Hiroshima

La ville

Les raisons du bombardement de 1945

Origine et préparatifs de la production de la bombe

Les faits

Les conséquences du bombardement

La cité de la Paix

Le rapport intégral de l'UNESCO

L'autre ville martyre: Nagasaki

Hiroshima mon Amour, film d'Alain Resnais


La ville

Hiroshima est connue dans le monde entier pour avoir été la cible de la première bombe atomique de l'histoire, le 6 août 1945.
Mais c'est aussi une ville moderne et dynamique avec une histoire et un avenir. Elle est située au sud-ouest de Honshu, à environ 700 km de Tokyo, au bord de la Mer Intérieure.

La ville fortifiée d'Hiroshima a été fondée en 1589 par Terumoto Mori (1553-1625), un des 5 Taïro (à l'époque représentant du Shôgun). Il réunit par des ponts les cinq îles délimitées par les six branches de la rivière Ota. Il créa ainsi "l'île large": Hiroshima. C'est vers 1870 qu'Hiroshima devient, grâce à son port, Ujina, le quartier général de l'armée japonaise pendant les guerres sino-japonaise (1894-1895) et russo-japonaise (1904-1905). Au début de la Seconde Guerre mondiale, la ville compte 420 000 habitants, qui seront rejoints par près de 100 000 soldats en garnison.

La ville actuelle a été reconstruite sur un plan géométrique et compte plus de 1 150 000 habitants.
Siège d'une université et de nombreux commerces, elle posséde une industrie active: métallurgique (fonderies, machines-outils), chimique (caoutchouc), textile. L'arboriculture et la fonction portuaire ont amené le développement de l'industrie alimentaire (confiserie, conserveries, huîtres, algues). Elle est également connue pour sa production de papier.
Le port de commerce, très actif, a été en partie gagné sur la mer.


Le centre moderne d'Hiroshima


Musée d'Art Contemporain de la ville d'Hiroshima (1988)

Ce Musée, situé sur la colline Hijiyama est le symbole du retour d'Hiroshima à une vie culturelle normale. Il est cependant fortement influencé par le souvenir de la bombe. Sa forme est un cercle au centre vide et brisé. Cette brisure indique la direction de l'épicentre de l'explosion de la bombe.
Il a été conçu par le célèbre architecte contemporain Kisho Kurokawa


Le chateau d'Hiroshima
(reconstruit en 1958)


Le temple Mitaki-dera


La Cathédrale d'Hiroshima, construite en béton brut et irrégulier, décorée de scènes évoquant les victimes, témoigne, elle aussi à sa manière, de l'horreur du bombardement.

 

Ils sont nés à Hiroshima après la guerre :


Voir aussi


Hiroshima, cité de la Paix

La reconstruction

Après le désastre, on estimait qu'Hiroshima resterait une ville morte pendant 50 ans. Mais, assez rapidement, la végétation se met à pousser sur les ruines et la ville se repeuple. En novembre 1945, elle compte 130 000 habitants. Mais l'effort de reconstruction ne vient que de la région et des populations évacuées qui veulent revenir.
Il faut attendre août 1949 pour que le parlement japonais vote des crédits pour la reconstruction de la ville. Hormis le Château, reconstruit à l'identique, le plan de reconstruction prévoit un vaste parc du souvenir au centre d'une ville aux larges avenues rectilignes.

Le Parc de la Paix

Situé entre les deux bras Hon et Motoyasu du fleuve Ota, le Parc de la Paix s'étend sur 12 hectares. Il est situé dans le rayon des 500m de l'épicentre de l'explosion. La plupart des bâtiments ont été conçus par l'architecte Tange Kenzo entre 1950 et 2002.

Au sud du Parc se trouve le vaste Musée-Mémorial. On y voit de façon détaillée les conséquences du bombardement à l'aide de photos, de témoignages et d'objets déformés par la chaleur et le souffle de l'explosion.
A la demande explicite des États-Unis, ce Musée est complété ( contrebalancé?) par des témoignages des atrocités japonaises perpétrées sur le continent asiatique pendant la guerre.

Les habitants et la municipalité d'Hiroshima agissent en permanence, par des colloques et des actions pour la paix et contre les armes atomiques.
Chaque essai nucléaire dans le monde fait l'objet d'une lettre de protestation officielle du maire d'Hiroshima, qui est ensuite affichée dans le musée.


