Les fleurs d'Hiroshima, un livre didactique d'Edita Morris, paru en 1961
Le livre
Quinze ans après la tragédie d'Hiroshima, Sam, un jeune Américain employé par une compagnie de navigation de Seattle, est envoyé au Japon. Il y loue une chambre dans une famille. Un jour, Fumio, le mari de Yuka-San, la propriétaire, tombe « malade ». Et, peu à peu, malgré la pudeur, la fierté et le stoïcisme de ses hôtes, Sam découvrira un à un les secrets des survivants de la bombe : les souvenirs affreux d'une nuit unique dans l'histoire de l'humanité, les atrocités qu'ont subies la ville d'Hiroshima et ses habitants et la peur de l'avenir. Dans ce livre tout parle de la mort atomique, rapide ou lente. Y compris ces fleurs blanches qui jour après jours descendent le fleuve Ota pour honorer les disparus
On peut reprocher au livre d'être naïf, sentimental et d'effleurer seulement le sujet, mais cet ouvrage a le mérite de se placer du côté des victimes, dénonçant à la fois le cynisme des forces d'occupation américaine après la guerre, que le mépris et l'ostracisme des "nouveaux habitants" d'Hiroshima, qui ont certes reconstruit la ville, mais sans aucune considération pour les survivants de la bombe
L'auteur : Edita Morris
Edita Dagmar Emilia Toll est une suèdoise née à Örebro, en Suède le 5 mars 1902.
Ses parents sont agronomes et écrivains, issus d'une célèbre famille suèdoise.
En 1925, elle épouse l’auteur américain Ira Victor Morris (1903-1972), fils d'un diplomate américain en Suède. Ils s'installent en France à Nesles-La-Gilberde en Seine et Marne.
Pendant la guerre, ils résident aux États-Unis puis ensuite militent pour le désarmement nucléaire et sont opposés à beaucoup de positions des États-Unis pendant la guerre froide. Edita a commencé sa carrière littéraire avec des histoires courtes éditées dans une revue mensuelle. En 1943 elle a édité son premier roman,"My darling from the Lions".
Edita et Ira parcourent le monde, traquant les misères et les injustices et les dénonçant dans des reportages. Le fils d’Edita et Ira Morris, Ivan Morris (1925-1976), était professeur de japonais et fut l’un des premiers interprètes envoyés à Hiroshima après l’explosion de la bombe. Ce qui conduit Edita Morris à publier son ouvrage "Les fleurs d'Hiroshima" en 1961
Citons aussi
- Les moissons d'Hiroshima (1965) la suite des fleurs d'Hiroshima
- Bonjour Vietnam (1969)
- Le Danseur étoile (1972)
- Comment ça va? bien j'espère! (1975)
Edita et Ira Morris fondèrent une maison de convalescence à Hiroshima pour les victimes survivantes de la bombe. Tous deux furent faits citoyens d’honneur de la ville d’Hiroshima.
Edita Morris est morte à Paris en 1988.
La Fondation Hiroshima pour la Paix et la Culture a été créée en 1989 suite au legs d' Edita Morris. Le dessein de la Fondation est de promouvoir la paix par l’apport d’un soutien aux efforts entrepris dans la sphère culturelle en faveur de la paix et de la réconciliation.
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Références
- Les fleurs d'Hiroshima (The Flowers of Hiroshima) de Edita Morris 1961
- Traduction française de Suzanne Lipinska
- Collection J'ai lu ISBN 2277-12141-X
- Ce livre obtint en 1961 le prix Albert Schweitzer.
Extrait du livre
"De toutes parts, dans la nuit de printemps etoilee, voici que les lucioles prennent leur envol. Les unes se posent sur
des feuilles qu'elles eclairent comme de petites lampes. Les autres, semblables a de minuscules etoiles,
s'elancent vers leurs grandes soeurs du ciel, portees par les ailes du vent. Et en suivant des yeux leur course
lointaine, je me demande s'il leur arrive de mourir avant d'arriver au ciel. Mais peu importe. Ce qui compte seul,
c'est de partir, c'est de rever et d'esperer."
Citations de Maurice Pons dans la préface
"Edita Morris a voulu nous faire comprendre comment essayent encore de vivre Yuka et sa soeur Ohatsu,
survivantes d'Hiroshima.
Elle n'accuse ni ne condamne personne. Elle demande seulement, avec les mots les plus simples:
Comment la bombe perfide a-t-elle pu souiller le sang, la moelle et jusqu'aux entrailles d'une petite jeune fille appelee
Ohatsu?
Comment?
Je pense que les savants americains qui mirent au point la bombe dans leur laboratoire secret de Los Alamos,
je pense que les militaires qui l'experimenterent en toute securite dans le desert du Nouveau Mexique, le savaient
parfaitement.
Ce pasteur qui, sur l'aerodrome de Tinan, une heure avant l'heure H, benit l'avion d'Hiroshima et pria publiquement
pour le succes du raid, je pense qu'il le savait aussi. Et bien sur, le president Truman, qui devait faire peu apres
cette stupefiante declaration:
Nous avons joue deux milliards de dollars sur le plus sensationnel coup de des scientifique de l'Histoire-et nous
avons gagne.
Ils savent comment. Ils savent pourquoi. Mais ils n'ont jamais voulu repondre a la simple question d'Ohatsu."
"Il n'y a chez Yuka, [...] ni rancune, ni haine, ni meme desesperance. Mais tous les peuples du monde sont
derriere elle, lorsque, evoquant, au bord du fleuve ou elle disparut, le visage noirci et les cheveux
en flammes de sa mere, elle s'ecrie avec passion:
Je jure de consacrer le reste de ma vie a empecher que de telles horreurs se reproduisent.
Jamais plus, non, jamais plus Hiroshima."