Kurt Schwitters

Un article de Nezumi.

Kurt Schwitters, né le 20 juin 1887 à Hanovre en Allemagne, et mort le 8 janvier 1948 à Ambleside en Angleterre, est un peintre et poète allemand.

Il a incarné l'esprit individualiste et anarchiste du mouvement Dada, dont il fut l'un des principaux animateurs de Hanovre. En parallèle à Dada, il a créé un mouvement qu'il a appelé « Merz ». Il a exercé une influence importante sur les néo-dada américains, Robert Rauschenberg en particulier, qui lui a emprunté l'idée de ses « combine-paintings » et ses collages.

Biographie

Kurt Schwitters étudie la peinture et le dessin de 1909 à 1914 à l'Académie de Dresde puis à celle de Berlin et participe à la revue Der Sturm de Berlin. Il est d'abord l'auteur d'œuvres figuratives, avant de subir l'influence des mouvements d’avant-garde du début du xxe siècle dans des œuvres au fusain ou à l'aquarelle.

À partir de 1918, il se détourne définitivement de la peinture traditionnelle et élabore, entre 1918 et 1920, un vocabulaire propre fondé sur l'emploi de déchets et de détritus de toutes sortes1 et l'utilisation des procédés de collage pour assembler des matériaux de manière « harmonieuse ».

Grand ami de Raoul Hausmann et de Hans Arp, refusé par le Club Dada de Berlin c'est-à-dire par Richard Huelsenbeck, Schwitters réagit en fondant un mouvement parallèle qu'il nomme « Merz », d'après son tableau Merzbild I (1919) dans lequel le mot « Merz » est ironiquement tiré de la partie centrale du mot « Kommerzbank » découpé dans une annonce imprimée. Le mouvement Merz cherche en effet à s'approprier les rebuts de la société industrielle et urbaine, faisant entrer la réalité quotidienne dans l'art, sans idée de message politique ou d'esthétique d'opposition, mais avec la volonté, à partir de 1920, de fonder un « art total Merz », embrassant l’architecture, le théâtre et la poésie.

De 1920 à 1923, dans sa maison de Hanovre, Schwitters entreprend de construire une vaste structure faites de volumes blancs en plâtre aux plans imbriqués les uns dans les autres, et traversé par des tiges et des poutrelles de section carrée, la Schwitters-Säule (colonne Schwitters), dans laquelle s'encastrent, dans des cavités, ses œuvres et celles de ses amis. La construction envahit peu à peu toutes les pièces et même tous les étages de la maison et l'artiste lui donne le nom de Merzbau (construction Merz). Détruite lors des bombardements d'Hanovre en 1943, cette œuvre unique a été reconstruite en 1990 au Sprengel Museum d'Hanovre puis, en 1993, dans une version réduite, par Peter Bissegger à la demande de Harald Szeemann à l'occasion de la Biennale de Lyon.

Après 1922, Schwitters se lie avec les constructivistes Theo van Doesburg et El Lissitsky. Avec eux, il publie entre 1923 et 1932 la revue Merz et crée même une centrale de publicité Merz, qui travaille pour des firmes comme Pelikan, Opel ou Bahlsen. En 1919, il publie An Anna Blume, collage de chansonnettes, de proverbes et de citations.

Son chef-d'œuvre de poésie phonétique (Ursonate, 1921-1932) sera publié dans le 24e et dernier numéro de la revue Merz. Il a été réédité en CD en 1990 et de nombreuses fois depuis. (l'entendre)

Après 1937, il quitte l'Allemagne pour la Norvège. Ses œuvres sont retirées des musées et quatre d'entre elles figurent dans l'« exposition de l'Art dégénéré » à Munich. Après l'invasion de la Norvège par les nazis, il s'installe en 1946 en Angleterre, à Ambleside dans le Westmoreland où il entreprend un nouveau projet dans l'esprit du Merzbau, le Merzbarn (grange Merz). Il meurt oublié, mais son influence ne cesse de croître après sa mort et Schwitters est aujourd'hui, par la profondeur de sa démarche, la variété des formes d'expression qu'il a empruntées, du collage à l'architecture en passant par le théâtre, la poésie et la typographie, éléments de sa vision globale de la création, par sa recherche du " Gesamtkunstwerk ", de l'œuvre d'art totale, considéré comme l'un des plus grands artistes du XXe siècle.

Quelques œuvres importantes

  • Merzbild I, le Psychiatre, 1919, assemblage, Malborough-Gerson Gallery, New York
  • Le Gibet du plaisir 1919 Sculpture-objet
  • Wenzel Kind 1921 Collages avec journaux et magazines (esprit Dada)
  • Sans titre (Henpapi), 1922, collage, galerie Gilbert Brownstone et Cie, Paris
  • Breite Schnurchel, 1923, relief en bois, collection Hoech, Berlin
  • Verso F 14, recto F 15, 1924, collage, Musée national d'art moderne, Paris
  • Relief dans le carré bleu, 1925
  • Tableau vertical-horizontal, 1926
  • 15 Enix, 1930 , collage géométrique et abstrait
  • Merzbau à Lysake 1937, , collage géométrique et abstrait
  • Hitler Gang ,1944, collages, 34,7 x 24,5 cm
  • En Morm, 1947, collage, Marlborough fine art, Londres


Un collage représentatif

  • Prikken paa i en, 1939
  • Collage de papiers divers sur contreplaqué peint collé sur aggloméré, 75,5 x 91,8 cm
  • Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris


Jour après jour, comme feuilles poussées par le vent, tous ces petits papiers forment un tapis aux couleurs de l’automne. Sur ces papiers courent des mots, qui se superposent, se bousculent, s’entrechoquent. Ils sont en anglais, en norvégien, en italien, en français, mais la plupart sont en allemand, la langue maternelle de Schwitters.

Tous ces mots, tous ces papiers sont dispersé comme par le souffle des ailes d’un moulin. Puis rassemblés, construits comme un nid d’oiseaux. L’oiseau qui plane au-dessus de l’Allemagne en 1939, c’est l’aigle impérial. Dans son tableau, Schwitters le coupe en deux et l’enfouit parmi les détritus de la rue ! Le collage terminé, il le signe, le date et donne ce titre à son œuvre : PRIKKEN PAAI EN, c’est-à-dire LE POINT SUR LE I.




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Citations

« Je ne comprends pas pourquoi on ne pouvait utiliser dans un tableau, au même titre que les couleurs spécialement fabriquées pour les peintres, des matériaux tels que : vieux billets de tram ou de métro, morceaux de bois flotté, tickets de vestiaire, fil de fer, rayons de vélo, boutons, en un mot toutes les vieilleries qui traînent dans les greniers ou sur les tas d’ordures. C’était là, en quelque sorte, un point de vue social et, sur le plan artistique, un plaisir personnel… »

« Avec des buts on peut détruire un monde et par la connaissance et la confrontation des possibilités, construire un monde nouveau avec les débris.  »

Galerie

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Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal