Kumano

Un article de Nezumi.

Kumano (熊野) désigne à la fois une ville, une région de montagne et un type de sanctuaires shintô au Japon.

Les sanctuaires et les sentiers Kumano sont inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 2004 au titre des sites sacrés et chemins de pèlerinage dans les monts Kii.

Géographie

Kumano (熊野市, Kumano-shi) est une ville portuaire de la préfecture de Mie, située entre Ise et Shingû, sur la côte orientale de la presqu'île de Kii. Sa population est d'environ 20 000 habitants. Les activités principales sont la pêche, l'exploitation du bois et le tourisme.

La région de Kumano occupe le centre montagneux et boisé de la Péninsule de Kii. La région de Kumano figure dans le Nihon shoki (日本書紀, écrit vers 720) en tant que lieu de culte naturel. Yoshino et Omine firent très tôt l'objet d'un culte shinto avant d'être associés vers le VIIIe siècle à la voie du Shugendō. Au Xe siècle, les trois grands sanctuaires liés au culte des montagnes environnantes se rapprochent et forment le complexe religieux de Kumano Sanzan, auquel se rajoutent des temples bouddhistes comme le Seiganto-ji. La cascade de Nachi est alors perçue comme le centre spirituel de la région dans le shinto. D'autre part, le mont Kōya fondé au IXe siècle est le centre de l'école bouddhiste Shingon. La région est donc depuis l'époque féodale un haut lieu de pèlerinage.

Sanctuaires Kumano

Un sanctuaire Kumano (熊野神社, Kumano jinja) désigne un sanctuaire shintô consacré aux trois montagnes sacrées de Kumano : Hongū, Shingū et Nachi ( Kumano gongen (熊野権現).
Il existe plus de trois mille temples de ce type sur l’archipel, chacun dédié à un kami transmis par un autre sanctuaire Kumano selon un rite de propagation nommé bunrei (分霊) ou kanjō (勧請). L’origine et le centre spirituel de ces sanctuaires est le complexe religieux du Kumano Sanzan (熊野三山)

Le culte de Kumano remonte à la Préhistoire, précédant toutes les religions modernes du Japon d’aujourd’hui, et la région est selon les croyances bénéfique pour la santé. Au début, chaque temple est indépendant et organise son propre culte mais, au Xe siècle, sous l’influence du bouddhisme, ils se rapprochent pour vénérer les trois divinités shinto de Kumano. Le complexe devient en même temps un exemple du syncrétisme entre bouddhisme et anciens cultes nationaux (shinbutsu shūgō) : certaines théories spirituelles (nommées honji suijaku) d’alors lient en effet les kami à des émanations de Bouddhas indiens, si bien que les trois sanctuaires principaux sont associés aux Bouddhas Amida, Yakushi et Senju Kannon. Déjà des moines des sectes Tendai et Shingon y séjournaient durant des retraites spirituelles. Le culte d’Amida (jōdo) devient notamment très important à partir de la fin de l’époque de Heian et durant l'époque de Kamakura (env. XI-XIVe), et toute la région avait la réputation d'appartenir à la Terre pure.

Kumano Sanzan

L’origine et le centre spirituel des sanctuaires Kumano est formé des trois sanctuaires Kumano Sanzan (熊野三山), dans la préfecture de Wakayama. Les trois sanctuaires forment le Sôhonsha (temples principaux) de tous les autres sanctuaires Kumano. Un chemin de pèlerinage nommé Kumano sankeimichi (熊野参詣道) permet de les relier.

Généralement, le premier à être visité est le Kumano Hatayama Taisha, célèbre également pour ses trésors. Mais le plus grand et le plus vénéré est le Kumano Hongu Taisha, situé dans une forêt dense propice à la sérénité.

Vers la fin du 10e siècle, chacun de ces sanctuaires, sous l'influence bouddhiste, a établi un culte élargi aux trois divinités gardiennes de la région. La trinité divine de Kumano Sanzan est alors devenue un amalgame unique de traditions bouddhistes et shinto : les divinités de Kumano étaient considérées comme les plus puissantes au Japon. Au 11e siècle, ces Grands Sanctuaires sont devenus une destination de pèlerinage pour la famille impériale et les aristocrates. Avant la fin du 15e siècle, ils furent par contre supplantés par une majorité de pèlerins d'origine modeste. Tant de gens visitaient cette région qu'on y faisait souvent référence comme étant une « procession de fourmis ».

