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La Figuration narrative

Apparue au début des années 1960 et caractérisée par un retour à la figuration, la tendance de la Figuration Narrative n'est pas représentée par un groupe organisé mais par un certain nombre d'artistes, appartenant la plupart, à une même génération, et qui exprimèrent une sensibilité commune en se démarquant de l'abstraction et du nouveau réalisme.

Cette tendance fait partie de l'ensemble plus vaste appelée "Nouvelle Figuration" et se trouve assez proche de la "Figuration Libre", mais s'oppose assez nettement à la tendance des "Nouveaux Réalistes"

Le terme Figuration Narrative apparaît à l'occasion de deux expositions à la galerie Mathias Fels, à Paris, en 1961 et en 1962 Lancé en 1964 à l'occasion d'une exposition au musée d'Art moderne de la Ville de Paris intitulée Mythologies quotidiennes, mais également présent à travers les expositions du Salon de la jeune peinture , ce courant s'intéresse aux scènes de la vie quotidienne et aux mythologies (politiques, sociales, morales) de l'époque.

Ce mouvement est éminemment représentatif de la vitalité de l'art français des « Trente glorieuses » : loin des phares du Pop Art américain. Cette génération de peintres, nés avant la seconde guerre mondiale, a puisé les outils et les sujets de sa peinture dans les mythologies de son époque : photographie, roman photo, cinéma, polar, bande dessinée.

Les artistes de la figuration narrative ont compris que le potentiel subversif de leurs œuvres devait tenir dans leur dimension esthétique bien davantage que dans un discours plus ou moins explicite.

Passionnés par la politique - « A l'origine de toute création artistique, il faut une émotion. Très souvent, chez moi, elle est de nature politique » déclare Rancillac - les artistes de la Figuration narrative sont les contemporains de penseurs comme Michel Foucault, Pierre Bourdieu ou Gilles Deleuze. Complices en plusieurs occasions, c'est souvent à partir de leurs images qu'ont réfléchi plusieurs auteurs, reconnaissant ainsi le don de « pré-voyance » des artistes.

La “Figuration narrative” interroge l’actualité pour faire la chronique des heures et des jours. Face au problème classique de la représentation du temps par l’image, ce courant narratif amène des solutions qui tiennent compte des apports spécifiques du cinéma et de la bande dessinée et qui aboutissent notamment à une dimension poétique volontairement absente du pop-art.

Les artistes pretent leur attention aux scènes de la vie quotidienne et aux mythologies, politiques, sociales, morales qui en découlent. Leurs sources sont la bande dessinée, le cinéma, la photographie, les images de tous les jours ; ils réalisent des peintures figuratives, volontairement froides et distanciées, qui cherchent à maintenir continuellement en éveil notre rapport critique aux images de la réalité.

Ces artistes se retrouvent accusés d’être cinématographiques, publicitaires, d’utiliser les codes de la bande dessinée ou de céder à l’anecdote, cependant aucun de ces artistes ne se résout à utiliser systématiquement les techniques mécaniques de la reproduction ; ils persistent tous à travailler à la main. Ils ne se résignent pas à laisser la peinture déserter le terrain des images. Mais même s’ils obéissent aux mêmes impératifs techniques que les hyperréalistes, cette génération d’artistes européens produit quantité d’œuvres qui bien que d’inspiration photographique présentent des prolongements philosophiques, politiques, moraux ou sentimentaux.

Les artistes de ce mouvement recyclent des images un peu comme les artistes Pop. Cependant le Pop art fige l’image alors qu’eux utilisent l’image dans une continuité, dans une narration. L’image décomposée, l’image neutralisée, l’image transformée, l’image déviée dans un sens nouveau que n’avait pas prévu les premiers auteurs. Subjectivement ou politiquement, la figuration narrative ne perd jamais l’idée qu’il faut provenir du sens alors que beaucoup d’artistes ne croient pas cela nécessaire et ne s’intéressent pas au sens.

On trouve parmi ces artistes, des peintres tels que: Valerio Adami, Eduardo Arroyo, Erró, Peter Klasen, Jacques Monory, Peter Stämpfli, Hervé Télémaque, notamment. Leurs sources sont la bande dessinée, le cinéma, la photographie, les images de tous les jours.

Certains artistes se sont attachés davantage à une réflexion et une analyse de l'image alors que d'autres ont cherché à impliquer davantage leur pratique artistique dans un regard critique sur la société de leur temps ( Cueco , Fromanger, Rancillac notamment).

Liste indicative et non limitative des artistes pouvant être rattachés à la Figuration narrative



De gauche à droite :Hervé Télémaque, Peter Stämpli, Erro, Bernard Rancillac, Peter Klasen, Jacques Monory