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Dogon

Les Dogon sont un peuple du Mali, en Afrique de l'Ouest. Leur population est estimée à 300 000 personnes. Ils occupent la région qui va de la falaise de Bandiagara au sud-ouest de la boucle du Niger. Quelques Dogon sont installés dans le nord du Burkina Faso. Les Dogon sont avant tout des cultivateurs, pratiquant essentiellement du mil. Ils sont réputés pour leur cosmogonie et leurs sculptures.

Le territoire dogon est situé tout entier en zone sahélienne dans la partie occidentale de la boucle du Niger. À l'est de la plaine alluviale, un vaste plateau de grès, d'une superficie de 9 000 kilomètres carrés environ, constitue le cœur de ce pays. Cette région au relief heurté et aux paysages austères se termine abruptement par un escarpement, haut parfois de trois à quatre cents mètres, appelé Falaise de Bandiagara. Au pied de cette falaise, les vagues de sable de la plaine du Séno viennent mourir sous la forme de dunes fixées. Les températures, élevées toute l'année, culminent en avril-mai. La saison des pluies, qui débute en juin et se termine en septembre-octobre, n'apporte que de maigres précipitations (600 mm environ). En conséquence, seule la culture des céréales les moins exigeantes en eau est possible : petit mil, sorgho. Des retenues d'eau , préconisées par Marcel Griaule, permettent des cultures maraîchères de saison sèche dont la plus importante est de loin l'oignon. Ces oignons sont consommés sur place, mais surtout exportés. La rareté des terres arables sur le plateau et dans la falaise a contraint les Dogon à une agriculture méticuleuse et soignée

Histoire

Les Dogon ne sont connus des Occidentaux que depuis moins d'un siècle. Un lieutenant de l'infanterie coloniale, Louis Desplagnes, apporte en 1907 les premiers éléments précis. Mais c'est incontestablement la mission Dakar-Djibouti (1931-1933) qui va révéler au monde l'existence de ce peuple. L'expédition, partie de France le 19 mai, arrive en pays dogon le 28 septembre 1931 . Dès le 29, l'écrivain et ethnologue Michel Leiris, qui tient le journal de la mission, note : « Formidable religiosité. Le sacré nage dans tous les coins. Tout semble sage et grave. » Et le surlendemain, les chercheurs, réveillés en pleine nuit, assistent au spectacle grandiose des funérailles d'un chasseur. Le 25 novembre, la mission quitte le pays dogon, et poursuit son périple à travers l'Afrique. Mais la moisson est riche : de très nombreux objets ont été recueillis, des clichés photographiques et des films réalisés, et des études intensives sur des sujets aussi divers que la société des masques, la religion ou les jeux ont été menées à bien.

Ces missions reprennent après la guerre. En octobre 1946, un vieux chasseur dogon du nom d'Ogotemmêli demande à voir Marcel Griaule. De cette série d'entretiens naîtra le livre le plus célèbre jamais publié sur ce peuple : Dieu d'eau. Véritable tournant de la recherche africaniste, il se propose de révéler les aspects les plus ésotériques de la pensée et du mythe dogon, révélant « au monde blanc une cosmogonie aussi riche que celle d'Hésiode ».

D'après la tradition orale, les Dogon seraient originaires du Mandé (région située au sud de Bamako) et, après une longue migration, auraient atteint la Falaise de Bandiagara. Toutefois, la langue dogon semble appartenir au groupe des langues voltaïques, et non au mandé. La quinzaine de dialectes, parfois très dissemblables, parlés par les Dogon ne plaide pas en faveur d'une origine commune. L'aspect regroupé, fortifié et défensif de leurs villages perchés semble indiquer un habitat-refuge de populations vivant dans la crainte d'attaques ennemies.

Les traditions orales ont pu être complétées récemment par des recherches archéologiques. Elles ont montré que le plateau dogon avait été occupé dès la première moitié du troisième millénaire avant J.-C. par des populations fuyant la désertification du Sahara central et oriental. Celles-ci pratiquaient l'agriculture et utilisaient une céramique caractéristique. Dans le courant du deuxième millénaire, ces habitants sont rejoints par deux autres communautés néolithiques de cultures distinctes. L'une se contentait des ressources de la chasse et de la pêche, l'autre pratiquait en outre l'élevage. Entre le IVe et le IIe siècle av. J.-C. se développe près du village de Sanga la culture Toloy. Elle nous a laissé des greniers construits dans les failles du rocher à l'aide d'épais colombins d'argile superposés, ainsi que des céramiques aux décors obtenus par impression de nattes, de cordelettes torsadées ou de brins végétaux tressés.

