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Les films de l'année 2005
Ronit Elkabetz
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Films sortis en France, en 2005, par ordre alphabétique
- Akoibon de Édouard Baer
- Les Amants réguliers de Philippe Garrel
- Broken Flowers, de Jim Jarmush
- Caché , de Michael Haneke
- Le Cauchemar de Darwin, d'Hubert Sauper (sorti à Venise en 2004)
- Charlie et la chocolaterie , de Tim Burton,
- Le Château ambulant de
Hayao Miyazaki
- Cindy, The Doll is Mine de Bertrand Bonello (court métrage)
- Collision (Crash) de Paul Haggis (sorti en 2004 aux USA)
- Le Couperet, de Costa-Gavras,
- De battre mon coeur s'est arrêté, de Jacques Audiard
- Douches froides de Anthony Cordier
- L'Enfant , de Luc et Jean-Pierre Dardenne
- Gabrielle de Patrice Chèreau
- Gentille, de Sophie Filières
- Le Goût du thé (cha no aji) de Katsuhito Oshii
- La Guerre des Mondes , de Steven Spielberg
- A History of Violence, de David Cronenberg
- Joyeux Noël , de Christian Carion
- Lemming , de Dominik Moll
- Lord of War d'Andrew Niccol
- Manderlay , de Lars van Trier
- La Marche de l'empereur , de Luc Jacquet
- Match
Point , de Woody Allen
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- Mémoires
d'une geisha, de Rob Marshall
- Million Dollar Baby
, de Cleant Eastwood
- Mon
petit doigt m'a dit... de Pascal Thomas
- La
Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu
- La
Moustache, d'Emmanuel
Carrère
- Mysterious
Skin de Gregg Araki
- Le
Nouveau Monde (The New World), de Terrence Malick
- Palais
Royal ! de Valérie Lemercier
- Le
Parfum de la dame en noir de Bruno Podalydès
- Peindre ou faire l'amour
de Arnaud et Jean-Marie Larrieu
- Le
Petit Lieutenant de Xavier Beauvois
- Les
Poupées russes de Cédric Klapisch
- Prendre femme , de
Ronit & Shlomi Elkabetz
- The
President's Last Bang , de Im Sang-soo
- Le Promeneur du Champ de Mars
, de Robert Guédiguian
- Le
Temps qui reste de François
Ozon
- Terre
promise de Amos Gitaï (sorti à Venise en 2004)
- Tideland,
de Terry Gilliam
- La
Trahison de Philippe Faucon
- Un
couple parfait de Nobuhiro Suwa
- Va,
vis et deviens de Radu Mihaileanu
- La
Vie aquatique de Wes Anderson (sorti en 2004 aux USA)
- Voici
venu le temps d' Alain Guiraudie
- Willenbrock,
le roi de l'occase de Andreas Dresen
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* Le Château
ambulant, (Hauru no ugoku shiro) de Hayao Miyazaki, film d'animation
japonais, sorti en 2005, durée 119 mn, inspiré du roman
"Le château de Hurle" de l'Anglaise Diana Wynne Jones, voix originale
de Chieko Baisho, Takuya Kimura, Akihiro Miwa.
| Sophie,
vit dans la petite ville de Market Chipping avec sa belle mère et ses deux soeurs,
Lettie et Martha. A la mort du père, la belle-mère met en apprentissage les
deux jeunes surs et garde Sophie pour l'aider dans son magasin de chapeaux.
Dans le même temps, un château magique s'est installé à coté
de la ville. Il est réputé être habité par un sorcier mystérieux. Au cours
d'une livraison en ville, Sophie échappe à des démons à
l'aide d'un séduisant jeune homme. |  |
Jalouse des talents de Sophie, une sorcière la maudit
et la transforme en une vielle femme. Dans l'impossibilité de s'expliquer , Sophie
s'enfuit de la ville. Vieille et fragile, elle lutte pour marcher loin de la ville
et doit se résoudre de trouver abri dans le château du sorcier Howl. Elle y est
admise par Calcifer, le démon de feu qui est condamné à faire vivre et bouger
le château.
Le sorcier Howl est en fait le jeune homme aperçu en
ville. Il utilise toute son énergie pour lutter contre les autres sorciers
et tenter de mettre fin à la guerre meurtrière qui règne
entre les deux royaumes voisins.
