Babette, cuisinière renommée dans un grand restaurant parisien, « Le Café Anglais », fuit la répression de la Commune de Paris en 1871. Elle trouve refuge au Danemark, dans un petit village, au service de deux vieilles filles. Martine et Filippa sont les deux filles d'un pasteur autoritaire et possessif, guide d'une petite communauté luthérienne du Jutland, sur la côte danoise. Elles ont été amoureuses dans leur jeunesse, l'une d'un chanteur français, Achille Papin, et l'autre d'un jeune officier, le futur général Lorenz Löwenhielm. Mais elle se sont sacrifiées pour leur père et pour la communauté, se dévouant en œuvres de charité. Tous les ans Babette achète un billet de loterie. Quand elle gagne le gros lot, au bout de quinze ans, au lieu d'améliorer son sort, elle consacre tout son argent pour reconstituer, en une seule soirée et pour douze couverts, le faste de la grande cuisine parisienne. L'intention de Babette d'offrir un dîner français provoque la suspicion. Des denrées inconnues, du vin arrivent au village : le démon serait-il de la partie ? Babette s'active, la cuisine devient un lieu chatoyant de mille couleurs : les plats sont un régal pour l'œil. Dans la salle à manger, l'austère table en bois est habillée pour l'occasion : le bleu devient or. Pour résister à la tentation, les convives ont décidé de garder le silence, mais les corps exprimeront la merveille de l'instant. L'artiste a donné la vie. Le repas bouleverse l'ancien rituel : objet d'une communication nouvelle, il se veut temps et lieu d'accès à la transcendance : ''Arrive enfin le jour où nos yeux s'ouvrent et où nous comprenons que la grâce est infinie'', dit le général. Le repas ne se limite pas à une euphorie sensuelle. Le groupe des disciples qui s'était défait autour de la table précédente, se refait par la table de Babette et l'acceptation de la corporéité, non comme une puissance de mort maléfique mais comme lieu possible d'une présence divine : la réconciliation n'en est-elle pas le signe le plus manifeste ? Le spirituel serait-il dans le plus corporel ? Le billet de loterie est dépensé pour la gratuité. C'est l'invité de marque du festin, le général Löwenhielm, qui reconnaît les « cailles en sarcophage » du "Café anglais" et qui rappelle qu'un grand repas peut être une histoire d'amour, en levant son verre à celle des deux vieilles filles qu'il a toujours aimée mais qu'il n'a pas pu épouser. Ce n'est pas un film tendre mais un film bouleversant, grâce à la nouvelle de Karen Blixen dont Gabriel Axel a réalisé la mise en scène admirable de précision et de sobriété jusque dans les détails et dans ce stupéfiant contraste entre la vie triste et misérable de ce sinistre village luthérien et ce dîner fantastique, véritable débauche de mets succulents et de vins prodigieux, comme le Clos Vougeot 1845, si parfaitement inattendue dans ce paysage nordique austère, glacial et battu par les vents. Le prodige du film, indiqué par le petit speech du général qui conclut le dîner, est que c'est le festin qui accomplit la communion de tous les convives et des amants séparés que le pasteur n'avait jamais réalisée — il les avait séparés pour sa propre satisfaction. |
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Distribution
Fiche technique
Récompense : Oscar du Meilleur film étranger en 1988. |
pour 8 personnes Prep temps : 3 heures (temps de repos compris) tps de cuisson : 15 mns
ingrédients :
1/2 pain de levure fraîche ou 1/2 paquet de levure sèche
1 tasse de lait tiède ou chaud mais pas bouilli 1 + 1/2 tasse de farine
2 jaunes d'œufs battus légèrement
1/4 tasse de crème épaisse
1 pincée de sel
2 blancs d'œufs battus rapidement presqu'en neige
1 cuillère à soupe de beurre doux
1 tasse de crème fraîche ou crème aigre
125 g de caviar ou plus selon les goûts
pour 8 personnes Prep temps : 3 heures tps de cuisson : 1 h 30 en plusieurs étapes
ingrédients :
500 g de pâte feuilleté
1 jaune d'œuf battus avec 2 cuillères à soupe d'eau
8 cailles désossées (à l'exception des jambes et des ailes), réserver les os
sel, poivre moulu fraîchement
6 cuillères à soupe de Cognac
75 g de truffes noires hachées
250 g de foie gras d'oie frais de préférence (mais pas crus )
5 cuillères à soupe de beurre sans sel
3 échalotes hachées
1 tasse de vin blanc sec
4 tasses de fond de volaille
2 cuillères à thé de maizena dissoutes dans 2 cuillères à soupe de vin blanc
8 gros champignons avec de grands et parfaits chapeaux (quelle précision!)
1 cuillère à thé d'huile d'arachide