au terme d'une longue partie de cache-cache à Montmartre et dans les gares
parisiennes. |
C'est, selon Jean-Pierre
Jeunet, « un film conçu pour rendre les gens heureux », c'est surtout un grand
succès populaire, et un film connu aux USA. Avec des moyens efficaces,
le spectateur est plongé dans une ivresse légère, une euphorie qui ressemble
au bonheur. Déjà, avec Delicatessen (1991) et La cité des enfants perdus (1995)
où il était associé, au scénario et à la réalisation, à Marc Caro, le cinéaste
avait manifesté avec éclat son goût des situations et des personnages loufoques
et ses deux films étaient apparus comme les équivalents cinématographiques des
meilleurs dessins animés et bandes dessinées.
* VA
SAVOIR de Jacques RIVETTE, sorti en 2001, avec Jeanne
Balibar, Sergio Castellitto, Marianne Basler, Jacques Bonnaffé
A travers les représentations de "Comme tu me veux " de Pirandello,
en italien, et les correspondances entre théâtre et réalité,
une série d'histoires tendres et drôles. Les retrouvailles improbables
de deux amants séparés, la quête d'un manuscrit perdu de Goldoni,
une thèse sur les fibules croise le destin d’êtres aux limites
des amours incestueuses ou de comportements délictueux.
Un long film
labyrinthique mais fluide et délicatement harmonieux.
voir
la biographie et filmographie de Jacques Rivette
* MULHOLLAND DRIVE de David LYNCH, sorti
en 2001, durée 146 mn; avec Naomi Watts (Betty/ Diane),
Laura Helena Harring (Rita/Camilla), Justin Terroux (Adam Kesher), Ann Miller
(Coco/la mère d'Adam)
Voir aussi Mulholland
Drive
Une jeune femme brune échappe
simultanément à un attentat et à un accident sur Mulholland drive, route déserte
proche d'Hollywood. Choquée et amnésique, elle trouve refuge chez une jeune fille
blonde, Betty, provinciale qui rêve de devenir une star. La brune dit s'appeler
Rita; avec l'aide de Betty, elle se met en quête de son identité et de son passé.
Dans le même temps, Betty, après une audition, semble bien partie pour s'introduire
dans le milieu du cinéma où un metteur en scène, Adam Kesher, l'a remarquée.
Au cours de leurs recherches, les deux jeunes femmes se rendent chez une certaine
Diane avec qui Rita aurait, avant l'accident, habité. Elles y découvrent un cadavre
de femme en voie de décomposition. Bouleversées, Betty et Rita se pressent
dans les bras l'une de l'autre; elles sont amoureuses. Comme d'un cauchemar, Betty
se réveille: elle est Diane, dans sa propre maison. Fatiguée, négligée, elle a
tout raté. Comédienne de seconde zone, amoureuse folle d'une star, Camilla, qui
n'est autre que Rita, fiancée de Kesher, Diane est droguée, se prostitue. Elle
engage un tueur pour éliminer Camilla, puis se suicide. |
Jeu
troublant de miroirs |
C'est une plongée vertigineuse dans l'univers d'Hollywood avec plusieurs
lectures possibles, rêve, fantasmes, ou retour arrière avec exploration
du passé de Rita la brune amnésique. Ou alors sorte de retour vers
le futur entre un avenir désiré par Betty la blonde et la réalité
tragique. Des thèmes connexes: influence de la mafia sur le milieu du cinéma
et homosexualité féminine. Extraordinaire, complexe, à voir
et revoir pour tenter d'entrer dans le monde de Lynch.
Un délicieux vertige
saisit le spectateur, conscient d'être manipulé et heureux de l'être. Une séquence
encore plus mystérieuse, semble proposer sinon une explication, plutôt une direction
de réflexion. Rita et Betty, mues par une force obscure, sont entrées dans une
sorte de music-hall, presque vide, où se déroule un étrange spectacle. Sur scène
il n'y a pas d'orchestre, mais on en entend un, très présent. Une chanteuse s'avance.
