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Santorin,
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On doit la découverte des premiers vestiges d'Akrotiri à l'ouverture
d'une carrière à l'occasion des travaux du canal de Suez, en 1860.
En effet, les pierres ponces de l'île avaient été choisies par les ingénieurs
de Ferdinand de Lesseps pour réaliser les parois du canal. Différentes poteries
furent alors exhumées au fur et à mesure de la progression de l'exploitation.
Ce n'est qu'en 1967 que débutèrent les fouilles systématiques
du site sous la direction du Service Archéologique d'Athènes et d'un archéologue
grec Spyridon Marinatos. Il fallut alors dégager, sur plusieurs mètres d'épaisseur,
le manteau blanc de pierre ponce résultant de l'éruption du Santorin de l'époque
minoenne.
Les travaux mirent à jour toute une cité antique datant de l'âge du bronze avec
ses immeubles de 2 ou 3 étages, ses rues, ses magasins, ses fresques et de nombreux
objets.
Les fouilles se poursuivent et moins d'un cinquième
du site a été fouillé. L'ensemble est abrité par un vaste
hangar.
Grâce à cette couche de cendres déposée par le volcan, le site d'Akrotiri est
exceptionnellement bien conservé, avec notamment ses fresques. Il permet de
caractériser la vie quotidienne de la société égéenne dans le courant de deuxième
millénaire avant J.C.
Les maisons étaient de solides constructions à plusieurs étages aux fenêtres ouvertes sur les voies de circulation. Plusieurs vases et jarres furent découverts dans différentes maisons. Ils sont visibles au musée préhistorique de Thira . La plupart étaient destinés au stockage des provisions des différents commerces. Ces objets sont de production locale mais proviennent aussi de Crète et du reste de la Méditerranée orientale.
La Crète minoenne
semble avoir exercé une influence forte, sans lien de subordination. Les maisons portent des traces de dégâts importants dus à des séismes qui ont précédés l'éruption violente. Certaines consolidations sont visibles et des travaux étaient en cours. Il s'est écoulé quelques mois ou quelques années entre les premiers signes et la grande éruption. Aucun corps n'a été trouvé et à quelques exceptions près ( en particulier une petite idole de mouton en or ) aucun objet de valeur non plus. Ce qui prouve que l'éruption violente a été largement annoncée aux habitants par des signes forts. |
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![]() Escalier brisé par un séisme antérieur à l'éruption |
![]() Pilon à huile |
Le Musée Préhistorique de Thira
Le musée préhistorique de Thira retrace l'histoire de l'île depuis le Néolithique jusqu'à l'éruption de l'époque minoenne.
Mais ce sont les fresques d'Akrotiri qui sont les plus impressionnantes. Soigneusement transportées et restaurées, elles montrent un dessin libre et des couleurs vives. Elles rappellent les fresques de Cnossos. |
![]() Aiguière mastophore (évoquant un buste féminin) avec de petits seins haut perchés |
![]() Idoles cycladiques |
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Tout commence avec le philosophe grec Platon qui, au cours de deux de ses plus célèbres recueils de dialogues (Timée et Critias) fait allusion à une île, l'Atlantide, qui aurait été engloutie par un grand cataclysme: " Or dans cette île, l'Atlantide, s'était constituée un empire vaste et merveilleux que gouvernait des rois dont le pouvoir s'étendait non seulement sur cette île toute entière, mais aussi sur beaucoup d'autres îles et sur les parties du continent. En outre, de ce côté-ci du détroit, ils régnaient encore sur la Libye jusqu'à l'Égypte et sur l'Europe jusqu'à la Thyrrénie. Mais dans ce temps qui suivit, se produisirent de violents tremblements de terre et des déluges. En l'espace d'un seul jour et d'une seule nuit funestes, toute votre armée fut engloutie d'un seul coup sous la terre, et l'île Atlantide s'enfonça pareillement sous la mer. De là vient, que de nos jours, là-bas, la mer reste impraticable et inexplorable, encombrée qu'elle est par la boue que, juste sous la surface de l'eau, l'île a déposé en s'abîmant. " Par la suite de nombreux auteurs reprirent ce mythe: Hérodote, Diodore de Sicile, Strabon, Plutarque, Tertullien, et plus tard : Montaigne, Bacon, Kircher, Buffon, Bailly, Bartoli, et plus près de nous: Schliemann, Fabre d'Olivet, Steiner, Wieland |
![]() Platon 427-347 av J-C |
Certains ont voulu situer cet événement dans l'Atlantique,
mais il ne faut pas se laisser abuser par la terminologie, le terme Atlantes
désigne des Divinités marines en général.
L'imagination des chercheurs de l'Atlantide est sans limite et elle a été
localisée à peu près partout dans le monde.
Pour conclure on peut dire que soit Platon invente une fable morale, soit il s'inspire de récits transmis oralement pendant plus de 12 siècles et donc assez déformés. Dans ce cas la plus grande catastrophe naturelle du monde connu des Grecs reste bien l'explosion du Santorin et ses conséquences sur la Crète, à l'époque en position dominatrice.
Plusieurs passages de l'Ancien Testament pourrait avoir une explication liée à l'explosion du Santorin.
Comme dans le récit de Platon, c'est le caractère symbolique qui est primordial dans ces textes, mais les symboles sont illustrés par des exemples tirés de récits plus ou moins déformés et enjolivés. Là encore il s'écoule de 7 à 10 siècles entre les événements historiques et leur première transcription.
