L'Hôtellerie du Val d’Arizes

Yvonne Arène

Yvonne Arène Cuillé a été une des personnalités les plus marquantes de Campan tout au long du vingtième siècle

Avec ses parents, elle tenait la célèbre Hôtellerie du Val d’Arizes, sur la place du Marché de Campan. De nos jours on distingue encore l’inscription « Ici on loge à pied et à cheval ».

Yvonne Arène est née en 1899.
Très jeune, elle se passionne pour les chants et les danses de la Vallée. En 1918 elle fonde la compagnie d'art et traditions populaires de la Haute Bigorre, Les " Pastourelles de Campan ". Elle a collecté patiemment tous les costumes, les danses, les musiques, les chants, les légendes et les poésies de la haute vallée de l'Adour.
Yvonne Arène est décédée en 1988.


Les débuts de la station de ski de La Mongie

Mais Yvonne ne se contenta pas de ces activités culturelles. Initiée très tôt aux joies du ski, elle fait partie de l’équipe féminine de l’Adour. Elle dispute des compétitions, à partir de 1920 à Ste Marie, Gripp, Artigues. Elle pratiquait aussi bien le saut que le fond. En 1936 elle devient même championne des Pyrénées de combiné.

Yvonne Arène avait très tôt compris l’intérêt des pentes du site de la Mongie pour la pratique du ski. Jusqu’en 1928 seules des cabanes de bergers existaient à la Mongie.


L'équipe de ski féminine de l'Adour en 1924.
Yvonne Arène est à droite

Entrée de La Mongie vers 1935

Le premier à oser hiverner dans une de ces cabanes fut Émile Calas. On peut toujours voir ses cabanes et son enclos, au pied de la gare du Taoulet. En 1932 Joseph Bayle ouvre une baraque en planche qui deviendra beaucoup plus tard l’Hôtel « du Pic d’Espade »

Mais c’est Yvonne Arène qui va donner l’impulsion décisive en construisant un grand refuge en dur. Avec son père elle l’édifia à l’été 1933, en récupérant en partie les matériaux, charpente, pierre de taille des gares du tramway alors abandonnées.

 

Pendant des années, le seul hébergement possible a été le Refuge d’Yvonne qui deviendra « L’Hôtel de La Mongie ». Yvonne se dévoua sans limite à cette tâche n’hésitant pas à s’approvisionner à pied, sac au dos lorsque la route était coupée par la neige. A deux reprises, elle fut même emportée par des avalanches et survécut grâce à sa solide constitution


Devant son Hôtel,
Yvonne avec les champions
Émile Allais et François Vignolle


La Mongie en 1935, il n'y a que la cabane de Joseph et le refuge d'Yvonne


Patou et Yvonne

Les premières remontées mécaniques

La toute première remontée mécanique de La Mongie fut le téléski du Pain de Sucre. C'est l'aboutissement d'un long projet, initié avant la guerre par Pierre Lamy de la Chapelle et des membres du Cercle des Sports de Bigorre.


Ce teleski fut construit en 1945, avec le soutien de Bernard de la Chapelle ( son frère Pierre ayant été tué en 1944 ) et de Maurice Lacroutz. Pour construire et exploiter cette remontée, une société, la SELAM (Société d'Équipement de La Mongie) , fut créée et obtint un bail de 18 ans.

La remontée comportait des pylônes métalliques à quatre pieds et bénéficiait du brevet Pomagalski de pince débrayable, tout juste mis au point. Le matériel fut construit aux établissements Soulé de Bagnères. La remontée avait un dénivelé de 216m et presque le même tracé que le téléski actuel du Pain de Sucre.

<---Le Pain de sucre en 1946


La Mongie en 1951. L'Hôtel de La Mongie présente son aspect moderne et la cabane de Joseph est devenu un grand bâtiment. Il n'y a qu'une remontée mécanique, le teleski du Pain de Sucre


Turon des vaches et chapelle en 1956

L'autre événement important pour le développement de la station fut la décision de desservir l'Observatoire du Pic du Midi qui existait depuis le 19ème Siècle d'un téléphérique en deux tronçons, dont le premier, depuis La Mongie jusqu'au Taoulet serait accessible aux skieurs. C'est essentiellement l'influence de Pierre Lamy de la Chapelle, infatigable promoteur de La Mongie, qui emporta la décision. Le chantier dura de 1945 à 1953 et permit d'équiper la station d'un réseau électrique et d'un réseau d'eau.

En 1950, le curé de Bagnères, l’abbé Roger Daléas, voyant le développement du ski, décide de bâtir une chapelle baptisée « chapelle Notre Dame des Neiges ».
5 août 1950, pose de la première pierre
La bénédiction de la chapelle par Monseigneur Théas a lieu le 17 octobre 1954.
L’édifice qui s’inscrit parfaitement dans le paysage est implantée dans l’espace de la « Grenouillère », à l'époque centre de la station. Les parements extérieurs sont en pierre et la toiture, à l’origine en ardoise, a été en partie refaite en 1985.

Pendant ce temps l'équipement en téléskis se poursuit:

En 1951 Albert Bidabé fait installer "La Carrière" à l'emplacement où étaient extraits les matériaux de construction.
En 1953 Jean-Louis Dabat est à l'initiative du Péne-Blanque et en 1955, la SELAM fait construire les "Petits Sapins".
A partir de cette époque l'aménagement et l'équipement de la station furent constants.
La jonction avec Barèges par le Col du Tourmalet est réalisé en 1973


Dans les années 60, la chapelle et la pente du Turon des Vaches


Yvonne Arene à Campan

Longtemps Yvonne Arene continua à recevoir des hôtes connus ou anonymes dans son Hôtellerie du Val d'Arizes, au cœur de Campan.

La cour intérieure de l'Hôtellerie du Val d'Arizes

Elle s'était lié d'amitié avec Georges Brassens qui l'appelait "Yvonnette des Pyrénées"


Georges Brassens lui a consacré une chanson, transposant son prénom en Jeanne

Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu,
On pourrait l'appeler l'auberge de Bon Dieu
S'il n'en existait pas une,
La dernière où l'on peut entrer
Sans frapper, sans montrer patte blanche...

Chez Jeanne, la Jeanne,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
Et, comme par miracle, par enchantement,
On fait parti' de la famille,
Dans son cœur, en s' poussant un peu,
Reste encore une petite place...

La Jeanne, la Jeanne,
Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie,
Mais le peu qu'on y trouve assouvit pour la vie,
Par la façon qu'elle le donne,
Son pain ressemble à du gâteau
Et son eau à du vin comm' deux gouttes d'eau...


Georges Brassens et Yvonne Arène


 

La Jeanne, la Jeanne,
On la pai' quand on peut des prix mirobolants
Un baiser sur son front ou sur ses cheveux blancs,
Un semblant d'accord de guitare,
L'adresse d'un chat échaudé
Ou d'un chien tout crotté comm' pourboire...

La Jeanne, la Jeanne,
Dans ses rose' et ses choux n'a pas trouvé d'enfant,
Qu'on aime et qu'on défend contre les quatre vents,
Et qu'on accroche à son corsage,
Et qu'on arrose avec son lait...
D'autres qu'elle en seraient tout' chagrines...

Mais Jeanne, la Jeanne,
Ne s'en souci' pas plus que de colin-tampon,
Etre mère de trois poulpiquets, à quoi bon
Quand elle est mère universelle,
Quand tous les enfants de la terre,
De la mer et du ciel sont à elle...



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