Du XIVe au XVIe siècle, le conflit entre factions impériales, la puissance des samouraïs et les batailles entre seigneurs féodaux entraînèrent un affaiblissement de l’autorité impériale et centralisée mais, parallèlement, l’essor d’une économie monétaire et l’amélioration des méthodes de production firent apparaître une nouvelle classe aisée, les pèlerinages s’étendant alors à tous ceux qui pouvaient s’offrir le voyage.

Du XVIIe siècle à 1868, un puissant gouvernement féodal fut établi à Edo (qui devint plus tard Tokyo), et une grande partie de la terre associée aux temples fut absorbée par le gouvernement. Dans le même temps, l’amélioration des routes rendant le voyage plus facile, le nombre de pèlerins augmenta, de même que celui des simples touristes.

À la fin du 19e siècle, le Japon est forcé de s’ouvrir au monde extérieur. En 1868, la Restauration Meiji voit l’effondrement du système féodal et le début d’une période de changements dramatiques. Le Japon évolue rapidement vers un état moderne afin d’être compétitif avec les pays de l’Ouest.

Le nouveau gouvernement prend de strictes mesures pour contrôler la religion au Japon, et émet le décret de Séparation du Bouddhisme et du Shintoïsme. Il prohibe aussi le syncrétisme Shinto-Bouddhiste et bannit complètement le Shugendo. Des milliers de temples sont détruits et des complexes incorporant des institutions à la fois Shinto et Bouddhiste se voient forcés de faire un choix. Par exemple, toutes les statues et objets reliés au Bouddhisme sont retirés du Grand Sanctuaire de Kumano Hongu Taisha.

La fin des années 1990 voit une recrudescence de gens empruntant les anciens sentiers de pèlerinage en montagne. Puis, en 2004, avec l’enregistrement de la région sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en tant que « Sites sacrés et chemins de pèlerinage dans les Monts Kii », le nombre de visiteurs augmente dramatiquement. Les montagnes sacrées de Kumano sont à nouveau découvertes par les japonais contemporains recherchant leur racines spirituelles, ainsi que le mode de vie traditionnel des campagnes, dissout depuis longtemps par les villes modernes japonaises.

Kumano Kodô

Les chemins de pèlerinage appelés Kumano Kodô (熊野古道) se divisent en cinq sentiers principaux et de nombreuses vatiantes.

  • Le petit sentier (小辺路, Kohechi) : de Kōyasan à Kumano Sanzan (environ 70 km).
  • Le sentier moyen (中辺路, Nakahechi) : de Tanabe à Kumano Sanzan
  • Le grand sentier (大辺路, Ohechi) : de Tanabe à Kushimoto et Kumano Sanzan (environ 120km).
  • Le sentier d'Ise (伊勢路, Iseji) : du sanctuaire d'Ise à Kumano Sanzan (environ 160km).
  • Le sentier de Kii (紀伊路, Kiiji) : d'Ōsaka à Tanabe .

La péninsule de Kii se trouve dans une des régions du Japon à forte pluviométrie. C'est pour cette raison que les sentiers y ont été pavés de pierres en de nombreux points. À l'époque Edo (1603-1868), le fief de Wakayama jalonna les sentiers de bornes ichirizuka (一里塚), distantes d'un ri (environ 500 mètres).

Les Sanctuaires Oji sont les sanctuaires secondaires des Grands Sanctuaires de Kumano construits le long des chemins de pèlerinage afin de protéger et de guider les pèlerins. Ces sanctuaires hébergent les « enfants des divinités » de Kumano, et servent à la fois de lieu de prière et de repos. La création de ces sanctuaires est attribuée aux moines ascètes des montagnes, les Yamabushi, qui étaient historiquement guides de pèlerinage.

Les Oji sont connus sous le nom de « Kyujukyu Oji » ou « 99 Oji ». Ce chiffre est une expression faisant allusion au grand nombre d’Oji et n’est pas représentatif du nombre exact de sanctuaires. De tous ces sanctuaires, cinq Oji sont considérés comme les plus prestigieux et sont regroupés sous le nom de Godai-oji : Fujishiro-oji, Kirime-oji, Inabane-oji, Takijiri-oji, et Hosshinmon-oji.

kiishema.jpg

taisha94.jpg

Kumano Hongū Taisha


oji1.jpg

Hosshinmon-oji

Voir aussi Les films d' Ann ; le cinéma de Nezumi; les Artistes contemporains / Randonnées dans les Pyrénées

Voyages : les merveilles du Japon; Les temples et des montagnes du Népal