Brève histoire de la Yougoslavie contemporaine et de ses guerres


Pour illustrer et mieux apprécier les films suivants:


 

  • La Croatie, la Slovénie, la Serbie, la Bosnie, le Monténégro et la Macédoine sont unis dans un même État depuis 1918
  • 1941:
    6 avril : les Allemands envahissent la Yougoslavie
    10 avril : déclaration d'indépendance de la Croatie, avec l'appui des "Oustachis", nationalistes croates.
    30 avril : serbes, juifs et tziganes sont déclarés de race inférieure et ennemis du peuple croate.
    Les persécutions commencent et feront plus d'un million de morts. Des croates catholiques et des bosniaques musulmans participent activement, aux cotés des Nazis, à cette politique.
    mai-juin : les "Tchetniks" (royalistes serbes) et les "Partisans" (communistes) commencent la Résistance contre l'occupant. Ils finiront par se battre entre eux.
  • 1943:
    avril : Tito organise la constitution fédérale et communiste de la future Yougoslavie
  • 1944:
    13 septembre : les Partisans et l'Armée rouge libèrent Belgrade Tito s'empare du pouvoir
  • 1945:
    Proclamation de la République populaire fédérative de Yougoslavie, divisée en six républiques qui correspondent aux six peuples slaves qui vivent dans le pays : Bosnie, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie, Slovénie. Deux provinces autonomes, rattachées à la Serbie accueille les deux minorités non slaves : le Kosovo (Albanais) et la Voïvodine (Hongrois et Tsiganes ) Par ailleurs de fortes minorités existent dans chaque républiques et trois religions s'opposent: catholiques, orthodoxes et musulmans.
    Le régime s'impose de manière dure : exécutions, persécutions, déportations, suppression des libertés, embrigadement des jeunes
  • 1948:
    Rupture entre Staline et Tito. La Yougoslavie adopte une politique extérieure de non-alignement et bénéficie d'une certaine bienveillance de la part de l'Europe Occidentale
  • 1963:
    Nouvelle constitution, qui amorce un processus de démocratisation
  • 1968:
    Emeutes au Kosovo
  • 1971:
    Printemps croate et répression de la part du pouvoir central
  • 1974:
    Nouvelle constitution. Renforcement du caractère autogestionnaire de chaque république.
    Tito est président à vie
  • 1980:
    4 mai : mort de Tito
    Une présidence collégiale lui succède : chacun devient chef de l'Etat pendant un an
  • 1987: Slobodan Milošević, leader du mouvement nationaliste serbe, dispose de tout le pouvoir en Serbie
  • 1989: 1er mars ; après une grève générale et de violents affrontements, Belgrade proclame l’état d’exception et envoie l’armée au Kosovo.

1990:
mai: Franjo Tudjman remporte les élections en Croatie ; il avait mené sa campagne sur le thème de la réhabilitation de la nation croate.
Les Serbes s'inquiètent, la Croatie compte 580 000 Serbes pour 4,76 millions habitants (soit 12 % de la population), dont 150 000 en Krajina, 200 000 en Slavonie, et le reste dans les grandes villes.
Septembre: les Serbes de Krajina se prononcent par référendum sur l'autonomie de leur région ; des troubles éclatent dans la Lika autour de Knin et, en mai de l'année suivante, ils se propagèrent en Slavonie orientale.
Des troubles ethniques éclatent en Bosnie

1991 en Slovénie:
La Slovénie proclame son indépendance le 25 juin 1991. Aussitôt, le gouvernement fédéral réplique en envoyant son armée. Mais, la guerre est de courte durée (19 jours) en raison des pressions exercées par la Communauté européenne sur Belgrade pour qu'elle retire ses troupes.
Les Serbes étaient en fait peu préoccupés par le sort de cette République où leur communauté ne représentait qu'une infime proportion de la population (2 %). La Slovénie fut reconnue par la communauté internationale en janvier 1992.

La La Yougoslavie en 1990

25 janvier 1991 : La République de Macédoine proclame son indépendance

1991-1992 en Croatie:
les Serbes de Krajina proclament leur indépendance et réclament leur rattachement à la république de Serbie.
Le 25 juin 1991, la Croatie fait sécession à son tour, en même temps que la Slovénie. Cette déclaration marque le début d'une guerre qui allait embraser toute la Croatie (hormis l'Istrie) jusqu'en janvier 1992. Un tiers du territoire croate est occupé par les milices serbes, avec le soutien des chars de l'armée fédérale yougoslave, et toutes les villes importantes comme Dubrovnik, Split, Sibenik, Vukovar, villes essentiellement croates, sont bombardées. Deux d'entre elles, Vukovar et Dubrovnik subissent le long siège des forces serbes.
18 novembre : Chute de Vukovar, après trois mois de siège serbe.
Après l'adoption du plan de l'Américain Cyrus Vance, un cessez-le-feu est signé le 3 janvier 1992 et met provisoirement fin aux combats tandis que les troupes de l'ONU se déploient sur l'ensemble de la Croatie. Le nouvel État, reconnu dès le 23 décembre 1991 par l'Allemagne, l'est le 15 janvier 1992 par la Communauté européenne, avant d'être admis à l'ONU (22 mai).