Sa voix est magnifique; paroles et musique déchirantes. Betty et Rita fondent
en larmes. La femme s'écroule, on la traîne en coulisses. mais elle chante toujours.
Dans une loge, une spectatrice enturbannée, au port altier, contemple la scène,
impassible. Toute la séquence est placée sous le double signe de l'illusion, qui
gomme les frontières entre le vrai et le faux, le rêve et la réalité, et de la
manipulation.
*
DE L'EAU TIEDE SOUS UN PONT ROUGE de Shoshei IMAMURA, sorti
en 2001; avec Koji Yakusho, Misa Shimizu, Mansaku Fuwa
Au delà du réalisme ( les dégâts
du chômage au Japon, l’archaïsme d'un village de la côte ouest, la rudesse de
la vie des pécheurs, la pollution ) une fable savoureuse sur les effets
du plaisir féminin trop contenu.
* La Pianiste de Michael Haneke,
film franco-autrichien sorti en 2001, Grand Prix Cannes 2001, scénario
adapté d'un livre de la romancière Elfriede Jelinek,
avec
Isabelle Huppert (Erika Kohut), prix d'interprétation féminine ; Benoît Magimel
(Walter Klemmer), prix d'interprétation masculine ; Annie Girardot (La mère),
Udo Samel (M. Blonskij), Anna Sigalevitch (Anna Schober),Susanne Lothar.
Erika Kohut, la quarantaine, est professeur
de piano au Conservatoire de Vienne. Pour échapper à son métier très austère
et à l'emprise de sa mère possessive et névrosée avec qui elle vit en vase clos,
elle fréquente en secret les cinémas pornos et les peep shows. Sa sexualité se
résume à un voyeurisme morbide et à des mutilations masochistes qu'elle s'inflige.
Un de ses élèves, beaucoup plus jeune, tente de la séduire. Ce
film, en blanc, rouge et noir, qui reçût 3 récompenses méritées à
Cannes, explore la part sombre et monstrueuse de l'homme et le rôle oppressant
de la société. La dérive sadomasochiste d'Erika, qui pense que son intelligence
va suffire à maîtriser ses pulsions, est décrite avec un regard glacial et violent
mais non pornographique. Le caractère irrémédiablement dissymétrique de la
sexualité est souligné car ce sont toujours les femmes qui sont les objets
pornographiques. Et puis derrière la description de ce cas pathologique,
Haneke en profite pour dénoncer la tradition musicale autrichienne qui participe
à l'étouffement culturel du pays. Isabelle Huppert réalise une performance
très forte pour s'immerger dans ce rôle dévastateur. |

Isabelle Huppert... 
... avec Benoît Magimel |
*
ATANARJUAT de Zacharias KUNUK, sorti en 2001; avec Natar
Unqualaaq, Sylvia Ivalu, Lucy Tulugarjuk
Film Canadien Inuit: Vieille légende filmée dans le grand Nord. Dans un milieu
superbe mais hostile les rivalités, la jalousie mais aussi la tolérance et le
pardon. Certains acteurs, amateurs, retrouvent les gestes ancestraux que pratiquaient
leurs parents pour vivre.
En savoir plus sur
la culture Inuit
*
HUIT FEMMES de François OZON,
sorti en 2002 ; avec
Danielle Darrieux, Catherine
Deneuve, Fanny Ardant, Isabelle
Huppert, Emmanuelle
Béart, Virginie Ledoyen, Firmine Richard, Ludivine Sagnier Entre
théâtre filmé, film policier et comédie musicale, une exploration
progressive des secrets de famille dans un huis-clos décapant. Chaque actrice
chante une chanson ancienne. On retrouve le charme de certains films d'Alain
Resnais. Voir fiche détallée : 8
Femmes | |
*
PARLE AVEC ELLE de Pedro ALMODOVAR, sorti en 2002, avec
Javier Camara, Dario Grandinetti, Rosario Flores, Leonor Walting.