Au Xe siècle de notre ère apparaît la culture Tellem, d'après le terme que les Dogon donnent aux habitants qui les ont précédés dans la région.

L'arrivée des Dogon dans la Falaise a sans doute eu pour conséquence le reflux des populations autochtones, comme les Tellem, à la périphérie des massifs. Mais très rapidement les Dogon vont devoir faire face aux pressions exercées par de puissants États qui se développent à leur voisinage. Dès le XVe siècle les Mossi, qui vivent dans le bassin de la Volta blanche, attaquent les Dogon tandis que les Sonraï encerclent le plateau de Bandiagara. À la fin du XVIe siècle, l'expédition marocaine organisée par le sultan Al-Mansur a pour conséquence l'effondrement de l'empire sonraï et ouvre une période d'anarchie dans toute la boucle du Niger.

Fuyant l'insécurité, une partie des populations se réfugie dans les régions montagneuses. Plus tard, au XVIIIe siècle, les Bambara de Ségou et les Touaregs constituent les principales menaces qui pèsent sur les Dogon. La création en 1818 de l'Empire peul du Macina par Sékou Ahmadou représente un danger encore plus pressant. Sa nouvelle capitale, Hamdallahi, s'élève à quelques kilomètres seulement de leur pays. Les villages dogon qui refusent de se convertir à l'islam sont razziés et leur population réduite en esclavage. La chute de l'empire en 1864, sous les coups de boutoir des Toucouleur, est accueillie avec soulagement par les Dogon. La conquête française en 1893 et la pacification qui suivra provoqueront l'abandon de certains sites défensifs et la « descente » progressive des villages vers la plaine.

Religion

Originellement, ils sont animistes. Bien qu’ayant fui pour éviter l’islamisation, les guerriers peuls les appelaient les « Habés » - païens), la majorité des Dogon sont aujourd’hui musulmans même si les pratiques animistes sont encore bien présentes. Une minorité est chrétienne.

Marcel Griaule, ethnologue a étudié les Dogon. En 1936, il a eu des entretiens avec Ogotemmêli, un hôgon, chef religieux. À partir de ces entretiens, il a publié plusieurs livres, dont le célèbre "Dieu d'eau" (Fayard), sur la cosmogonie dogon.

Les Dogon croient en un dieu unique, Amma. Il créa la terre et en fit son épouse qui lui donna un fils, Yurugu ou le « Renard pâle? ». C’était un être imparfait qui ne connaissait que la première parole, la langue secrète sigi so. La terre donna ensuite à Amma un second enfant appelé Nommo. Celui-ci était à la fois mâle et femelle. Maître de la parole, il l’enseigna aux huit premiers ancêtres des hommes, 4 couples de jumeaux, nés d'un couple façonné dans l'argile par Amma.

Les Dogon considèrent que l’origine du monde vient d’une étoile nommée Digitaria, voisine de Sirius (appelée Sigui tolo). Ce serait la plus petite et la plus lourde des étoiles et contiendrait le germe de toute chose. Cette étoile serait Sirius B, une naine blanche, effectivement une étoile très denses et très lourde mais celle-ci ne fut découverte qu'en 1844 par Friedrich Wilhelm Bessel et Alvan Clarke qui calculèrent que sa révolution autour de Sirius était d’environ 50 ans. 60 ans est la durée entre deux cérémonies du Sigui, la principale cérémonie des Dogon.

De plus, selon la cosmogonie dogon, Sirius aurait un deuxième satellite, mais il fallut attendre 1994 pour que Jean-Louis Duvent et Daniel Benest, astronomes à l’observatoire de Nice, guidés par des irrégularités de mouvement de Sirius, acquièrent la conviction de l’existence d'une seconde planète satellite.

Culture

La langue parlée par les Dogon regroupe plusieurs dialectes. Il existe aussi une langue secrète, le sigi so, langue réservée à la société des masques. Les Dogon sont liés avec l’ethnie des Bozos par la parenté à plaisanterie. Dogon et Bozos se moquent réciproquement mais parallèlement se doivent assistance.

