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Yoko Ogawa

Yōko Ogawa (小川洋子, née en 1962 à Okoyama) est une écrivaine japonaise, auteur de nombreux romans, courts romans ainsi que de nouvelles et d'essais.

Elle a remporté le prestigieux Prix Akutagawa pour La Grossesse en 1991, et également les Prix Tanizaki, Prix Izumi, Prix Yomiuri, et le Prix Kaien pour son début.

Son univers romanesque est caractérisé par une obsession du classement, de la volonté de garder la trace des souvenirs ou du passé (L'Annulaire, 1994 ; Le Musée du Silence, 2000), cette volonté conjuguée à l'analyse minutieuse de la narratrice (ou, moins fréquemment, du narrateur) de ses propres sentiments et motivations (qui viennent souvent de très loin) débouchant fréquemment sur des déviations et des perversions hors du commun, le tout écrit avec des mots simples qui accentuent la force du récit.

Ses romans sont souvent aux limites du surnaturel, mais restent dans le domaine de l'étrange et du vraisemblable.

Elle est influencée par les écrivains japonais classiques comme Junichiro Tanizaki, mais également, grace à son écrivain préféré Haruki Murakami, par des auteurs américains comme F. Scott Fitzgerald, Truman Capote et Raymond Carver. Pendant ses études en littérature anglaise/américaine à l'université de Tokyo, son professeur, Motoyuki Shibata (qui fait la première traduction d'Ogawa en anglais, et traducteur en japonais de Paul Auster) lui fait connaître Paul Auster, dont le roman Moon Palace est une grande influence sur Ogawa.

En langues européennes, ses romans ont été traduits en français, allemand, grec, espagnol, catalan, et récemment en anglais (aux États-Unis) et en italien. Le plus souvent traduit est son roman Hôtel Iris, qui est un peu différent de ses autres œuvres et qui traîte de manière plus explicite de la relation sexuelle (de shibari, ou bondage japonais) entre une fille de 17 ans et un vieillard. Une adaptation cinématographique de sa nouvelle L'Annulaire est sortie en France en Juin 2005, un film de Diane Bertrand avec Olga Kurylenko et Marc Barbé. Au Japon, La formule préférée du professeur reçoit le Prix Yomiuri et y est également sortie en film (2005), en bande dessinée (2006) et en cd audio (2006).

Ses œuvres

Traduits en français (par Rose-Marie Makino-Fayolle) :

  • Une Parfaite chambre de malade (完璧な病室 Kanpeki na byōshitsu, 9/1989; Actes sud 2003; nouvelle)
  • La Désagrégation du papillon (揚羽蝶が壊れる時 Agehachō ga kowareru toki, 9/1989, Prix Kaien 1988; Actes Sud 2003; nouvelle)
  • Un Thé qui ne refroidit pas (冷めない紅茶 Same nai kōcha, 8/1990; Actes Sud 1998; nouvelle)
  • La Piscine (ダイヴィング・プール Daibingu puru, 8/1990; Actes Sud 1995; nouvelle)
  • La Grossesse (妊娠カレンダー Ninshin karendā, 2/1991, Prix Akutagawa 1990; Actes Sud 1997; nouvelle)
  • Les Abeilles (ドミトリイ Domitorī, 2/1991; Actes Sud 1995; nouvelle)
  • Le Réfectoire un soir et une piscine sous la pluie (夕暮れの給食室と雨のプール Yūgure no kyūshoku shitsu to ame no pūru , 2/1991; Actes Sud 1998; nouvelle)
  • Amours en marge (余白の愛 Yohaku no ai, 11/1991; Actes Sud 2005; roman)
  • L'Annulaire (薬指の標本 Kusuriyubi no hyōhon, 10/1994; Actes Sud 1999; nouvelle)
  • La Petite pièce hexagonale (六角形の小部屋 Rokukakukei no shō heya, 10/1994; Actes Sud 2004; nouvelle)
  • Hôtel Iris (ホテル・アイリス Hoteru Airisu, 11/1996; Actes Sud 2000; roman)
  • Parfum de glace (凍りついた香り Kōritsui ta kaori, 4/1998; Actes Sud 2002; roman)
  • Tristes revanches (寡黙な死骸みだらな弔い Kamoku na shigai, midara na tomurai, 6/1998; Actes Sud 2004; 11 histoires)
  • Le Musée du silence (沈黙博物館 Chinmoku hakubutsukan, 9/2000; Actes Sud, 2003; roman)
  • La Bénédiction inattendue (偶然の祝福 Gūzen no shukufuku, 12/2000; Actes, 2007; 7 histoires)
  • Les Paupières (まぶた Mabuta, 3/2001; Actes Sud, 2007; 8 histoires)
  • La Formule préférée du professeur (博士の愛した数式 Hakase no aishi ta sūshiki, 8/2003, Prix Yomiuri 2004; Actes Sud 2005; roman)
  • La Marche de Mina (ミーナの行進 Mīna no kōshin, 4/2006, Prix Tanizaki 2006; Actes Sud 2008; roman)
  • La Mer (海 Umi, 10/2006; Actes Sud 2009; nouvelles)
  • Cristallisation secrète ( 密やかな結晶 Hisoyaka na kesshō, 1994; Actes Sud 2009; roman)
  • Les Tendres plaintes (trad. par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani, Actes Sud, 2010; roman)
  • Manuscrit zéro (『原稿零枚日記, 8/2010; trad. par Mari Maki, Actes Sud, 2011; journal)

