Biographie
Isao Takahata est né à Ise (Préfecture
de Mie, Japon) le 29 octobre 1935.
Isao Takahata a étudié la littérature française à l'Université de Tokyo.
Cela lui permit de découvrir les poèmes de Jacques Prévert mais aussi le travail
de ce dernier auprès de Paul Grimault, par exemple sur le scénario de La
bergère et le ramoneur. Il subit également l'influence de Youri
Norstein.
Il rejoint dès 1959 les studios d'animation Toei douga. Ses premiers travaux
d'assistant metteur en scène sur les premiers long-métrages du studio l'amènent
à côtoyer Yasuji Mori (animateur pionnier qui a lancé au Japon le système
de direction de l'animation) et le vétéran Yasuo Otsuka.
Il devient aussi ami avec Miyazaki à travers le syndicat des animateurs du
studio. Il en est alors le vice-président, le président étant Miyazaki lui-même.
Takahata fait ses débuts en tant que réalisateur sur des épisodes de la série
télévisée Ken, l'enfant-loup.
C'est la première collaboration avec Miyazaki alors seulement intervalliste.
En 1968 il réalise son premier long métrage Horus, prince du Soleil
(sorti en France en 2004), sur lequel travaille aussi Hayao
Miyazaki. Ce film n'obtint malheureusement pas le succès attendu, et les
producteurs choisissent désormais de privilégier la création à destination
de la télévision plutôt que du cinéma.
Depuis ce projet, Miyazaki et Takahata ont souvent travaillé ensemble, sur
des films comme sur des séries TV (notamment la première série de Lupin III,
plus connu en France sous le nom d'Edgar détective-cambrioleur).
En 1985, Takahata devient l'un des deux réalisateurs, avec Miyazaki, au sein
du Studio Ghibli créé par la société Tokuma et dirigé par Toshio Suzuki.
En 1988, il réalise son premier film pour ce studio, le Tombeau des lucioles.
Depuis, trois autres long métrages ont suivi, tous très différents. Contrairement
à Miyazaki, Takahata ne dessine pas lui-même. Il se considère avant tout comme
un réalisateur.
Il a d'ailleurs réalisé un film en prises de vues réelles, L'histoire du
canal de Yanagawa en 1987 . Cette particularité lui permet de ne pas être
attaché à un style de dessin en particulier, et d'expérimenter différentes
techniques (Mes voisins les Yamada a été entièrement créé sur ordinateur afin
d'obtenir un effet d'aquarelle difficile à obtenir sur cellulos)
Isao Takahata est de plus un homme de lettres et un mélomane.
Il a construit au fil du temps une œuvre cohérente et exigeante. Ses carnets
de voyage interrogent les mœurs d'une société écartelée entre un passé tumultueux
et un avenir tâtonnant. Son approche de l’animation, emprunt d’un naturalisme
saisissant, se distingue de celui de Miyazaki, chantre du lyrisme fantastique.
L’identité de Ghibli repose toute entière sur ces deux personnalités complémentaires.
Isao Takahata
Filmographie :
Longs métrages
- 1968 : Horus, prince du Soleil (太陽の王子 ホルスの大冒険,
Taiyo no oji : Horusu no daiboken ) , sortie en France 4 Février 2004
- 1972 : Panda Kopanda (パンダ・コパンダ,
) court métrage
- 1973 : Panda Kopanda, le cirque sous la pluie, court métrage
- 1981 : Kié la petite peste (じゃリン子チエ,
Jarinko Chie ), sortie en France 9 Février 2005, aussi
connu sous le nom : chie la petite peste (mais on comprend pourquoi le titre
a été changé...)