Perspective générale du Parc de la Paix,
au centre le Musée-Mémorial

Le bâtiment souvenir du Genbaku Dome était avant la bombe le siège de la chambre de commerce et d'industrie d'Hiroshima. Situé à l'entrée du Parc de la Paix, il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1996.
Il faut noter que les représentants des États-Unis et de la Chine se sont violemment opposé à cette inscription, déclarant "qu'elle était dénuée de toute perspective historique"!

Extrait de la délibération du 20ème comité de l'Unesco:

"Le Mémorial de la Paix d'Hiroshima, ou Dôme de Genbaku, fut le seul bâtiment à rester debout près du lieu où explosa la première bombe atomique, le 6 août 1945. Il a été préservé tel qu'il était juste après le bombardement grâce à de nombreux efforts, dont ceux des habitants d'Hiroshima, en espérant une paix durable et l'élimination finale de toutes les armes nucléaires de la planète. C'est un symbole dur et puissant de la force la plus destructrice que l'homme ait jamais créée, qui incarne en même temps l'espoir de la paix" .

Voir le rapport détaillé


Au premier plan le Genbaku Dome

Une partie du parc a été concue par le sculpteur Isamu Noguchi


Le Cénotaphe a été conçu par l'architecte Tange Kenzo.
Sa forme rappelle celle des anciennes maisons japonaises en argile, et a été réalisée pour abriter du vent et de la pluie les âmes des victimes.
Il contient la liste des noms de toutes les victimes du bombardement.

La flamme de la Paix qui brille à coté n'est pas prête de s'éteindre puisqu'une inscription précise qu'elle brillera tant des armes nucléaires seront opérationnelles dans le monde.



Le Mémorial National de la Paix pour les victimes de la bombe atomique.



Monument aux victimes coréennes

On estime à 20 000 le nombre de Coréens morts dans le bombardement. Travailleurs forcés ou volontaires, ils venaient suppléer le manque d'hommes pour les industries de la ville.
On compte aussi de nombreux Chinois et 13 prisonniers de guerre américains ( là, le chiffre est précis) parmi les victimes.

Un Mémorial National de la Paix pour les victimes de la bombe atomique d'Hiroshima a été inauguré en 2002, pour compléter le Musée.
L'architecture est due à Tange Kenzo
Une vaste salle ronde (photo de gauche) énumère la liste de toutes les victimes connues


A l'intérieur du Parc un monument spécial est dédié aux enfants victimes de la bombe.

Il représente une jeune fille et une grue ( l'oiseau ) ; c'est un hommage à la jeune Sadako Sasaki qui pensait pouvoir guérir en réalisant 1000 oiseaux de papier

Sadako Sasaki est née le 7 janvier 1943.
Sadako avait deux ans et demi le 6 août 1945 et se trouvait ce jour-là à deux kilomètres du lieu de l'explosion. La plupart de ses voisins furent tués mais Sadako ne fut pas blessée ou ne sembla pas l'être. Jusqu'en 1955 elle semblait être une jeune fille normale et joyeuse. Bonne élève, elle passa une enfance sans problème majeur, grandit normalement et se lanca dans la course à pied de compétition. Cependant, en 1955, après un relais où elle avait aidé son équipe à gagner, elle se sentit extrêmement fatiguée et sa tête tournait. Les vertiges passant, Sadako pensa qu'ils n'étaient causés que par la fatigue, mais ce n'était pas le cas.
Plus tard les vertiges furent tels qu'elle tomba et ne put se relever. Ses camarades de classe appelèrent la maîtresse qui contacta ses parents. Ces derniers l'emmenèrent à l'hôpital de la Croix Rouge où on diagnostiqua une leucémie, cancer des cellules sanguines, le « mal de la bombe atomique » auquel peu survivaient à cette époque.
La meilleure amie de Sadako, Chizuko, lui raconta l'ancienne légende japonaise des 1000 grues et lui apporta un origami, pliage bien connu des enfants du Japon, représentant une grue (Ori-Tsuru), symbole de la longévité.
Selon la légende, quiconque confectionne mille grues en origami voit un vœu exaucé. Sadako s'attela dès lors à la tâche, espérant que les dieux, une fois les mille grues pliées, lui permettraient de guérir et de recommencer la course à pied.
La famille de Sadako s'inquiétait à son propos. Ils venaient souvent lui rendre visite à l'hôpital pour lui parler et l'aider à faire les origamis. Après qu'elle eut plié 500 grues, elle se sentit mieux et les médecins dirent qu'elle pouvait rentrer chez elle pour quelque temps, mais après moins d'une semaine elle se sentit de nouveau mal et dut retourner à l'hôpital.
Elle passa presque trois ans et demi à l'hôpital et confectionna au total 644 grues de papier. Elle mourut le 25 octobre 1955 à l'âge de douze ans.
L'histoire de Sadako eut un profond impact sur ses amis et sa classe. Ils finirent de plier les 1000 grues et continuèrent pour récupérer de l'argent des écoles japonaises afin de construire une statue en l'honneur de Sadako et de tous les enfants affectés par la bombe.


