37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix

37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix est un film français, sorti le 9 avril 1986.


Dans une station balnéaire (Gruissan et ses maisons sur pilotis), hors saison. Un jeune homme nommé Zorg, qui travaille comme peintre-bricoleur-dépanneur, est installé dans une petite baraque, non loin de la plage. Depuis huit jours, il vit une histoire d'amour sensuelle et passionnée avec Betty. Elle prend de plus en plus de place dans la vie de Zorg, et le distrait de son travail - ce qui ne va pas plaire du tout au patron de Zorg, qui est aussi le propriétaire de la baraque où il vit.
Un jour où Betty est particulièrement excédée, elle insulte le propriétaire. Zorg doit partir. Après avoir mis le feu au bungalow Betty va vivre avec Zorg chez Lisa. Ils travaillent à la pizzeria d'Eddy, l'ami de Lisa.
Betty découvre, dans les affaires de Zorg, le manuscrit d'un roman. Après l'avoir lu, elle est persuadée que Zorg est un grand écrivain. Après avoir tapé le texte à la machine, Betty l'envoie à plusieurs éditeurs et, en attendant leur réponse, pousse Zorg à se remettre à écrire. La plupart des éditeurs répondent par un refus tout net, et Betty commence à être déprimée.
La mère d'Eddy meurt et celui-ci propose à Zorg et Betty de s'installer dans sa maison. Dans ce petit village isolé, Zorg devient vendeur de pianos, et se fait de nouveaux amis de ses voisins, Bob et Annie. Betty ne va pas bien.

Lorsque, se croyant enceinte, elle apprend finalement qu'elle ne l'est pas, elle sombrera dans la dépression. Elle va de plus en plus mal, elle se crève un oeil et est hospitalisée d'urgence. Zorg la retrouve dans un état quasi comateux, et décide de mettre fin à son calvaire en l'étouffant sous son oreiller. Betty reste présente pour Zorg et c'est cette présence qui lui donne la force d'écrire de nouveau.

Jean-Jacques Beineix a souligné qu'il ne fallait chercher de psychologie dans son film: "Le film décrit les rapports étonnants d'un couple, il décrit une époque, avec un style, une modernité qui correspond à cette époque. Au risque de déconcerter certains, ni Djian, ni moi n'avons cherché à analyser les motivations de cette fille et de ce garçon".

Cependant il est légitime de se poser la question : La personnalité de Betty dans le film correspond-elle à une description précise d'un trouble mental?
Il semble que dans toute la première partie elle corresponde à un "état limite (borderline)" qui évolue dans la seconde en trouble psychotique grave.

Citons la source AAPEL (association d'aide aux personnes avec un "état limite", borderline en anglais) qui analyse le personnage comme si il s'agissait d'un cas réel:

"Je lui donne dans les 11 points sur 13 au test de l'état limite, et vraisemblablement 8 points sur 9 sur les critères DSM IV ; Pour ce qui est des critères DSM de la schizophrénie, Betty ne correspond pas à ces critères durant la première partie du film, tous ses comportements "bizarres" pouvant totalement s'expliquer par un état limite. (Impulsivité pour fuir une réalité qui n'est plus maîtrisée, pour fuir l'angoisse, l'état de panique)
Que dire du personnage de Betty, elle est amoureuse de Zorg, certainement plus qu'elle ne s'aime elle-même et c'est sans doute cela qui les condamne dans le film.
Betty est de plus gentille (aime rendre service), impulsive, passionnée, joyeuse, triste, a des cotés "gamine" Elle change d'humeur en un claquement de doigt, elle a des crises de rage, elle s'automutile (je parle pas de la scène finale), elle a des accès de rage, de violence dirigée aussi contre autrui mais ne correspond pas, de toute évidence, à des critères de psychopathe, Betty ne s'aime pas, c'est évident.
A un moment on apprend qu'elle prend des médicaments mais on ne sait pas lesquels ni depuis combien de temps
Dépressive ? non, elle a des moments d'euphorie et de bonheur évidents
Bipolaire ? non, ou alors "bipolaire à cycles supersoniques"
Reste le débat sur la fin... la question se pose dans un premier temps quant à savoir si le film est vraisemblable sur un plan psychiatrique.
Pour faire simple, Betty "disjoncte" avec une forte crise psychotique.
Cette crise est-elle compatible avec un trouble borderline seul ? Je ne le pense pas même si une forte angoisse ou dysphorie peut conduire à la dissociation. Betty a par contre plusieurs expériences psychotiques notamment quand elle dit qu'elle entend des voix qui lui parlent.
La retrouve t'on "légume" parce qu'elle a "disjonctée" ou parce qu'elle est sous neuroleptiques à fortes doses ? Je n'ai pas la réponse même si je suppose qu'elle devait avoir une dose de cheval.
En tous les cas si l'on ignore la fin du film, nous avons la selon moi un bel exemple de trouble borderline sévère, extériorisant.
Une fois de plus j'insiste sur le fait que le trouble borderline ne conduit pas à la folie."

 



 

Distribution

  • Jean-Hugues Anglade : Zorg
  • Béatrice Dalle : Betty
  • Gérard Darmon : Eddy
  • Consuelo de Haviland : Lisa
  • Clémentine Célarié : Annie
  • Jacques Mathou : Bob
  • Dominique Besnehard : Le client de la pizzeria
  • Vincent Lindon : Richard le jeune policier
  • Simon de La Brosse
  • Jessica Forde
  • Raoul Billerey : Le vieux policier
  • Claude Confortès : Le propriétaire des bungalows
  • Jean-Pierre Bisson : Le commissaire

Fiche technique

  • Titre : 37°2 le matin
  • Réalisation : Jean-Jacques Beineix
  • Scénario : Jean-Jacques Beineix, d'après le roman homonyme de Philippe Djian
  • Production : Claudie Ossard et Jean-Jacques Beineix pour Cargo Films
  • Compositeur: Gabriel Yared
  • Directeur de la photographie: Jean-François Robin
  • Monteur: Marie-Aimée Debril et Monique Prim
  • Chef décorateur: Carlos Conti
  • Interdit aux moins de 12 ans à sa sortie en France
  • Durée : 116 minutes. Version longue: 185 minutes.
  • Sortie en France : 9 avril 1986

Récompense : Le film fit l'objet d'une nomination pour l'Oscar du Meilleur film étranger.