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Taoisme

Le taoïsme (道教 pinyin : dào jiào, littéralement : la religion, ou l'école, de la voie) est à la fois une philosophie et une religion chinoise.

Plongeant ses racines dans les profondeurs de la culture chinoise ancienne, ce courant de pensée multiforme a imprégné l'art, la philosophie et la spiritualité de l'Extrême-Orient. On en trouve des échos dans des écoles bouddhiques telles que le Chan (Zen en japonais), des variantes médicales, politiques, esthétiques, on le retrouve dans les arts martiaux et il résonne encore aujourd'hui jusqu'en Occident, en particulier avec des thèmes comme l'écologie et le développement personnel.

Ambiguïté du terme

Le terme taoïsme peut désigner des choses apparentées mais différentes. Contrairement au bouddhisme, il ne tire pas ses origines d’un fondateur unique et de son groupe de disciples, mais résulte de la rencontre de divers courants et pratiques. Les termes daojiao 道教 (plutôt choisi pour les écoles religieuses) et daojia 道家(plutôt utilisé pour les philosophes), désignent dès les Han des sectes et des courants différents. Il y aura avec le temps des regroupements d’écoles, mais jamais constitution d’un système unique.

Le terme de "fidèle taoïste" daojiaotu est une création moderne, traditionnellement il n’existe que des maitres (ou moines) taoïstes, les daoshi 道士.

Jusque récemment, on connaissait surtout en Occident le "taoïsme textuel", courant philosophique basé sur des textes dont les auteurs les plus anciens (jusqu’à la fin du IIIesiècle), il faut le rappeler, n’étaient pas tous des taoïstes (huanglao, He Yan, Wang Bi etc..).

Selon le contexte, le terme taoïsme peut donc désigner :

  • Tout courant pré-Han ayant contribué à la formation des premières écoles religieuses connues (shamanisme, magiciens, croyance aux immortels ), et par la suite n’importe quel courant religieux chinois qui ne se réclame pas d’une autre religion. Le plus connu est sans doute Quanzhen
  • Tout ce qui, dans la religion chinoise, n’est pas considéré comme d’origine bouddhiste. Cette religion n’ayant pas de nom, ses fidèles peuvent se désigner à l’étranger indifféremment comme taoïstes, bouddhistes ou confucianistes.
  • Un courant philosophique basé sur la notion chinoise du Dao.

Les deux premiers sens sont plus courants dans le monde chinois et le troisième plus courant en Occident.

Histoire

Le taoïsme aurait commencé sous forme de religion chamanique, sans doute, avant la dynastie Shang, puis évolué à plusieurs reprises, en fonction des apports philosophiques écrits ou des impératifs politiques des différentes dynasties.

Son noyau le plus sûr est constitué par le « Canon taoïste », ensemble de trois livres écrits ou compilés peu de siècles avant Jésus-Christ :

  • Le Dao De Jing (ou Tao Te Ching, Livre de la Voie et de sa Vertu), attribué au père fondateur du courant : Lao Zi (Lao-tseu). Ce court recueil d'aphorismes obscurs et poétiques est reconnu comme l'un des textes spirituels majeurs de l'humanité.Ses très nombreuses traductions et interprétations, parfois fort divergentes, illustrent la richesse et la fluidité insaisissable de la pensée taoïste.
  • Le livre du Zhuangzi, plus développé, est en partie l'œuvre directe d'un des auteurs les plus révérés de la Chine, Zhuang Zhou (Tchouang-tseu) plus couramment appelé Zhuangzi (maître Zhuang). Sous forme de fables, d'envolées métaphysiques ou de dialogues philosophiques, ce texte propose un individualisme raisonné et une vie détachée d'esthète. Ce fut le livre de chevet de nombreux artistes et sa lecture devint souvent un refuge pour des générations de fonctionnaires-lettrés (les mandarins) en butte aux difficultés de la vie sociale.
  • Le Vrai Classique du vide parfait, attribué à Lie Zi, est une collection d'anecdotes et de fables dont la plupart sont inspirées par le taoïsme de Zhuang Zi. On y retrouve l'intensité des débats philosophiques de l'époque.