Les destins croisés d'un journaliste au chevet d'une torero et d'un infirmier
amoureux d'une danseuse. Ces deux femmes sont dans un coma profond. La torero
meurt de la demi indifférence de ses proches, c'est la leçon claire
du premier cas. Le second est plus ambigu et intéressant: le geste de l'infirmier
est-il un viol sordide ou un sacrifice rédempteur? Plus
de détail sur ce film |  |
* L'HOMME
SANS PASSE de Aki KAURISMAKI, sorti en 2002 ( titre original:
Mies Vailla Menneisyyttä), Finlande, avec Markku Peltola, Juhani Niemela,
Kati Outinen ( prix d'interprétation féminine Cannes 2002)
Un
homme arrive en train à Helsinki où il espère trouver du travail. A peine sorti
de la gare, il est volé et tabassé dans un faubourg de la ville. Sa mort est constatée
à l'hôpital, mais il se réveille et s'enfuit, avant d'intégrer une petite communauté
de miséreux de la banlieue, encadrée par l'Armée du salut. Il ne se souvient plus
de son nom ni de sa vie passée. Amnésique, il commence tant bien que mal une nouvelle
vie, et s'amourache d'Irma, préposée à la soupe populaire. Il loge dans un container
près du port qu'il a nettoyé de fond en comble et dans lequel il a installé un
jux-box.
Il fait pousser des pommes de terre, se trouve des
amis et un chien, rénove la musique de l'Armée du salut. Il est embauché comme
soudeur mais, lorsqu'il veut ouvrir un compte dans une banque, il est pris en
otage par un patron furieux de devoir fermer son usine du fait des manœuvres boursières
de son actionnaire. Inquiété par la police, "M" n'échappe à l'incarcération que
par la grâce d'un avocat envoyé par l'Armée du salut. Sa photo étant paru dans
les journaux, sa femme le reconnaît. De retour chez lui, sa femme lui apprend
qu'ils étaient sur le point de divorcer et qu'elle s'apprête à refaire sa vie
avec son amant. "M" retourne joyeusement à Helsinki retrouver Irma.
Film
finlandais ayant obtenu le Grand prix du Jury Cannes 2002: C'est une fable tendre
et drôle mais un peu caustique sur la nature humaine, l'absurdité de la
bureaucratie. Dans ces conditions un peu limite la famille traditionnelle n'est
pas d'un grand réconfort, seules quelques rencontres de hasard apportent
le réconfort qui permet de continuer à vivre . Nous sommes proches
de Chaplin ou plus près de nous de Takeshi Kitano. La musique est décalée
et nostalgique.
L'Homme sans passé est décrit par Kaurismäki
lui-même comme un "drame épique" coloré et musical, avec pour héros des "cœurs
solitaires aux poches vides". Il ne s'agit là que de l'apparence superficielle
du film qui, précise-t-il, traite aussi de "la situation politique et sociale",
de "la morale et de l'amour". Le film est en effet moins un drame épique qu'une
comédie sociale dans le ton de la comédie italienne des années soixante. Quand
la situation sociale est aussi effroyable, il ne reste qu'à en rire. Les autorités,
l'hôpital, les policiers, la bourse ou l'ANPE, trop habitués à juger sur les apparences
premières font preuve d'un total manque de discernement avant de prouver leur
manque d'humanité.
* AU
PLUS PRÈS DU PARADIS de Tonie MARSHALL, sorti en 2002 ; avec
Catherine
Deneuve, William Hurt, Bernard Le Coq, Patrice Chéreau, Hélène
Fillières
Bernard, dans sa voiture de sport rouge, attend Fanette à la sortie d'un club.
