Histoire du Col du Tourmalet

Le Col du Tourmalet est le plus haut col routier des Pyrénées situé entièrement en France (2 114 m).
Ses coordonnées géographiques sont 42° 55' N, 0° 09' E. Il s'agit d'un col de transfluence d'origine glaciaire.
Il est dominé par le pic du Midi de Bigorre au nord (2 872 m) et au sud par le Pic d'Espade (2 467m).
Il permet de relier les hautes vallées de l'Adour (Bagnères-de-Bigorre / Campan / La Mongie) à l'est et du gave de Pau à l'ouest (Luz-Saint-Sauveur / Barèges).
Il est en général fermé à la circulation début décembre et rouvert vers début juin.
Origine du nom: Tourmalet signifie « mauvais détour ».

Bien avant que les cyclistes se lancent à l'assaut des cols Pyrénéens, le Tourmalet faisait déjà parler de lui.
Parcouru de tout temps par les bergers, les pèlerins ou les colporteurs, il obtient ses lettres de noblesse en 1675. Mme de Maintenon, franchit le Col pour la première fois en chaise à porteurs. La route de la vallée des Gaves, de Luz à Barèges étant très dangereuse et coupée par une crue, il ne reste plus que cette solution pour aller "prendre les eaux" à Barèges afin de soigner le Duc de Maine.
Il faudra attendre 1736 pour qu'une route sûre relie Barèges à Luz.

La modernisation du chemin qui passe au col attend le milieu du XIXe siècle: La route thermale, une étape qui marque l'histoire et le début d'une grande aventure dans les Pyrénées. Elle est inaugurée le 30 août 1864, au sommet du Col. Les travaux avaient été financés par Napoléon III en 1859.
Raymond de Carbonière, célèbre botaniste, fut un fidèle visiteur en 1874, lorsqu'il se rendait au Pic du Midi, site déjà très convoité par la science.


Dans les années 1920, quelques rares voitures se lancent à l'assaut du Col;
au centre le Pic d'Espade (2467m)

De hardis promeneurs continuent sur la route qui conduit au Pic du Midi ;

Madame de Maintenon et le Duc de Maine

Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon (1635-1719), est une aristocrate française.
Petite-fille d'Agrippa d'Aubigné, elle reçut une éducation protestante et se convertit au catholicisme en 1649.
Elle épousa en 1652, pour des raisons financières, le poète français Paul Scarron, s'intégrant ainsi à un brillant réseau littéraire, dont faisaient également partie Madame de Sévigné et Madame de La Fayette.

Sans ressources à la mort de son mari, elle fut nommée, en 1660, gouvernante des enfants illégitimes de Louis XIV et de Madame de Montespan ( Le Duc de Maine et le Duc de Penthièvre); ces enfants seront reconnus et même légitimés comme successeurs possibles du Roi.

En 1675, le Duc de Maine (1670-1736) est atteint d'une infirmité qui l'oblige à aller se faire soigner à Barèges. Madame de l'accompagne et réalise donc le premier passage historique et princier du Col du Tourmalet. Par la suite, ils se rendront à deux autres reprises à Barèges.
La chronique nous indique que lors de ses trois séjours, Madame de Maintenon rédige de nombreuses et longues lettres à Louis XIV, et qu'elle se signale à lui par son esprit brillant. Elle aura donc séduit le Roi plus par ses qualités intellectuelles que par son physique.

En 1679, elle supplante Madame de Montespan en devenant elle-même la maîtresse du roi.

À la mort de la reine Marie-Thérèse en 1683, Louis XIV l'épouse secrètement. Madame de Maintenon règne sur la cour de France et exerce une influence prépondérante sur le Roi dans les domaines religieux et politique. À la mort de Louis XIV en 1715, elle se retire à Saint-Cyr, où elle avait fondé, en 1686, une maison où étaient éduquées des jeunes filles nobles mais sans fortune.
Cette maison est le sujet de l'excellent film de Patricia Mazuy Saint Cyr .

