Alain Resnais :
Filmographie 1946-1961

Les Courts métrages

Pour mémoire à 14 ans, Alain Resnais réalise L'Aventure de Guy (1936)

De 1946 à 1948, Alain Resnais réalise des films, souvent documentaires, en 16 mm, qui sont restés privés. Aucun de ces films n'a été distribué.

Schéma d'une identification (1946)

Durée 30mn, avec Gérard Philippe, François Chaumette

Ouvert pour cause d'inventaire (1946) 

Durée 90mn, avec Danièle Delorme, Michel Auclair, Pierre Trabaud, Gérard Philippe.


Visite à Oscar Dominguez (1947)
Visite à Lucien Coutaud (1947) 10 mn
Visite à Hans Hartung (1947) 15 mn
Visite à Félix Labisse (1947)
Visite à César Doméla (1947)
Van Gogh (1947)
Christine Boosmeester (1947) 10 mn
Portrait d'Henri Goetz (1947) 24 mn
Le Lait Nestlé (1947)
Journée naturelle (1947) sur Max Ernst, 10 mn
L'Alcool tue (1947) scénario Roland Dubillard, Rémo Forlani
Les Jardins de Paris (1948) scénario Roland Dubillard
Versailles, Châteaux de France(1948)
Malfray (1948) 


A partir de 1948, Alain Resnais réalise des films, courts ou longs métrages, distribués commercialement:

* Van Gogh (1948) , durée 20 mn, documentaire, commentaires dit par Claude Dauphin, musique de Jacques Besse, primé à Venise en 1948 et aux Oscars en 1950.

En décembre 1883, à Nuenen, en Hollande, un homme frappe à la porte du petit presbytère. C'est Vincent, fils du pasteur Théodore Van Gogh qui revient au pays après avoir été prédicateur. Cet hommage à Van Gogh, apôtre de la couleur, est réalisé en Noir et Blanc. Mais ce parti pris paradoxal permet de saisir toute la vigueur du trait, du mouvement et des vibrations du pinceau de l'artiste.
Ni biographie révérencieuse, ni leçon empesée d'histoire de l'art, ce Van Gogh réalisé par un Resnais débutant ressemble plutôt à une balade mélancolique et singulière au fil de la vie du peintre, à travers ses tableaux, et rien que ses tableaux. Chaque toile raconte une bribe d'histoire, un tourment, une fêlure, une embellie. Resnais filme la peinture comme s'il s'agissait d'un vrai personnage, s'y promène, et la met véritablement en scène : zooms, gros plans, fondus au noir, et ces « panoramiques aveugles et tremblants » dont parle Jean-Luc Godard.

* Guernica (1950) , durée 12 mn, texte de Paul Eluard, dit par Maria Casarés et Jacques Pruvost

Le 26 avril 1937, la petite ville espagnole, républicaine, de Guernica est bombardée par l'armée franquiste. Elle est rasée et incendiée. Cest la première fois dans l'histoire que l'aviation s'attaque ainsi à une population civile. On dénombra deux mille morts.
Resnais mélange des vues du tableau de Picasso "Guernica", ainsi que des peintures et sculptures de Picasso, antérieures, mais en résonance avec le sujet.

* Paul Gauguin (1950) , durée 12 mn, texte tirée des écrits de Paul Gauguin, dit par Jean Servais

Paul Gauguin, simple employé de banque et jeune père de famille, décide un jour de tout abandonner, métier et foyer, pour ce consacrer uniquement à sa peinture. Resnais utilise les toiles et les textes de Gauguin pour le faire revivre.

* Pictura, Adventure in Art (1951) segment "Goya", durée totale 72 mn, film américain en noir et blanc sur différents peintres, outre Goya, G Bosh, Toulouse-Lautrec etc...

* Les Statues meurent aussi (1953) , durée 29 mn, texte de Chris Marker, dit par Jean Négroni, Prix Jean Vigo 1954

