Le Dernier des Mohicans de Michael Mann

Le Dernier des Mohicans, film américain de Michael Mann , sorti en 1992.

Le Dernier des Mohicans est un western classique. Le film de Michael Mann, qui touche à l'aventure et à l'histoire, a été apprécié comme un chef-d'œuvre dès sa sortie en 1992. Sa réputation de film rare et parfait ne s'est pas démentie depuis cette époque et chaque nouvelle vision confirme son statut de film-culte.

  • Titre original :The last of the Mohicans
  • Réalisation : Michael Mann
  • Scénariste : C. Crowe (d’après le roman éponyme de Fenimore Cooper).
  • Musique originale: Trevor Jones.
  • Directeur de la Photographie : Dante Spinotti.
  • Production : Hunt Lowry.
  • Distribution : AMLF.
  • Durée : 117 minutes.
  • Date de sortie: 25 septembre 1992 (USA)
    26 août 1992 (France)

Distribution:

  • Daniel Day-Lewis : Hawkeye (Nathaniel Poe)
  • Madeleine Stowe : Cora Munro
  • Russell Means : Chingachgook
  • Eric Schweig : Uncas
  • Jodhi May : Alice Munro
  • Wes Studi : Magua
  • Patrice Chéreau : Général Montcalm
  • Pete Postlethwaite : Capitaine Beams

Critique

En 1757, sur fond de rivalités franco-anglaise en Amérique du Nord, les Hurons, alliés des Français et les Mohicans, alliés des Anglais, se combattent.
Hawkeye, européen élevé par le Mohican Chinga-gook, accompagné de ce dernier et de son fils Uncas, se retrouvent au service des deux filles, Cora et Alice, du Colonel anglais Munro et à la merci du Huron Magua, animé par le désir de venger son peuple massacré par Munro.

Avec en toile de fond un épisode (1757) de la rivalité franco-anglaise pour s’approprier les terres du Nouveau-Monde, Michael Mann délivre un film qui retrouve le sens originel du mot cinéma, conçu comme l’art même du mouvement.
Le film s’ouvre en effet sur la course éperdue de trois indiens et s’achève sur une poursuite que ponctue un impitoyable combat pour la vie.

Entre-temps le film se déroule sur le même rythme soutenu, sans connaître le moindre répit : les dialogues, pourtant fréquents mais denses et concis, fusent, donnant les seules informations indispensables à la connaissance de la situation ; l’épisode du siège du fort ne ralentit pas le tempo de l’action puisque la reddition des Anglais aux Français intervient sans plus tarder.

Les scènes d’amour, notamment entre Hawkeye et Cora, font l’économie des mots et leur intensité naît de regards fiévreux ou d’une étreinte fugitive. Une même hâte parcourt l’ensemble du film et précipite les personnages sous tension permanente, d’épreuve en épreuve, vers un destin cruel ou heureux.

Le dernier des Mohicans associe avec bonheur ce que le cinéma a de spécifique, le mouvement, et le propos même du film, l’urgence pour les personnages de vivre dans l’honneur et le bonheur.
Précisément, dotés d’âmes fortes et entières et plongés au cœur d’une nature hostile somptueusement photographiée, les personnages du film doivent se confronter aux forces primitives naturelles et humaines. L ’âpreté d’un paysage sauvage formé de forêts denses et obscures, de montagnes escarpées, de rivières dangereuses coupées de puissantes cascades impose une lutte physique de tous les instants par la marche, la course, le canoë ou la nage. En écho nous rencontrons la violence des sentiments humains , haine, trahison, vengeance, cruauté, à peine adoucis par la loyauté et l’amour, qui ne se conquièrent que par le courage et la fidélité à ce que l’on est.

La structure même du film, fondée sur le contraste, insiste sur cette notion de quête morale. L’ouverture présente en effet, symboliquement, des personnages comme emprisonnés dans une forêt épaisse et obscure dont il semble qu’ils essaient de sortir par une course ascensionnelle muette et effrénée alors que le plan final nous montre les rescapés, immobiles, sur une hauteur, en peine lumière, rendant un dernier hommage aux disparus.

Le mouvement qui parcourt le film s’explique alors symboliquement comme une volonté d’accomplissement qui fait passer le héros de l’obscurité à la lumière ; du lieu clos à l’espace libre ; de la fuite précipitée à l’immobilité retrouvée ; de l’essoufflement à la parole reconquise ; du danger oppressant à l’apaisement procuré par la fidélité aux siens et l’amour. S’agissant des personnages, on peut aussi s’apercevoir que les « Blancs », comme les Indiens sont montés de façon très objective : si les Indiens apparaissent vrais et nobles, ils se révèlent également cruels et sans pitié ; de même, le « Blanc » est courtois et chevaleresque (le Français) mais aussi borné (l’Anglais) et hypocrite (le Français).

Le Dernier des Mohicans se révèle donc comme un film d’action, certes, mais qui n’est jamais sommaire. Bien au contraire : il vise à l’essentiel tout en faisant preuve d’une grande vérité psychologique. C’est donc au Panthéon du cinéma d’action que Le Dernier des Mohicans trouve sa juste place : tour à tour western, film historique, film d’aventures et de quête, il impose la beauté de sa photographie, l’enchantement de sa musique et l’efficacité de sa réalisation.