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BouddhismeLe bouddhisme est l’un des grands systèmes de pensée et d'action orientaux, né en Inde au 6e siècle av. J.-C.. Il est fondé sur un triple socle appelé les Trois Joyaux : les bouddhistes déclarent prendre refuge dans le Bouddha (le fondateur du bouddhisme), dans le Dharma (la doctrine du Bouddha) et dans le Saṅgha (la communauté des fidèles pour certains, l'Ordre monastique pour d'autres). La difficulté de définir le bouddhisme à l’aide de catégories classiques, fait qu’il est souvent considéré comme une philosophie ou une religion. Le Dharma, ou les préceptes fondamentaux de l'enseignement du BouddhaLes quatre nobles véritésLes quatres nobles vérités (cattāri ariyasaccāni) :
Les trois caractéristiques de l'existence« Tout phénomène conditionné est insatisfaisant, tout phénomène conditionné est éphémère et toute chose est sans soi. »
Ces trois caractéristiques de l'existence conditionnée sont universelles, et connues une fois développée la vision directe de la réalité (vipassana). Pour ce faire, il faut suivre un entraînement au développement de notre vigilance (satipatthana). L'être humain n'est donc pas une chose en soi, une entité indestructible contenant une étincelle divine (malgré l'illusion qu'ils en ont), mais la composition impermanente des cinq agrégats que sont la forme (ou corporéité), les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience. Ces agrégats (skandhas) sont impermanents car soumis eux aussi à la « coproduction conditionnée » (pratîtya-samutpâda), selon laquelle tout a un ensemble de causes et un ensemble de conséquences. Pour les bouddhistes, le moi n'est donc que vacuité (shûnyatâ). À noter que Nibbana (en sanskrit nirvāna) échappe aux caractéristiques de souffrance et d'impermanence. A contrario, il n'est pas un « en soi » (atmân). Les trois racines du mal, ou « trois poisons »Les trois poisons de l'esprit peuvent être dénommés ainsi :
Le Bouddha estimait que les causes de la souffrance humaine proviennent de l'incapacité à percevoir correctement la réalité. Cette ignorance (qui, aussi curieux que cela puisse paraître, est une émotion, un facteur mental perturbateur) et les illusions qu'elle provoque conduisent à l'avidité des hommes, à leur désir de posséder davantage que les autres, à l'attachement et à la haine éprouvés pour des personnes ou pour des choses. Sa philosophie est telle que : la souffrance nait du désir ou de l'envie. En les supprimant tout deux il a reussi à atteindre le nirvāna : l'envie engendre le désir. Le désir, si non perçu, engendre la tristesse, la frustration et la colère. Les renaissancesÀ cause des trois poisons d'une part, et de la coproduction conditionnée d'une autre, les hommes sont amenés à renaître dans le Saṃsāra (le cycle des renaissances). Le "monde" (Loka) dans lequel ils renaîtront dépendra de leur karma, c'est-à-dire de leurs actions. Cette renaissance ne fait donc que prolonger indéfiniment la souffrance (« n'en avez-vous pas assez de gorger les cimetières ? » dit un texte). À noter que conformément au non-soi, ce n'est ni le même, ni un autre qui renaît (ce n'est pas, comme dans d'autres religions, une âme immortelle qui se « réincarne »). Le Bouddha propose de se réveiller de ce cauchemar, de chasser les nuages de la confusion et de l'illusion pour être illuminé par la réalité. Ainsi, la souffrance et le cycle karmique seront brisés. Il définit le but ultime de son enseignement comme étant « la délivrance », le « dénouement », « la libération de la souffrance » ou nirvāṇa. Une théorie centrale de la pensée bouddhique explique la cause de dukkha : la coproduction conditionnée, appelé comme le Pratītya Samutpâda. Ce terme signifie littéralement « l'origine d'une action ». Le bouddhisme indique que chacune de ces causes donne suite à la prochaine, jusqu'à ce que la cause de la douzieme retourne à la première. Ce cycle de naissances et de décès ne s'arrête que lorsque l'on a atteind le nirvāṇa. L'éthique bouddhique et les préceptesDans le bouddhisme, l’éthique est basée sur le fait que les actions du corps, de la parole et de l’esprit ont des conséquences pour nous-mêmes et pour ce qui nous entoure, les autres comme notre environnement. Il y a deux sortes d’actions, les actions kusala (mot pali signifiant sain, habile, favorable, positif) et les actions akusala (malsain, malhabile, défavorable, négatif). Les actions malhabiles sont celles qui prennent leurs racines dans les trois poisons de base: l’avidité, l’aversion et la confusion mentale