Les statues représentaient au début du siècle dernier l'essentiel de l'art de l'Afrique Noire. Elles étaient leur culture et l'expression de leur religion. Avec la demande croissante des collectionneurs européens, la statuaire africaine est devenu un artisanat dominé par des exigences commerciales.
Le film part d’une interrogation : "Pourquoi l’art nègre se trouve t-il au musée de l’Homme alors que l’art grec ou égyptien se trouve au Louvre ?" Le sujet , c’est la mise à nu des mécanismes d’oppression et d’acculturation, l’impossible dialogue culturel dans le contexte immanent de la colonisation, le développement d’un art de bazar parce que le Blanc est acheteur, l’idée qu’il n’y a pas de rupture entre la civilisation africaine et la civilisation occidentale. Le film commence par cette maxime :« Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l'histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l'art. Cette botanique de la mort, c'est ce que nous appelons la culture. »
Les deux premiers tiers sont consacrés à de superbes vues en noir et blanc de sculptures africaines. Le troisième tiers intégre des images d'archives et un discours sur le colonialisme et le racisme envers les noirs.
Le documentaire a été commandé à Alain Resnais par la revue Présence africaine en 1951, qui avait demandé à ce que celui-ci réalise un film sur ce qu'on appelait à l'époque l'art nègre, qui avait été en vogue en Europe dans les années 1910-1920. Resnais demanda alors à Chris Marker, avec qui il n'avait encore jamais collaboré, d'écrire les commentaires du film, et confirma la production chez Tadié Cinéma Production, qui finança la moitié du film, l'autre moitié étant assumée par Présence africaine.

Le film a été censuré en France dès sa sortie et a été l'objet d'une interdiction pendant 11 ans, soit de mars 1953 à octobre 1964, sans jamais qu'il y ait eu explications claires sur les raisons de la censure. Pour la Commission de Contrôle des Films Cinématographiques de l'époque, c'est la troisième et dernière bobine qui causait problème, celle-là même qui, selon Alain Resnais, donnait le sens au film.
Suite à la censure, plusieurs demandes de révision et de justification ont été tentées et ont toutes abouti à des échecs. En janvier 1957, à la demande du producteur, une version raccourcie, soit les deux premières bobines, est autorisée par la Commission pour une exploitation commerciale, mais la demande d'autorisation de diffusion de la version intégrale à des fins privées se voit quant à elle refusée.
En octobre 1964, le ministre de l'Information Alain Peyrefitte informe le producteur qu'il a décidé de lever toute interdiction liée à l'exploitation et l'exportation du film. Néanmoins, c'est une version toujours légèrement tronquée qui est alors autorisée (environ 53 secondes de moins que la version originale) : au moins un plan avait été supprimé et les commentaires de Chris Marker, sans être dénaturés, avaient été adoucis.
Resnais, dans une entrevue datant de 1969, raconte que deux des membres de la Commission de Contrôle à qui il avait eu l'occasion de parler à l'époque de la censure lui affirmaient que l'interdiction ne découlait pas du contenu du film, mais de son expression trop « violente » ne convenant pas à des spectateurs considérés comme des enfants qu'il faudrait « ménager ».

En 2006, Roland Colin explique : « Il faut situer ce film au début des années cinquante où effectivement le colonialisme n’était pas mort et les grands débats n’étaient pas encore tranchés. Il y avait encore une sorte de rêve assimilationniste en France. Et puis, trois ans après le film, en 1955, il y a la conscience un petit peu brutale du fait qu’il s’agit là d’un rêve impossible. Et à ce moment-là, les assimilationnistes sont obligés de céder du terrain parce que la France n’a pas les moyens de cette ambition. Ça nous renvoie un petit peu à l’histoire algérienne qui est d’ailleurs tout à fait contemporaine. Il ne faut pas oublier ça. La guerre d’Algérie commence en 1954, et donc, là, il y a le deuil de l’assimilation qui n’est pas encore fait et qui va d’ailleurs traîner pendant quelques années. Et je crois aussi, parmi les ressorts qui ont fait censurer ce film qui apparaissait comme dénonciateur d’une main mise, d’un déni de reconnaissance et d’identité par rapport à une société d’une culture différente ».


* Nuit et brouillard (1955) - Night and Fog

Durée 32 mn, texte Jean Cayrol, mélange d'archives en noir et blanc et d'images tournées en couleur.
Prix Jean Vigo 1956

Devoir de mémoire, calme et déterminé, ce film montre tour à tour comment les lieux des camps de concentration pouvaient être ordinaires, comment l'extermination était rationnelle et atroce, comment l'herbe peut néanmoins repousser sur le centre de l'horreur.
Dès cette époque, il semble nécessaire de se prémunir contre toute tentative de négationnisme et tout risque de retour et de banalisation du racisme et du totalitarisme.

Ce film fut commandé à l'origine par le Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, organisme chargé de faire des recherches sur la période de l’Occupation. Dans un premier temps, le réalisateur refuse, ne pensant pas pouvoir assumer une telle responsabilité qu’est la retranscription des horreurs sans noms vécues par plusieurs communautés durant la Seconde Guerre mondiale. Il accepte enfin, à la seule condition de faire écrire les textes par Jean Cayrol. Cet homme, ancien déporté, survivant du camp de Mauthausen, était avant la guerre un écrivain, puis deviendra éditeur. Ce film est constitué d’images d’archives en noir et blanc ainsi que d’images filmées à l’époque du tournage, celles-ci en couleur.

