L'Intendant Sansho (山椒 大夫 Sanshô dayû), film japonais de Kenji Mizoguchi

L'Intendant Sansho (Sanshô dayû) est un film japonais réalisé par Kenji Mizoguchi, sorti au Japon en 1954

Dans le Japon médiéval du XIème siècle, le gouverneur de la province de Putsu est obligé de s'exiler pour avoir favorisé les paysans. Sa femme et ses deux enfants décident de le rejoindre six ans après son départ. En route, ils sont capturés par des marchands d'esclaves. Séparés, la mère est revendue comme une courtisane sur l'île de Sado, alors que sa progéniture est envoyée dans la province de Tango pour servir l'impitoyable Intendant Sansho.

Le fils de Sansho est pris de pitié pour ces deux enfants et leur conseille de cacher leur vraie identité noble. Après dix ans au domaine de Sansho, Zushiô semble avoir oublié les conseils de son père.
Il est devenu l'un des plus cruels des travailleurs de Sansho. Anju, sa sœur, travaille encore sous de pénibles conditions et elle souffre quand elle apprend ce que son frère est capable de faire.

Un jour, une nouvelle esclave arrive. Elle chante une chanson qui parle de deux enfants perdus et regrettés: elle raconte à Anju, la fille de Tamaki, qu'une vieille prostituée de l'île d'ù elle vient chantait cette chanson. À cause de cette chanson, Anju apprend que sa mère ne les a pas oubliés.

Zushiô et Anju sont obligés de mener une vieille femme mourante à la montagne, de manière à ce qu'elle soit dévorée par les fauves et il n'y ait pas besoin de l'enterrer quand elle mourra. Anju encourage son frère pour qu'il s'enfuie, elle le protégera pendant ce temps. Zushiô charge la vieille femme et s'enfuit, tandis que sa sœur se suicide pour que la torture ne la force pas à avouer l'endroit où son frère se cache. Les prêtres bouddhistes accueillent Zushiô et la vieille femme et ils les cachent des travailleurs de Sanshô qui les traquent. La femme reste au temple tandis que Zushiô va à Kyoto pour demander auprès du ministre de la justice sa liberté.

 

Quand sa vraie identité est découverte, il est réhabilité et nommé gouverneur par le ministre de la justice, il occupera le même poste que jadis avait occupé son père, mort il y a un an. Il publie une loi où il octroye la liberté à tous les esclaves. Il se présente à la propriété de Sanshô pour l'arrêter, même si celui-ci n'est pas sous sa juridiction puisqu'il dépend directement de l'Empereur. Quand il a envoyé Sanshô en exil, il démissionne et part chercher sa mère, qu'il trouvera vieille, aveugle et abandonnée.

D'une façon minoritaire dans l'œuvre de Mizoguchi, c'est ici par son sujet et ses personnages, un film plus masculin que féminin ; et l'oppression qu'il dépeint touche autant les homems que les femmes, les enfants que les adultes. A travers les malheurs de Tamaki, de Zushio et d'Anju, Mizoguchi a voulu décrire l'aube des valeurs morale à une époque où elles ne sont pas encore des valeurs objectives mais seulement le parti pris de quelques uns comme par exemple le père de Zushio.

Le voyage initiatique du fils Zushio sera celui d'un barbare prenant conscience de la condition humaine et devenant un adulte responsable et civilisé en poursuivant la quête de justice entreprise par son père quelques décennies auparavant. De l'esclave sans remords marquant de pauvres congénères au fer rouge lorsqu'ils tentent de s'enfuir, il deviendra un gouverneur ordonnant d'abolir les lois sur l'esclavage dans sa province et punissant les supérieurs abusifs. Son changement s'opère grâce à l'apport d'une femme, mais plus encore par l'unité familiale : d'abord un barbare, il retrouve subitement son innocence juvénile en cassant une branche en compagnie de sa sœur. Lui rappelant une scène du passé entrevue plus tôt dans le film, il se remémore leur voyage en compagnie de la mère et sa jeunesse. Le succès de Zushio est dû est grande partie aux femmes : le sacrifice de sa sœur pour qu'il puisse s'échapper ; l'image et l'éducation de sa mère pour lui donner une raison de s'accomplir.

La mise en scène de Mizoguchi est particulièrement maîtrisée dans ce film. Impressionné par la représentation du premier film en cinémascope au Festival de Venise, il travaille encore d'avantage les larges et grands plans pour donner toute ampleur à son image. Il alterne ses cadrages pour se rapprocher de ses personnages. Il n'ira toujours pas jusqu'à insérer des gros plans simplement pour diriger l'attention du spectateur sur un détail en particulier ou pour obtenir une meilleure intensité dramatique, mais pour détailler d'avantage ses protagonistes principaux.
Enfin, rarement l'action hors-champ n'aura été si bien rendu que, que ce soit en début du métrage pour arriver sur l'intrigue principale ou en cours de film, comme pour élucider le moment dramatique du marquage au fer rouge. Son découpage à l'intérieur des scènes est en parfaite harmonie avec le paysage, le placement des personnages et leur lien avec les lignes imaginaires tracées par l'horizon sont parfaitement géométriques et décomposées comme dans un tableau peint.

Distribution

  • Kinuyo Tanaka : Tamaki
  • Yoshiaki Hanayagi : Zushiô
  • Kyôko Kagawa : Anju
  • Eitarô Shindô : Sanshô dayû
  • Akitake Kôno : Taro
  • Masao Shimizu : Masauji Taira
  • Ken Mitsuda : Prime Minister Fujiwara
  • Kazukimi Okuni : Norimura
  • Yôko Kosono : Kohagi
  • Noriko Tachibana : Namiji
  • Ichirô Sugai : Ministre de la Justice
  • Teruko Omi : Nakagimi
  • Masahiko Kato : Zushio jeune
  • Keiko Enami : Anju jeune
  • Bontarô Akemi : Kichiji

Fiche technique

  • Titre : L'Intendant Sansho
  • Titre original : 山椒 大夫 Sanshô dayû
  • Réalisation : Kenji Mizoguchi
  • Scénario : Fuji Yahiro et Yoshikata Yoda, d'après l'oeuvre du célèbre écrivain Mori Ogaï.
  • Production : Masaichi Nagata
  • Musique originale: Fumio Hayasaka, Tamekichi Mochizuki et Kanahichi Odera
  • Directeur de la pPhotographie : Kazuo Miyagawa
  • Pays d'origine : Japon
  • Format : Noir et blanc
  • Durée : 120 minutes
  • Date de sortie: Japon: 31 mars 1954
    Re-sortie en France le 18 janvier 2006.

Récompense: Ce film a obtenu le Lion d'Argent, qui correspond au deuxième prix, à la Mostra de Venise en 1954.