De nos jours, le souvenir de Madame de Maintenon se perpétue à travers le nom de plusieurs rues, hôtels ou résidences.
Sur le versant est du Tourmalet, on trouve même une piste ( verte !) qui emprunte son ancien itinéraire à chaise à porteurs: La traversée Maintenon


Le Tour de France et le Col du Tourmalet

Le Col du Tourmalet fait partie intégrante de la "légende du Tour". Alors que les premiers Tours n'osent pas aborder la haute montagne, le pas est franchi en 1910 avec la première grande étape pyrénéenne.
De 1910 à 2010, le Tour de France l'a franchi à 76 reprises, dont un double passage en 1974 et en 2010.

En plus des passages par le sommet du Tourmalet, le Tour de France a fait trois fois étape sur les pentes du Tourmalet, à La Mongie : en 1970 avec la victoire de Bernard Thévenet, en 2002 et en 2004.

On se souviendra d'Octave Lapize qui passa en tête le Col du Tourmalet le 21 juillet 1910, au cours de la grande étape Bayonne/Luchon (325 km), pour la première ascension de l'histoire du Tour. Les vélos du Tour d'alors n'avaient pas de dérailleurs.

Mais sans rabaisser Octave Lapize, vainqueur de Luchon-Bayonne en 1910, ni Gustave Garrigou qui avait escaladé le Tourmalet sans descendre de son vélo Alcyon, il faut rendre hommage à Marthe Hesse. Amie de Vélocio, fondateur du cyclotourisme à la fin du XIXème siècle, elle avait été engagée par celui-ci au 2ème rassemblement du Touring-Club de France organisé en août 1902 à Tarbes. Le but de cette manifestation était d’encourager les différentes marques de vélos à développer le dérailleur.

En 1895, Jean Loubeyre a conçu le « Polycelere », le premier vrai dérailleur, qui a été inscrit au catalogue de la Compagnie Générale des Cycles. Mais il fut interdit par Henri Desgrange, organisateur du Tour. C'est seulement en 1937 que l’usage du dérailleur a été autorisé pour le Tour de France. Le seul modèle approuvé alors était le « Super-Champion » de l’ancien coureur cycliste Oscar Egg.

Les coureurs de 1902 roulaient tous sur des vélos de la marque « Gauloise », avec des systèmes de démultiplications différents. Mademoiselle Hesse avait enfourché une bi chaîne à 3 vitesses qui pesait 16kg 500. Son changement de vitesse comportait trois pignons lui permettant de développer respectivement 5m 85, 4m 10 et 2m 75. C’est évidemment sur ce dernier développement que la jeune femme parvint au sommet du Tourmalet depuis Luz-Saint-Sauveur, sans avoir jamais mis pied à terre. Seuls trois hommes réussirent le même exploit lors de cette course Tarbes-Tourmalet-Bagnères-Lourdes-Tourmalet-Tarbes.

En 2010 pour commémorer le centenaire de la première ascension, le col du Tourmalet est exceptionnellement gravi deux fois: le mardi 20 juillet 2010, au cours de la 16e étape Luchon-Pau (Christophe Moreau en tête), et comme point d'arrivée, le jeudi 22 juillet, pour la 17e étape Pau-Col du Tourmalet (vainqueur Andy Schleck).


Lance Armstrong, Tour 2002


Les attardés du "Groupetto", sous la pluie, à Gripp, Tour 2004
Le casque est devenu obligatoire.


Affiche commémorative, évoquant à la fois le premier passage en 1910
et l'exploit de Marthe Hesse en 1902, surpassant les hommes.
L'affiche originale avait été éditée en 1902 par la firme Terrot.

De nombreuse légendes ont marqué l'histoire de ce Col, on cite encore aujourd'hui le courage exemplaire d'Eugène Christophe, dans le Tour de 1913, qui, après avoir brisé sa fourche au début de la descente du Col, marcha jusqu'à Sainte-Marie de Campan où il effectua lui-même sa réparation dans la forge d'Alexandre Torné (à Sainte-Marie de Campan, une plaque commémore l'exploit du "Vieux Gaulois" Eugène Christophe).