Livres non-traduits :

  • シュガータイム Shugā taimu (Sugar time), 2/1991
  • アンジェリーナ―佐野元春と10の短編 Angelina sano motoharu to 10 no tanpen, 4/1993 (10 nouvelles)
  • 妖精が舞い下りる夜 Yōsei ga mai oriru yoru, 7/1993 (5 essais)
  • アンネ・フランクの記憶 Anne Furanku no kioku (Le journal d'Anne Frank), 9/1995
  • 刺繍する少女 Shishū suru shōjo, 3/1996
  • やさしい訴え Yasashī uttae, 12/1996
  • 深き心の底より Fukaki kokoro no soko yori, 7/1999
  • 貴婦人Aの蘇生 Kifujin A no sosei, 1/2002
  • ブラフマンの埋葬 Burafuman no maisō, 4/2004, Prix Izumi 2004
  • 世にも美しい数学入門 Yo ni mo utsukushī sūgaku nyūmon, 4/2005 (Introduction aux mathématiques, avec le mathématicien Masahiko Fujiwara)
  • 犬のしっぽを撫でながら Inu no shippo o nade nagara, 4/2006 (10 nouvelles)
  • おとぎ話の忘れ物 Otogibanashi no wasuremono, 4/2006 (illustré)
  • 小川洋子 対話集 Ogawa Yōko taiwa shū, 1/2007 (conversations)
  • 物語の役割 Monogatari no yakuwari, 2/2007

Quelques livres

Une Parfaite chambre de malade

Une jeune fille vient d'apprendre que son frère est malade, qu'il doit passer les derniers mois de sa vie à l'hôpital. Jour après jour elle lui rendra visite. De jour en jour leur intimité, la qualité de leur relation va s'intensifier pour devenir le centre de leur existence. Dans la quiétude de la chambre blanche, le temps passe au rythme des saisons.

Une jeune femme vient de confier sa grand-mère à une institution médicalisée. Aujourd'hui devenue totalement dépendante, silencieuse et immobile, la vieille dame semble peu à peu s'effacer de toute réalité. Dans la mémoire et l'inconscient de sa petite fille, la solitude est immense.

Le passage de la vie à la non-vie est abordée par Ogawa avec une pudeur extrême. La douleur est certes présente, mais les rituels quotidiens sont décrits comme une occasion d'explorer des sentiments parfois incomparables. Les traces indélébiles permettent aux morts de venir s'inscrire dans la mémoire des survivants.