À l'époque durant laquelle ces deux philosophes auraient vécu (si tant est qu'ils aient effectivement existé), existait une catégorie d'hommes de savoir aussi mentionnés par Zhuangzi, trop vite oubliés mais qui ont pourtant joué un rôle essentiel dans la formation du taoïsme et de ses pratiques. Ce sont les êtres « aux pouvoirs extraordinaires » qui pratiquaient des exercices gymniques et respiratoires qui sont sans aucun doute à l'origine des exercices de Daoyin tels qu'ils sont encore pratiqués aujourd'hui (sous une forme altérée). C'est la période des « spécialistes » (Fangshi), provenant d'un chamanisme très ancien, et des immortels, figures de légende qui ont enflammé l'imagination d'adeptes et d'empereurs durant des siècles. Ce sont ces mêmes personnages dont on sait si peu (l'écriture ne sera généralisée que bien plus tard) qui sont aussi à l'origine des ermites chinois, qu'ils soient taoïstes ou bouddhistes, souvent en marge de toutes les doctrines, et qui ont joué un rôle essentiel dans le développement des techniques de longévité.

La philosophie de Laozi (Dao De Jing) et de Zhuangzi (Nanhua Zhenjing) des Royaumes Combattants s'est progressivement mêlée aux idées cosmogoniques des écoles du Yin-Yang et des Cinq Eléments pour donner un mouvement « d'idées taoïstes » qui mettaient en avant la pensée de Lao Zi et l'idéal de Huáng Dì le souverain Jaune légendaire. Ce courant fut connu sous les Han sous le nom de Huanglao, formé du début du nom des deux personnages centraux et déifiés : Huáng Dì et Lao Zi.

Durant la même période, le premier vrai mouvement religieux du nom de Taiping Dao (la Voie de la Grande Paix) fut créé par Zhang Jue à partir de la culture Huanglao. Il fut suivi par l'école Wudoumi Dao (école des cinq boisseaux de riz) fondé par Zhang Daoling, figure aujourd'hui légendaire. Ce dernier courant était organisé autour d'un personnage central « céleste » qui, comme l'empereur, régnait sur une cohorte d'adeptes en suivant le modèle de Laozi.Cette école sera plus tard appelée Tianshi Dao (l'école des Maîtres Célestes) et chaque « maître céleste » sera issu (mais pas toujours) de la même famille Zhang, jusqu'à nos jours dont le représentant actuel se trouve à Taïwan. Parallèlement à cette école, religieuse selon nos critères occidentaux, se développa à partir des Fangshi les pratiques alchimiques qui marquèrent un tournant dans la vie des premiers adeptes taoïstes. Il s'agissait d'obtenir l'immortalité physique par l'ascèse d'une part et par l'ingestion de produits minéraux et végétaux hautement toxiques, pour former dans le corps un « élixir » (Tian) ou une « pilule d'immortalité » faite d'or à partir de cinabre. Ce courant, très en vue sous les Tang, fut appelé Jindan (Pilule d'Or ou Elixir d'Or) et il constitua les premisses de la chimie.

Peu de temps après, sous les Song, ce nom désigna des pratiques aussi bien "externes" (ingestion de minéraux), qu'internes (gymniques, méditatives, respiratoires) ou sexuelles. Il fut progressivement remplacé sous les Song par des techniques presqu'exclusivement internes et fut connu sous le nom de Neidan (Elixir Interne), pour se différencier du précédent, et dont est issue l'appellation « d'alchimie interne ». On y développa les centres énergétiques appelés « Champs de Cinabre » (Dantian) de la libre circulation du Qi (énergie vitale / souffle vital) dans le corps et des techniques méditatives.

Il y eu plusieurs écoles taoïstes au fil du temps, mais les deux prépondérantes dès les dynasties Jin et Yuan (XIIe et XIIIe siècles) furent l'école des Maîtres Célestes (appelée aussi Zhengyi, Unité Orthodoxe) et l'école de la Complétude de l'Authentique (Quanzhen Dao).

Taoïsme religieux et philosophique

Dans la Chine impériale, deux courants principaux se partagent l'héritage de ces écrits. Le taoïsme populaire est une forme de religion, avec ses prêtres, ses rites, son aspiration à l'immortalité de l'âme ou du corps, son bestiaire fabuleux, ses saints et ses sectes. Concurrencé par l'arrivée du bouddhisme, il s'est renouvelé pour survivre en lui empruntant, tout comme le bouddhisme s'est fortement teinté de taoïsme en s'introduisant en Chine.

Le syncrétisme chinois a permis aux « trois religions » (confucianisme, taoïsme, bouddhisme) de cohabiter, d'échanger, et aussi d'éviter la plupart du temps les guerres de religion, transformées en luttes d'influence auprès de l'empereur. Parallèlement à la religion taoïste, un courant nommé en Occident « Taoïsme philosophique » a cherché à contre-balancer dans le cœur des lettrés l'hégémonie du confucianisme, qui fut promu très tôt orthodoxie officielle et qui a dominé la pensée chinoise jusqu'à nos jours, presque sans interruptions, parfois au détriment de la diversité.