Un pacte est conclu entre Sophie et Calcifer:
si elle trouve comment briser le contrôle du démon, il la libérera de la
malédiction.
"Le château ambulant" est un film fantastique et baroque,
situé dans une Europe imaginaire du XIXe siècle et influencé par
des histoires de sorcellerie moyenâgeuse, des contes d'amour romantique
et des récits japonais de guerre et d'initiation.
Miyazaki a trouvé
une histoire lui permettant de laisser libre cours à toute les ressources
de son imagination. La multiplicité des décors naturels et des architectures,
les machines délirantes, les personnages à l'apparence changeante constituent
un terrain idéal pour mettre en œuvre l'audace des choix esthétiques, la virtuosité
du trait, et la poésie du dessin en 2D qui caractérisent ses films. Le scénario
est très riche, conçu comme pour un film d'auteur et quelquefois
touffu.
Le goût du réalisateur pour les incessantes métamorphoses rendent
la narration haletante. Ainsi Sophie, transformée en vieille femme, passe
suivant les circonstances et les sentiments des personnages par toute les nuances,
depuis la femme adulte jusqu'à la vieillarde rabougrie. Ce film peut être
vu à différents niveaux et à tout âge (sauf par les
tout-petits). Il est exempt des niaiseries disneyennes et du manichéisme américain
par la profondeur et l'ambiguïté des personnages, le jeu sur les codes du conte,
les évocations mythologiques, la diversité des atmosphères mentales.
Voir
la filmographie complète de Hayao
Miyazaki
*
Prendre femme , de Ronit & Shlomi Elkabetz, film israëlo-français,
sorti en 2005, durée 97 mn,
avec Ronit Elkabetz
(Viviane Simon Abkarian (Eliahou), Gilbert Melki (Albert), Dalia Beger (Dona),
Omer Moshkovitz (Gabrielle), Valérie Zarrouk (Yvette), Carl Zrihen (Victor), Yehiel
Elakabetz, Solika Sabag, Itai Tamir.
Prendre femme a remporté le
Prix de la critique et le Prix du public à la Mostra de Venise 2004. La même année,
l'actrice-réalisatrice Ronit Elkabetz a reçu le Prix d'interprétation féminine
au Festival de Jérusalem.
L'histoire se déroule
en Israël , à Haïfa, en juin 1979 durant les 3
jours qui précèdent l'entrée du Shabbat, dans une famille de juifs d'Afrique du
Nord. À l'époque, après la venue du Président égyptien Anouar
El Sadate à la Knesset apparaissait pour la première fois, une espérance de tous
les possibles. Dehors c’est la paix, à l’intérieur de la maison chacun mène sa
guerre.
Une fois encore, Viviane est sur le point de quitter Eliahou, son
époux. Une fois encore, ses frères réussissent à la persuader que sa place est
auprès de son mari, ses enfants et sa famille. Fatiguée de cette existence qui
dénie ses rêves et ses droits, lasse de cet époux qui privilégie les traditions
juives au détriment de la modernité et de leur vie de couple, Viviane reste,
mais elle est à bout.
Au même moment, Albert, un homme qu'elle a aimé, mais qui n'a pas voulu s'engager,
resurgit dans sa vie. Un homme ayant su, l'espace d'un trop bref moment, lui offrir
ce que tous les autres hommes de sa vie lui avaient toujours refusé : la liberté
d'être elle-même. Les deux réalisateurs, frère et sur,
se sont inspiré de leur enfance et de leurs parents. C'est à la
fois un film très intimiste et un témoignage sur l'évolution
de la culture juive et son choc avec les exigences de la vie moderne. C' est
le portrait d’une femme qui cherche à briser les barrières sociales et se battre
pour l’amour, la féminité, le couple et les émotions étouffées par la routine
du quotidien et des obligations. | 
Ronit Elkabetz et Gilbert Melki |
C’est
aussi l’histoire d’un homme qui essaie de mener sa vie, de la diriger dans la
direction voulue et qui trébuche sans fin sur des obstacles internes. Il veut
maintenir les anciennes traditions et il est incapable de se défaire des conventions
strictes dans le respect desquelles il a été élevé et qui l’emprisonnent désormais.
Beaucoup de ces affrontements tournent autour de la cuisine et de la nourriture,
point important du Shabbat.
