Pompoko, film japonais d'animation de Isao Takahata

Pompoko (平成狸合戦ぽんぽこ, Heisei tanuki gassen pompoko ) est un film japonais d'animation de Isao Takahata,
sorti au Japon en 1994 et en France le 18 janvier 2006.

Dans les années 60, le Japon connaît une forte croissance et les logements font défaut. De vastes programmes de construction sont lancés, destinés à transformer les campagnes en villes nouvelles C'est le cas en particulier de la haute vallée de la Tama, au nord-ouest de Tokyo.

Seulement, voilà : Dans les bois vivent des animaux, les tanuki. Ce sont à la fois des animaux réels (voir la description des tanuki) et des animaux mythiques assimilés aux kitsune (renard lié au culte d'Inari).

Dans ces légendes, les tanuki vivent en société et se tiennent sur leurs deux pattes. Ils se font même la guerre entre eux. Les tanuki peuvent vivre très longtemps, jusqu'à mille ans et ils ne se sont que rarement occupés de la présence des hommes qu'ils considèrent comme une espèce inférieure.

La destruction quotidienne de leur espace vital inquiète les tanuki cette fois-ci. Ils décident de s'unir et d'enrayer la progression nuisible des travaux.
La première priorité est d'aller espionner leurs adversaires. Pour cela les tanuki n'ont qu'à se métamorphoser en hommes. Autrefois ce tour était très courant mais hélas pour eux, l'enseignement des pouvoirs magiques s'est estompé de génération en génération. Les jeunes tanuki n'y connaissent donc rien.
Ces jeunes subissent un entraînement intensif dans le grand art de la transformation. Ils y arrivent tant bien que mal. Les plus doués partent en expéditions et décident de leur propre chef de provoquer des accidents sur les chantiers.
Les dégâts successifs ne découragent pas cependant les travailleurs japonais. Les tanuki décident alors de changer de tactique : ils veulent réveiller les peurs superstitieuses des gens en provoquant des illusions. Ils font apparaître des personnages des légendes japonaises tels que les gamins infernaux ou la femme sans visage. Il s'ensuit un sacré désordre mais ce n'est pas encore suffisant.

Le clan de tanuki fait ensuite appel à trois grands maîtres pour produire une super illusion afin de montrer leur puissance et d'effrayer une ville entière. Un entraînement intensif débute mais devant l'expansion inéluctable des hommes, ce combat n'est-il pas vain? Les tanuki sont-ils condamnés à disparaître ou à s'assimiler?

affiche originale japonaise

Ce film a de fortes connotations écologiques, plus historiques (années 1960) qu'actuelles. Le thème est traité ici avec beaucoup de finesse, et Takahata nous plonge dans un monde à la fois magique et réaliste. On trouve partout des effigies de tanuki dans les temples japonais, où on leur laisse des offrandes.
L'auteur s'est amusé à introduire de nombreuses références aux légendes et aux comptines japonaises dans Pompoko (ce titre évoque le bruit fait quand le tanuki se tape sur le ventre). Cela rend mystérieuses certaines parties du film pour ceux qui ne connaissent pas à fond la culture japonaise. En revanche, c'est très original et très agréable de voir ce genre œuvre culturelle. D'autant plus que le film est parsemé de traits d'humour.

La formation des ectoplasmes n'est certes pas très pudique et fait appel à la réputation qu'ont les tanuki de posséder de plantureuses testicules. Mais elle est vraiment une trouvaille géniale qui vaut le détour.
Fidèle à ses habitudes, à coté de ces moments légers, Takahata a conçu des passages durs et fort en émotion. C'est beaucoup moins sombre que Le Tombeau des lucioles mais la mort, le désespoir et le découragement sont présent régulièrement.

Autant le début est gentillet, autant la fin est grave, chargée de symboles et de messages. La gaieté, l’insouciance cèdent peu à peu la place à l’inquiétude et à la violence. Les Tanuki feront ainsi appel aux moyens ultimes pour tenter de préserver leur environnement.
Mais leurs actions ne sont pas décisives, ils gagnent des batailles mais perdent la guerre. Les ouvriers effrayés qui abandonnent le chantier sont remplacés dès le lendemain par des nouveaux. Et quand les Tanuki inventent des illusions pour faire peur aux humains, ces illusions ne font que les émerveiller.
Le film n'est ni simpliste ni manichéen. Les tanuki, un peu à l'image des écologistes extrêmes, n'hésitent pas à tuer pour leur cause.
La conclusion est équilibrée. Les villes nouvelles de la vallée de la Tama sont quand même plus agréable que le centre de Tokyo, elles ont de grands parcs, où, au prix d'une adaptation forte, quelques tanuki réussissent à survivre.

Pompoko a remporté le premier prix du festival d'Annecy 1995 comme Porco Rosso l'avait fait en 1993.



Images © Buena Vista International

Fiche technique

  • Titre : Hesei tanuki gassen Pompoko
  • Année de création et de sortie au Japon: 1994
  • Date de sortie en France: 18 janvier 2006
  • Œuvre originale, scénario, réalisation : Isao Takahata
  • Idée originale, production : Hayao Miyazaki
  • Directeur graphique : Yoshiyuki Momose
  • Création des personnages : Shinji Otsuka
  • Directeurs de l'animation : Shinji Otsuka, Megumi Kagawa
  • Chef coloriste : Michiyo Yasuda
  • Décors : Kazuo Oga
  • Infographie : Yoshinori Sugano
  • Musique : Shang Shang Taifû
  • Directeur du son : Yasuo Urakami
  • Durée: 119 mn
  • Production : Tokuma Shoten, Réseau NTV, Hakuhôdo, Studio Ghibli
  • Distribution en France: Buena Vista International

Galerie d'images

Le script complet en français: