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Nationalisme Au Japon

Le nationalisme japonais, souvent hélas révisionniste, sévit toujours

Des affaires récentes sont symptomatiques des pressions diverses, ouvertes ou diffuses, pesant sur la liberté d'expression dans l'Archipel. Une vingtaine d'enseignants du secondaire viennent ainsi d'être punis (réduction de 10 % de leur salaire, suspension d'enseignement pendant six mois et non-renouvellement de leur contrat dans le cas de travailleurs temporaires) pour avoir refusé de faire chanter à leurs élèves l'hymne national, cérémonie rendue obligatoire en 2003. Depuis, quatre cents enseignants ont été l'objet de punitions ou de "séances de rééducation" pour ne pas respecter cette directive.

L'hymne national nippon, lent et solennel est une ode à l'empereur : "Que ton règne dure mille vies, huit mille vies, jusqu'à ce que le caillou soit devenu rocher et ait été couvert de mousse." Avec le drapeau Hinomaru (un rond rouge sur fond blanc), il a été légalisé comme emblème national en 1999, provoquant la protestation d'une partie du monde intellectuel, pour lequel ils sont associés à l'idéologie militariste. Ces symboles nationaux ne suscitent guère de débats dans l'opinion. Les compétitions sportives et la liesse qui accompagne une victoire ont engendré chez les jeunes un sentiment festif d'identité qui les a dépouillés des connotations symboliques de l'avant-guerre.

L'hymne national n'en reste pas moins au cœur d'une controverse sur la liberté de conscience puisque son chant est imposé.

Dans une directive d'octobre 2003, la commission pour l'éducation de la municipalité de Tokyo avait donné instruction aux directeurs des établissements scolaires d'obliger leurs enseignants à se lever à l'envoi des couleurs et à faire chanter à leurs élèves l'hymne national. Cette directive prévoit des sanctions à l'encontre de ceux qui ne s'y conformeraient pas.

La guerre et son interprétation restent au Japon un enjeu de la vie démocratique et continuent à susciter des polémiques, débats et procès. Fin mars, la justice s'est prononcée cette fois sur un fait historique : les suicides en masse de civils ordonnés par l'armée impériale à Okinawa lors du débarquement américain en mars 1945.

Le tribunal d'Osaka a donné raison au Prix Nobel de littérature 1994, Kenzaburo Oe, auteur d'Okinawa Notes (1970), et à son éditeur, Iwanami Shoten, objets d'une plainte de vétérans affirmant que l'écrivain avait déformé les faits. Le tribunal a conclu que le commandement militaire "était profondément impliqué" dans ces morts.

Kenzaburo Oe évoquait les 430 suicides qui ont eu lieu dans les deux îles de Zamamijima et Tokashikijima. Le rôle de l'armée dans ces suicides en masse à Okinawa, où eurent lieu les plus féroces combats de la guerre du Pacifique en territoire nippon (120 000 morts, pour la plupart des civils, soit un quart de la population), est minimisé dans les manuels scolaires.

Ce nationalisme se concentre dans un passé récent autour du du sanctuaire de Yasukuni.

Le sanctuaire de Yasukuni (靖国神社 yasukuni jinja ou le temple du pays apaisé) est un sanctuaire shintō situé à Chiyoda-ku, Tōkyō, au Japon. Il fut construit en 1869 pour rendre hommage aux Japonais « ayant donné leur vie au nom de l'empereur du Japon ». Les âmes de plus de deux millions de soldats japonais morts de 1868 à 1951 y sont déifiées. Considéré comme l'un des symboles du passé colonialiste du Japon et des nationalistes, il est célèbre pour faire l'objet de polémiques en Asie (Chine, Corée du Sud et au Japon même) suite aux visites d'hommes politiques japonais.

Le sanctuaire gère également un musée, le Yūshūkan (遊就館), lequel présente des objets historiques et des panneaux explicatifs retraçant l'histoire militaire du Japon. Le ton y est critiqué comme étant nationaliste et tendancieusement révisionniste, les crimes de guerre du régime showa y sont escamotés et l'expansion japonaise en Asie et dans le Pacifique est présentée comme une volonté de constitution d'une Sphère de co-prospérité de la grande Asie orientale contre l'impérialisme occidental. On y glorifie également les escadrons Tokkōtai.

Le musée escamote notamment le Massacre de Nankin, proclamant que «Le Japon a établi une zone de sécurité pour les civils chinois et fait des efforts particuliers pour protéger les sites historiques et culturels. Au sein de la cité, les résidents purent à nouveau vivre en paix».