La V.O. est déterminante
pour ce film qui alterne, quelquefois dans la même phrase, l'hébreu
et le français, en fonction de la situation, de l'interlocuteur, de l'humeur
et du sujet. Quelques mots d'arabe de Tunisie complète le tableau.
* Le Promeneur du
Champ de Mars, de Robert Guédiguian, sorti en 2005, librement inspiré
du témoignage de Georges-Marc Benamou, "Le dernier Mitterand"; avec Michel
Bouquet (François Mitterrand), Jalil Lespert (Antoine Moreau), Philippe Fretun
(Docteur Jeantot), Anne Cantineau (Jeanne), Sarah Grappin (Judith), Catherine
Salviat (Mado), Jean-Claude Frissung ( René).
C'est l'histoire d'une fin de règne et d'une
fin de vie : celle de François Mitterrand, dont le nom n'est pourtant jamais cité.
Alors que le Président livre les derniers combats face à la maladie, un jeune
journaliste passionné tente de lui arracher des leçons universelles sur la politique
et l'histoire, sur l'amour et la littérature, mais aussi tente de lui arracher
sinon des aveux du moins des justifications sur son passé de Vichy.
Ce journaliste vit dans l'attente de ses rendez-vous rares mais intimes avec le
Président au point de laisser tomber sa compagne, enceinte. Le film
ne montre ni l'épouse, ni les maîtresses ni les fils, évoque
à peine la fille cachée et l'exercice du pouvoir. Il est pourtant
dense et se concentre sur quelques amis, le médecin, le garde du corps
et surtout sur les rapports du Président avec la maladie, la mort prochaine,
le passé, la trace qu'il laissera dans l'histoire. On le voit même
étudier et critiquer les dernières paroles des Grands de ce monde
sur leur lit de mort. |  |
Mais il s'agit surtout de rendre compte d'un isolement
choisi par l'homme. Il refuse l'hospitalisation et réduit le personnel
à son service. Il se dit finalement satisfait d'occuper la seule place
encore vacante du caveau de famille. Il envisage le vertige d'être un de ces gisants
dont il aime palper la pierre à la basilique Saint-Denis.
Il est en constant
commerce avec le passé. Le sien propre et celui du pays qu'il dirige. Pays où
vibre encore l'esprit d'écrivains démodés (Péguy, Léon Blois, et Chardonne avec
Les Destinées sentimentales).
Robert
Guédiguian déclare: "François Mitterrand a incarné la possibilité du socialisme
en France et en Europe au moment même où les pays socialistes s’effondraient dans
le monde entier. Il a, qu’on le veuille ou non, qu’elles qu’aient été, dans son
destin, les parts de conviction et d’ambitions personnelles, rendu le rêve socialiste
crédible pendant une longue décennie. Cette décennie, je l’ai vécue avec obstination.
Poser à nouveau, aujourd’hui, la question d’une alternative au capitalisme mondialisé
à travers un personnage historique me semble être en droite ligne (devrais-je
dire en gauche ligne) avec tout ce que j’ai tenté de faire jusqu’à présent : c’est-à-dire
participer à travers le cinéma aux interrogations de notre époque."
* De battre mon coeur s'est arrêté,
de Jacques Audiard, sorti le 16 mars 2005, durée
110 mn, scénario de Jacques Audiard et Tonino Benacquista, musique de Alexandre
Desplat ; avec Romain Duris (Tom), Aure Atika (Aline), Emmanuelle Devos (Chris),
Niels Arestrup (Robert, le père), Jonathan Zaccaï (Fabrice), Linh Dan Pham
(Miao Lin ); Mélanie Laurent.
A 28 ans, Tom semble marcher sur les traces
de son père dans la branche immobilière, c’est-à-dire en poussant toujours plus
loin les limites de la légalité pour engendrer le profit : magouilles, délogement
musclé de locataires indésirables et négociations financières impitoyables forment
son quotidien. Ses relations sentimentales et ses copains sont aussi placées
sous le signe de la magouille, du fric et des apparences. Une rencontre fortuite
le pousse à croire qu’il est encore temps pour lui de devenir autre chose, et
plus précisément le pianiste concertiste qu’il rêvait d’être, à l’image de sa
défunte mère. Sans cesser ses activités, il prépare une audition, avec une jeune
chinoise immigrée de fraîche date. Elle ne parle pas français
et la communication avec elle est très difficile. Sous ce portrait
dont les contrastes pourraient sembler forcés, des conflits intimes se nouent.
