Tampopo, film japonais de Juzo Itami Ce "petit" film est un bijou d'humour décalé, en même temps que d'érotisme. Itami passe aussi en revue les travers de la société japonaise.
Distribution:
|
![]() |
||||
Critique Le ton est donné dès le début du film:
un yakusa, gangster local, habillé tout de blanc avec un panama assorti
sur la tête vient s'asseoir au premier rang d'une salle de cinéma, accompagné
de sa très jolie fiancée, elle aussi de blanc vêtue. Ses trois acolytes
déploient devant lui une petite table pliante sur laquelle s'amoncellent
rapidement plats fins et seau à champagne. Mais l'héroïne est bien sûr Tampopo la tenancière
de la petite boutique de "Ramen". Elle est au début de la
quarantaine, souriante, vivant seul avec son fils et patronne d'une
gargote de dégustation de nouilles dans laquelle elle met toute son
inépuisable énergie et sa bonne volonté pour un résultat assez inégal. A ce canevas déjà original, Juzo Itami ajoute une mise
en scène qui parodie avec un évident grand plaisir les westerns. Mais
pas n'importe lesquels. Les westerns spaghetti de préférence, bien entendu.
Goro, avec son chapeau de cow-boy constamment vissé sur la tête renvoie
tout à la fois l'image d'un Bronson ou d'un Clint Eastwood nippon. La mise en scène et le film dans son ensemble font preuve
d'un grand humour parodique, et Itami n'hésite pas non plus à exposer
certains des travers de la société japonaise, de la recherche effrénée
de la perfection au conformisme le plus généralisé. L'homme en blanc réapparaît de loin en loin pour des épisodes
assez succulents de jeux sexuels à base de nourriture, bien plus inventifs
que ceux des films érotiques. Les gambas vivantes sont utilisées
d'une façon répertoriée dans aucun livre de cuisine.
Des personnages secondaires truculents enrichissent le
film: Itami semble s'être beaucoup amusé en tournant et le fait
que Tampopo soit seulement son deuxième film à 52 ans, deux ans après
"Funérailles" (1984), procure un côté presque juvénile à cette
uvre. Iil commença très tard cette carrière de cinéaste
en raison Dun complexe envers son père, grand réalisateur des années
1940. Juzo Itami est venu très tard à la réalisation après avoir
exercé les métiers les plus divers, boxeur, monteur d'orchestre, designer
commercial, rédacteur de magazine, traducteur, journaliste, animateur
de télévision, acteur, écrivain et meurt tragiquement le 20 décembre
1997 à l'âge de 63 ans, officiellement suicidé après être tombé de la
fenêtre de son bureau situé au huitième étage. Extrait de dialogue (Gun lit le chapitre Dun livre à Goro) : "Mange-t-on d'abord la soupe ou d'abord les nouilles ?" demande l'élève au Maître. "D'abord, tu examines le tout. Avec soin, tu observes le bol et apprécies les condiments, les perles de graisse étincelant à la surface, la brillance des pousses de bambou, les algues qui sombrent peu à peu, les oignons flottant fièrement, et surtout, vedettes incontestables mais modestes : les trois tranches de porc rôti... D'abord, du bout des baguettes, soigneusement tu en caresses la surface. Pour leur exprimer tout ton amour. Puis tu diriges tes baguettes vers le porc. On ne fait que l'effleurer, comme en compatissant... Le saisissant lentement, tu le trempes dans le bouillon, à la droite du bol. Ici, le plus important est de s'excuser auprès du porc en murmurant "A tout à l'heure !". Puis on commence par les nouilles. A cet instant, tout en aspirant les nouilles, tu fixes intensément le porc. Là aussi, un regard amoureux." Le maître prit une pousse de bambou et mastiqua avec application. Puis il prit une gorgée de nouilles. Tout en mâchant ses nouilles, il reprit une pousse de bambou. Il sirota enfin le bouillon en trois brèves lampées. Se redressant lentement, s'emparant résolument d'une tranche de porc, il la frappa délicatement sur le bord interne du bol. "Maître, pour quoi faire ?" "et bien pour l'égoutter !". |
|||||
|