ou l’ignorance. Elles tendent à avoir des conséquences mauvaises pour nous ou pour les autres. Les actions habiles sont celles qui sont exemptes d’avidité, de haine et de confusion mentale et qui, au lieu de cela, sont motivées par la générosité, par l’amour et la compassion et par la compréhension. Elles tendent à avoir des conséquences positives pour nous ou pour les autres. Dans le bouddhisme, une action n’est donc ni bien ni mal en elle-même, mais est favorable ou défavorable selon la motivation et l’état d’esprit qui la sous-tend. L’éthique bouddhique nous invite donc à prendre conscience des états d’esprit dans lesquels nous nous trouvons et à partir desquels nous agissons, parlons ou pensons et à être responsable tant de ces états d’esprit que des conséquences de nos actions. Ces principes sont déclinés dans des préceptes, qui ne sont pas des règles d'interdits, mais des guides de comportement éthique face auxquels nous pouvons nous mesurer et progresser. Ils peuvent aussi être vus comme le mode de fonctionnement naturel d'une personne éveillée. Les 9 préceptes
Interprétation des préceptesOn l'a vu, ces préceptes ne sont pas des règles absolues, mais des guides de comportement éthique. L'application de certains d'entre eux varie selon les personnes, bien entendu, mais aussi selon les traditions. Si l'on considère la liste des préceptes, c'est en particulier le cas :
L'éveil (bodhi)Pour les theravadins, l'éveil est la compréhension parfaite et la réalisation des quatre vérités (il s'agit de se réveiller du cauchemar à répétition des renaissances successives) et de faire jaillir la vérité. Pour les adeptes du Mahayana en revanche, l'éveil a plus à voir avec la sagesse et la prise de conscience de sa propre nature de Bouddha. L'éveil permet à l'homme d'entrer dans le nirvāṇa, puis d'atteindre à sa mort le parinirvāṇa(extinction complète). Le cycle karmique est donc brisé à jamais. Dans le theravada, la vacuité est proche du concept d'anatta : le monde est vide de soi. Il existe une attention portée à la vacuité ainsi qu'une méditation vipassana, contemplation de cette vacuité. Mais le concept de vacuité, exposé par Nāgārjuna, prend un nouveau sens et fonde le Madhyamika. Le Madhyamika reconnait l'enseignement de la coproduction conditionnée, mais il considère cette roue de la vie comme vacuité. Cet auteur proclame : « Le Vainqueur a dit que la vacuité est l'évacuation complète de toutes les opinions. Quant à ceux qui croient en la vacuité, ceux-là, je les déclare incurables. » Le Bouddhisme dans le monde (la Saṅgha)Les évaluations du nombre de bouddhistes oscillent entre 230 et 500 millions, généralement autour de 350 millions. Depuis la mort du Bouddha, la Saṅgha s'est divisée en de nombreux courants et écoles. Il y a deux branches principales de bouddhisme : le Hînayana (« Petit Véhicule », « Petit Groupe », terme parfois péjoratif ou « Véhicule de base » ; voir aussi Theravâda) et le Mahâyâna (« Grand Groupe » ou « Grand Véhicule »). Le Théravâda (Voie des anciens), seule branche du « Petit Véhicule » à avoir survécu, correspond au bouddhisme des origines. C'est le plus répandu au Sri Lanka, au Myanmar, en Thaïlande, au Laos et au Cambodge, tandis que le Mahâyâna, forme ultérieure et plus populaire, est plutôt répandu en Chine, au Japon, en Corée et au Tibet. Le Zen et l'amidisme sont les subdivisions les plus connues du Mahâyâna. Le tantrisme tibétain ou Vajrayâna (véhicule de diamant) est tantôt cité comme une troisième branche de Bouddhisme, tantôt comme un courant du Mahâyâna. La version japonaise du bouddhisme tantrique est le Shingon. À la mort du Bouddha, le bouddhisme se sépara en plusieurs écoles (appelées nikâya). Des désaccords, qui furent largement constatés lors du troisième concile (vers 250 avant J.-C.), ne tardèrent pas à survenir et menèrent à une scission. Les Anciens (Thera) voulaient rester (ou retourner) au plus près des préceptes du Bouddha, quand leurs opposants, réunis au sein de la Grande Assemblée, cherchaient à se démarquer de ce « conservatisme » et à adapter l'enseignement du Bouddha pour le rendre plus accessible. C'est ainsi que se forma le Grand Véhicule (Mahâyâna), tandis que le mouvement adverse fut appelé (de manière péjorative) Hînayâna (petit véhicule). Ce dernier se diversifia encore en différentes écoles, dont une seule existe encore : le Theravâda (ce qui explique qu'on emploie aujourd'hui un terme pour l'autre). Il ne faut cependant pas exagérer la rupture, qui du reste s'est faite progressivement (les deux types de moines