Principales caractéristiques

S'étant souvent défini par rapport à son rival confucianiste, le courant de pensée taoïste peut s'éclairer par comparaison avec ce dernier. Cependant, ces deux courants de pensée partagent l'héritage du fond culturel chinois, qui est beaucoup plus important que ce qui les sépare, et sont ainsi plus complémentaires qu'antagonistes. Les lettrés chinois les ont le plus souvent perçus comme deux moyens différents d'arriver au même but : la sagesse.

Chacun est efficace dans son domaine, et on peut très bien, comme le dit l'adage, être « confucianiste le jour et taoïste la nuit ».

La recherche de la sagesse en Chine se fonde principalement sur l'harmonie. L'harmonie, pour les taoïstes, se trouve en plaçant son cœur (et son esprit, le caractère chinois du cœur désigne les deux entités) dans la Voie (le Tao), c'est-à-dire dans la même voie que la nature. En retournant à l'authenticité primordiale et naturelle, en imitant la passivité féconde de la nature qui produit spontanément les « dix mille êtres », l'homme peut se libérer des contraintes et son esprit peut « chevaucher les nuages ». Pronant une sorte de quiétisme naturaliste (Granet), le taoïsme est un idéal d'insouciance, de spontanéïté, de liberté individuelle, de refus des rigueurs de la vie sociale et de communion extatique avec les forces cosmiques.

Ce taoïsme des grandes chevauchées mystiques a servi de refuge aux lettrés marginaux, ou marginalisés par un bannissement aux marches de l'Empire, aux poètes, aux peintres reclus... et fascine aujourd'hui bien des Occidentaux.

Pour se libérer des contraintes sociales, le taoïste peut fuir la ville et se retirer dans les montagnes, ou vivre en paysan. Dans les Entretiens de Confucius, on trouve déjà cette opposition très chinoise entre d'une part ceux qui assument la vie en société et cherchent à l'améliorer (les confucianistes) et, d'autre part, ceux qui considèrent qu'il est impossible et dangereux d'améliorer la société, qui n'est qu'un cadre artificiel empêchant le naturel de s'exprimer (les taoïstes). Cette dialectique est celle de l'engagement, qui divise encore les milieux littéraires dans le monde. L'inutilité est garante de sérénité, de longue vie.

C'est le vide du moyeu qui donne son utilité à la roue, le vide dans la jarre qui donne son utilité au récipient, le vide des portes et fenêtres qui donne son utilité aux maisons, nous explique Lao Zi (DDJ XI).

C'est la partie Yin, le fond obscur des vallées, le sexe féminin qui ont le pouvoir de créer, de multiplier les êtres (DDJ VI). Dans ce vide qui n'est pas le vide théorique des physiciens, se trouvent en germe toutes les possibilités de l'existence. En faisant le vide en soi, les pensées limpides peuvent circuler. Cette fécondité du vide est au cœur du Dao De Jing et de toute la pensée taoïste.

Pour réaliser cette libération, pour « trouver la Voie », un des moyens possible est l'utilisation des paradoxes. Ils sont très nombreux dans le Dao De Jing et frisent souvent la provocation : c'est sans sortir de chez soi qu'on connaît le monde, c'est en ne sachant pas qu'on sait, c'est quand on agit le moins que son action est la plus efficace, etc. Le but de ces paradoxes est de briser la pensée conventionnelle, de détacher des liens logiques, voire de casser les significations des mots et d'inverser leurs valeurs.

Prenant souvent à contre-pied une pensée confucianiste déjà instituée en doctrine rigide, les penseurs taoïstes se sont moqués allégrement de certains dogmes de leurs adversaires. Ils ont surtout cherché à dépasser des débats parfois trop terre-à-terre à leur goûts, et énoncent dans ce but un certain nombre de paradoxes qui inversent les priorités ou bien vont à l'encontre du sens commun, ainsi : la faiblesse est plus forte que la force, la stupidité marque l'intelligence suprême, ou la civilisation est une décadence.

