Michel Poiccard, jeune homme insolent mêlé au milieu de délinquants,
vole une voiture à Marseille pour se rendre à Paris. Mais en route, lors
d'un contrôle, il tue un policier qui le poursuivait. Elle veut étudier à la Sorbonne et, pour se faire un peu d'argent, elle
vend le journal Herald Tribune sur les Champs-Élysées. La veille de leur départ présumé pour l'Italie, Patricia le dénonce à la police afin de le forcer à partir loin d'elle. Mais Michel refuse de prendre la fuite et, abattu par un policier, s'écroule au carrefour de la rue Campagne-Première, à bout de souffle . DécoupageChronologie des principales séquences
Citations du film
HommagesDes références au film apparaissent dans l'album Promenade de The Divine Comedy. When The Lights Go Out All Over Europe contient des extraits de dialogue d'À bout de souffle et l'un des personnages de la chanson déclare : « ...my mission is to become eternal and to die », citant un passage d’À bout de souffle. The Booklovers contient également la citation sur : « Tu connais William Faulkner ? ». Enfin, l'essentiel de la dernière discussion entre Patricia et Michel portant sur l'absence d'amour heureux est également présente. On retrouve également un extrait sonore du film sur l'album White on Blonde du groupe Texas. Ce film est également très présent dans le troisième épisode de la première saison de la série animée japonaise Ghost in the Shell: Stand Alone Complex, intitulé en français Androïde, mon amour. Les deux enquêteurs trouvent une bobine du film dans l'appartement du suspect ; rentrant chez lui après l'arrestation, l'enquêteur trouve sa femme en train de visionner la toute dernière scène du film, et se rend alors compte que le suspect et l'androïde (dont le visage est assez finement calqué sur celui de l'actrice Jean Seberg[10]) se parlaient en reprenant des répliques issues des dialogues du film, allant même jusqu'à rejouer la dernière scène devant les enquêteurs de la Section 9. En 1995, le cinéaste Gérard Courant a réalisé Compression de À bout de souffle où il a réduit et compressé le film de Jean-Luc Godard en 3 minutes. Dans le film de Gérard Courant, il ne manque pas un seul plan de celui de Jean-Luc Godard. Puis en 2008, Gérard Courant a procédé de manière inverse en "décompressant" Compression de À bout de souffle pour redonner au film de Jean-Luc Godard sa durée initiale. C'est À bloc qui est fait d'un seul fondu enchaîné perpétuel pendant 85 minutes. Dans le film pour adolescents La Folle Journée de Ferris Bueller, le principal du collège, Ed Roonney (Jeffrey Jones), reprend la citation « Entre le chagrin et le néant, je choisis le chagrin » entraînant un regard perplexe de Sloane Peterson (Mia Sara)]. L'album 33 tours d'Alex Beaupain, sorti en 2008, contient une chanson intitulée À bout de souffle qui rend clairement hommage au film. En 2009, la chanteuse Élisa Point et le chanteur Fabrice Ravel-Chapuis ont sorti un album Perdus corps et biens dans lequel il y a une chanson en hommage au final de À bout de souffle intitulée Dégueulasse. C'est une chanson qui fait référence au dernier mot prononcé par Jean Seberg après la mort de Jean-Paul Belmondo. C'est le cinéaste Gérard Courant qui a réalisé le clip de cette chanson. Analyse critiqueÀ bout de souffle est le premier film de Jean-Luc Godard. C’est un film manifeste, c’est-à-dire que c’est un film qui propose une conception du cinéma totalement nouvelle et qui rompt avec une certaine tradition du cinéma français d’alors. Initié au cinéma grâce à l’effervescence des ciné-clubs après la guerre, Godard entre aux Cahiers du cinéma en 1952. Parallèlement à l’écriture d’articles, Godard commence à réaliser des films courts. Fort de ses expériences dans le court-métrage, Godard tourne À bout de souffle en 1959, l’année où Truffaut triomphe à Cannes avec Les 400 coups (prix de la mise en scène). L’objectif de Godard est alors très ambitieux; il veut que son film marque un nouveau départ dans l’histoire du cinéma. En effet, A bout de souffle va refonder les règles du cinéma. Godard profite de l’extraordinaire campagne de promotion de la Nouvelle Vague dont viennent de profiter ses comparses Claude Chabrol et François Truffaut. Il a par ailleurs conscience de l’aspect relativement conventionnel de la mise en scène des premiers longs métrages de ses deux amis qui, ni l’un ni l’autre, n’ont vraiment bouleversé l’histoire des formes au cinéma. Intervenant après eux, il sait qu’il doit frapper un grand coup et offrir à la nouvelle école son manifeste esthétique. Pour cette révolution formelle, Godard supprime tout générique et débute son film par un titre très bref, plein cadre, en lettres blanches sur fond noir. Le premier critère technique utilisé par Godard est celui de la rapidité, essentiellement au départ pour des raisons d'économie budgétaire, mais cette rapidité devient rapidement un choix esthétique. De cet objectif de rapidité, découlent de nombreuses options techniques et pratiques et leurs conséquences visibles. Pas de travellings sur rail, pas d’éclairages additionnels, utilisation d’une pellicule ultra-sensible qui était alors utilisée uniquement par les photographes et les cinéastes documentaires. Le film doit être tourné comme un reportage sur ses deux acteurs. L’opérateur tient la caméra à la main, et chaque fois que cela est possible, on utilise la technique du reportage télévisuel avec caméra cachée