Ils se sont connus étudiants, il l'a aimé et l'aime encore. Il évoque Philippe,
le grand amour de Fanette. Il veut la raccompagner. Elle refuse. Au cinéma, elle
voit la fin du film Elle et lui et pleure. Elle croit apercevoir la silhouette
de Philippe. Rentrée chez elle, sa fille Lucie, homosexuelle, lui reproche amèrement
de ne pas avoir prévu de chambre pour elle dans son nouvel appartement. Elle croit
à nouveau voir Philippe, trouve une note délavée par la pluie, lui fixant rendez-vous
à New York (comme dans le film de McCarey). Fanette est en train d'écrire
un livre sur un peintre abstrait. Il lui manque les clichés de deux toiles qui
sont justement aux États-Unis. Elle part pour New York où sa photographe habituelle
est remplacée par Matt. Ils partent en voiture pour Boston où se trouve une des
toiles. Dans un bar, Matt la caresse audacieusement. Elle est troublée
et rentre précipitamment pour New York où Matt la rejoint et l'invite à dîner.
Bernard apparaît, se joint à eux et parle de Philippe. Matt chantonne : "Si tu
ne peux vivre avec celui que tu aimes, aime celui avec qui tu vis". Se dirigeant
vers le lieu de rendez-vous, Fanette aperçoit Bernard qui semble également s'y
rendre. Elle prend la fuite et revient vers Matt, de l'autre côté de la rue. |  |
Inspiré et portant de fréquentes citations
du film culte de Leo MacCarey "An affair to Remember " ( Elle
et Lui, 1957, avec Deborah Kerr et Gary Grant), ce film imparfait montre
une Catherine
Deneuve omniprésente ( pratiquement aucune scène sans elle)
mais volontairement déstabilisée par un rôle un peu flottant.
Catherine
Deneuve est Fanette, au prénom désuet, cinéphile monomaniaque,
mère maladroite, sœur impuissante à soutenir son frère
alcoolique, critique d'art inspirée par le peintre Arnal. Sans souci de
vraisemblance, ce conte a pourtant une conclusion réaliste et le rêve
romantique se termine en aventure concrète et le sommet de l'Empire State
Building en coin de rue.
* IVRE
DE FEMMES ET DE PEINTURES de Im KAKWONK-TAEK, sorti en 2002; avec Choi
Min-sik Anh Sung-ki
Film coréen, accompli, généreux et baroque.
Entre deux géants, la Chine et le Japon, entre tradition parfaite et modernité
aventureuse, entre les paysans violents et les nobles méprisants, la voie de l'artiste
est étroite: reste l'alcool et les femmes, mais surtout l'alcool, et la passion
de peindre.
* La
trilogie: UN COUPLE ÉPATANT ; CAVALE ; APRÈS LA VIE de Lucas BELVAUX;
3 films sortis en 2002-2003; Prix Louis-Delluc
2003 ; Prix Méliès 2003
César 2004 du meilleur montage pour Danielle Anezin, Valérie Loiseleux,
Ludo Troch
Voir fiche détaillée : Trilogie de Lucas Belvaux
avec Ornella Mutti, François Morel, ( Un couple épatant ) Catherine Frot ,
Lucas Belvaux ( Cavale), Dominique Blanc , Gerard Melki ( Après la Vie )
Trois films attachants, tournés en parallèle avec les mêmes acteurs, des
scènes communes mais avec des points de vue différents, ce qui est central dans
un film devient accessoire ou anecdotique dans les autres. Lucas Belvaux
a confié chaque film à un monteur différent, soulignant ainsi trois styles marqués:
- la comédie dans le premier où la jalousie et les petites dissimulations au sein
d'un couple prend des proportions étonnantes; - le thriller politico-criminel
où un dernier nostalgique de l'action directe règle ses comptes dans le sang et
- le drame psychologique dans le troisième avec un flic à moitié honnête
qui tente de sauver sa femme du gouffre des drogues dures. C'est un
triptyque qui se hisse au niveau de Resnais ou de
Kieslowki (Trois couleurs...) dans une réflexion sur les destins croisés
et sur l'importance de ce qui est montré, évoqué ou laissé à l'imagination du
spectateur.
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Tout le Cinéma
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