- 1982 : Goshu le violoncelliste (セロ弾きのゴーシュ,Sero
hiki no Gôshu )
- 1987 : L'histoire du canal de Yanagawa - ce film n'est pas un anime
mais une réalisation classique
- 1988 : Le Tombeau des lucioles (火垂るの墓
, Hotaru no haka ) sortie en France 19 Juin 1996
- 1991 : Souvenirs goutte à goutte (おもひでぽろぽろ,
Omohide Poro-poro ) autre titre: Les Souvenirs ne s'oublient jamais
- 1994 : Pompoko
(総天然色漫画映画 平成狸合戦ぽんぽこ,
Heisei tanuki gassen pompoko ) , sortie en France 18 janvier 2006
- 1999 : Mes voisins les Yamada (ホーホケキョ となりの山田,
Houhokekyo tonari no Yamada-kun ) , sortie en France 4 avril 2001
- 2003 : Jours d'hiver (segment)
- 2013 : Le Conte de la princesse Kaguya (かぐや姫の物語, Kaguya-Hime no monogatari)
Quelques films en détail
Horus, Prince du soleil (太陽の王子 ホルスの大冒険,
Taiyo no oji : Horusu no daiboken ) film
japonais d'animation de Isao Takahata, sorti en 1968, sorti en France 4 Février
2004. Scénario de Kazuo Fukazawa , musique originale Yoshio Mamiya, image Jiro
Yoshimura, direction artistique Mataji Urata, durée 82 mn.
Grunwald, un être aux pouvoirs maléfiques, s'est juré de se débarrasser
des hommes. Il les combat notamment en leur envoyant des loups.
Horus est un garçon vivant isolé avec son père, qui avait fui après l'attaque
de leur village. Juste avant de mourir, le père lui révèle l'existence
des autres humains et conseille à Horus d'aller rejoindre les siens. Les
habitants du village sont affamés car un monstre, envoyé par Grunwald,
les prive du poisson dont ils ont l'habitude de se nourrir. Horus va aider
les villageois à combattre.
Il rencontre aussi une mystérieuse jeune fille au chant envoûtant, Hilda
et Moog, l'homme-rocher, qui a une épée plantée dans le haut du bras.
Horus arrive à la retirer, et Moog lui en fait cadeau. Il lui apprend
que cette épée est la fameuse épée du Soleil et que le jour où il arrivera
à la maîtriser il sera devenu le prince du Soleil.
Horus a été un cruel échec commercial au Japon. pour cette
raison et a posteriori, Horus fascine par ses tiraillements, l'impossible
adéquation entre les idées avant-gardistes et les obstacles financiers
et techniques. Le film a gardé les entailles de nombreuses ruptures (remontages
intempestifs et autres raccourcis involontaires).
Mais l'impétuosité du propos et la rigueur de la mise en scène témoignent
de la finesse des intentions. De toute évidence, Horus souffre de lacunes
liées à son âge et à un environnement chaotique. Les concessions enfantines
se lisent ici et là (l'ourson doué de parole, les seconds couteaux caricaturaux),
l'animation consciencieuse mais rudimentaire peine à soutenir la fluidité
de l'intrigue.
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La modernité vient plutôt des thèmes abordés et de la précision
des contours: la peur de l'étranger, la vie communautaire et la puissance du
personnage féminin, Hilda. L'éloquence nocive d'une jeune fille secrète dévore
sans peine la figure du valeureux soldat. A la mort de son père, Horus part
se réfugier dans le village de son enfance.
A l'extérieur, l'ennemi avance à visage découvert. Grünwald, sorcier maléfique,
règne en tyran sur les terres avoisinantes et réduit à néant toute civilisation
humaine. La gravité des chants hypnotiques d'Hilda, la noblesse des rituels
villageois rappellent immanquablement Princesse Mononoké et la tradition des
héroïnes véhémentes de Miyazaki.
Horus a été un cruel échec commercial au Japon.
pour cette raison et a posteriori, Horus fascine par ses tiraillements, l'impossible
adéquation entre les idées avant-gardistes et les obstacles financiers et techniques.
Le film a gardé les entailles de nombreuses ruptures (remontages intempestifs
et autres raccourcis involontaires).
