Joey Wellman, habitant de Cleveland, auteur d'un comic-strip un peu oublié(il
n'est plus publié que dans cinquante journaux, et même pas dans sa ville
natale, apprendra-t-on), « Hep Cat », se rend en France où est organisée
une exposition sur le thème de la bande dessinée. Enfin c'est son prétexte,
parce que sa vraie motivation, c'est de retrouver sa fille Elsie étudiante
depuis deux ans à Paris où elle fuit la culture américaine, qu'elle abhorre,
et son père, qui en est un produit typique : Elle veut oublier "Sally
Cat", qu'il avait créé pour elle et qui, depuis, lui sert
d'ange gardien. En 1988, le producteur Marin Karmitz et Resnais se mettent d'accord pour
réaliser un film dont le thème serait les rapports entre la France et
les États-unis. Le titre premier, «faux-amis» aurait du explorer
ce que les traductueurs appellent «faux-amis», des mots proches, de même
racine linguistique mais ayant des sens différents voire opposés. Une particularité de ce film est l'insertion de Hep Cat et Sally Cat,
les deux personnages du comic-strip de Joey Wellman, à divers moments
du film : on voit Hep Cat dialoguer avec Joey et Sally Cat dialoguer avec
Elsie. Les spectateurs de l'époque ont été déroutés par cette forme légère et destructurée pour parler de sujets profonds: le décalage entre deux civilisations (France bavarde et cynique, Amérique simple et directe) , la vieillesse d'un homme (Joey) et l'urgence qu'il ressent à se réconcilier avec sa fille. A sa sortie, les spectateurs ont boudé le film et la critique l'a mal
perçu. Marin Karmitz suggère que l'affiche était ratée. Alain Resnais
pense à présent que les références à des auteurs de bandes dessinées comme
Herriman, Eisner, Spiegelman ou Al Cap n'auront amusé ou intéressé que
des spécialistes, ces auteurs étant méprisés dans leur propre pays et
passablement méconnus en France. Il faut noter aussi que le film sort en 1989, période à laquelle la bande dessinée a subitement fatigué le public qui l'avait fêtée des années 1970. En 1989, des magazines de bande dessinée coulaient chaque semaine (Pilote, Circus, Charlie, Métal), plusieurs auteurs décidaient que rester des auteurs de bandes dessinées nuisait à leurs ambitions d'artistes, ou donnaient l'impression d'avoir cet état d'esprit : les uns devenaient cinéastes, d'autres chanteurs (Kent, Cleet Boris,...), d'autres peintres (Kiki Picasso). I Want to Go Home est un film sérieux et mélancolique déguisé en comédie. Peut-on parler des grands changements d'une civilisation en utilisant ce petit bout de lorgnette que sont les « comics » ? Là encore, il semble que ce projet soit sacrilège. Et puis parler de la vieillesse d'un homme et celle d'un monde, c'est déprimant La réalisation chez Resnais est marquée par son souci marqué de tourner les scènes dans l'ordre qu'elles prennent au scénario, ce qui ouvre le champ à une part d'improvisation scénaristique, et notamment dans ce film. Une autre particularité de ce film est l'insersion de Hep Cat et Sally Cat, les deux personnages du comic-strip de Joey Wellman, à divers moments du film : on voit Hep Cat dialoguer avec Joey et Sally Cat dialoguer avec Elsie (on apprendra plus tard que Joey avait crée Sally Cat pour sa fille). Ces incrustations très artificielles ont géné une partie du public. Il y a dans I Want to Go Home un grand sens de la chorégraphie, particulièrement étonnant dans les scènes du vernissage de l'exposition, celle de la fête chez Christian Gauthier et enfin celle du bal masqué chez la mère de Christian Gauthier. Les personnages se cherchent, se trouvent, continuent des conversations avec d'autres que ceux avec qui ils les ont commencées, etc. Les mouvements de caméra de Resnais sont fluides et dynamiques, très proches chaque fois du sentiment qu'ils sont sensés évoquer. N'oublions pas que Resnais est un grand amateur de comédie musicale. I Want to Go Home se veut également un hommage aux grandes comédies musicales américaines. Pour preuve de son amour envers le genre, Alain Resnais a confié le premier rôle de son film à Adolph Green, scénariste de célèbres comédies musicales telles que Tous en scène et Chantons sous la pluie. Par ailleurs, la bande originale de I want to go home est signée du compositeur américain John Kander. Un compositeur de renom puisqu'il est notamment à l'origine des musiques de Cabaret et de New York, New York. |
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Distribution
Fiche technique
Pour I Want to Go Home, aux Césars 1990, Micheline Presle fut nommée dans la catégorie Meilleure actrice dans un second rôle. |
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