Tom est encore jeune, mais il a vécu, il est déjà formé, déformé. Malfrat, il
l'est par son père, qui lui a montré l'exemple et le tient comme un chien en laisse,
dressé pour lui rendre service. Musicien, il l'a été des années plus tôt grâce
à sa mère, qui lui a fait apprendre le piano, mais qui est morte. La mauvaise
éducation, la bonne. Mais le film ne tombe pas dans la caricature, l'opposition
est rapidement plus nuancée. Du côté des hommes, la cruauté se fait facilement
attirante, jouissive. Une ambiguïté qu'incarne parfaitement le père. Dans cet
univers masculin, les combats sont explicitement castrateurs, et pourtant Tom
peut avoir l'illusion qu'ils sont formateurs. Du côté des femmes, il pourrait
apprendre autre chose, une partition plus complexe. Mais il n'est certainement
pas capable de la maîtriser d'instinct. Et avec qui se lancerait-il, de toute
façon, dans ce milieu où les filles sont juste des coups ? | 
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Comme
image forte, il y a Tom, habillé en Dior, mais avec une tache de sang sur
sa chemise blanche. Tom lui-même est tantôt séduisant et tantôt tête à claques.
Audiard aime ce personnage, téméraire, orgueilleux, qui donne des coups et reçoit
des leçons de la vie. C'est vrai qu'il devient attachant, fort, passant de l'ignoble
à l'espoir. Là où son héros rêve de rompre radicalement avec son destin de voyou,
il montre qu'il y a, au contraire, un mélange entre vie d'avant et vie d'après.
Avec le personnage de Tom, Jacques Audiard dessine aussi le portrait, sec
et précis, d’un milieu affairiste français. Un milieu raidi par la course
aux profits et la morgue qui s’y rapporte.
Avec ce film, Jacques
Audiard atteint sa maturité et termine peut-être de régler
ses comptes avec ses parents. Son cinéma est précis, efficace et
parfaitement en phase avec son propos
*
Million Dollar Baby, de Clint Eastwood, sorti en 2005, durée 132
mn , scénario de Paul Haggis d'après F.X. Toole (Jerry Boyd), musique
de Clint Eastwood, images Tom Stern;
avec Clint
Eastwood ( Frankie Dunn), Hilary Swank ( Maggie Fitzgerald), Morgan Freeman (
Eddie Scrap ), Jay Baruchel (Danger Barch), Mike Colter ( Big Willie Little),
Lucia Rijker ( Billie 'The Blue Bear'), Brian F. O'Byrne ( Father Horvak ), Anthony
Mackie (Shawrelle Berry), Margo Martindale ( Earline Fitzgerald), Riki Lindhome
( Mardell Fitzgerald), Michael Pena ( Omar )
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Rejeté depuis longtemps par sa fille, l'entraîneur Frankie Dunn s'est replié
sur lui-même et vit dans un désert affectif, en évitant toute relation qui pourrait
accroître sa douleur et sa culpabilité. Il entretient une relation conflictuelle,
mystérieuse et quasi-quotidienne avec un prêtre. Le jour où
Maggie Fitzgerald, 31 ans, l'aborde dans une salle de combat puis pousse la porte
de son gymnase à la recherche d'un coach, elle n'amène pas seulement avec elle
sa jeunesse et sa force, mais aussi une histoire jalonnée d'épreuves et une exigence,
vitale et urgente : monter sur le ring, entraînée par Frankie, et enfin concrétiser
le rêve d'une vie. Après avoir repoussé plusieurs fois sa demande, Frankie
se laisse convaincre par l'inflexible détermination de la jeune femme. Alors
s'installe entre eux une relation mouvementée, tour à tour stimulante et exaspérante,
au fil de laquelle Maggie et l'entraîneur se découvrent une communauté d'esprit
et une complicité inattendues. La marche triomphale de Maggie vers le titre
mondial butte sur un dernier obstacle qui détruit son espoir, sa carrière
et son corps même. Trahie par sa famille, elle abandonne la vie en gardant
le souvenir de son meilleur combat. Clint Eastwood signe là un film
remarquable, et surprenant à plus d'un titre. La technique est époustouflante,
les combats sont rendus avec un réalisme et une présence saisissante.
