Les films de l'année 2020


Paula Beer dans Ondine

Films par ordre alphabétique, sortis en salles en France en 2020

Palmarès

* Festival de Cannes 2020 annulé, pour cause de pandémie, remplacé par un "Label Cannes 2020 "

César du cinéma (12 mars 2021) :

Les 15 meilleurs films de la rédaction de Télérama

Film jeunesse:

  • Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé

Les meilleurs films de 2020 selon les notes des spectateurs de Télérama, recueillies par Vodkaster.
Ont été retenus les films ayant plus de 50 critiques.

  1. Adolescentes , de Sébastien Lifshitz
  2. Dark Waters de Todd Haynes
  3. Séjour dans les Monts Fuchun de Gu Xiaogang
  4. Drunk de Thomas Vinterberg
  5. La Communion de Jan Komasa
  6. 1917 de Sam Mendes

Les meilleurs films de la rédaction du Monde
Les sept critiques de cinéma du journal ont classé leur cinq meilleurs films

Classement pondéré

  1. Drunk de Thomas Vinterberg
  2. La Femme qui s’est enfuie, de Hong Sang-soo
  3. Séjour dans les monts Fuchun, de Gu Xiaogang
  4. Uncut Gems, de Joshua et Benny Safdie
  5. ADN de Maïwenn
  6. Eva en août de Jonas Trueba
  7. Le Cas Richard Jewell, de Clint Eastwood
  8. Le Sel des larmes, de Philippe Garrel
  9. Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait d' Emmanuel Mouret
  10. Monos, d’Alejandro Landes

Les 10 meilleurs films des Cahiers du Cinéma

  1. City Hall Frederick Wiseman
  2. La Femme qui s'est enfuie Hong Sang-soo
  3. Uncut Gems Joshua et Ben Safdie
  4. Malmkrog Cristi Puiu
  5. Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait d' Emmanuel Mouret
  6. Hotel by the River Hong Sang-soo
  7. Séjour dans les Monts Fuchun Gu Xiaogang
  8. Le Sel des larmes Philippe Garrel
  9. Énorme Sophie Letourneur
  10. Eva en août de Jonas Trueba

Quelques films

* A Perfect Family, film danois de Malou Reymann, sorti en France le 19 août 2020 , 1 h 41 min , avec Kaya Toft Loholt, Mikkel Boe Følsgaard, Neel Rønholt .

Emma, une adolescente, grandit au sein d’une famille tout à fait ordinaire jusqu’au jour où son père décide de devenir une femme. Ce bouleversement au sein de cette famille aimante conduit chacun à se questionner et à se réinventer.

Il y a peut-être meilleur moment que le partage de pizzas pour révéler à vos enfants que vous allez divorcer, parce que votre mari a décidé de mettre en ouvre son désir d'être une femme. On assiste à la transition progressive du père. Thomas se fait appeler maintenant Agnete, s'habille en femme. Emma refuse d'abord de la voir ainsi et, scène piquante chez la psychologue, se cache les yeux en s'enveloppant la tête d'une écharpe. La souffrance et la confusion intérieure sont la plupart du temps retenues.

Le film montre que la transition courageuse du père s'accompagne aussi d'un recentrage un peu égoïste, forcément cruel pour Emma. Malou Leth Reymann raconte à travers ce film sa propre enfance. Elle intègre d'ailleurs en permanence dans son récit des reconstitutions de petits films de famille, au moment où les deux gamines étaient encore très jeunes, comme s'il s'agissait de ses propres images familiales.

Le pari de l'autobiographie était risqué en confiant son propre témoignage sur un grand écran, et la réalisatrice suédoise, grâce à un subtil mélange d'intelligence, de sensibilité et de drôlerie, y parvient souvent avec brio. Elle ne verse pas dans le misérabilisme ou le psychodrame. Au contraire, la mise en scène se plaît à alterner les genres dans cette représentation filmique d'une réalité familiale, à la fois ordinaire et extraordinaire.

Emma constitue le personnage central de ce récit. Finalement plus que ce père, ou cette mère, en pleine transformation identitaire. Elle n'a de cesse de se battre pour accepter le changement de sexe de son père, le deuil de l'homme qui l'a élevée, l'image nouvelle de sa famille qu'elle doit assumer à l'extérieur. Elle ne fait que répéter à qui veut bien l'entendre que Thomas, ou disons Agnete, n'est pas sa mère mais bien son père.

La réalisatrice filme avec beaucoup de finesse et de justesse le portrait de cette jeune fille perdue. Elle ne juge pas. Sa grande sour, Caroline, semble plus forte, plus sereine que sa cadette, mais l'ordre familial paraît irrémédiablement contrarié et précaire. La réalisatrice engage une réflexion très intéressante sur la question du genre dans nos sociétés modernes.

Le récit développe en premier lieu la transformation identitaire de Thomas. En réalité, plus que son chemin de femme, le film parle de son parcours de parent, mis à mal par le regard extérieur, les identifications que les enfants développent sur leurs parents. La question du masculin et du féminin est traitée à travers Emma, qui joue du foot depuis sa plus tendre enfance. La réalisatrice pose aussi de vraies questions éducatives, comme le fait de renoncer à toute forme d'autorité, quand on sait que les choix d'adultes impactent les enfants, ou encore le fait qu'un parent ait le droit à sa propre liberté professionnelle, sexuelle et sociale au détriment de ses enfants. Malou Leth Reymanne met beaucoup de poésie et de nuance dans ce portrait familial, plein de délicatesse.


* Un divan à Tunis, film franco-tunisien réalisée par Manele Labidi, sorti en 2019 et en France le 12 février 2020; 88 minutes; avec Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Hichem Yacoubi, Ramla Ayari, Najoua Zouhairde

Après avoir passé une partie de sa vie en France, Selma, jeune psychanalyste, revient dans son pays d'origine, la Tunisie et ouvre son cabinet en banlieue de Tunis à Ezzahra. Au lendemain de la révolution, les Tunisiens s'interrogent sur l'avenir politique et économique de leur pays, en pleine reconstruction après une longue période de dictature. Alors que Selma commence à trouver ses marques, elle se heurte à l'administration bancale du pays en apprenant qu'il lui manque une autorisation indispensable pour exercer son métier.

Le divan de Selma devient le petit théâtre d'excès drolatiques mais aussi de beaux moments de blues et d'interrogations politiques. Un boulanger traumatisé par la dé­couverte de sa part féminine, une coiffeuse trop exubérante pour être heureuse, un imam rejeté, un policier intègre, mais aussi la nièce de Selma, prête à tout pour quitter la Tunisie et qui ne cesse d'apparaître quand on ne s'y attend pas : cette galerie de personnages hauts en couleur évoque la comédie à l'italienne, et dessine une douce satire des désirs et des empêchements d'un peuple. Face à ce petit monde, Golshifteh Farahani, marchant dans les rues comme un petit soldat en jean, ou pestant au volant de sa vieille guimbarde, irradie, nouvelle étoile de la comédie.

Des questions? pour me joindre...