Ci dessus photo 2006, à droite photo de 1990.
Les dépots de guirlandes de grues, pendant longtemps spontanées ont été organisées et protégées.
Même au Japon des vandales existent et s'attaquaient à ces symboles pacifiques.


Sadako Sasaki sur son lit de mort


Le Mémorial de la Paix des Enfants,
version manga réaliste


En hommage aux victimes d' Hiroshima et en référence au film de Resnais, une oeuvre d'un artiste contemporain: Jocelyn Bigot

Avec l'aimable autorisation de
© Jocelyn Bigot; Hiroshima, mon amour ; 2004; 114 x 152 cm Voir son site
La photo en grand

UNESCO - Liste du patrimoine Mondial - Rapport n°775

Date: 28 septembre 1995

Justification émanant de l'État partie

Tout d’abord, le Mémorial de la Paix d’Hiroshima, Dôme de Genbaku ou Dôme de la bombe atomique, est le témoin immuable de la terrible catastrophe qui se produisit lorsque, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la bombe atomique fut utilisée comme une arme. Ensuite, le Dôme est le seul bâtiment existant capable de transmettre directement une image physique de la situation tragique qui a résulte du bombardement. Enfin, le Dôme est devenu un monument universel pour l’humanité entière, il symbolise l’espoir de paix perpétuelle et l’élimination totale de toutes les armes nucléaires de la face de la terre.

Catégorie de biens

En termes de catégories de biens, telles qu’elles sont définies a l’article premier de la Convention du Patrimoine mondial de 1972, le Dôme de Genbaku est un monument.

Histoire et description

Histoire

En 1910, l’Assemblée de la Préfecture d’Hiroshima décida de construire le Hall de l’exposition commerciale d’Hiroshima afin de promouvoir la production industrielle de la préfecture. Les travaux commencèrent en 1914, sur un site situé en bordure du fleuve Motoyasu, selon les plans de l’architecte tchèque Jan Letzel, et durèrent un an. En 1933, il fut rebaptisé Hall de la promotion des Industries de la Préfecture d’Hiroshima.

Lorsque la première bombe atomique explosa au-dessus d ’Hiroshima à 8h15, le matin du 6 août 1945, causant la mort de 140.000 personnes, ce bâtiment fut le seul à rester debout près de l’hypocentre de l’explosion de la bombe, bien qu’il n’en restât plus qu’un squelette. 11 fut préservé en l’état au moment de la reconstruction de la ville et on l’appela Dôme de Genbaku (Dôme de la bombe atomique). en 1966, la Municipalité d’Hiroshima adopta une résolution selon laquelle le Dôme serait préservé pour l’éternité. Le part du Mémorial de la Paix, dont le Dôme est le principal monument, a été dessiné entre 1950 et 1964. Le musée du Mémorial de la Paix situé dans le parc fut inauguré en 1955. Depuis 1952, la cérémonie du Mémorial de la Paix d’Hiroshima a lieu chaque année dans le parc le 6 août

Description

Le Hall de la Promotion des Industries de la Préfecture d’Hiroshima était un bâtiment en briques de trois niveaux comportant une partie centrale de cinq niveaux, surmontée d’une coupole à armature d’acier, couverte de cuivre. Son emprise au sol était de 1023 m² et sa hauteur de 25 m. Les murs extérieurs étaient habillés de pierre et d’enduits. La coupole était accessible par un escalier situé dans l’entrée principale.