Après la Seconde Guerre mondiale, et l'abolition du Koshitsu Shintô par les forces d'occupation, le sanctuaire est devenu association religieuse, indépendante de l'État. C'est un sanctuaire autonome qui ne fait pas partie de l'association des sanctuaires shintō du Japon.

Aujourd'hui, Yasukuni vénère les âmes de 2,5 millions de morts pour les empereurs lors de conflits militaires, y compris certains Taïwanais ou Coréens qui avaient la nationalité japonaise au moment de leur mort suite à l'annexion par le Japon de ces pays. Ces morts concernent principalement la Seconde Guerre mondiale (2 133 915 personnes), puis la guerre russo-japonaise (191 250 personnes). Il s'agit essentiellement de militaires, mais on y trouve aussi des civils ou même des enfants ainsi que 57 000 femmes.

Le sanctuaire, que beaucoup accusent de glorifier ouvertement l'ère colonialiste du Japon notamment par le biais de son musée, a beaucoup fait parler de lui par l'ajout en octobre 1978 à la liste des personnes « déifiées », de plusieurs condamnés lors des procès de Tōkyō, notamment des criminels de guerre de classe A, en tant que « martyrs de Shōwa », dont le premier ministre Hideki Tōjō (東条英機) ou le chef d'état major de l'Armée Yoshijiro Umezu (梅津美治郎). Parmi ces quatorze condamnés, sept ont d'ailleurs été condamnés à mort et exécutés. Le temple, dont le "livre des âmes" contenait déjà les noms de 1 068 personnes condamnées par les alliés pour crimes de guerre, deviendra controversé à partir des annees 70, suite à ces ajouts, qui étaient la décision de Nagayoshi Matsudaira, responsable du temple et fils de Yoshitami Matsudaira, ministre de la Maison impériale après la guerre de la Grande Asie orientale.

La décision d'honorer l'âme d'un mort à Yasukuni est prise par les responsables du sanctuaire, sans consultation ni autorisation préalable de la famille. De nombreuses familles de victimes honorées à Yasukuni souhaitent voir leurs noms retirés du sanctuaire, opposées à l'idée pour des raisons personnelles, idéologiques et probablement choquées de n'avoir pas été consultées. Ainsi neuf personnes ont intenté un procès au sanctuaire en août 2006, demandant le retrait des "âmes" de membres de leurs familles honorées contre leur gré. Des procès similaires ont déjà eu lieu, mais ont généralement vu les familles déboutées de leurs demandes.

La présence à Yasukuni des noms des quatorze criminels de guerre rend chaque visite d'un Premier ministre controversée. En particulier, les gouvernements chinois et coréen voient de telles visites comme un affront. Bien que les Premiers ministres ayant visité le sanctuaire aient affirmé l'avoir fait à titre personnel, l'attitude de Koizumi en particulier à ce sujet est considérée comme ambiguë. Plusieurs décisions de justice ont par ailleurs déclaré les visites officielles inconstitutionnelles (celles de Hashimoto comme celles de Koizumi), le Premier ministre n'ayant en principe pas le droit d'effectuer d'actes à caractère religieux en dehors du cadre personnel. Koizumi avait évité la date anniversaire de la fin de la guerre pour ménager la colère de ses voisins, mais a finalement tenu sa promesse de campagne de visiter Yasukuni le 15 août dans la dernière année de son mandat, en 2006, provoquant encore une fois un tollé.

Le problème des visites au temple Yasukuni n'est pas à l'heure actuelle résolu et chaque visite provoque des réactions plus vives chez les pays voisins du Japon. Bien que le caractère officiel ou non des visites ait fait l'objet de débats dans la presse japonaise depuis la fin des années 1970 et que plusieurs procès aient eu lieu pour trancher la question, le problème n'a réellement attiré l'attention au niveau international qu'à partir de 2001, avec la première visite de Koizumi.

Visites officielles par des premiers ministres

  • 15 août 1975 : Takeo Miki
  • 15 août 1978 : Takeo Fukuda
  • 21 avril 1979 : Masayoshi Ōhira
  • 15 août 1980 : Zenkō Suzuki
  • 15 août 1981, 15 août 1982 : Ki'ichi Miyazawa
  • 5 janvier 1983, 15 août 1985 : Yasuhiro Nakasone
  • 27 juillet 1996 : Ryūtarō Hashimoto
  • 13 août 2001, 23 avril 2002, 15 janvier 2003, 1er janvier 2004, 17 octobre 2005, 15 août 2006 : Jun'ichirō Koizumi

Cet article fait partie des généralités sur le Japon

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