1991-1992 en Bosnie:
Après la sécession de la Slovénie et de la Croatie en 1991, la Bosnie se pose à son tour la question de son maintien dans un État yougoslave à dominante serbe.
Les avis sont partagés. Les Serbes y sont favorables, les musulmans penchent pour l'indépendance tandis que les Croates hésitent entre le rattachement à la Croatie et l'indépendance.
La République se déclare souveraine le 15 octobre 1991 et proclame son indépendance suite au référendum organisé les 29 février et Ier mars 1992 à la demande de la Communauté européenne. Le nouvel État est reconnu par les Douze le 6 avril et, le lendemain, par les États-Unis.
Les Serbes, qui ont boycotté le référendum de mars, avaient formé, dès septembre 1991, six républiques autonomes sur le territoire bosniaque.
Le 7 avril 1992, ils proclament à leur tour une république serbe de Bosnie-Herzégovine dont Radovan Karadžic devenait le président, république qui ne fut pas reconnue par la communauté internationale.

1992 en Serbie et Monténégro
La Yougoslavie ayant cessé de fait d'exister, la Serbie et le Monténégro forment un nouvel État, la République fédérale de Yougoslavie, proclamé le 27 avril 1992. Mais à l'inverse des États sécessionnistes yougoslaves, la RFY, ne fut pas reconnue par la communauté internationale.
Milošević réélu à la présidence de la Serbie en 1992, dirige dans les faits ce qui reste de la Fédération, les charges de président du Monténégro et de la RFY, purement honorifiques, étant occupées par des fidèles (Momir Bulatovic au Monténégro de 1991 à 1997, Zoran Lilic à la Fédération à partir de 1993).

avril 1992 La guerre en Bosnie:
Les combats commencent dès le 7 avril et trois mois plus tard, les Serbes bosniaques contrôlent 70 % du territoire bosniaque.
Sarajevo est bombardé régulièrement à partir de mai
Le 27 avril, Belgrade annonce qu'elle retire de Bosnie l'armée fédérale. Dans les faits, c'est le contraire qui se produit. Environ 80% des troupes, composées essentiellement de Bosno-Serbes, rejoignent les rangs de l'armée de la nouvelle République serbe de Bosnie, complétés par de nouveaux soldats recrutés par les milices en Serbie.
Belgrade assure en outre l'approvisionnement en vivres, en essence et en médicaments. En mai Milošević est soumis à l'embargo total (commercial, pétrolier, aérien, culturel et sportif)


1993 La guerre en Bosnie:
2 janvier : MM. Cyrus Vance et Lord Owen, co-présidents de la Conférence permanente sur l’ex-Yougoslavie, créée en septembre 1991, présentent un plan de découpage de la Bosnie-Herzégovine en dix provinces et de démilitarisation de Sarajevo.
Accepté par les Croates bosniaques, ce projet est rejeté par les Serbes et les Musulmans.
22 février : La résolution 808 du Conseil de sécurité de l’ONU décide la création d’un Tribunal pénal international pour juger les responsables de violations graves du droit international humanitaire commises sur le territoire de l’ex-Yougoslavie depuis 1991.
6 mai : Le Conseil de sécurité crée six « zones de sécurité », Sarajevo, Bihac, Tuzla, Zepa, Srebrenica et Gorazde, protégées par des casques bleus.

1994 La guerre en Bosnie:
9 février : Après la chute d’un obus de mortier sur le marché de Sarajevo (66 morts), l’OTAN enjoint aux Serbes de retirer leurs armes lourdes à 20 km de Sarajevo sous peine de bombardements aériens.
1er mars : A Washington, Croates et Musulmans conviennent de constituer une Fédération croato-musulmane en Bosnie-Herzégovine, tandis que les Serbes poursuivent l’épuration ethnique au nord du pays.
5 juillet : Le Groupe de contact (États-Unis, Russie, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni) propose un nouveau plan attribuant 51 % du territoire aux Croates et aux Musulmans, et 49 % aux Serbes bosniaques. Milošević accepte le plan mais les Serbes bosniaques refusent, malgré les injonctions de Belgrade, qui rompt avec eux et leur impose un embargo.

