Ferdinand Griffon, ex professeur d'Espagnol, ex stagiaire à la télévision,
marié à une richissime italienne, lit à sa petite fille des pages d'Elie
Faure consacrées à Velazquez. Une jeune fille, Marianne, vient garder
les enfants. Un nain, membre de la bande, emmène Marianne. Ferdinand le découvre assassiné
et se fait matraquer par deux complices. Ferdinand retrouve enfin Marianne.
Elle le présente à Fred qui lui propose de participer à un hold-up. La trame policière initiale du récit de Lionel White (lui-même très librement inspiré du personnage de Pierre Loutrel, le Pierrot le fou historique des années 1950) est totalement recouverte par une recherche désespérée et très rimbaldienne de l'amour fou et de l'aventure pos-tromantique. On retrouve la réflexion sur le couple menée par Godard : tout oppose l'impulsive Marianne, qui préfère les disques et la danse à l'intellectuel Ferdinand qui préfère la lecture et l'écriture. Cette opposition était déjà celle de Camille et de Paul dans Le Mépris alors que, dans A bout de souffle, Patricia était l'intellectuelle et Michel l'impulsif. Les références à l'art sont nombreuses : la poésie moderne, la peinture de Velazquez à Picasso, le cinéma avec Samuel Fuller. Sur le thème éternel de l'amour et de la mort, Jean-Luc
Godard signe un film éclatant, coloré et poétique.
Le rejet de la société de consommation, le droit au bonheur
et au rêve sont rendus à travers une cavale de Paris vers
la Méditerranée. On peut parler de souffle libertaire voire d’existentialisme à propos de Pierrot le fou. Le souffle est à la fois dans sa conception comme dans son fond. Les deux étant liés en une symbiose rarement atteinte par un projet cinématographique. on est en 1965 et Jean-Luc Godard expérimente des cadrages alambiqués, des plans-séquences de transition. Un cinéma inesthétique en soi, pour qui ne se prête pas au jeu de la bienséance historique du 7ème Art. Aujourd’hui, en effet, ce genre de technique, de conception, passe presque inaperçu. D’extravagances en extravagances, Godard joue avec le spectateur, en complétant son fond d’intrigue par la forme, qui elle-même est sublimée par le contenu. Souvent subversif, ce cinéma là est typiqueement sartrien, composé d’existence plutôt que d’essence, puisque ayant pour but de filmer l’homme par des moyens techniques surréalistes par rapport aux codes du 7ème Art de l’époque. Les interprétations de Belmondo et Anna Karina comptant davantage que la destinée et le cheminement tortueux de leur personnage. Si la marginalité est filmée, elle est aussi intellectualisée, dans une démarche assez existentialiste. Godard met en situation deux marginaux qui se complaisent à vivre au jour le jour, sans un réel autre poids moral et moralisateur que l’amour qui les unit. Jean-Paul Belmondo et Anna Karina. qu’ils restent tous deux conscient et responsables de leur passion amoureuse mutuelle et qu’ils prennent leur distance et liberté l’un vis-à-vis de l’autre. Concevant à deux une morale qui semble leur sied à merveille, ils parviennent à assumer leurs actes. Un existentialisme détourné , une puissante apologie douce-amère de l’amour, de la libération sexuelle et de l’affranchissement collectif vis-à-vis des mœurs pré-soixante-huitardes. Quelque soit leur fin, Pierrot et Marianne ont été responsables de leurs actes, de leurs paroles, de leur passion amoureuse et de leurs choix. Ce fond existentialiste confère à Pierrot le fou une authenticité artistique rare Citations du film
Déclarations de Jean-Luc Godard"Pierrot le Fou c'est un petit soldat qui découvre avec mépris qu'il faut vivre sa vie, qu'une femme est une femme, et que dans un monde nouveau, il faut faire bande à part pour ne pas se retrouver à bout de souffle." (allusion bien sûr à ses films précédents) À la sortie de Pierrot le Fou Godard disait : "Je ne peux pas
dire que je ne l’ai pas travaillé, mais je ne l’ai pas pré-pensé. Tout
est venu en même temps : c’est un film où il n’y a pas eu d’écriture,
ni de montage, ni de mixage, enfin, un jour!" Louis Aragon parle du film |
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Distribution
Fiche technique
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Dans Pierrot le fou, Anna Karina interprète deux chansons de Serge Rezvani « Jamais je ne t’ai dit que je t’aimerai toujours, oh mon amour » et « Ma ligne de chance » Jamais je ne t'ai dit que je t'aimerai toujours ô mon amour ( paroles et musique de Serge Rezvani sous le pseudonyme de Cyrus Bassiak)Jamais je ne t'ai
dit que je t'aimerai toujours ô mon amour Pourtant pourtant
tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit petit à petit Jamais je n'aurais
cru que tu me plairais toujours ô mon amour Pourtant pourtant
tout doucement sans qu'entre nous rien ne soit dit petit à petit Jamais ne dis jamais
que tu m'aimeras toujours ô mon amour ![]() Voir les extraits sur Youtube (sous-titré en anglais, of course)
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