Mais l'impétuosité du propos et la rigueur de la mise en scène témoignent de
la finesse des intentions. De toute évidence, Horus souffre de lacunes liées
à son âge et à un environnement chaotique. Les concessions enfantines se lisent
ici et là (l'ourson doué de parole, les seconds couteaux caricaturaux), l'animation
consciencieuse mais rudimentaire peine à soutenir la fluidité de l'intrigue.
La modernité vient plutôt des thèmes abordés et de la précision
des contours: la peur de l'étranger, la vie communautaire et la puissance du
personnage féminin, Hilda. L'éloquence nocive d'une jeune fille secrète dévore
sans peine la figure du valeureux soldat. A la mort de son père, Horus part
se réfugier dans le village de son enfance.
A l'extérieur, l'ennemi avance à visage découvert. Grünwald, sorcier maléfique,
règne en tyran sur les terres avoisinantes et réduit à néant toute civilisation
humaine. La gravité des chants hypnotiques d'Hilda, la noblesse des rituels
villageois rappellent immanquablement Princesse Mononoké et la tradition des
héroïnes véhémentes de Miyazaki.
Commencé en 1965, ce film n'a été achevé qu'en 1968, suite
à de nombreux conflits entre l'équipe de création (Takahata mais aussi Hayao
Miyazaki, et les dirigeants du studio Toei et à des problèmes budgétaires. Même
s'il n'est pas au même niveau de qualité que les films réalisés dans les années
80-90 par les deux réalisateurs du studio Ghibli, ce film marque le point de
départ de la prise du pouvoir décisionnel des créateurs (scénaristes, réalisateurs)
au niveau de la direction du film, aux dépens des dirigeants du studio.
Le studio voulait faire des films à destination exclusive des enfants, mais
l'équipe qui a réalisé le film souhaitait créer un film qu'ils auraient envie
de voir, et étaient exigeants sur le niveau de qualité à atteindre.
Lors d'une intervention pour la sortie de ce film en France
en 2004, Isao Takahata a signalé qu'il remarquait des similitudes dans le contexte
politique des deux époques : dans les années 60, c'était l'intervention américaine
au Vietnam, et en 2004 c'est en Irak. Dans les deux cas les Japonais se sont
retrouvés dans une position inconfortable, partagés entre leur volonté de soutenir
leurs alliés américains, et le fait de ne pas être vraiment d'accord, au niveau
de l'opinion publique, à propos de ces interventions.
Le personnage vraiment intéressant du film, c'est Hilda,
à la personnalité complexe, car elle se retrouve en fait dans la même situation
que le Japon à l'époque. Mais les créateurs se sont aussi interrogés sur les
sentiments que pouvait ressentir un soldat américain au Vietnam afin d'enrichir
la psychologie de ce personnage.
L'époque était également marquée par une forte croissance
économique. Mais l'époque, c'est aussi celle où le Japon était frappé par l'affaire
de la pollution de la baie de Minamata, due aux rejets toxiques illégaux d'une
compagnie industrielle, Chisso. Cela montre la fin du respect de la nature,
qui était auparavant un aspect essentiel de la culture japonaise. L'industrialisation
à grande échelle provoque également un affaiblissement des rapports humains,
la disparition de l'idée de communauté villageoise. Les auteurs avaient toutes
ces préoccupations en tête lorsqu'ils ont réalisé ce film, et on peut donc y
trouver quelques échos.
Le Tombeau des lucioles (火垂るの墓
, Hotaru no haka ) film japonais d'animation
de Isao Takahata, sorti en 1988, sorti en France le 19 Juin 1996. Scénario
adapté du roman de Akiyuki Nosaka par Isao Takahata, musique originale
Yoshio Mamiya, images Nobuo Koyama , direction artistique Nizou Yamamoto, durée:
88 minutes
Le récit se situe dans le Japon de la fin de la Seconde Guerre mondiale,
à l'été 1945. L'histoire commence à la gare du quartier de Sannomiya dans
la ville de Kobe. Le jeune Seita, mourant, est prostré dans les murs de
la gare où il a trouvé refuge, parmi d'autres sans-abris, peu après la
mort de sa sœur. Le reste du film est un long retour en arrière.