Pour parfaire sa prestation Hilary Swank a travailler plus de trois mois
pour se préparer au rôle de Maggie. L'actrice travailla ainsi avec Hector Roca
au Gleason's Gym de Broadway. Celui-ci a coaché de nombreux champions du monde,
et la comédienne a également eu droit à de longues séances quotidiennes de musculation
sous le contrôle de l'entraîneur et haltérophile Grant Roberts. Durant cette période,
Hilary Swank eut notamment pour sparring-partner la quadruple championne du monde
Lucia Rijker. |
Sur le fond de l'histoire,
Eastwood, qui passe pour un Républicain proche de Bush, adopte des positions étonnantes:
le prêtre ne répond à aucune des questions de Frankie, qu'elles soient pratiques
ou philosophiques.
Le mythe de la réussite possible en partant de rien en
prend en coup , car les magouilles et l'argent forment des obstacles quasi-impossibles
à surmonter.
La famille pauvre est lâche , calculatrice et sans pitié. La
médecine ne fait pas de miracle et en fin de parcours l'euthanasie apparait comme
la moins mauvaise des solutions.
Onze ans après Impitoyable,
Clint Eastwood a de nouveau triomphé lors de la 77e cérémonie des Oscars, se retrouvant
pour la seconde fois de sa carrière récompensé par l'Oscar du Meilleur réalisateur.
Million dollar baby a pour sa part été sacré Meilleur film par l'Académie,
tandis que Hilary Swank, déjà auréolée d'un Oscar pour sa prestation dans Boys
don't cry, et Morgan Freeman ont respectivement remporté la fameuse statuette
en or dans les catégories Meilleure actrice et Meilleur second rôle masculin.
Le film a reçu trois autres nominations.
Et pourtant les studios Warner
Bros. avec lesquels Clint Eastwood est lié depuis plus d'une trentaine d'années
se sont engagés tardivement sur le projet, ne le trouvant pas assez rentable financièrement.
Les principaux fonds nécessaires à la production de Million dollar baby proviennent
des sociétés Lakeshore Entertainment et Malposo, à l'initiative du film.
* Lemming , de
Dominik Moll; sorti le 11 mai 2005; scénario de Dominik Moll, Gilles Marchand;
production Diaphana et France 3 Cinéma, directeur de la photographie Jean-Marc
Fabre; ouverture du Festival de Cannes 2005;
avec Laurent Lucas (Alain Getty),
Charlotte Gainsbourg ( Bénédicte Getty), Charlotte Rampling (Alice Pollock ),
André Dussollier (Richard Pollock), Jacques Bonnaffé (Nicolas Chevalier ), Véronique
Affholder (Francine)
Alain Getty est un jeune et brillant ingénieur
en domotique, co-inventeur d'une fabuleuse « web-cam volante autonome» qui travaille
au sein de l'entreprise Pollock SA. Avec sa femme Bénedicte, ils sont récemment
installés dans une nouvelle ville, "Bel-Air", en grande banlieue de Toulouse et
reçoivent à dîner le patron d'Alain, Richard Pollock, et son épouse Alice. Le
repas est une jolie scène, entre satire sociale et absurde ordinaire. Les deux
invités sont très en retard et une violente dispute entre Richard et Alice interrompt
le repas. Cette rencontre perturbe l'harmonie du jeune couple. La découverte
du cadavre d'un mystérieux rongeur dans l'évacuation bouchée de leur évier semble
aussi apporter une touche de mystère et de surnaturel dans leur vie bien rangée,
d'autant plus qu'il s'agit d'un lemming, espèce présente seulement au nord du
cercle polaire. Alice s'impose brutalement dans leur vie jusqu'à se suicider dans
leur chambre d'amis, bouleversant le cours de leur vie. Acceptant l'invitation
de Richard d'aller se ressourcer dans son chalet, près d'un lac au pied
du Pic d'Ossau, le jeune couple s'installe mais Bénedicte entame un jeu
pervers de réincarnation d'Alice et disparait dans la nuit. Ce jeu
se terminera par un crime, semble-t-il parfait, en tous cas impuni. Cinq
après Harry, un ami qui vous veut du bien,
Dominik Moll signe un film plus travaillé, mais moins plaisant et plus
exigeant aussi, car il nous dérange en évoquant cruellement les
questions de la culpabilité et de la fidélité. Il nous
raconte la quasi impossibilité du couple parfait, fusionnel ou éternel,
en l'illustrant par le jeune couple et dénonce l'illusion des "arrangements"
des vieux couples infidèles. Le film touche à la fois à la psychologie,
voire à la psychanalyse en décrivant un cas limite de transfert. Le film présente
des aspects surnaturels, mais il semble que ce soit une fausse piste introduite
par les scénaristes pour intriguer le spectateur, car à la fin du film, chaque
élément peut être expliqué rationnellement, en y incluant les rêves et les hallucinations.
Ce qui est certain c'est que le lemming du titre joue le rôle du Mac
Guffin des films d'Alfred Hitchcock. Les références à David Lynch sont aussi
à noter. | 
Chalotte Gainsbourg et Laurent Lucas 
Les scènes du chalet de montagne ont été tournées
au lac de Bious Artigues. Charlotte a été doublée, pour
les scènes de nage dans les eaux froides du Lac, par Marion Paroix, une
fille du Pays d'Ossau (au centre sur la photo) |
La lente
maturation du film dans un article
remarquable de Télérama
*
Peindre ou faire l'amour de Arnaud et Jean-Marie Larrieu,
sorti le 24 août 2005, avec : Sabine Azéma (Madeleine), Daniel Auteuil (William),
Sergi López (Adam), Amira Casar (Eva); présenté en sélection
officielle à Cannes 2005
William et Madeleine forment un couple sans histoire
dans la périphérie de Grenoble: bourgeois sans luxe, et presque sans enfant, leur
fille unique est partie vivre en Italie. Lui est météorologiste en (pré)-retraite,
angoissant un peu devant tout ce temps libre offert. Elle dirige une entreprise
de peinture, mais qui lui laisse assez de temps libre pour poser son chevalet
d'amateur au milieu d'un pré, face aux monts du Vercors. Quand un homme fait irruption
dans son cadre, elle est disponible, la seule compagnie du paysage ne lui suffit
visiblement pas. L'homme, Adam, est aveugle et maire du village voisin. Il incite
Madeleine à voir une belle maison délabrée mais charmante et à vendre. William
la visite à son tour et décide rapidement de l'acheter et de la rénover. Adam
et sa compagne Eva sont deviennent les amis de William et Madeleine. L'ambiguïté
et la sensualité s'installent doucement et se montre au grand jour quand Eva dit
son désir de poser pour Madeleine et se déshabille. Le
destin se présente sous forme d'un incendie qui détruit la maison
d'Adam et conduit les deux couples à vivre sous le même toit.
L'échangisme, ou plutôt l'amour à quatre s'installe délicatement et reste pudique
et timide, les moments impudiques surgissant par surprise.
Sergi López, garde un peu de l'inquiétante influence de Harry,
un ami qui vous veut du bien pour suggérer une manipulation satanique,
mais celle-ci ne se révèle finalement pas: chacun a en lui ses fantasmes et les
réalise comme il peut. Les prénoms sont évidents: Adam et Eva ne représentent
que le péché originel et finalement véniel. La fin du film
montre que chaque couple peut garder sa liberté et sa fraîcheur de
vivre. Ce film est parfois lent ou langoureux
suivant les goûts. Le charme des paysages, la délicatesse du jeu
des acteurs en font un spectacle agréable, même si le manque d'audace
fait passer les frères Larrieu à coté du chef d'uvre. |  |
Citation des frères Larrieu:
"On éprouvait
devant les comédiens la sensation qu'un musicien de jazz doit éprouver devant
un "standard" : à la fois simple, clair, connu de tous et en même temps susceptible
d'être interprété de mille et une manières jusqu'à se réinventer sous nos yeux",
notent-ils. "C'est aussi ce qu'éprouvent les personnages face au temps qui passe
et aux saisons qui reviennent : un mélange incroyable de souvenirs et de nouveauté.
William travaillant à Météo France, nous appelions ça le suspense météorologique
du film.
Contre toute attente, et malgré les prévisions concernant l'automne
de leur vie, les personnages se retrouvent embarqués dans des courants instables,
printaniers... Imprévisibles. L'adolescence retrouvée de William et Madeleine,
c'est l'émoi partagé des premières fois. Un couple sans peur et sans reproche."
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