La Piscine

La narratrice se présente comme quelqu'un à qui jour après jour on volerait son enfance : ses parents dirigent un orphelinat, et il lui faut vivre la même vie collective et morne que ses camarades de l'institution. Ses parents sont si dévoués à leur métier qu'elle se retrouve dans la position d'un orphelin. Cette grisaille est éclairée toutefois par la présence de Jun, le bel adolescent qu'elle aime tant contempler, à la piscine, mais qui ne saisit pas toute les nuances de son regard. Elle domine par ailleurs Rie, une petite fille, son souffre-douleur, qu'elle tourmente à plaisir.

La Piscine explore avec une saisissante indiscrétion les pulsions les plus troubles. Yôko Ogawa trouve les mots justes pour dépeindre l'adolescence, univers d'une perversité innocente où frustration, désir, recherche de la pureté, cruauté ou satisfaction peuvent à chaque instant advenir. Comme souvent chez les écrivains japonais, aucun jugement moral n'est porté.

La Grossesse

Depuis le début de la grossesse de sa sœur, la narratrice consigne dans un journal les moindres transformations physiques de la future mère. Et quand celle-ci, passé la période des nausées, retrouve un appétit vorace, elle s'empresse de lui préparer des marmelades de pamplemousses, dont elle la régale et la gave à plaisir. Peu à peu la peau, peut-être toxique, et la chair des fruits viennent se mêler, dans son esprit, à l'effervescence mystérieuse du mystère de la gestation.

Ogawa pousse son récit jusqu'à l'obsession d'un désir nourricier irrépressible dont fait preuve l'héroïne. Elle maintient le propos entre ironie et cruauté, entre jalousie et dévouement, au bord d'un abîme où la vie menace d'engendrer la mort. Nous retrouvons un des thèmes favoris d'Ogawa, sur les risques de tenter de vivre par procuration, sur cette sorte de cannibalisme qui sous-tend des liens familiaux trop exagérés.

Amours en marge

L'Annulaire

Ce roman assez court est paru au Japon chez Shincho-Sha en 1994 sous le titre original de Kusuriyubi no hyohon.

Une jeune femme trouve un emploi de secrétaire dans un curieux laboratoire, dépositaire de spécimens : les clients y apportent un objet qui est naturalisé et conservé et répertorié sur place, les délivrant du pénible souvenir qu'il représente pour eux. L'atmosphère paisible mais mystérieuse du lieu, un ancien pensionnat de jeunes filles, ainsi que les trop belles chaussures que lui a offert son patron, semblent l'envoûter peu à peu. Elle finit par souhaiter un spécimen pour l'accident qui lui arrache un morceau de chair à l'annulaire, lui laissant le souvenir vivace d'un morceau d'elle-même, tombant lentement dans une cuve de limonade.

La Petite pièce hexagonale

Hôtel Iris

Parfum de glace

Le Musée du silence

Un jeune muséographe vient d'entrer en fonction dans un manoir dans une ville lointaine et isolée du Japon. Sous la direction d'une vieille femme plutôt étrange, il devra recenser, agencer, mettre en scène une véritable collection d'objets, de reliques du quotidien, de vestiges d'une intimité disparue et pourtant soutirée depuis des années aux défunts du village voisin. Car ces objets ont un seul point commun : ils furent tous volés quelques heures après la mort de leur propriétaire. Un objet et un seul par défunt, rarement précieux, mais toujours chargé de sens, tel est le contenu de ce musée en cours de construction.

Un vieux serviteur, jardinier, bricoleur et fabriquant de couteaux, la fille adoptive de la vieille dame et un jeune moine, novice et qui va faire vœu de silence, complètent cette galerie de portraits. Des attentats mystérieux, l'emprise de plus en plus tyrannique de la vieille dame et une attirance marquée pour la jeune fille vont empêcher le narrateur de revenir à Tokyo et le lier définitivement à cet univers.

Dans cet univers d'abord curieux puis de plus en plus angoissant et aux marges du surnaturel, Ogawa explore les empreintes du temps qui passe, effectue des variations autour de la mémoire, cherche un sens aux accumulations, aux obsessions. Comme dans d'autres de ses ouvrages la question de la mort et de la survie, les traces laissées par les disparus sont au centre de ce récit .


Voir petit aperçu de la littérature japonaise

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