Le texte de Jean Cayrol est lu par Michel Bouquet. Les mots sont prononcés de façon monocorde, et ne laissent entrevoir aucun sentiment.

Ce film existe en DVD chez Arte Vidéo


La critique fut élogieuse à sa sortie, exemple:

Nuit et Brouillard est bien le film le plus bouleversant qu'il m'ait été donné de voir depuis bien longtemps. Le plus probe aussi. Cru, lucide, réalisé avec un souci d'objectivité évidente, le film avance comme une mécanique bien huilée, déroulant implacablement son chapelet d'horreurs pour se terminer sur une mise en garde à l'usage des consciences endormies, qui ne me semble pas parfaitement inutile. jamais salle d'assises n'entendit réquisitoire plus accablant.

Je ne connais rien de plus profondément émouvant que cette lente promenade de 1955 dans les vestiges abandonnés des camps de la mort, grignotés par une nature verdoyante, prête à tout effacer sous les montées des printemps successifs. Les images en couleurs, aux teintes de pastel, s'opposant aux brutales évocations des barbaries nazies, documents authentiques en noir et blanc, donnent une symphonie étrangement équilibrée.

(Jean Dréville, Les Lettres françaises, 12 avril 1956)


Le film est aussi connu pour avoir soigneusement évité toute image montrant une participation française à la déportation; en effet le film a été contrôlé par la censure française, et une image du camp de Drancy a été supprimée du film, un gendarme français faisait une apparition furtive mais remarquée par les censeurs. Le mercredi 29 février 1956 s’achève un processus de mise sous silence de l’histoire française contemporaine, au cœur même d’un projet dont le but était d’en dire les atroces vérités.

Tout commence un an auparavant, à l’occasion du 10ème anniversaire de la libération des camps nazis. La société Argos reçoit la commande d’un documentaire par le Comité d’histoire de la Seconde Guerre Mondiale. Décembre 1955, une fois le montage terminé, les ennuis commencent avec le comité de censure, et ce n’est que le premier volet des mésaventures et polémiques que le film va susciter.


L’objet des crispations est une photographie que Resnais a intégrée à son montage. Ce cliché datant de 1941 présente une vue d’ensemble du camp d’internement de Pithiviers, dans le Loiret. Au premier plan à gauche, dos à nous, se tient un homme coiffé d’un képi qui indique clairement qu’il est un gendarme français. Au moyen de cette photographie, Resnais suggère la participation de l’Etat français à la déportation des Juifs vers les camps d’extermination. Le comité de censure, ne pouvant laisser passer cette allusion, demande à Resnais de retirer l’image et se heurte à son refus. Mais le cinéaste, très désireux de voir le film montré au public allemand du festival d’Oberhausen, fait preuve de conciliation pour obtenir son visa d’exploitation. Il consent à masquer le képi du gendarme par une poutre dessinée à la gouache.


Le 29 février 1956, la commission de censure propose de substituer « à la photographie du gendarme, une photographie d’un intérêt historique équivalent. » Dans son livre Les écrans de l’ombre, Sylvie Lindeperg estime qu’avec « la complicité de quelques membres de la profession, les représentants des pouvoirs publics instituaient en principe le refoulement de la collaboration d’Etat. » Resnais optera finalement pour la gouache, ne voulant pas se faire imposer une autre image.
Tout le monde considère évidemment qu’avec ou sans gendarme français, le camp de Pithiviers reste le camp de Pithiviers ; et que la participation des institutions françaises à la déportation des Juifs est un point négligeable, et même tellement négligeable que ne pas l’évoquer ou bien le mentionner sont deux possibilités « d’un intérêt historique équivalent
L’affaire ne prendra une tournure médiatique qu’avec le retrait du film de la compétition cannoise sur décision gouvernementale. Le festival de Cannes 1956 intervient en pleine période de rapprochement franco-allemand. Les autorités veulent ménager le gouvernement d’outre-Rhin qui souhaite empêcher la diffusion du film. La presse se mobilise ainsi que des associations d’anciens déportés qui ne veulent pas voir le souvenir de leur souffrance bafoué par le pragmatisme politique.
Au plus fort de la crise, Jean Cayrol écrit dans Le Monde du 11 juin 1956 ces phrases décisives : « La France arrache brusquement de l’histoire les pages qui ne lui plaisent plus, elle retire la parole aux témoins, elle se fait complice de l’horreur. »
Avec le recul, cette histoire amuse Resnais pour deux raisons. Il affirme d’une part qu’au moment d’intégrer cette photo à son montage, il n’avait pas prêté attention au détail du képi. D’autre part, ironise-t-il, au dos de la photographie, « il y avait l’aigle allemand avec la croix hitlérienne, et « autorisé par la Propagandastaffel. » Donc ce qu’avait autorisé la Propagandastaffel, était interdit par le gouvernement français. C’était formidable comme histoire ! » Le récit des difficultés du film d’Alain Resnais et des compromissions que sa diffusion a impliquées est révélateur de l’attitude des pays européens vis-à-vis de l’évocation du génocide juif. Cette « affaire du képi » vient enfin souligner la relation étroite qui existe entre travail de mémoire et agenda politique. Lutter contre le musellement d’un souvenir que l’on veut faire taire, c’est lui épargner d’errer dans ce que Cayrol appelle « la clandestinité de la mémoire ».