La civilisation comme maladie

Alors que la plupart des personnages de la mythologie chinoise sont des héros civilisateurs, qui ont donné aux hommes des inventions telles que l'agriculture, l'irrigation, la médecine ou l'écriture, le taoïsme s'oppose radicalement à l'invention et à la technique, ce trait proprement humain. Pour l'illustrer, une parabole de Zhuang Zi met en scène un paysan taoïste qui, bien que connaissant l'usage du chadouf (qui lui économiserait beaucoup de temps et d'énergie pour arroser ses champs), aurait « honte de s'en servir » parce que cette technique artificielle va à l'encontre de la nature. Allant dans le même sens, un paragraphe du Dao De Jing (DDJ CXXX) propose un « retour aux cordes nouées » (ancêtres des systèmes d'écriture). Ce même texte va plus loin : des villageois ne rencontrent pas de toute leur vie les villageois du hameau qui est à portée de vue. Si l'on suit cet enseignement, la société proposée par Lao Zi comme idéal de simplicité est une constellation de villages autonomes sans liens entre eux et des humains sans curiosité ni pour les outils permettant de leur faciliter la vie, ni même pour le monde extérieur.

Une autre idée politique souvent mise en avant dans le Dao De Jing est celle du « laissez-faire ». Si on « laisse faire » la nature et ses dix mille êtres, ils croissent et se multiplient. Si on ne cherche pas à gouverner les hommes, ils s'auto-organisent spontanément de la meilleure façon possible. Cette idée qui peut sembler libertaire doit être remise en contexte. D'un côté, elle se fonde sur l'antique croyance chamanique d'une action efficace du Prince par le jeu des correspondances entre les microcosmes et le macrocosme. Ainsi le simple fait pour celui qui dispose du Mandat du Ciel de décrire dans sa maison la suite des saisons en déménageant régulièrement d'une salle à l'autre, assure que la pluie viendra à son heure féconder les champs, que l'hiver durera le temps voulu, etc. L'inaction apparente n'empêche pas l'action effective.

Le « laisser-faire » ou wu-wei, au sein de l'individu, a une grande portée et le taoïsme s'attache à cultiver l'efficacité particulière qui découle de l'absence d'intentions. L'activité de certains artisans est minutieusement décrite par Zhuang Zi. Il montre un boucher ou un charron qui ont acquis la plus grande maîtrise de leur art après des années d'apprentissage, mais surtout après ils peuvent oublier l'objet qu'ils travaillent.

Influences

Outre son influence majeure sur l'art de l'extrême-orient (toujours redécouvert en occident et toujours à redécouvrir), le taoïsme a profondément influencé des domaines aussi variés que la médecine, la politique, la religion populaire, le bouddhisme chinois, l'art des jardins, la cuisine et la vie sexuelle (considérées souvent comme parties de la médecine), les arts martiaux, la philosophie, la littérature, etc.

Aujourd'hui, après un demi-siècle de répression en Chine populaire parce que ses manifestations étaient considérées comme des superstitions féodales par les communistes, le taoïsme est à nouveau considéré comme un élément fondamental de sa culture dans son pays d'origine. Par ailleurs, son influence s'étend jusqu'en Occident et nourrit les discussions sur l'esthétique, l'écologie, devient même un ferment pour de nombreuses nouvelles formes de spiritualité.

Part constitutive avec son pendant confucianiste de la culture de la civilisation vivante la plus âgée, ayant contribué à façonner un peuple qui représente aujourd'hui un bon quart de l'humanité, mais ayant aussi été réprimé par les courants de pensée qui lui disputaient l'oreille du peuple ou des princes, le taoïsme suit ses propres préceptes : fluide comme l'eau, vieux comme la mer, difficile à fixer dans des mots, impossible à enfermer dans une catégorie, particulièrement rétif à la systématisation, il imprègne et fertilise tout ce qu'il touche et réapparait où on ne l'attendait pas.

Le taoïsme dans la Chine moderne

Les ennuis du taoïsme avec les autorités commencèrent bien avant l'avènement de la République populaire de Chine. A partir de la seconde moitié des Ming, son image s’est graduellement dégradée auprès des intellectuels et hauts fonctionnaires du fait de son lien avec la religion populaire. Que les écoles taoïstes aient été de tout temps des structures idéales pour le développement des mouvements d'opposition ne joua pas non plus en sa faveur.

Liang Qichao (1873-1929), avocat du renouveau social de la Chine, écrivit même qu'il était « humiliant » d'avoir à inclure le taoïsme dans l'histoire religieuse chinoise, « car le pays n'en a jamais tiré aucun avantage ».

Divinités taoïstes

  • Dieu taoïste ;
  • Bei Di (北帝), l'empereur du Nord ;
  • Nüwa (女媧; ), créatrice de l'humanité ;
  • Pangu (盤古) ;
  • Yu Huang (玉皇 ), l'Empereur de Jade.

Cet article fait partie des généralités sur le Japon


Source partielle Wikipedia

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