1995
Milošević laisse l'armée croate s'emparer de la Slavonie occidentale (mai), de la Krajina (août) et n'intervient pas lorsque celle-ci appuie les forces croato-musulmanes dans leur reconquête de la Bosnie occidentale. Ces opérations jettent environ 300 000 Serbes sur les routes, vidant entièrement des régions où les Serbes étaient installés depuis des siècles. Cette attitude est perçue par les Serbes vivant hors de la RFY comme une véritable trahison.
16 juin : Après les bombardements de l’OTAN sur Pale et la prise en otage de « casques bleus » par les Serbes de Bosnie, le Conseil de sécurité crée la Force multinationale de réaction rapide (FRR) pour appuyer la Forpronu.
Juillet : Nouvelles offensives serbes contre les « zones de sécurité » : Srebrenica tombe le 11 juillet, et Zepa le 25.
29 août : Après le bombardement d’un marché de Sarajevo, l’artillerie et l’aviation occidentales s’attaquent aux positions serbes. Le lendemain, les Serbes de Bosnie mandatent Milošević pour négocier en leur nom.
21 novembre : réunis depuis trois semaines sur la base américaine de Dayton, les présidents serbe, croate et bosniaque signent un accord qui maintient la Bosnie-Herzégovine dans ses frontières internationalement reconnues, mais entérine le partage de celle-ci, désormais composée de deux entités : la Républika Srpska (RS) et la Fédération croato-musulmane. Les sanctions économiques qui frappaient la Serbie sont levées.
20 décembre : L’Implementation Force (IFOR) succède à la Forpronu.

1996
Février : L’Armée de libération du Kosovo (ALK, en albanais UCK) se manifeste pour la première fois en revendiquant une série d’attaques à la bombe.
19 mars : Sarajevo est réunifiée, après l’exode de la quasi-totalité de ses habitants serbes.
14 septembre : Les partis nationalistes remportent les élections législatives en Bosnie-Herzégovine. Le Musulman Alija Izetbegovic (SDA) est élu à la tête de la présidence collégiale, avec le Serbe Momcilo Krajisnik (SDS) et le Croate Kresimir Zubak (HDZ).
3 octobre : Les présidents de Serbie et de Bosnie signent, à l’Élysée, un accord qui prévoit l’établissement de relations diplomatiques.
Les Serbes, reconnaissent l'intégrité des territoires de la Slovénie et de la Croatie, renonçant ainsi officiellement à la Krajina et à la Slavonie orientale.
Novembre-décembre : L’annulation par le pouvoir serbe des élections municipales, remportées par l’opposition dans une quinzaine de villes, dont Belgrade, provoque une vague de puissantes manifestations populaires et d’affrontements avec les forces de répression.
16 décembre : L’OTAN donne l’ordre de déployer une nouvelle force en Bosnie, la Force de stabilisation (SFOR), avec la participation de l’armée allemande.

1997
Milošević
qui avait bénéficié jusque là du soutien de la majorité des Serbes, voie sa popularité s'émousser.
Contesté par une opposition démocratique, Milošević l'est également par l'extrême droite qui fait une percée en Serbie aux élections présidentielles de 1997. L'élection est invalidée et finalement c'est Milan Milutinovic, un fidèle de Milošević, qui accède à la présidence de la Serbie, tandis qu'au Monténégro, Milo Djukanovic, partisan d'une libéralisation du régime et d'une plus grande autonomie de sa république par rapport à la Serbie et à la fédération obtient une victoire écrasante contre Momir Bulatovic, un fidèle de Milošević
Septembre : Des manifestations d’étudiants albanais sont réprimées par la police serbe au Kosovo.
13 et 14 septembre. Les élections municipales en Bosnie-Herzégovine marquent une nouvelle victoire des partis nationalistes.

1998
Février-mars : Affrontements au Kosovo, dans la région de la Drenica. La police serbe et l’armée yougoslave provoquent la destruction de nombreux villages, faisant près de 2 000 victimes, et entraînant la fuite de 250 000 réfugiés.
22 mars : Les Albanais du Kosovo votent massivement pour réélire leur « président », M. Ibrahim Rugova, ainsi qu’un Parlement non reconnu par Belgrade où la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) est majoritaire.
Avril-août : Affrontements ininterrompus, au Kosovo, entre indépendantistes albanais et troupes yougoslaves, malgré différentes tentatives de négociations et des manœuvres aériennes de l’OTAN.
15 mai : Rencontre entre le président yougoslave, M. Milošević, et le chef des Albanais du Kosovo, M. Rugova, sous l’égide du médiateur américain Richard Holbrooke.
1er septembre : M. Miloševićse dit prêt à octroyer au Kosovo un certain degré d’autonomie.
23 septembre : Le Conseil de sécurité exige un cessez-le-feu au Kosovo, le retrait des forces serbes et l’ouverture de négociation directes.
13 octobre : Accord, à Belgrade, entre MM. Miloševićet Holbrooke sur le retrait des forces serbes, l’arrêt des combats et le déploiement de 2 000 « vérificateurs » non armés de l’OSCE au Kosovo.
Décembre : Reprise des affrontements entre l’UCK et les forces serbes.