La photo censurée: Gendarme français au camp de Pithiviers 1941


* Toute la mémoire du monde (1956) , durée 22 mn, texte de Remo Forlani, dit par Jacques Dumesnil, musique de Maurice Jarre; avec la collaboration de Gérard Willemetz, Pierre Goupil, Anne Sarraute, Roger Fleytoux, Claude Joudioux et Jean Cayrol. Prix de la meilleure photo Cannes 1957.

Ce film est un hommage à la Bibliothèque Nationale de Paris et surtout à tous les employés qui répertorient, classent et entretiennent tous ces ouvrages et sans qui ce trésor serait inaccessible. Resnais retrace le cheminement du livre depuis son dépôt légal jusqu'à sa niche finale, en passant par sa mise en fiche. Célèbre chez les cinéphiles pour ses travellings, ce court métrage en noir et blanc met en scène les problèmes de flux ou plutôt d'afflux de la BN avec une pédagogie claire et un humour en demi-teinte.

* Le Mystère de l'atelier quinze (1957) Alain Resnais assisté de André Heinrich

Durée 18 mn, texte de Chris Marker, dit par Jean-Pierre Grenier, avec Jean Burgot et Yves Peneau : film sur la médecine du travail


Toute la mémoire du monde

* Le Chant du Styrène (1958)

Durée 19 mn, texte de Raymond Queneau, dit par Pierre Dux, film commandé par la société Pechiney.

« O temps, suspends ton bol, ô matière plastique / D’où viens-tu ? Qui es-tu ? ... ». Ainsi commence ce film documentaire. Des images défilent d'objets en plastique, s'arrêtent sur un bol. Nous remontons ensuite de ce bol au moule qui lui a donné naissance puis au matériau, sa coloration ... pour finir sur le charbon et le pétrole, matières premières du plastique.

On ne donnerait pas au plastique un quelconque attrait romantique. C'est le contraste sur lequel joue Raymond Queneau, parodiant, maltraitant le poème romantique composant pour ce documentaire un commentaire en rime. La tonalité est délibérément humoristique.
La photographie est, elle, à l'image du plastique, couleurs vives, artificielles. Le film fait une plongée dans l'univers froid de la mécanique et du contre nature. On ne verra qu'une seule fois apparaître un ouvrier dont le rôle est de surveiller la température. Avec la grâce et le goût de l’abstraction qui le caractérisent, Alain Resnais réussit la gageure d’honorer et de détourner à la fois la commande du pétrochimiste Pechiney. Il est aidé dans son entreprise de réappropriation par son complice Raymond Queneau, qui a rédigé un délicieux commentaire tout en alexandrins. La caméra se promène dans le dédale de couloirs d’une usine, caresse les tuyaux enchevêtrés, explore les cuves de polymérisation, glisse le long des tapis roulants chargés de billes de plastique.
La bande son est réalisée par le compositeur Pierre Barbaud, créateur de la musique algorithmique, ajoutant à l'ambiance aseptisée.
On ne sait si ce film insolite fut bien conforme au cahier des charges du commanditaire, ni s'il fut accueilli avec enthousiasme. Il demeure connu pour son double sens.


* Hiroshima mon amour (1959) - [Titre japonais: 24 jikan no jôji, soit: une liaison de 24 heures) ;
durée 91 mn, scénario et dialogues de Marguerite Duras, avec Emmanuelle Riva (Elle) , Eiji Okada (Lui), Bernard Fresson (le soldat allemand), Stella Dassas (la mère) , Pierre Barbaud (le père) .
Musique de Georges Delerue

A la fois poème d'amour et de mort, évocation de la première bombe atomique lancée sur la ville et appel à la réconciliation des peuples.