habitant souvent les mêmes monastères). Il existe aujourd'hui un certain nombre de mouvements en Asie et en Occident cherchant à « moderniser » le bouddhisme. Bien que ces minorités soient parfois regardées comme déviant des enseignements réels du Bouddha, d'autres soutiennent qu'elles représentent les pensées et la philosophie d'une quantité considérable de bouddhistes, en particulier les jeunesses bouddhistes habitant en Asie. Les principaux mouvement concernés sont le bouddhisme évangélique et le Véhiculisme universel. Le Bouddhisme au JaponD'après la légende, l'introduction du bouddhisme au pays du soleil levant aurait eu lieu en 552, lorsqu'un souverain de Corée envoya au souverain du Yamato une statue de bouddha en bronze doré accompagnée de textes bouddhistes. En 592, après des luttes d'influence avec le Shintô, le bouddhisme fut déclaré religion d' État. Le bouddhisme japonais comprend 12 écoles principales, que l'on classe d'après leur époque d'apparition : Pendant la période Nara, naissance des écoles bouddhiques Kucha (fondée sur l'Abhidharma-koça de Vasubandhu), Jojitsu (fondé sur le satyasiddhi-çastra de Harivarman), Ritsu (fondée sur l'observance de la discipline "vinaya"du petit véhicule), Hosso (Dharmalaksana "Vijnanavada"), Sanron (sur les 3 sastras fondamentaux de l'école de la vacuité "Madhyâmika"), Kégon (fondée sur l' Avatamsaka sutra) . Les quatre premières appartiennent à la tradition indienne du bouddhisme ; Kusha suit de façon tout a fait nette la tradition du petit véhicule ; Jojitsu s'inscrit dans une zone de transition entre petit et grand véhicule ; Hosso et Sanron, tout comme Kégon qui trouve ses origines en Sérinde et en Chine, appartiennent au grand véhicule. Duran la période Heian, on assiste à la fondation de deux nouveaux courants par des moines revenus de Chine : le Tendaï (Tien Taï, "terrasse céleste", nom du lieu où est née l'école chinoise Tiantai ), basé sur le Saddharma pundarika sutra ou Sutra du Lotus, suite au voyage de Saichô Kogyo Daishi, et le Shingon, courant vajrayana fondé par Kûkai (Kôbô Daishi) qui s'était rendu en Chine en 804 et en rapporta le Vajrasekhara sutra qu'il associa au Tantra de Vairocana, Mahavairocanabhisambodhi tantra, pour en faire la base de son enseignement. L'époque Kamakura est celle de l'introduction du Zen en provenance de Chine à partir de deux écoles : le Rinzai par le moine Eisaï et le Soto par Dogen. Deux courant inspirés par l' Amidisme chinois naissent, le Jodo sous l'impulsion d'Honen et le bouddhisme Shin par Shinran. A la même époque se développe une école portant le nom de son fondateur, Nichiren, qui désire revenir à une pratique uniquement centrée sur le Sutra du lotus, déjà popularisé à l'époque Héian par le Tendaï. Toujours à la même période, le Shugendo?, voie des ascètes des montagnes, les Yamabushis, connait un important développement. Pour que le tableau soit complet, il faut encore mentionner une école particulière de Zen, qui s'est développée au Japon au 17ème siècle pendant la période Edo : l'Obaku. Elle fut fondée par un maître Chan chinois renommé, Yinyuan Longqi (Ingen), et son disciple Muyan qui avaient fui la Chine à la chute des Ming devant les mandchous. Obaku est la transcription du nom du mont Huangbo dans le Fujian où Yinyuan avait été abbé, mais aussi le nom du maître de Linji (fondateur du Rinzai), Huanbo Xiyun, qui s'y était installé. Les pratiquants de l'Obaku se considéraient comme des disciples de Linji, tout en incluant dans leur pratique l'amidisme et des éléments tirés du Mi Zong, bouddhisme ésotérisque chinois. Depuis quelques années le Japon, inspiré en cela par la constitution américaine, a vu un développement important de nouveaux mouvements religieux. En règle générale on peut les classer en trois catégories : ceux d'inspiration shintoïste, comme Mahikari ou Tenrikyo, avec à leur tête une personne inspirée par un dieu ou un kami particulier, et ceux d'inspiration bouddhiste basés sur le Sutra du Lotus comme le bouddhisme Reiyukai ou la Soka Gakkaï, ceux se réclamant du bouddhisme ésotérique comme Shinnyo-En. Les syncrétiques mélangeant divers aspects se retrouvent autour d'une figure emblématique comme ce fut le cas pour Aum shinrikyo. La situation est encore compliquée par le fait que les grandes écoles, en raison du système des lignées, sont elles-mêmes subdivisées en une multitude d'écoles et de courants, ce qui fait qu'il y a actuellement plus de 184 000 groupes religieux répertoriés au Japon. Cet article fait partie des généralités sur le Japon |