Les films de l'année 2011


Marion Cotillard

Films par ordre alphabétique, sortis en salles en France en 2011

Black Swan

Black Swan film américain de Darren Aronofsky ; Scénario : Darren Aronofsky, Mark Heyman ; Photographie : Matthew Libatique ; Montage : Andrew Weisblum ; Direction artistique : David Stein ; Chorégraphies : Benjamin Millepied ; Musique : Clint Mansell ; Durée : 108 minutes ; Dates de sortie : 17 décembre 2010 ; en France : 9 février 2011
Avec Natalie Portman : Nina Sayers ; Mila Kunis : Lilly ; Winona Ryder : Beth Macintyre ; Vincent Cassel : Thomas Leroy ; Barbara Hershey : Erica Sayers
83e cérémonie des Oscars : Meilleure actrice (Natalie Portman)

Nina est une danseuse de ballet qui rêve d'obtenir le double rôle de « reine des cygnes » dans le ballet Le Lac des cygnes. Thomas Leroy, le maître de ballet, la sait parfaite pour danser le Cygne blanc, mais doute qu'elle puisse aussi incarner son double maléfique, le Cygne noir, rôle pour lequel Lily lui semble mieux faite. Nina obtient néanmoins le rôle de « reine des cygnes » et Lily devient sa doublure. Alors que cette fille bridée et surprotégée par sa mère est poussée aux vices par son entourage et que les répétitions de danse se succèdent, Nina, afin de pouvoir aussi parfaitement danser le Cygne noir, s'identifie peu à peu à lui et se laisse envahir par le côté sombre et agressif qui le caractérise.

Ignorer tout de sa propre sauvagerie est la caractéristique de l'héroïne de Black Swan est rare. C'est ce qui rend, d'emblée, cette fille émouvante, si douce et anachronique, entre ses tutus, sa montagne de peluches roses, sa boîte à musique qui joue Le Lac des cygnes, comme sa sonnerie de portable. Soudain, elle est confrontée à l'inconcevable, ce à quoi elle travaillait éperdument, la perfection, est cela même qu'on lui reproche. Voilà qu'on lui demande du débordement, des pulsions, de la sensualité.

Dans ce film de presque épouvante, c'est l'art qui, tel un vampire, exige toujours plus de vie. En l'occurrence, une nouvelle version new-yorkaise du Lac des cygnes, pour laquelle Nina a été choisie comme danseuse étoile, un rêve de bonne élève. A condition qu'elle sache incarner, outre l'innocent cygne blanc du début, le cygne noir dangereux de la fin, un cauchemar pour elle. Black Swan brouille vite la frontière entre les régions de réalité, fantasmes, songes, hallucinations. Ecrasée par la pression, Nina commence à voir son double dans le métro. Comme les premières héroïnes de Polanski, elle ne va plus cesser de tanguer d'une vision à une autre, au fil de l'entraînement et de l'initiation qu'elle s'inflige. Tout en progressant de façon implacable, logique, le film montre des projections mentales, plus dérangées les unes que les autres.

La galerie de figures féminines est particulièrement impressionnante, toutes des doubles déformées de l'héroïne. La mère, une image d'elle avec trente ans de plus, mais aussi d'une ballerine ayant échoué, jadis, à sortir du rang. La danseuse étoile tout juste déchue de la troupe, reproche vivant, symbole terrifiant du déclin à venir. La rivale directe, nouvelle arrivante, menaçante, obscène, jugée plus sexy que Nina par le chorégraphe manipulateur. Darren Aronofsky se montre habile en « métacinéma » : il joue avec la biographie des actrices qu'il a choisies pour mieux installer leurs personnages. Barbara Hershey (la mère) fut très en vue dans les années 1980, et Winona Ryder (l'ex-étoile), une icône des années 1990. Black Swan tourne cruellement autour de la question de l'âge, dans la danse classique en premier chef, mais aussi, indirectement, dans le cinéma, et au-delà, comme une hantise universelle. « C'est ton tour », dit sans ménagement la mère à sa fille : maintenant ou jamais.

L'urgence porte naturellement sur le corps, vecteur de tous les symptômes, objet de toutes les attentions, de toutes les mortifications : du panaris qui tourne mal aux griffures dans le dos, en passant par l'épanchement de sang impossible à localiser, une spectaculaire chair de poule , ou encore des orteils soudain indifférenciés. Le combat de Nina contre son propre corps rappelle irrésistiblement celui de Mickey Rourke en catcheur revenant, dans The Wrestler, précédent film d'Aronofsky. Mais l'efficacité de bulldozer du cinéaste est plus détonante appliquée à l'univers supposé délicat des ballets. Un thriller gore et brutal sur la danse classique, voilà un hiatus qui fait écho, aussi, au casse-tête de l'héroïne. Natalie Portman, excellente actrice en quête d'un rôle décisif depuis des années, se trouve dans une position analogue, toutes proportions gardées, à celle de son personnage, avec sa joliesse de petite fille sérieuse sur le banc des accusés. Elle est captivante tout le temps, mais prodigieuse dans la dernière ligne droite, en surrégime, quand Nina se retrouve au pied du mur, aux prises avec toutes ses ennemies et toutes ses fêlures à la fois, entre la loge et la scène. Avant le grand saut dans le vide ou l'envol.


Drive

Drive film américain
Avec Ryan Gosling : le chauffeur ; Carey Mulligan : Irene ; Bryan Cranston : Shannon, le garagiste employeur du chauffeur ; Albert Brooks : Bernie Rose ; Ron Perlman : Nino, la mafieux juif ; Oscar Isaac : Standard Gabriel Guzman, le mari d'Irene ; Christina Hendricks : Blanche.

Le parti pris du réalisateur pour la violence spectaculaire et la noirceur, sans modération, révèle une volonté de sonder toutes les facettes de l'être humain, d'explorer les sombres recoins de la personnalité.

 

 


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