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Bloody Sunday

L'expression Bloody Sunday désigne les évènements du dimanche 30 janvier 1972 à Londonderry/Derry en Irlande du Nord, où 14 manifestants pacifiques furent tués par des tirs de l'armée britannique.

Tout au long de son histoire la NICRA rencontrera de virulentes attaques venant des organisations loyaliste tel que l'UVF de Ian Paisley et du gouvernement de Stormont. Les marches successives seront réprimées de concert par les para-militaires loyalistes et la Royal Ulster Constabulary.

Puis les manifestations seront interdites. En août 1969, en réaction à des attaques de plus en plus fréquentes, les bas quartiers de Derry deviennent des camps retranchés, défendus par le Derry Citizen Défence Association. Le 12 âout alors que 15000 jeunes unionistes paradent en haut des remparts, la RUC charge le Bogside au gaz CS (version militaire), plusieurs bébés en mourront.

Après 50 heures de guérilla urbaine c'est la police qui bat en retraite. La République Libre de Derry est née, ses frontières sont de simples barricades tenues par l'ensemble de la communauté du ghetto, sous les ordres de James Callaghan, Bernadette Devlin et Sean Keenan. Deux jours plus tard, de nouvelles troupes sont envoyées sur Derry, avec à leurs tête le Général Freeland.

Le Bloody Sunday survient lors d’une des marches organisée par l’Association des Droits Civiques d’Irlande du Nord (Northern Ireland Civil Rights Association - NICRA). Ce mouvement, fondé en novembre 1966, regroupe les divers comités et associations demandant l’égalité pour tous les citoyens nord-irlandais et la fin des pratiques discriminatoires des pouvoirs locaux envers les catholiques au niveau politique, social et économique. Ainsi, les mots d’ordre de la NICRA sont d’abord l’annulation de la loi des Pouvoirs Spéciaux de 1921, la réforme de la police majoritairement protestante, la fin des discriminations pour le logement et l’emploi, et l’abolition du gerrymandering et du vote censitaire qui assurent aux protestants une sur-représentation au Parlement provincial du Stormont.

La NICRA est composée aussi bien de syndicalistes, que de communistes, de nationalistes, de républicains et d’étudiants activistes. Se voulant non confessionnelle et non politique, la NICRA compte dans ses rangs des protestants libéraux, dont Ivan Cooper, mais recrute essentiellement dans la classe moyenne catholique. S’inspirant du mouvement des droits civiques américains, le principal slogan de la NICRA est « un homme, une voix » et son hymne « We shall overcome… », son répertoire d’action comprend notamment la non-violence, les marches, et le sit-in.

C’est pour protester contre l’internement administratif, introduit par le Parlement nord-irlandais le 9 août 1971, que la NICRA décide d’organiser une manifestation pacifique à Londonderry/Derry le 30 janvier 1972. Plusieurs centaines de catholiques ont été ainsi emprisonnés sans procès dans des camps d’internement de l’armée britannique. La NICRA, menée par Ivan Cooper, est déterminée à éviter toute violence entre les différents protagonistes.

L'après midi de ce 30 janvier 1972 la marche organisée par la NICRA doit partir du Central Drive de Creggann pour traverser le Bogside en empruntant le pont qui longe le quartier pour se terminer sur Guildhall Square.

Ce défilé est déclaré par les autorités illégales. Ian Paisley et William Craig mettent en garde le gouvernement de Stormont de la signification insurrectionnelles de la marche et menacent de ne plus contrôler leurs éléments. Cette manifestation sera donc sous haute surveillance.

A l'embouchure de la William Street sont posté une centaine d'hommes de la RUC, et, chose inhabituelle des parachutistes de l'armée britannique sont venus avec leurs blindés leurs prêter main forte. Du coté des manifestants, vers 14 h00 face à ce déploiement de force, des rumeurs circulent sur un éventuel changement de trajet de la marche. A 14 h30 la foule prend de l'ampleur, chacun invite amis, parents et voisins à se rallier au mouvement. L'ambiance est alors bon enfant.

C'est sous les acclamations que le cortège descend vers 14 h50 le quartier Brandywell. Quelques centaines de jeunes coupent à travers les méandres que la route dessine afin de gagner la tête du cortège.

La foule avoisine les 10000 participants lorsque les premiers manifestants passent vers 15 h25 à la hauteur du Bogside Inn (un pub toujours existant) et toute la largeur de William Street, trottoirs compris, est occupé. Les organisateurs de la marche rattrapent le devant du cortège qui se heurte maintenant aux barrages de l'armée et de la police situés à la jonction avec Rossville Street.

Et c'est du haut de la plate forme que les leaders demandent à la foule de se réunir au Free Derry Corner. Presque tous remontent Rossville Street pour rejoindre le lieu où se tiendra le meeting avec Bernadette Devlin. Il commence alors à régner une certaine confusion, une partie de la foule n'a pas connaissance des nouvelles instructions. Seul près d'un millier de personnes suivent la plate-forme, le reste de la marche s'arrête au barrage au cri de " laisser nous passer, c'est notre ville ".

Aux slogans succèdent pendant une vingtaine de minutes injures et jets d'objets divers et variés. Les soldats répondent avec des tirs de balles caoutchouc. Une émeute " tout ce qu'il y a de plus banale ". Les émeutiers se replient et repartent à la charge derrière des tôles ondulées en guise de boucliers. Les canons anti-émeutes entrent en scène, et des grenades CS sont tirées dans la foule par l'armée. Il est alors 15 h50 John Johnston et Damien Donaghey s'écroulent sur William Street blessé par les tirs de fusils d'assauts du premier bataillon de parachutistes.

