Bouddhisme au Cambodge

Un article de Nezumi.

Le bouddhisme est la religion officielle du Royaume du Cambodge.

La religion des bouddhistes khmers est fondé sur le Bouddhisme theravâda. Il fait partie intégrante de l'identité nationale. Le slogan officiel du pays est " Nation, Roi et Religion ". Mais le bouddhisme pratiqué par le peuple khmer est original. Il est le résultat de son mariage avec l'animisme, le brahmanisme. Le bouddhisme, en devenant religion officielle du royaume khmer au 15ème siècle, n'a pas réussi à faire abandonner aux Cambodgiens, leurs divinités indigènes, maîtres du sol et de ses richesses, héros humains devenus génies tutélaires, sans oublier les ancêtres protecteurs de chaque lignée. Les Cambodgiens ont beaucoup de crainte envers ces divinités locales. Elles font l'objet de soins plus constants de leur part alors qu'il n'existe aucune inscription scripturale de leurs cultes. Les bouddhistes khmers ont su les intégrer harmonieusement dans l'enseignement du Bienheureux Çakyamuni. Sans cette intégration, le bouddhisme ne serait jamais vu par le peuple khmer comme un facteur important de leur identité.

Dans le contexte asiatique, et spécialement au Cambodge, la culture et la religion ne sont que les deux aspects entrelacés et inséparables de la compréhension de l'être humain. Tout être humain porte en lui le désir d'un monde meilleur et se pose plus ou moins clairement la question sur le sens de sa vie. Ce désir et ce questionnement s'expriment dans un langage culturel donné. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'affirmation d'un Khmer quand il dit : Être Khmer, c'est être bouddhiste et sans le bouddhisme le Cambodge n'existerait pas.

Le refus de la dichotomie religion-culture, permet de comprendre le bouddhisme khmer non pas comme un syncrétisme avec l'animisme et le brahmanisme, mais plutôt comme une symbiose, une union harmonieuse entre les trois religions. Le brahmanisme a été pendant la période des temples d'Angkor, du IXè au XIVè siècle, la religion officielle du pays.

Le mot « animisme » utilisé pour désigner les croyances populaires conduit souvent à voir ces croyances comme des superstitions propres à des peuples plus ou moins ignorants. L'expression « religiosité cosmique » semble plus judicieuse. Ces croyances concernent des divinités (tévoda), des esprits (khmoch), des génies (neak ta). Certains personnages historiques sont devenus des « neak ta », tel est le cas de Pol Pot, dans le nord du Cambodge. Le peuple va essayer de les ménager par des offrandes de nourriture ou des bâtonnets d'encens. L'influence de cette religiosité pousse les Khmers à regarder Bouddha comme la manifestation suprême du sacré. Ses statues sont alors dotées de force magique ainsi que ses paroles. Ses reliques ont beaucoup plus d'influence que toutes les amulettes. On leur présente alors, comme aux génies protecteurs, diverses offrandes : fleurs, bâtonnets d'encens, musique, argent, aliments.

Le bouddhisme, religion d'originaire de l'Inde, a bien intégré dans son enseignement, qu'il ne peut avoir prise sur les Khmers sans s'appuyer sur cette religiosité populaire. Il existe une subordination certaine de cette croyance populaire par rapport au bouddhisme : Bouddha occupe toujours la première place. Il est invoqué en premier lieu, placé au début des mythes et légendes. Selon les bouddhistes d'aujourd'hui et du passé, le Bouddha est le parfait, le meilleur, le sommet de ce qu'on peut penser et honorer. Il est placé au-dessus des divinités, des esprits, des génies de toutes sortes. Il est cependant très difficile pour un Khmer de distinguer ce qui est vraiment bouddhique de ce qui relève de la religiosité cosmique. Ainsi l'eau lustrale qui s'emploie dans un but terrestre pour les guérisons corporelles ou morales et les exorcismes peut être faite par un bonze ou par un spécialiste de la magie.

Le bouddhisme vécu au Cambodge confirme le fait qu'une expérience religieuse ne commence jamais à zéro, ni pour l'individu, ni pour le groupe. C'est toujours en partant de ce qu'on est, que l'on interprète ou fait le choix des éléments nouveaux. Les Khmers ont interprété le bouddhisme en partant de leur expérience cosmique. Cela est facilité par la méthode de « bouddhistisation » : le bouddhisme ne s'impose pas, il se rend présent, il donne quelque chose en plus, en laissant tout ce qui existe, en l'englobant et en le réinterprétant autant que possible. Pour le peuple khmer, la religiosité cosmique lui permet d'expliquer et d'organiser sa vie en ce bas monde et le bouddhisme les aide à espérer en un monde futur meilleur.

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