Dans les journaux de l'époque, l'imagination des dessinateurs pallie l'absence de photographies

La plaque commémorative

Le Col du Tourmalet à vélo

Le Tourmalet est assurément un des cols les plus prestigieux de France. La notoriété que lui confère le Tour de France, ainsi que les épreuves de masse comme Le Challenge des Pyrénées "les 4 As" (La Hubert Arbes, l'Ours, La Lapébie, le Défi Pyrénéen) ainsi que La Grande Boucle Internationale Féminine en fait un objectif majeur et une valeur sûre au hit parade des chasseurs de cols.
Dès le lever du jour des centaines de cyclistes s'attaquent à cette légende.

Caractéristiques techniques du col du Tourmalet:

Versant Campan-La Mongie: Le Col commence vraiment à Sainte Marie de Campan, à 857 m d'altitude pour 17 km de montée. La partie la plus difficile se situe entre Artigues (1290 m) et la Mongie Tourmalet, sur une distance de 5 km (10,2 % de moyenne).
La pente moyenne de Gripp au Col est de 8,9%, avec les 500 derniers mètres à 14%.

Versant Barèges:
La montée de Luz à Barèges n'est pas à négliger sur les 18,5 km d'ascension, car la pente moyenne est de 7,7 %.
La pente moyenne de Barèges au Col est de 8,2 %, avec les 500 derniers mètres à 15 %.

Tous les kilomètres, et dans les deux sens, un panneau renseigne les cyclistes sur l'effort qui les attend

Au col, le buste de Jacques Goddet (1905-2000), ancien journaliste et directeur du Tour de France jouxte cette sculpture à la gloire du cyclotouriste inconnu


Les lamas du Tourmalet

Depuis l'an 2000 on trouve sur les estives de part et d'autre du col du Tourmalet une vingtaine de lamas qui ont été introduit là par un éleveur de la Vallée de Campan.
L'adaptation de cet animal en zone de montagne (Pyrénées, Vercors, etc..) ne pose pas de gros problèmes.

Le lama est utilisé à travers le monde comme animal de bât, mais aussi pour l'encadrement et la protection des ovins ou des caprins et pourrait fournir une solution écologique pour tenir à distance les chiens, les loups ou les ours ...

Le lama blanc (Lama glama) est un camélidé domestique originaire d'Amérique du Sud. Avant le débarquement des Espagnols sur le continent sud-américain, le lama y était le seul animal domestique. Utilisé comme bête de somme, il était aussi très prisé pour sa fourrure et sa viande. Il y remplissait donc les fonctions de cheval, de bœuf et de mouton.
Le crâne ressemble généralement à celui du chameau, sa taille plus réduite expliquant la cavité crânienne et les orbites relativement plus développées et les cloisons crâniennes plus modestes. Les os nasaux sont plus courts et plus larges, rejoints par la prémaxillaire.
Les oreilles sont plutôt longues et arrondies. Il n'y a pas de bosse dorsale. Les pieds sont proches, les doigts de pieds sont plus séparés que chez les chameaux, et possèdent chacun leur voûte plantaire distincte. La queue est courte, et la fourrure longue et laineuse.
Dans la mâchoire supérieure on trouve un inciseur pointu et aiguisé au bord de la prémaxillaire, suivi d'une véritable canine pointue, incurvée et de taille moyenne sur la partie antérieure de la maxillaire. La prémolaire isolée ressemblant à une canine que l'on retrouve chez les chameaux n'est pas présente. Les molaires qui sont en contact les unes avec les autres sont deux très petites prémolaires (la première étant très rudimentaire) et trois molaires larges, construites généralement comme celles des autres camélidés. Dans la mâchoire inférieure, les trois incisives sont longues et en forme de spatule ; les extérieures sont les plus petites. À côté de celles-ci, il y a une canine courbée, suivie après un intervalle d'une simple prémolaire conique ; puis une série continue composée d'une prémolaire et de trois molaires, qui diffèrent de celles du chameau par une petite colonne formée sur le bord extérieur antérieur. Le lama mâche en effectuant un mouvement horizontal de la mâchoire inférieure.
Les lamas sont des animaux qui ruminent. Ce sont des tylopodes. Ils diffèrent des ruminants traditionnels par le nombre de leurs estomacs (3 au lieu de 4)


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