filmant les acteurs au milieu de la foule anonyme. Pas de perchman ni aucune prise de son: le tournage est muet. Ambiances et dialogues seront enregistrés a posteriori. Pas de rails de travelling, Godard place Raoul Coutard sur un fauteuil roulant, sa caméra légère à la main, pour suivre Belmondo poursuivant Seberg sur l'avenue des Champs-Elysées. À ces options techniques de prise de vues correspondent les choix des décors naturels, tant en extérieurs qu’en intérieurs. Là aussi, c’est une façon de faire totalement nouvelle. A bout de souffle est un vrai documentaire sur le Paris de l’été 1959 et montre de nombreux quartiers : le Quartier Latin, les quais de la Seine, les Champs-Élysées, Montparnasse. Pour les séquences d’intérieur, le film exclut tout recours au studio de cinéma et privilégie les chambres de bonnes, choisies précisément pour leur exiguïté, non sans conséquences pour la mise en scène car les acteurs se voient obligés d’enjamber le lit et l’opérateur de les cadrer très souvent en gros plan, faute de recul. Ces décors naturels ne peuvent qu’accueillir des acteurs libres de leurs mouvements, sans maquillage et vêtus simplement de vêtements de tous les jours. Il n’y a pas eu de prise de son directe pendant le tournage, ce qui a permis à Godard de souffler leurs répliques aux acteurs pendant la prise. Il y a eu ensuite un travail considérable de post-synchronisation, de montage et de mixage. Au terme du premier montage, le film est trop long de quarante-cinq minutes. Il faut pratiquer des coupes, en gardant l'ensemble cohérent. Godard décide de s'en tirer par le haut, inventant un style de montage elliptique, brisant la continuité narrative, véritable défi aux régles établies qui visent à rendre mise en scène et montage invisibles. Godard mêle délibérément la grammaire classique du cinéma, qu'il a pratiquée dans le genre documentaire, et de fulgurantes «fautes» de syntaxe, comme les faux raccords. L’autre volonté de Godard, c’est de saisir une époque, la sienne, à l’aube des années 60. Dans son langage, d’abord. Le monologue de Michel Poicard dans la séquence sur la RN 7 permet d’apprécier son comportement , sa fascination pour la vitesse, son arrogance, sa misogynie agressive et ostentatoire allant de pair avec son sentimentalisme. Godard offre à ses personnages un très grand nombre de références culturelles d’ordre littéraire, pictural, musical et cinématographique. Le français parlé par Michel inclut des expressions en langue étrangère, en américain passe-partout, en espagnol de la chanson populaire Buenas noches, mi amor. Le dialogue de Godard enregistre toutes les injures et expressions populaires en cours au moment de la réalisation du film. À l’époque, cette avalanche de mots grossiers et d’expressions familières a beaucoup choqué. Certains artistes, Jean-Paul Sartre et Jean Cocteau notamment, ont, en revanche, salué la richesse des inventions verbales du film. Cette invasion de la langue quotidienne s’accompagne d’une bande sonore qui offre une large place aux bruits du réel : Klaxons, moteurs et freins de voitures, sirènes de police et bien d’autres agressions sonores urbaines. Mais Godard fait également usage des moyens contemporains de communication et de reproduction : téléphone, radio, bandes sonores de films. La bande sonore fait une large place à l’environnement social, politique et médiatique dans lequel baignent les personnages. Avec Michel Poiccard, Godard propose un nouveau type de personnage de film, beaucoup plus moderne et beaucoup moins défini par les contraintes de la construction scénaristique. Sans être un porte-parole du réalisateur, il permet à celui-ci d’exprimer, non sans contradiction, une série de jugements moraux sur la lâcheté, la lucidité ou la sincérité, et beaucoup plus encore un scepticisme assez amer sur les relations entre les hommes et les femmes. Mais surtout, Michel existe par son corps, sa voix, sa gestuelle, ses mimiques et ses grimaces. Il s’observe souvent dans un miroir, renouvelle certains tics, comme celui de se caresser les lèvres, d’allumer sa cigarette, la retirer de sa bouche, mettre et enlever son chapeau et ses lunettes noires. Godard le cadre souvent en plan serré et saisit chaque détail de sa gestuelle. Dans le film, la représentation du corps passe uniquement par la verbalisation. Le film est pudique et ne montre jamais les acteurs nus. Il sous-entend qu’ils ont fait l’amour, mais davantage par le trajet des vêtements et par l’ellipse sous le drap. Patricia, c’est le portrait d’une jeune femme moderne. Godard a voulu la saisir telle quelle : pas de maquillage, des vêtements très simples, d’allure sport, ce qui est encore rare en 1959 pour un personnage de jeune femme au cinéma. Le costume de Patricia a provoqué une rupture radicale avec les usages dominants de la représentation de la féminité au cinéma. Déclarations de Jean-Luc GodardMontrons que tout est permis. Ce que je voulais, c’était partir d’une histoire conventionnelle et refaire, mais différemment, tout le cinéma qui avait déjà été fait. Je voulais rendre aussi l’impression qu’on vient de trouver ou de ressentir les procédés du cinéma pour la première fois. Si nous avons pris la caméra à la main, c’était pour aller vite, tout simplement. Je ne pouvais pas me permettre un matériel normal qui aurait allongé le tournage de trois semaines. |
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