Ce film, comme Nuit et Brouillard, participe du devoir de mémoire et rappelle, même si cela peut paraître dérisoire par rapport aux souffrances des blessés d'Hiroshima, l'injustice qui a frappé, à la libération de Nevers, le soldat allemand, tué et la française, tondue, pour avoir été coupable d'amour.

Dans la scène centrale du café au bord du fleuve, elle identifie dans son récit son amour interdit de l'occupation et son amant japonais d'une nuit, pour revivre (une dernière fois?) les joies et les malheurs de ses vingt ans.
A travers trois thèmes, les victimes de la bombe atomique, les injustices de la libération et cet amour bref et sans lendemain, Resnais pose avec acuité les questions de la mémoire et de l'oubli, à la fois sur le plan collectif et individuel.

Voir aussi une analyse détaillée de la structure narrative du film ;
ainsi qu'une fiche détaillée sur le film , comprenant le synopsis détaillé de Marguerite Duras;
et une vision de la ville d'Hiroshima et les circonstances du bombardement de 1945

Le contexte: Au festival de Cannes 59 "Orfeu Negro" de Marcel Camus reçoit la Palme d'Or, on y remarque aussi "Les Quatre Cents Coups" de Truffaut et Nazarin de Buñuel.
Resnais y reçoit également une récompense.


En hommage aux victimes d' Hiroshima et en référence au film de Resnais, une oeuvre d'un artiste contemporain: Jocelyn Bigot

Avec l'aimable autorisation de
© Jocelyn Bigot; Hiroshima, mon amour ; 2004; 114 x 152 cm
La photo en grand

* L' Année dernière à Marienbad (1961) - Last Year in Marienbad
Durée 93 mn, scénario et dialogue Alain Robbe-Grillet, avec Delphine Seyrig (A.), Giorgio Albertazzi (X.), Sacha Pitoëff (M.).
Lion d'or du festival de Venise 1961

Scénario et analyse complémentaire : L'Année dernière à Marienbad

Le narrateur, X. , conte l’étrange histoire de ses relations avec une inconnue, A, dans un somptueux hôtel entouré d’un parc à la française. L'inconnue est accompagnée d'un homme, M., qui est "peut-être" son mari, qui pratique un curieux jeu. X et M se défient souvent à ce jeu.
Dans cet étrange palace, les gens parlent de choses et d'autres, se croisent ou se figent soudain, assistent à des concerts ou à des représentations de théâtre et s'entraînent au tir avec des pistolets. X. harcèle A., lui répétant qu'elle lui a promis de partir avec lui, il y a un an, à Marienbad, mais elle ne semble pas s’en souvenir.

Dans cette tentative d'adapter "Le nouveau roman" à l'écran Resnais se distingue déja de la Nouvelle Vague.
Ce film poètique, mais où le cadrage posséde la précision du documentaire, déstabilise l'écriture cinématographique et annonce les futurs films de Duras, Robbe-Grillet ou Jean-Luc Godard. Des séquences extrèmement courtes, des plans trop sombres ou volontairement surexposés déstabilisent le spectateur. Le mystère est entretenu par les noms des personnages, qui ne sont que des initiales, et par certaines scènes rejouées plusieurs fois, avec des variantes différentes.
Le dialogue et la musique, au milieu des marbres et des miroirs illustrent l'aventure d'un amour, révé, désiré et peut-être vécu.

Les jeux sont très présents dans ce films, symbolisant les hasards du destin (dominos) mais aussi la domination de M, qui pratique avec succès le bluff au poker.
Mais le jeu le plus caractéristique est une sorte de jeu de Nim, qui sera connu ensuite sous le nom même de jeu de Marienbad.

M., avec détermination et froideur, joue partie sur partie et ne perd jamais. Il joue avec des cartes, des dominos ou des allumettes.
Il prononce même cette phrase " Je puis perdre, mais je gagne toujours… ".
Dans la règle pratiquée, en effet, celui qui commence ne peut gagner contre un adversaire averti. Or par courtoisie, M qui propose le jeu arrive souvent à faire débuter son adversaire.

La possibilté de jouer en ligne au Jeu de Marienbad

À sa sortie dans les salles, l'Année dernière à Marienbad a été sifflé par les uns et encensé par les autres, mais cette polèmique a fait connaître Alain Resnais d'un large public.

Dernier détail: Marienbad est une petite ville thermale, à l'ouest de la République Tchèque et se nomme Mariánské Lázne.


Delphine Seyrig et Giorgio Albertazzi ,
la photo...
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...et l'affiche



Scène de jeu dans le film


La suite...

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