La togouna, maison à parole, est une construction présente dans chaque village, sous laquelle les hommes du village, et plus particulièrement les anciens, se réunissent pour parler des affaires du village. Sa taille basse oblige les hommes à s’asseoir et interdit l’emportement (en se levant brusquement, on se cogne le crâne). Elle est constituée de 8 piliers en bois sur lesquels reposent jusqu'à huit couches de chaume. Le nombre 8 fait référence au nombre des premiers ancêtres Dogon. Des symboles Dogon sont sculptés sur les piliers.

Le rite funéraire se déroule en trois temps:

  • Lors du décès, un enterrement est organisé. Les anciennes habitations des Tellem perchées dans la falaise servent de cimetière. Le corps du défunt est lavé avant d'être inhumé. Son âme reste dans le village.
  • Quelques mois plus tard, sont organisées des funérailles qui permettent à la famille et aux proches de rendre un hommage au défunt. Son âme quitte alors la maison familiale mais continue d’errer dans les alentours.
  • Le troisième temps est le dama. Cette cérémonie est collective et concerne toutes les personnes décédées au cours des années précédentes (le dama est organisé tous les 3 à 5 ans). Les âmes sont appelées à rejoindre les ancêtres. Au cours de la cérémonie qui dure trois jours, les différents masques sont sortis et défilent et dansent dans le village. Cette cérémonie marque la fin du deuil.

Les cérémonies du Sigui ont lieu, chez les Dogon, tous les soixante ans. Elles se déroulent sur sept ans. Les prochaines auront lieu en 2027). Il s’agit d’un important rituel de régénération. Elles commémorent la révélation de la parole orale aux hommes, ainsi que la mort et les funérailles du premier ancêtre. Jean Rouch a réalisé plusieurs films lors des dernières fêtes entre 1967 et 1974.

La « société des masques » appelée Awa dirige les danses masquées organisées lors des différentes cérémonies. La société comprend tous les hommes. Les garçons y entrent après la circoncision. Les femmes ne sont pas admises dans cette société, sauf celles nées l'année du sigui.

Le hogon est le chef religieux du village dogon. La société dogon est patrilinéaire. Les descendants d’un ancêtre commun font partie d’une ginna qui regroupe tous les adultes mâles, leurs femmes et leurs enfants. La ginna inclut également les maisons de famille et les champs leur appartenant. Le chef, le ginna bana, est l’homme le plus âgé.

L'architecture dogon est spécifique. La plupart des villages sont implantés dans la falaise, et accessibles uniquement par des chemins escarpés qui empruntent les failles du plateau.

La case traditionnelle est organisée autour d'une cour, chaque femme ayant son grenier auquel le mari n'a pas accès. Le grenier du mari sert à conserver le mil, le grenier des femmes sert, lui, à conserver les condiments et différents objets. Les greniers sont clairements identifiables par leur toiture en seko (paille), celui du mari étant le plus important.

Mode de vie

Les Dogon cultivent le mil, le sorgho et le riz, ainsi que des oignons et quelques autres légumes. Le mil est la base de leur alimentation. Ils élèvent du petit bétail, surtout des moutons et des poulets.

Le tissage du coton est l’affaire des hommes. Les tisserands installent leur métier à tisser sur la voie publique.

Dans les villages, le marché a lieu tous les 5 jours, ce qui correspond à la semaine dogon.

La lutte traditionnelle est très pratiquée par les garçons et les jeunes hommes. Des tournois réguliers sont organisés entre quartiers et entre villages.

Aujourd'hui, l'islamisation, la délocalisation des villages, le tourisme et l'arrivée du monde moderne ont pour conséquence l'abandon progressif des coutumes et des croyances. Cette acculturation s'accompagne, notamment dans la région de Sanga, d'une déstructuration sociale assez sensible. Les Dogon ont jusqu'alors réussi à résister à tous les envahisseurs et à garder, étonnamment préservé jusqu'au plein cœur du XXe siècle, un corpus de conceptions animistes hautement élaborées. Nul ne peut prédire s'ils sauront, au cours du siècle qui s'ouvre, relever le nouveau défi qui se présente à eux : conserver leur identité.


Cet article fait partie des généralités sur l'Afrique

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