Deux jeunes, Seita (adolescent de 14 ans) et sa jeune sœur Setsuko (qui
a 4 ans), se trouvent livrés à eux-mêmes, suite au bombardement massif
à la bombe incendiaire de Kobé par les États-Unis. Leur mère est
touchée et décède rapidement. Le père est
à bord d'un bateau de guerre et ne donne plus de nouvelles. Ils
décident d'aller habiter chez leur tante, mais celle-ci leur dit que pour
manger il faut travailler. Seita commence à travailler pour sa tante,
et lui apporte des provisions récupérées dans leur
ancienne maison. Mais au bout d'un certain temps, ces provisions sont
épuisées et le ton de la tante change, elle devient très
désagréable.
Seita et Setsuko partent et se réfugient dans un bunker désaffecté.
Cet abri est illuminé la nuit par des milliers de lucioles. Les problèmes
s'enchaînent : la nourriture vient à manquer, Setsuko tombe malade.
Seita se met alors à voler de la nourriture.
Le Tombeau des lucioles est le récit à la fois sublime et horrible d'une
enfance sacrifiée. Suscitant un malaise palpable, les premiers instants
du film annoncent la couleur: "la nuit du 21 septembre 1945, je suis
mort". Ce sont les mots de Seita, 14 ans, s'éteignant dans une cruelle
indifférence. Le reste du film sera raconté en flash back, écartant tout
malsain suspense: le récit sera douloureux, réaliste, sans concession.
La dureté du Tombeau des lucioles n'a d'égale que sa poésie, permettant
ainsi quelques respirations dans un cadre de désolation assez étouffant.
Ce film est d'une intensité remarquable en raison de l'association d'une
poésie efficace avec l'atrocité sans concession de l'enfance face à la
guerre.
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Le tombeau du titre est un abri sombre, lugubre, illuminé
par la présence de lucioles.
C'est une image de l'existence que mène les deux jeunes enfants, deux lucioles
dont le scintillement se fait de plus en plus faible dans un univers où le spectre
de la mort est omniprésent. L'existence également dans un Japon réduit en cendres
par les bombardements, sans pour autant que le film donne dans le patriotisme
exagéré.
Les conflits demeurent un toile de fond mais le récit se
concentre exclusivement sur les deux principales figures. Le Tombeau des lucioles
est avant tout un film sur l'enfance face à la guerre, d'un réalisme proche
du documentaire et en partie inspiré par Jeux
interdits de René Clément, Takahata se détachant ainsi du
côté fantaisiste et magique d'un Miyazaki pour sa première réalisation au sein
du studio Ghibli.
Le Tombeau des lucioles est une uvre de paradoxes:
à la fois beau et atroce, sombre et lumineux, doux et amer. On ne peut en revanche
que difficilement se résoudre à une rassurante formule voulant que "de la mort
émane la vie", car si le dernier plan montre une métropole en paix, elle est
également perçue du point de vue de deux fantômes, deux jeunes enfants sacrifiés.
Akiyuki Nosaka a écrit La Tombe des lucioles en se
référant à sa propre vie: à l'été 1945, l'auteur est âgé de quatorze ans, comme
le personnage principal de sa nouvelle, et perd ses parents adoptifs dans le
bombardement touchant Kobe. Il est également amené à
voler pour se nourrir ainsi qu'à réunir un peu d'argent par le biais du marché
noir. Sa jeune soeur adoptive s'éteint une semaine avant la fin de la Seconde
Guerre mondiale , le jour même de la levée de la restriction de lumière dans
la préfecture de Fukui où se trouve le jeune homme. C'est pour se libérer de
la culpabilité et du traumatisme causés par la mort de sa jeune soeur adoptive
que Nosaka entame l'écriture d'Hotaru No Haka.
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