Les "10 plaies d'Égypte" sont le passage qui semble le plus proche des conséquences
à longue distance d'une explosion très violente comme le Santorin
Extraits du Livre de l'Exode, chapitres 7 à 12.:
"toutes les eaux qui sont dans le Fleuve se changèrent en sang."(1)
"les grenouilles montèrent et recouvrirent la terre d'Égypte." (2)
"toute la poussière du sol se changea en moustiques..." (3)
"des taons en grand nombre entrèrent (...) dans tout le pays d'Égypte..." (4)
"tous les troupeaux des Égyptiens moururent..." (5)
"gens et bêtes furent couverts d'ulcères bourgeonnant en pustules." (6)
"Yahvé fit tomber la grêle sur le pays d'Égypte."(7)
"Les sauterelles (...) couvrirent toute la surface du pays"(8)
"il y eut d'épaisses ténèbres..." (9)
"tous les premiers-nés mourront dans le pays d'Égypte" . (10)
Science & Vie (Mai 2002) publie un article où deux chercheurs, Gilles Lericolais et William Ryan, décrivent en détail l'explication de ces phénomènes. Les traces géologiques montrent bien que l'Égypte, 700 km au sud-est du Santorin a bien été touchée, de façon significative par des retombées de cendres et poussières diverses, par une modification temporaire du climat et la survenue de pluies acides d'autre part à la suite de l'explosion du Santorin. .Par comparaison en 1991, le Pinatubo émit environ 10 fois moins de cendres. Le panache du volcan philippin gagna la haute atmosphère pour accomplir trois rotations autour de la Terre.
La plaie (1) est due aux retombées de cendres dans le Nil. Ces cendres l'auraient teinté de rouge, comme on peut l'observer localement de nos jours sur les côtes de Palea Kameni. Une autre explication tiendrait dans l'acidité des pluies ( constatée dans des forages de glace au Groënland) qui auraient provoqué une oxydation des boues ferreuses du fleuve.
Les particules volcaniques en suspension dans l'atmosphère seraient aussi à l'origine de chacune des autres plaies. Leur destin diffère en effet selon leur altitude. Celles qui atteignent la stratosphère, au-delà de 18 km d'altitude, sont entraînées par des vents puissants, et s'étalent en nappes. Elles ont formé un très important nuage de poussières qui, en opacifiant le ciel, a plongé cette région du monde dans l'obscurité durant plusieurs jours. (plaie 9) Les téphras qui restent dans la troposphère, en deçà de 18 km, n'y séjournent que peu de temps. Ces particules peuvent constituer des noyaux de condensation pluviogènes ou glaciogènes. Dans le premier cas il pleut, dans le second cas, on assiste à des orages de grêle. Lors de l'éruption du mont Saint Helens, aux États-Unis en 1980, plusieurs témoignages font état d'un orage de grêle concomitant. La plaie (7) se trouve expliquée par des averses de grêle assez fortes pour marquer les esprits durablement. |
![]() Turner ( 1775-1851): Plague of Egypt -1800 |
Des pluies abondantes et exceptionnelles dans un milieu semi-désertique
est apte à provoquer quelques semaines plus tard une prolifération
catastrophique de moustiques ( plaie 3) , de taons (plaie 4) puis de sauterelles
( plaie 8) et enfin de grenouilles ( plaie 2) qui se nourrissent de ces insectes.
Les autres plaies sont les conséquences sanitaires des précédentes:
le développement des parasites provoque la plaie (6) puis (5) et enfin
des épidémies qui s'attaquent aux plus faibles: les nouveaux nés
(plaie 10)
De plus les conséquences directes des retombées de cendres sur
le rendement des cultures, l'alimentation du bétail et la qualité
de l'eau ont pu entraîner une famine et des migrations rapides de populations.
Enfin la période supposée ( 1645 av JC) correspond à un
passage trouble de l'histoire de l'Egypte, la Deuxième Période
Intermédiaire (-1750 à -1560), dans la quelle on trouve anarchie
et invasions étrangères de Hittites et de Sémites.
Il existe d'autres passages extraordinaires qui pourraient passer du domaine
du miracle divin à celui de phénomènes rarissimes mais
réels:
" la colonne de nuées " décrite dans l'Exode et la traversée de la mer des Roseaux
par Moïse et les Hébreux.
La colonne de nuées est facile à expliquer, mais le cas de la
traversée de la mer des Roseaux est plus subtile:
Les flots de la mer des Roseaux (et non ceux de la mer Rouge elle-même
comme les premières traductions de l'Ancien Testament le donnent à penser) s'ouvrent
devant eux et se referment sur Pharaon et ses troupes lancés à leur poursuite.
A l'époque dans le prolongement de la mer Rouge, à l'emplacement actuel
des lacs Menzaleh, Timsah et Amers, se situe une étendue d'eau de faible
profondeur.
Comme cela a été observé dans des explosions similaires,
un régime de vents stable, pendant plusieurs jours, a pu être créé
jusqu'à cette distance.
A l'aide d'un modèle reproduisant le bassin de la mer Rouge et de la mer des
Roseaux, Doron Nof, de l'université de Floride et Nathan Paldor, de celle de
Jérusalem, ont montré que des vents modérés, mais continus, pourraient avoir
rendu franchissable une étendue d'eau de profondeur inférieure à
2,5 m. Un arrêt de ce vent provoquant un retour très rapide à
la situation initiale.
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