Les films de l'année 2012
|
|||
Films par ordre alphabétique, sortis en salles en France en 2012
|
|||
Les Palmarès des journaux
|
Barbara, film allemand de Christian Petzold ; Scénario
: C. Petzold, Harun Farocki ; Photographie : Hans Fromm ; Musique : Stefan Will
: Montage : Bettina Böhler ; Durée : 105 minutes : Sortie en France : 2 mai
2012
Avec Nina Hoss : Barbara Wolf Ronald Zehrfeld : André Rainer Bock : Klaus Schütz
Christina Hecke : interne Schulze Mark Waschke : Jörg Jasna Fritzi Bauer : Stella
Peter Benedict : Gerhard Susanne Bormann : Steffi
Eté 1980 : les Jeux olympiques se déroulent à Moscou, l’Union
soviétique continue sa guerre en Afghanistan, Solidarnosc surgit en Pologne.
Dans une petite ville sans nom du Mecklembourg, proche de la Mer Baltique,
Barbara, médecin pédiatre, descend d’un autobus. Deux hommes l’observent
d’une fenêtre, le premier est son nouveau chef, André, l’autre un officier
de la Stasi. Barbara a fait une demande d’émigration, qui lui a valu d’être
arrêtée puis mutée du prestigieux Hôpital de la Charité à Berlin-Est vers
un obscur hôpital de province.
Barbara veut partir. Après l'échec de sa tentative légale, sa fuite clandestine, par la mer, est déjà planifiée, son amant ouest-allemand a tout organisé. Mais quand elle le rencontre en secret à l’Interhotel, il lui dit exactement ce qu’il ne faut pas dire : quand elle sera là-bas, elle ne sera plus obligée de travailler, il gagne suffisamment bien sa vie, mais il pourrait aussi venir la rejoindre et être heureux en RDA, avec elle. “Tu es fou, ici on ne peut pas être heureux”, lui rétorque Barbara. Et le dialogue avec une autre femme, plus vénale, engagée dans une liaison avec le complice de son amant, contribue à semer en elle le doute sur le sens profond de sa fuite. Et puis, ses malades ont besoin d’elle, une jeune fille enceinte par exemple, qui ne cesse de s’évader du Werkhof Torgau, une maison de correction, où la RDA tentait de transformer de force les jeunes insoumis en “personnalités socialistes”. Le fait d’être médecin, de venir en aide et de se réfugier en privé dans la culture bourgeoise crée des liens entre Barbara et André : celui-ci lui envoie un accordeur de piano et des partitions, du Chopin. Lui-même vénère Rembrandt et Tourgueniev, en particulier les Mémoires d’un chasseur, qui évoque les horreurs du servage dans la Russie tsariste. Un tel homme peut-il trahir la femme dont il est tombé amoureux ? Ou n’est-il que dans le faux-semblant ? Barbara provoque l'émotion, avec sa beauté, son air buté, sa solitude. Sa colère rentrée, sa tristesse mal dissimulée. On lui attribue un logement sordide, elle le garde vide et sans âme, comme pour dénoncer le néant qui l'entoure. Christian Petzold instille ainsi le sentiment que notre univers quotidien n'est peut-être qu'une illusion et notre existence une coquille vide, comme dans ses films précédents Fantômes (2005) et Yella (2007). L'Allemagne de l'Est finissante est le cadre idéal d'une irréalité ordinaire, société où tout est théorique, où ne reste que le décor. Rues, couloirs d'hôpital, chemin sous les arbres, tous les lieux que traverse Barbara distillent une atmosphère étouffante, menaçante. Christian Petzold y fait résonner une vacuité absurde, et aussi la peur que le moindre geste soit vu, dénoncé. Nina Hoss et Ronald Zehrfeld, dans les rôles principaux jouent le rapprochement timide et incertain entre cette femme et cet homme avec une présence et une fragilité magnifiques. Le thème de la liberté revient sur le devant de la scène. À travers cette histoire inventée, mais imprégnée par le souci de reconstituer une époque sans manichéisme, le réalisateur raconte non seulement une résistance à un régime politique destructeur mais pose, à travers ce retour sur le passé de son pays, des questions qui dépassent les idéologies : la vraie vie est-elle toujours ailleurs ? Le présent est-il si vide et l'avenir si radieux ? La réponse que Barbara donne aux questions qui l’écartèlent sera magnifique, courageuse, ouverte, poignante. Et surtout habilement amenée par une succession de scènes qui rendent peu à peu compréhensibles les hésitations de Barbara, sa compréhension d’un monde toujours plus compliqué que ne le disent les idéologues de tous bords. Elle assume la responsabilité de rester dans son monde pour tenter, à son niveau, d’améliorer la société et le sort de ses jeunes malades. Christian Petzold montre la RDA comme on ne l’a jamais vue. Les couleurs Kodak sont intenses, principalement bleu, rouge, vert. Le voile gris qui recouvrait ce pays englouti au cinéma comme dans la mémoire collective a disparu. Petzold rend le passé présent et palpable comme s’il voulait dire : n’oubliez pas, ce pays a vraiment existé. Barbara est un film d’un metteur en scène, d’un agenceur de plans, d’un fin directeur d’acteurs, d’un cinéaste capable de donner de la tension à la moindre image. Il a reçu à juste titre l’Ours d’argent de la mise en scène, à la Berlinale 2012 |
![]() |
Le Jardin d'Hanna (Beautiful Valley) film franco-israëlin de Hadar Friedlich, sorti en Israël en 2011 -durée 1 h 28 mn - Scénario : Hadar Friedlich - Image : Talia Gallon - Montage : Nelly Quettier, Hadar Friedlich - Musique : Uri Ophir - Avec: Batia Bar, Gili Ben Ouzilio, Ruth Geller, Hadar Aviga, Eli Ben Rey À quatre-vingts ans, Hanna Mendelssohn est fière de travailler encore dans le kibboutz qu'elle a contribué à créer. Sans relâche, elle défend les valeurs d'égalité et de solidarité qui sont au cœur de la vie du kibboutz. Quand les mesures de privatisation du kibboutz l'obligent à prendre sa retraite, c'est tout son monde qui s'en trouve ébranlé et, après une vie dévouée au travail, Hanna se sent tout à coup inutile. Hadar Friedlich est née dans un kibboutz dans la vallée de Bet Shean. Après avoir servi dans l'armée israélienne, elle passe une année à travailler comme bénévole avant de commencer ses études. Diplômée de « Maale », Université de Cinéma et Télévision de Jérusalem, elle travaille aujourd'hui comme monteuse de documentaires pour Channel One à la télévision israélienne. Elle est également auteur de scénarii. Son film de fin d'étude Grief, qu'elle a écrit, réalisé, produit et monté, a participé à de nombreux festivals et s'est vu récompensé par de nombreux prix internationaux. |
![]() |
Des questions? pour me joindre...