Le bâtiment principal, situé à environ 150 m de l’hypocentre de l’explosion, fut presque entièrement détruit et vide : le toit et les planchers s’effondrèrent ainsi que la plupart des cloisons intérieures du deuxième jusqu’au dernier étage. Toutefois, le souffle de l’explosion venant quasiment du dessus, les fondations de la partie centrale du bâtiment située sous la coupole résistèrent. Les restes de la fontaine qui se trouvait dans le jardin a l’européenne aménagé du côté sud du hall ont également été préservés. Dans son état actuel, le bâtiment conserve intact et dans ses moindres détails l’aspect qu’il avait immédiatement après l’explosion.

Gestion et protection

Statut juridique

Le Mémorial de la Paix d’Hiroshima, Dôme de Genbaku, a le statut de Site Historique au titre de 1’Article 69 de la Loi de 1950 sur la Protection des Biens Culturels. Cette loi stipule que les Sites Historiques doivent être correctement entretenus par leur propriétaire ou autorité de tutelle locale, que toute modification ou restauration de l’état existant exige l’accord du gouvernement national et que ce dernier peut fournir une assistance technique et une aide financière pour les travaux de réparation et d’entretien.

Gestion

Le bien est la propriété de la Ville d’Hiroshima. Les questions relevant de la Loi de 1950 sur la Protection des Biens Culturels sont du ressort de 1’Agence Nationale des Affaires Culturelles (Bunka-cho). La gestion du monument est également confiée au Conseil pour la Protection des Biens Culturels et à son Conseil d’Experts, au Ministère de la Construction, à la Préfecture d’Hiroshima et à son Conseil d’Éducation ainsi qu’au Conseil d’Éducation de la Ville d’Hiroshima. /.../ Une zone tampon non constructible entoure le Dôme, seuls des locaux techniques du parc peuvent y être érigés. La Ville a également fixé des règle d’urbanisme qui limitent toutes constructions dans l’environnement immédiat du parc.

Conservation et authenticité

Historique de la conservation

Tous les travaux effectués sur le Dôme ont pour objectif la préservation de la ruine dans l’état où elle se trouvait immédiatement après l’explosion de la bombe atomique. Des travaux de consolidation furent effectues en 1967 et en 1989-90 pour pallier tout effondrement causé par les dégradations dues aux intempéries. Il fut donc utilisé des résines epoxy comme agents liants et des renforts en acier sur les parties qui menaçaient plus sérieusement de s’écrouler. De légers travaux de confortement de la structure en maçonnerie furent effectués en utilisant les briques d’origine.

A l’issue des travaux de 1989-90, il fut décidé d’effectuer des visites de contrôle triennales pour vérifier les enduits, la détérioration des joints de maçonnerie, la corrosion des plaques de renfort, l’altération des résines synthétiques et le degré d’affaissement ou d’inclination du bâtiment.

Authenticité

L’authenticité de Dôme de Genbaku est incontestable : la structure de la ruine est identique à ce qu’elle fut après l’explosion de la bombe atomique, le 6 août 1945. Les seules interventions qui ont eu lieu depuis lors ont été minimes, destinées à assurer la stabilité des ruines. Ces travaux sont comparables à ceux qui se pratiquent sur tous les sites archéologiques du monde.

Évaluation

Une mission d’experts de 1’ICOMOS a visité le Mémorial de la Paix d’Hiroshima, Dôme de Genbaku, en août 1993. Il est également connu de plusieurs membres du Bureau de I’ICOMOS.

Caractéristiques

Le sens primordial du Dôme réside dans ce qu’il représente : le bâtiment n’a aucune valeur architecturale ou esthétique en soi. Ces vestiges muets symbolisent l’horreur suprême de la destruction humaine, et transmettent un message d’espoir pour l’ère nouvelle d’une paix mondiale durable qui s’est ouverte après l’explosion des bombes atomiques en août 1945.

Amlyse comparative

I1 n’existe aucun bâtiment comparable dans le monde.

Recommandation

Que ce bien soit inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial sur la base du seul critère VI : Le Mémorial de la Paix d’Hiroshima, Dôme de Genbaku, est un symbole puissant et fort de la paix mondiale qui règne depuis plus d’un demi-siècle après le déchaînement de la force la plus destructrice que l’homme ait jamais crée.