Les premiers témoins comprennent qu'il ne s'agit pas cette fois ci d'une simple répression policière mais bien d'une chasse organisée. De la tribune, les leader appellent au calme et demandent de ne pas répondre à la provocation, dans un même temps ils réalisent que quelque chose d'inhabituel est en train de se produire.

La nouvelle se répand comme une traîné de poudre, l'armée tire à balle réel. La panique se mélange à l'amertume, les blindés chargés de paras font irruption dans Rossville Street. On relèvent 13 morts et 12 blessés graves dont un décèdera.

Deux versions coexistent :

  • selon les britanniques, les parachutistes auraient essuyé des tirs de la part de l'IRA auxquels ils auraient riposté,
  • selon les manifestants, l'armée britannique a délibérément tiré sur une foule désarmée.

Une enquête menée rapidement par une commission présidée par Lord Widgery blanchit l'armée britannique en concluant qu'elle répondait aux tirs de l'IRA.

Cependant, aucune arme n'a été retrouvée sur les lieux pas plus que de traces d'explosif sur les victimes. De plus toutes les victimes se comptent parmi les manifestants ; aucun soldat n'a été tué ou blessé ce jour-là (ce qui est surprenant si les militaires ont été la cible de tirs et se sont contentés de riposter). Aussi un doute a longtemps pesé sur cette version des faits. Il faut ajouter à cela qu'un parachutiste britannique ayant déserté trois mois auparavant a révélé bien après les faits que lors d'une séance d'instruction on leur avait explicitement indiqué que lors des prochaines manifestations (quelque soit leur nature), "il faudrait faire des morts". Un autre élément accrédite la préméditation des tirs sur la foule : une communication interceptée par un policier irlandais présent au QG des paras rapporte que les soldats auraient reçu l'ordre d'utiliser des munitions de petit calibre (différentes des munitions habituellement en dotation dans ces unités) dans le but de faire un maximum de dégâts. On a en effet retrouvé des balles de petit calibre dans les cadavres des manifestants abattus.

Cette journée, désormais inscrite dans l'Histoire sous le nom de Bloody Sunday, marque une nouvelle étape de ce qui allait devenir la guerre civile irlandaise. Les rangs de l'IRA se gonflèrent après ce massacre, entrainant un engrenage de mort entre attentats et représailles entre les camps en présence, comme lors du Bloody Friday à Belfast. L'armée britannique perdit de sa crédibilité dans l'esprit des républicains qui ne virent plus en elle une force d'interposition mais une force de répression au même titre que la Royal Ulster Constabulary (RUC).

La polémique dura longtemps entre les partisans des deux versions qui campaient sur leurs positions respectives.

Du fait des critiques adressées à la version britannique de cet évènement, le premier ministre Tony Blair fit ouvrir, le 29 janvier 1998, veille de la commémoration annuelle de la tragédie, une nouvelle enquête sur ces évènements. L'enquête a été confiée au juge Mark Saville, assisté de magistrats canadien et australien. Entre 1998 et novembre 2004, 921 témoins furent audités et 1555 témoignages écrits furent examinés. Plusieurs soldats avoueront avoir menti lors de leurs dépositions précédentes et reconnaitront que les victimes étaient désarmées. Le rapport final est attendu en 2007.

Autres sens de l'expression

  • Bloody Sunday, également dans le conflit irlandais une journée de violence qui s’est déroulée à Dublin le 21 novembre 1920, durant la Guerre d’Indépendance de l’Irlande (1919-1920). Cette journée fit près de 30 victimes.
  • La chanson, Sunday, Bloody Sunday, de U2 en 1983, ainsi qu'une version de John Lennon s'inspirent de ces évènements.
  • Le film Bloody Sunday de 2002, réalisé par Paul Greengrass relate également ces évènements.

Les Victimes :

  • John Johnston, 59 ans. Le premier touché, il ne décèdera que plusieurs jours après.
  • Jack Duddy, 17 ans. Tué alors qu'il traversait en courant Rossville Street.
  • Michael Kelly, 17 ans. Reçu une balle dans l'estomac, il mourut après plusieurs
  • James Wray, 22 ans. Fut blessé en traversant Glenfada Park. Achevé à bout portant.
  • Gerald McKinney, 35 ans. Reçu une balle en pleine poitrine alors qu'il se rendait aux soldats mains au dessus de la tête à Glenfada Park.
  • William McKinney, 26 ans. Tué alors qu'il porte secours à Gerald MacKinney.
  • Gerald Donaghey, 17 ans. Frappé à l'abdomen. Décède sur le chemin de l'hopital.
  • John Young, 17 ans. Fauché par une balle en pleine tête.
  • Michael McDaid, 20 ans. Même sort que John Young au même endroit
  • William Nash, 19 ans. Toujours au même endroit, sur Rossville Street, reçoit une balle en pleine poitrine.
  • Patrick Doherty, 31 ans. La balle rentre par la fesse, lui traverse l'estomac et ressort par la poitrine. Il meurt sur le coup.
  • Bernard McGuigan, 41 ans. La balle pénètre l'arrière de la tête et le tue instantanément.
  • Hugh Gilmour, 17 ans. La balle le traverse de part en part alors qu'il rampe vers Rossville Street.
  • Kevin McElhinney, 17 ans. Il meurt sur le coup.
  • 11 autres blessés par balle

Évocation de Bloody Sunday sur les murs du Bogside


Cet article fait partie des Généralités sur l'Irlande

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