Good Night, and Good Luck.

Good Night, and Good Luck. , film américain de et avec George Clooney, sorti en 2005.

Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise, le film de George Clooney est une charge contre le maccarthysme et les médias d’aujourd’hui.

  • Réalisation : George Clooney
  • Scénario : George Clooney, Grant Heslov
  • Format : Noir et blanc
  • Dates de sortie : 1er septembre 2005 (Mostra de Venise), 23 septembre-14 octobre 2005 (USA), 4 janvier 2006 (Belgique, France)

Personnage et distribution:

  • Edward R. Murrow (David Strathairn) : journaliste de télévision travaillant sur CBS, dans l'émission See It Now.
  • Fred Friendly - (George Clooney) : co-producteur, avec Murrow, de See It Now.
  • Don Hollenbeck - (Ray Wise) : journaliste et collaborateur de Murrow à CBS, qui fut accusé de communisme.
  • William Paley - (Frank Langella) : directeur exécutif de CBS.

Critique

Le film débute en octobre 1958 dans un flash-forward. Aux accents d’un jazz languissant se déroule une soirée mondaine de bon aloi dont la caméra va effleurer les participants. Filmés en noir et blanc, les smokings des messieurs, les robes de cocktail dévoilant la lumière des épaules, ongles et sourires laqués d’ébène, contribuent à nous restituer l’époque. L’homme que tous sont venus célébrer va monter à la tribune et, d’un ton tranchant, vitupérer les médias « qui se contentent de divertir loin des réalités ». Cet homme s’appelle Edward. R. Murrow. Célèbre présentateur de télévision, il avait coutume de terminer son émission par « bonne nuit et bonne chance ». C’est le titre du film. Murrow est connu pour avoir mené un combat sans concession contre le sénateur Joseph McCarthy, architecte d’une campagne anticommuniste haineuse et paranoïaque qui a empoisonné l’Amérique des années cinquante.

Pour ce second long métrage, George Clooney, lui-même fils de journaliste, a choisi de s’appuyer sur une authentique biographie. Ici, la rigueur est à la hauteur de la gravité du sujet. Le coeur du film se situe en 1953, après plus de deux ans de chasse aux sorcières du sénateur McCarthy et de sa commission.

La conférence de rédaction de la chaîne CBS sur laquelle Murrow présente une émission d’actualités très populaire décide, sous son impulsion, de s’attacher à démonter les mensonges et manipulations de la Commission des affaires antiaméricaines élaborée et dirigée par McCarthy depuis 1950. La chasse aux sorcières bat son plein. Malgré les pressions de sa direction et des sponsors, Murrow, soutenu par son producteur et quelques confrères, va livrer bataille contre l’arbitraire. Face à la déontologie en vigueur qui enjoint aux journalistes de ne pas prendre parti , Murrow va affirmer « qu’il ne saurait y avoir deux vérités sur une même question ». Cette phrase, prononcée comme en exergue de son combat, donne la mesure de cet homme que les dénis de justice révulsent.

Le film, dont le noir et blanc autorise que surviennent, sans en interrompre le récit, de nombreuses images d’archives, est construit de ce courage que Clooney admire au point de rejeter l’hagiographie facile. Le climat délétère au sein duquel Murrow va « prendre parti » est rendu au plus juste. Ce dernier est souvent filmé en plans rapprochés dans une solitude où croisent ses doutes et sa ténacité. Les personnages sont travaillés avec d’autant plus de scrupules par des comédiens formidables que ceux qu’ils interprètent sont souvent encore en vie. Les images de McCarthy, la rhétorique dont il enrobe les persécutions qu’exerce sa Commission, le simulacre de son tribunal sont d’époque. À l’exception du bar annexe de CBS, de deux scènes en appartement dont le suicide d’un journaliste soupçonné de - sympathies communistes, les salles de la Commission sont les seuls lieux extérieurs aux locaux de la chaîne où se tient toute l’action. La sobriété du film semble répondre à l’hystérie de l’info-spectacle que Murrow dénonçait dans ses scènes introductives. Il y prédisait également une vengeance de l’histoire, mise en garde que George Clooney adresse au présent.

Remarques

Le titre du film est la phrase avec laquelle Murrow clôturait ses émissions. Le point typographique final fait partie intégrante du titre.

Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise

6 nominations aux Oscar, mais aucune récompense car même plus de 50 ans après, la plaie ne s'est pas refermée.