1999
6 février : Le Groupe de contact réunit à Rambouillet les représentants des autorités de Belgrade et des principales formations albanaises, y compris ceux de l’UCK. Cette dernière refuse de se satisfaire de l’autonomie proposée pour la province, et les Serbes écartent le déploiement de soldats de l’OTAN dans la province.
23 mars : Javier Solana, secrétaire général de l’OTAN donne l’ordre de « lancer des opérations aériennes en République fédérale de Yougoslavie », après l’échec d’une ultime tentative de négociation entre l’émissaire américain Richard Holbrooke auprès du M. Slobodan Milošević.
27 mai : Louise Arbour, procureur du TPIY rend public l’acte d’accusation inculpant pour « crimes contre l’humanité » et « violation des lois et coutumes de guerre » M. Milošević et quatre autres dirigeants yougoslaves.
2-3 juin : MM. Ahtisaari et Tchernomyrdine présentent à M. Milošević les exigences du G8 pour mettre un terme au conflit du Kosovo. Ce plan reprend les principaux objectifs des occidentaux concernant le déploiement d’une force internationale, le retrait des forces serbes et le retour des réfugiés. Le plan est accepté par le parlement serbe réunion en session extraordinaire. 6 juin : Les ministres des affaires étrangères des pays membres du G8 élaborent un texte sur « le déploiement au Kosovo de présences internationales efficaces, civiles et de sécurité » sous l’égide de l’ONU
9 juin. Accord militaire entre l’OTAN et l’état-major des forces yougoslaves : les Serbes ont onze jours pour quitter le Kosovo. Le lendemain, l’OTAN interrompt ses bombardements et, le 12 juin, la KFOR, mandatée par le Conseil de sécurité des Nations unies, pénètre au Kosovo.
30 juin. Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, nomme Bernard Kouchner administrateur de la paix civile au Kosovo.

2000
24 septembre: Le bilan catastrophique de la décennie Milošević (guerres, présence sur le territoire de plusieurs centaines de milliers de réfugiés serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine, risque d'indépendance du Kosovo et du Monténégro, embargo, chômage massif, manque chronique de capitaux etc.) et le sentiment anti-occidental de la population, encore traumatisée par les frappes aériennes de l'OTAN, explique sans doute la victoire aux élections présidentielles de Vojislav Kostunica, chef du Parti démocratique serbe, hostile à la politique du chef de la fédération mais aussi nationaliste convaincu, hostile à celle des Occidentaux.
Le régime de Milošević reconnaît le 5 octobre, le nouveau pouvoir. Un gouvernement fédéral est mis en place, dirigé par Zoran Zizic, un Monténégrin, conformément à la Constitution. Membre du Parti socialiste populaire, il est assisté d'un vice-Premier ministre, Miroljub Labus, issu de l'ODS, coalition de V. Kostunica, qui est également sortie gagnante des élections législatives de Serbie qui se sont déroulées en décembre.

2001
C
édant à la pression internationale, le nouveau régime décide d'emprisonner l'ancien président Milošević, puis de le livrer au Tribunal pénal international en juin. Toutefois, en signe de protestation, le Premier ministre Zoran Zizic démissionne le 29 juin.
Le Monténégrin Dragisa Pesic, membre du Parti socialiste populaire du Monténégro, ancien allié de l'ex-président, lui succède à la tête du gouvernement.

2002
14 mars: Pour assurer la cohésion de la fédération et mettre un frein aux aspirations indépendantistes du Monténégro et du Kosovo, dont la séparation d'avec la Serbie dans l'entité yougoslave risquerait de déstabiliser encore la région des Balkans, les dirigeants serbes et monténégrins, en présence du représentant de l'Union européenne Javier Solana, signent un accord de principe (ratifié par le Parlement fédéral le 31 mai 2002) sur la formation d'un nouvel État fédéral Serbie et Monténégro. Ce nouvel État, qui succède à la République fédérale de Yougoslavie (RFY), est prévu pour une période d'au moins trois ans, au terme desquels « les États membres auront le droit de recourir à des procédures institutionnelles pour changer le statut de l'État, c'est-à-dire pour se retirer de l'union ».
Il demeure un État unitaire composé de deux entités, est doté d'un Parlement unicaméral qui élit le président, d'un conseil des ministres, d'une cour de justice et d'une armée.

2004
1er mai: La Slovénie entre dans l'Union Européenne