Lituanie: Les Karaïtes deTrakaï
Le Karaïsme, et les adeptes de cette religion appelés
Karaïtes ou souvent Karaïmes, suscite un intérêt croissant
depuis l'indépendance de la Lituanie et la libéralisation des
pratiques religieuses.
Ce n'est pas le nombre de fidèles (à peine quelques centaines)
mais l'ancienneté et l'originalité de cette religion qui la
rendent aussi intéressante.
Le karaïsme serait apparu au 8ème siècle de notre ère, à
Babylone, en réaction à un judaïsme rabbinique que les interprétations du
Talmud, devenues dominantes, avaient éloigné des textes bibliques. C’est surtout
dans la pratique que le karaïsme s’écarte de la coutume rabbinique. Les lieux
de culte sont appelés Kenesa et les officiants Hakham.
Certaines sources proposent une origine plus ancienne de ces schismatiques,
qui pourraient se réclamer des Esseniens, déjà présents à Jérusalem avant
la destruction du Temple par les Romains. Cette théorie, a été relancée après
la découverte des manuscrits de Qûmran en 1947. On a en effet constaté une
analogie entre les écrits des anachorètes de la Mer Morte et les textes karaïmes.
Anan Ben David est le premier théoricien du karaïsme. Il vécut en Mésopotamie,
au 8ème siècle, et rédigea le texte fondateur, le plus ancien document karaïme,
Le Livre des Préceptes, en langue araméenne, ultérieurement traduit en hébreu
et en arabe. Ainsi aurait été suscitée l’unification de plusieurs sectes dissidentes
du judaïsme. Recommandant le retour exclusif au texte écrit de la Torah, Anan
Ben David exigeait également l’observation stricte des Dix commandements.
Ses successeurs se transportèrent à Jérusalem d’où ils menèrent une activité
missionnaire intense auprès des peuples du Bassin Méditerranéen (Syrie, Egypte,
Afrique du Nord, Espagne), des peuples de la Mer Noire et de la Mer Caspienne,
notamment chez les Khazars établis en Crimée.
C’est à la fin du 14ème siècle que l'on trouve la trace
la plus marquante des karaïtes en Lituanie. le Grand Duc Vytautas de Lituanie,
devant les menaces extérieures répétées de la Horde d’Or et des Chevaliers
Teutoniques, ajoutées aux risques de trahisons intérieures, se dote d’un
dispositif de défense. L’élément le plus puissant est un château fort sur l’île du lac de Trakai, construit de 1397 à 1403. Pour se constituer une garnison fiable et fidèle, il choisit des Karaïmes qu’il avait appris à connaître et à apprécier lors de ses précédentes expéditions en Europe Orientale et en Crimée. De leur côté, les Karaïmes sont attirés par un Etat fort et un souverain renommé et glorieux. |
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La position privilégiée des Karaïmes est renforcée par le rôle d’interface
qu’ils jouent alors dans la région dont ils connaissent les différentes
langues.
Les maisons des karaïtes se caractérisent
par leurs couleurs vives |
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Particularités religieuses:
Le karaïsme est une branche du judaïsme qui s'oppose à la
validité du Talmud et à l'école rabbinique.
En prônant un retour aux écrits bibliques, certains points rituels sont modifiés:
* les fêtes religieuses juives sont célébrées à des dates différentes
* les restrictions alimentaires sont différentes
* les règles concernant la pureté, en particulier la tebila, immersions rituelles
nécessaires après des menstruations, sont abolies
* le rituel à la synagogue a subi l'influence de la prosternation pratiquée
dans l'Islam et de nombreuses génuflexions ont été introduites.
La langue : Une autre curiosité
Les premiers textes furent écrits en araméen (le Codex d’Anan),
puis en hébreu, on trouve ultérieurement des textes écrits en langue karaïte
mais en caractères arabes et ce jusqu’au XVe siècle.
Par la suite, en Crimée et en Lituanie, les auteurs ont utilisé surtout le
karaïme, langue turque (du groupe des langues altaïques), appartenant au sous-groupe
du Kipchak comme le Tatar.
Actuellement, transcrite en caractères latins, cette langue, utilisée dans
la liturgie, est encore parlée par quelques anciens ou par des intellectuels
karaïtes. On note des emprunts lexicaux à l’hébreu, à l’arabe et au persan.
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